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Le télescope SOFIA et son Boeing 747 modifié vont tirer leur révérence

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
02 mai 2022 à 12h10
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Le télescope SOFIA, un projet original et abouti... Mais qui coûte très cher. © NASA
Le télescope SOFIA, un projet original et abouti... Mais qui coûte très cher. © NASA

Plus qu'une poignée de vols scientifiques pour observer l'univers en infrarouge : le télescope aéroporté SOFIA prendra sa retraite au mois de septembre. Collaboration américano-allemande, il s'agissait d'un véritable défi technique réussi. Mais le télescope coûte trop cher, est trop complexe et rapporte trop peu de données.

En espérant qu'il sera possible de l'admirer un jour quelque part ?

Un véritable bijou

Cette fois, Américains et Allemands ont réussi à se mettre d'accord sur la fin du projet SOFIA (Stratospheric Observatory for Infrared Astronomy). Le grand télescope infrarouge de 2.7 m de diamètre, logé au chausse-pied dans la carlingue d'un Boeing 747 et stabilisé avec ses instruments, fêtait cette année ses 12 ans de carrière… Mais il coûtait cher, très cher : 85 millions de dollars pour opérer annuellement, soit le projet astrophysique le plus coûteux pour la NASA après Hubble (le JWST n'est pas dans la liste car pas encore opérationnel).

Ce budget était réparti entre le télescope lui-même, le Boeing 747 SP spécialement modifié pour lui avec un système de stabilisation et d'ouverture dans le fuselage, ainsi que la préparation des opérations. Car même si l'objectif de SOFIA est d'observer l'univers depuis une altitude de 12 km (85 % de la gamme infrarouge lui étant alors accessible), au-dessus des nuages et avec la capacité d'évoluer autour du monde, il reste un télescope très difficile à mettre en œuvre… Autant qu'une incroyable réussite technique.

Retour sur investissement

Citant les coûts autant qu'un « faible » retour scientifique par rapport aux montant investis, la NASA, en accord avec l'agence allemande DLR, a décidé le 28 avril que SOFIA serait mis à la retraite avant le 30 septembre. Le Boeing 747 a encore 70 vols scientifiques prévus d'ici là, dont plus d'une dizaine en préparation d'une importante campagne scientifique qui sera menée cet été depuis la Nouvelle-Zélande.

Refroidissement à l'azote pour l'un des instruments de SOFIA. L'intérieur de l'appareil révèle (un peu) à quel point la machine est un chef d'œuvre d'ingénierie. © NASA
Refroidissement à l'azote pour l'un des instruments de SOFIA. L'intérieur de l'appareil révèle (un peu) à quel point la machine est un chef d'œuvre d'ingénierie. © NASA

Utilisé pour observer les comètes, amas planétaires et pour caractériser les atmosphères très ténues des planètes et lunes du Système Solaire lors de transits devant des étoiles, SOFIA n'a pas réussi à marquer l'astronomie d'une marque indélébile. Oui, il a permis des avancées avec la Lune, Pluton, Triton ou même l'objet le plus distant jamais survolé ensuite, Arrokoth… Mais sa faible disponibilité, alors même que des télescopes fixes gagnaient en capacités avec des optiques plus grandes et des corrections atmosphériques, a fini par le condamner.

Quel avenir pour SOFIA ?

Les scientifiques liés au projet estiment que le manque de reconnaissance des résultats de SOFIA est lié à un rapport produit en 2019 et qui a justement mené à une ample amélioration du programme… Mais leur appel n'a pas été entendu cette année. En effet à plusieurs reprises la Maison Blanche avait proposé de mettre SOFIA à la retraite auparavant, mais le Congrès américain avait systématiquement sauvé le télescope aéroporté. Pas cette fois !

Certaines observations, en particulier celles prévues dans le « cycle 10 » qui devait démarrer en novembre, devront être transférées à d'autres organismes. Et le télescope lui-même ? Magnifique pièce d'ingénierie autant que d'aviation, il faudrait lui trouver un écrin approprié. Entre-temps, il est probable qu'il reste en stockage pour une durée indéterminée sur l'aéroport de Palmdale.

Source : SPACENEWS

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

EnLighter
Sûr que ce n’est pas très GIEC Compatible comme projet …
Bombing_Basta
Le genre de proget où je verrai bien un dirigeable être bien plus efficace.
kplan
Est-ce que c’est seulement envisageable à 12 km d’altitude ?<br /> Ensuite je pense qu’un avion permet d’avoir plus de stabilité en terme de navigation, trajectoire et altitude.<br /> Mais c’est certain que c’était bien bien cher alors que sur la terre ferme on pouvait faire des évolutions techniques bien plus importante.<br /> Un télescope dans un avion, fallait déjà avoir l’idée !
Martin_Penwald
@kplan<br /> Pour la stabilité, je ne sais pas. Un dirigeable peut aller plus lentement, donc il n’est probablement pas moins stable qu’un avion.<br /> Par contre, c’est vrai que pour l’altitude, ce qui est le principal intérêt de l’engin, le dirigeable ne semble pas adapté. Il faudrait passer au ballon (record d’altitude à un peu plus de 11km), mais il se pose le problème de charge et de récupération.<br /> L’avion était probablement le meilleur compromis à l’époque.
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