Notch (Minecraft) ravive le blues du développeur indépendant

31 août 2015 à 16h02
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Dans une série de tweets publiés le week-end dernier, Markus Persson, alias Notch, le créateur de Minecraft, crie sa détresse. Celui qui est devenu milliardaire en vendant son entreprise à Microsoft s'estime « isolé comme jamais ».

Markus Persson est devenu célèbre en 2009 en créant Minecraft, un jeu vidéo de type bac à sable qui a rapidement trouvé son public alors même qu'il n'était proposé qu'en version bêta. Ecoulé à 1 million d'exemplaires en janvier 2011, il passe la barre des 2 millions trois mois et demi plus tard. Les différentes versions s'étaient vendues à 20 millions de copies à la date du 30 juin 2015.

Un succès fou face auquel Markus Persson, dit Notch, s'est vite senti dépassé. Suffisamment, en tout cas, pour céder Mojang, son studio de développement jusque-là indépendant, à Microsoft en septembre 2014. L'entreprise américaine a racheté le studio suédois pour 2,5 milliards de dollars, dont 70% sont revenus à Markus Persson.

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« Ils me détestent tous »

Lors du rachat de Mojang par Microsoft, un billet publié sur le site du studio expliquait que Notch « ne voulait pas être à la tête d'une entreprise aussi importante mondialement. Au cours des dernières années, il a tenté de travailler sur de plus petits projets, mais la pression autour de Minecraft est devenue trop dure à gérer pour lui. »

Pour Marcus « Notch » Persson, vendre Mojang signifiait se libérer du poids de Minecraft pour travailler sur des projets plus personnels. Le développeur a quitté le navire avec un joli pactole, mais avec pertes et fracas au sein de ses relations avec ses désormais anciens collègues, comme il l'a expliqué samedi dernier via une série de tweets amers : « Quand nous avons vendu l'entreprise, le point le plus important était de s'assurer que les employés seraient tous bien traités. Désormais, ils me détestent tous. »


Plus les tweets défilent et plus Notch évoque des situations et sentiments personnels : « Le problème lorsque vous avez tout, c'est que vous n'avez plus de raison de continuer à essayer, et les relations humaines deviennent impossibles en raison du déséquilibre » explique celui qui se qualifie d'introverti, avec des difficultés à se faire de nouveaux amis dans la même position que lui. « En Suède, je traîne et j'attends que mes amis, qui ont un travail et une famille, aient le temps de faire des choses avec moi. Je regarde mon reflet sur mon écran d'ordinateur. » Un peu plus loin, il continue : «  Je sors à Ibiza avec des amis, je fais la fête avec des gens célèbres et je peux faire ce que je veux, et pourtant, je ne me suis jamais senti aussi isolé ».

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L'argent ne fait pas le bonheur

La mélancolie de Markus Persson a été perçue de manière très variable. Pour certains, la complainte du développeur, dont la fortune personnelle est estimée à 1,3 milliard de dollars, s'avère indécente. Certains lui recommandent de vendre son manoir de Beverly Hills, acheté 70 millions de dollars en décembre 2014, pour se sentir plus libre. « Non, il y a une piscine » répond l'intéressé.


Mais les soutiens s'avèrent nombreux : il faut dire que sur Twitter, Notch cumule 2,5 millions de followers, et son statut de créateur de Minecraft lui colle à la peau. Adoré par les fans d'un jeu dont il tente vainement de se détacher, Markus Persson est finalement soutenu par une communauté qui ne souhaite visiblement pas tourner la page.

Achevée samedi soir, cette série de tweets n'est pas passée inaperçue et a été reprise par de multiples médias, ce qui n'a vraisemblablement pas été du goût de Persson. Ce dernier a publié lundi une définition personnelle du journalisme : « naviguer sur Twitter, spéculer et raconter des conneries. » Et de conclure « Pour ce que ça vaut, malgré les articles évoquant ma dépression tout ça parce que j'ai eu une mauvaise journée et que je l'ai racontée, je passe actuellement une bonne journée. »

Le blues du développeur indé

Le blues de Markus Persson n'est en réalité pas nouveau : en septembre 2014, il expliquait, dans un billet de blog qui a, depuis, été effacé, que la revente de Mojang n'était pas une question financière : « ce n'est pas pour l'argent, mais pour ma santé mentale » assurait-il alors. Quelques mois avant, en juin, il tweetait les prémisses de la revente : « Quelqu'un voudrait acheter mes parts de Mojang, que je puisse aller de l'avant dans ma vie ? Me faire haïr en essayant de faire les bonnes choses, ce n'est pas mon truc. »


Markus Persson est le membre d'un club officieux et peu connu, mais qui existe bel et bien : celui des développeurs indépendants qui vivent mal leur succès. On peut notamment citer Davey Wreden, le développeur de The Stanley Parable, qui expliquait en février 2014 avoir eu du mal à vivre le coup de projecteur donné sur sa personne, après des années à plancher sur son jeu, notamment parce qu'il avait la sensation de « perdre ce qu'il avait créé » en le donnant aux autres. Et lorsque son titre a reçu la distinction de « jeu de l'année », le malaise est revenu, et il a senti le besoin de s'isoler.

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Autre cas récent, celui de Dong Nguyen, développeur de Flappy Bird. Ce jeu gratuit, financé grâce aux achats in-app, a rencontré un succès colossal, qui a totalement dépassé son créateur. Quelques jours après sa sortie, Dong Nguyen a décidé de supprimer son jeu des app stores, expliquant sur Twitter « ne plus être capable de gérer la situation ». Entre les accusations de plagiat, les sollicitations médiatiques et autres menaces, le développeur, à qui la création rapportait jusqu'à 50 000 dollars par jour, a rapidement décidé de faire profil bas.


Et la liste est loin de s'arrêter là : on pourrait encore citer Phil Fish, développeur de FEZ, qui a décidé de quitter le secteur du jeu vidéo après l'annulation de FEZ II et les nombreuses menaces dont il a été victime. On pourrait également s'intéresser aux reconversions des développeurs issus de grands studios, à l'image de celle de Greg Zeschuk, fondateur de Bioware, qui a quitté le navire en 2014 pour lancer un site d'actualité sur la bière. Heureusement qu'il n'y a pas que le jeu vidéo dans la vie.

Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques...

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Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

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