Précautions maximales pour découvrir les échantillons lunaires d'Apollo 17

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
09 février 2022 à 18h15
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L'échantillon en question est dans le tube au premier plan ! © NASA
L'échantillon en question est dans le tube au premier plan ! © NASA

Collectés en 1972 sur le sol lunaire, ces morceaux et poussières lunaires ont été stockés pour être étudiés avec des moyens dont les laboratoires terrestres ne disposaient pas alors. Il est temps, presque 50 ans plus tard, d'ouvrir un nouveau tube scellé pour mieux comprendre la Lune.

À défaut d'avoir accès aux échantillons chinois…

Souvenirs, souvenirs

La seule mission Apollo à avoir véritablement amené un géologue à la surface de la Lune n'a pas encore livré tous ses secrets. En effet, comme pour les autres allers-retours sur notre satellite naturel, une partie des échantillons a été précieusement conservée pour être étudiée plus tard. Les équipes au sol savaient que le développement technologique, en particulier le boom de l'électronique de précision, allait faire évoluer les instruments et les techniques pour étudier les échantillons lunaires.

Il ne s'agit pas de les sortir au hasard, mais à partir de 2019, les scientifiques de l'ANGSA (Apollo Next Generation Sample Analysis) ont eu gain de cause pour deux « tubes » scellés. Le premier, numéroté 73002, avait été ouvert à l'automne de la même année… Mais pour le deuxième, 73001, il fallait des précautions supplémentaires. Il devait être ouvert à la fin du printemps 2020, mais la COVID-19 est passée par là !

La poussière va parler

En effet ce tube de la mission Apollo 17 n'est pas comme les autres. Dès sa collecte sur la Lune, au pied du Massif Sud de la vallée de Taurus-Littrow, les échantillons ont été scellés sous vide, au sein d'un CSVC (Core Sample Vacuum Container). Puis, après son retour sur Terre, le tube a lui-même été placé dans un container maintenu sous vide… Il attend depuis bientôt 50 ans, dans les sous-sols du centre spatial Johnson.

Ainsi, alors que la majorité des autres échantillons bien conservés sont sous gaz inerte, le 73001, lui, est encore sous vide. L'ouvrir, pour les équipes scientifiques, est donc comme disposer d'un échantillon « frais », tout juste collecté. C'est particulièrement important, car les astrogéologues veulent mesurer les gaz volatiles, et finalement, comparer les résultats issus de ce tube sous vide, avec celui prélevé juste à côté et analysé il y a deux ans.

Conservation sous vide pour les différents "tubes" qui restent à ouvrir des missions Apollo. Le 73001 est visible ici © NASA
Conservation sous vide pour les différents "tubes" qui restent à ouvrir des missions Apollo. Le 73001 est visible ici © NASA

Avant d'aller en chercher d'autres…

Les dépôts volcaniques prélevés lors d'Apollo 17 permettent d'en savoir plus sur le passé géologique de la Lune. De plus, les laboratoires s'y intéressent aussi dans l'optique d'une installation future, pour produire des matériaux de construction, des sols capables d'accueillir des plantes ou tout simplement pour vérifier que la poussière ne tuera pas rapidement les astronautes qui y seront exposés sur des périodes significatives (elle est très, très abrasive).

Le contenu des tubes analysés est d'abord photographié, puis ouvert dans un autre tube pour analyse des gaz, avant d'être classé, détaillé et analysé dans différents laboratoires autour du globe, d'abord avec des méthodes non destructives (spectroscopie, etc), puis certains grains de matière seront découpés, d'autres brûlés, et certains enfin analysés jusqu'à l'échelle atomique. Un long trajet autour de la Terre pour des poussières stockées depuis 50 ans…

La NASA espère bien pouvoir en récupérer de nouveaux dans la décennie à venir… Surtout que l'agence américaine n'a pas accès (la faute aux politiciens américains) aux échantillons ramenés il y a un peu plus d'un an avec la mission Chang'E 5 chinoise.

Source : Astronomy

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (6)

cid1
On pourrait assez facilement envoyer une sonde automatisée et capable de se poser (1), de récolter des échantillons (2), de se déplacer sur la surface lunaire (3), puis de décoller avec les échantillons et de rejoindre une capsule en orbite (4), capsule qui ramènerais la sonde sur terre (5).<br /> ça doit être faisable vu que même les chinois l’ont fait, et puis avec les moyens actuels…<br /> allez zou, en route pour la lune et plus vite que ça j’ai dit
eykxas
Faisable, techniquement oui. Mais a quel prix ? L’équivalent d’une saturn v (il faut au moins ça pour faire ce que tu veux faire) coûterait 45 milliards aujourd’hui. Et bien sur ta « sonde » couterai bien plus cher que ce qui a été embarquée à l’époque.<br /> Soit deux fois plus que le budget annuel total de la NASA qui a bien d’autre chose à financer que de faire « UNE » mission.
yookoo
c’était pas neil qui avait lâché une caisse tellement il avait peur de poser son premier pas sur la lune ?
Korgen
Sauf que les chinois l’ont bien fait !!!
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