Wirecard : des députés allemands ouvrent une enquête, sur fond de révélations fracassantes

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
03 septembre 2020 à 15h25
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Wirecard © Wirecard

Symbole du plus grand scandale économique allemand de l'après-guerre, la société de gestion de paiements fait l'objet d'une enquête parlementaire outre-Rhin, dans l'objectif de faire tomber les masques.

Les députés allemands ont décidé de changer de braquet et de renforcer la pression autour du scandale Wirecard. Les élus de l'opposition, pas vraiment convaincus par les réponses apportées par un gouvernement qui joue gros, ont décidé de créer une commission d'enquête parlementaire, désormais soutenue par les députés écologistes Danyal Bayaz et Lisa Paus, outre les élus d'extrême gauche et les libéraux. La coalition de députés est désormais suffisamment importante pour mettre en place cette commission qui a du pain sur la planche.

Les députés allemands veulent de vraies réponses avant les élections législatives de 2021

Le 25 juin dernier, Wirecard avait annoncé demander l'ouverture d'une procédure de dépôt de bilan, consécutive à la découverte d'un trou faramineux de 1,9 milliard d'euros dans ses comptes, qui avait laissé les créanciers de l'entreprise avec une dette 3,5 milliards d'euros à régler. La BaFin, le gendarme financier allemand, avait alors été rapidement accusée de ne pas avoir suffisamment surveillé la fintech et d'avoir ignoré les alertes lancées notamment par certains médias, sur les pratiques potentielles de la société de paiements électroniques, qui pesait plus de 23 milliards d'euros au plus haut de son activité.

Alors à quoi pourra bien servir la commission d'enquête parlementaire qui sera mise en place ? D'un point de vue physique, elle permettra aux élus de mettre la main sur certains documents jusqu'ici inaccessibles et encore tenus secrets, et d'interroger certains témoins, pour recueillir le maximum d'éléments.

Sauf que la commission ne pourra s'offrir le luxe de prendre tout son temps, puisque les prochaines élections législatives allemandes auront lieu dans un an, en septembre 2021. Et le scandale Wirecard pourrait avoir une influence capitale pour le camp de la chancelière Angela Merkel et, surtout, pour le vice-chancelier et ministre des Finances Olaf Scholz, désigné le mois dernier pour être le candidat social-démocrate à la chancellerie.

Des agents de la BaFin, censés contrôler Wirecard, ont spéculé en Bourse

Les auditions préliminaires menées ont été l'occasion pour les membres des autorités de supervision et ceux du gouvernement de se renvoyer la balle au niveau de la responsabilité du scandale, ce contre quoi a pesté de façon assez virulente le député allemand Fabio De Masi. « Nous n'avons pas les réponses aux questions que nous nous posons », a-t-il regretté, en n'omettant pas de rappeler que, pour lui, Wirecard est « une fausse entreprise ».

Pendant ce temps, le président de la BaFin, Felix Hufeld, qui avait reconnu que la gestion du cas Wirecard fut « un désastre absolu », a été appelé à démissionner. Le patron de la surveillance financière allemande, qui estime qu'il aurait été plus pertinent d'ouvrir une enquête plus tôt, n'entend pas donner satisfaction à ses détracteurs, bien que le ministre des Finances a confirmé que plusieurs contrôleurs allemands ont spéculé sur Wirecard, ce qui est pourtant interdit par la BaFin depuis l'année dernière. Et pourtant, des agents ont spéculé sur une société que leur autorité est censée contrôler.

Avant de déposer le bilan, Wirecard était, en Allemagne, la société cotée en Bourse à faire l'objet du plus grand nombre de transactions privées effectuées par des employés de la BaFin, ce qui n'arrange pas les affaires de son patron ni du ministre des Finances, dont nous parlions un peu plus tôt.

Quoi qu'il en soit, et au terme de l'enquête menée par la commission, des réformes devraient être annoncées pour réglementer notamment les relations entre les autorités financières et les sociétés cotées. Pour faire du cas Wirecard une exception à la rigueur allemande.

Source : Financial Times

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (4)

Trentreznor
«&nbsp;une exception à la rigueur allemande&nbsp;» après Volkswagen et Deutsche bank elle a bon dos la rigueur Allemande, on voit une certaine tendance…<br /> Pour comparer on a du mal à trouver des fraudes de même ampleur en France donc au fond… vive la rigueur française
Myraloes
Si vous voulez savoir à 80% du temps ce qu’il faut faire dans un pays pour améliorer le sort de sa population c’est d’une simplicité déconcertante :<br /> Examinez les mesures que proposent les oppositions.<br /> A cela j’ajoute que les partis d’opposition sont d’ailleurs soit ponctuellement gauchisants soit véritablement de gauche et les partis au pouvoir systématiquement de droite. Ces derniers étant par ailleurs quasiment systématiquement les gauchisants (en réalité de droite) qui ont réussi à prendre le pouvoir.<br /> Comprendre cela nécessite néanmoins de comprendre un minimum la politique.
cyrano66
Je ne sais pas dans quel pays vous êtes mais si c’est la France je ne le ressent pas comme ça.<br /> Quant à examiner les mesures d’opposition en théorie c’est bien mais ça demande plusieurs pré requis.<br /> Déjà que l’opposition soient constructives et pas partisanes.<br /> Et Si des électeurs vous ont choisis c’est pour défendre vos idées pas celles de l’opposition.<br /> Une bonne mesures n’est ni de droite ni de gauche mais un politique se doit de préserver l’intérêt du plus grand nombre de SES électeurs.<br /> Et pour finir la politique n’est pas le monde des bisounours mais celui des coups bas et des esprits retords<br /> Et malheureusement c’est état de fait abouti à des postures politiciennes ou ce qui compte c’est pas l’Intérêt de la mesure mais qui des deux va gagner.<br /> En France le clivage droite gauche traditionnel n’existe pratiquement plus.<br /> On s’oriente vers un paysage américain démocrate/républicain un peu bonnet blanc et blanc bonnet. Et nos politiques sont hors sol déconnectés de la population.<br /> Le système allemand est différent.<br /> Les allies à la fin de la seconde guerre les ont « encouragé » à mettre en place un système beaucoup plus ouvert que le nôtre pour éviter la concentration des pouvoirs et voir émerger à nouveau le totalitarisme.<br /> Résultat 75 ans plus tard leur système est plus démocratique que le système français et les opposants beaucoup plus présents au Bundestag.<br /> Donc ils sont écoutés quand en France ils sont ignorés.
mahl
L’affaire du Crédit lyonnais https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_Crédit_lyonnais<br /> a représenté un montant de pertes environ 10 fois plus importante que Wirecard.<br /> Pourtant elle a eu lieu à l’époque d’un gouvernement de gauche, le ministre Pierre Bérégovoy a eu une part de responsabilités infiniment supérieure à celle du gouvernement allemand actuel. Bérégovoy donnait directement des instructions au PDG Haberer.<br /> Cela montre bien que gouvernement de gauche ou gouvernement de droite ce n’est pas le problème.<br /> En finance moderne, le contrôle doit être fait par des autorités de controle indépendantes comme la BaFin en Allemagne. Il faut se poser la question pourquoi la BaFin était elle-même si mal organisée, gérée et contrôlée !
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