Valoriser la saumure pour une désalinisation écolo ?

Aymeric Pontier
Spécialiste environnement
19 juillet 2020 à 20h08
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Usine dessalement désalinisation

Des chercheurs de l’Université de Stanford ont inventé un dispositif de dessalement, qui pourrait, à terme, rendre la conversion de l'eau de mer en eau douce rentable et bénigne pour l'environnement, grâce à la valorisation de la saumure.

Considérant les rejets des usines de désalinisation comme une ressource à exploiter, les scientifiques souhaitent encourager les industriels à collecter et traiter la saumure avant la dispersion dans la nature. Par ricochet, ils espèrent rendre le processus plus rentable sur le plan économique, et surtout moins dangereux pour l’environnement !

La désalinisation, à la fois essentielle et nocive

La désalinisation est, hélas, aussi coûteuse que dommageable pour l’environnement. Elle requiert en effet des quantités d’énergie importantes et produit de la saumure, un condensé de sel et de produits chimiques pouvant nuire aux écosystèmes marins.

Chaque jour, les 16 000 usines de dessalement du monde génèrent 30 milliards de gallons d’eau douce, et près de 150 millions de m3 de saumure, rejetée ensuite dans les cours d’eau ou l’océan où elle peut provoquer des pics de salinité et d’acidité nuisibles à la vie marine.

Or, de nombreux pays et régions arides dans le monde dépendent fortement du dessalement de l’eau de mer pour subvenir aux besoins en eau potable de leurs habitants. Avec la crise climatique et face à l'augmentation prévisible des populations vivant près des côtes, ce besoin devrait même aller à la hausse. Pénuries d’eau et sécheresses vont ainsi certainement amplifier cette dépendance…

Transformer la saumure en produits réutilisables?

Pour tenter de résoudre ce problème, des chercheurs ont imaginé un dispositif pour convertir la saumure, et trouver un nouvel usage aux produits chimiques qu’elle contient.

Leur solution est basée sur la technologie de séparation électrochimique de l’eau, qui utilise l’énergie électrique pour diviser la saumure en ions sodium chargés positivement et en ions chlorure chargés négativement. Ces ions se re-combinent ensuite avec d'autres éléments pour former de l’hydrogène, de l'hydroxyde de sodium et de l'acide chlorhydrique. 

Ces trois produits présentent des débouchés commerciaux conséquents. L'hydrogène est bien sûr utilisé pour la fabrication d'engrais et le stockage d'énergie.

L'hydroxyde de sodium permet de produire du savon, du papier et des détergents. Et mieux encore, il peut servir dans le processus de dessalement lui-même pour pré-traiter l'eau de mer avant d'éliminer les sels !

De son côté, l'acide chlorhydrique est essentiel à de nombreux processus industriels, dont la production de batteries et d’additifs, ainsi que pour le nettoyage des usines de dessalement.

Un cercle plus rentable et vertueux dans ce secteur

Les scientifiques de l’Université de Stanford affirment que leur innovation amoindrirait le coût du dessalement de l’eau mer plus, et le rendrait sans danger pour les écosystèmes. Selon eux, elle surpasserait les méthodes conventionnelles de fractionnement de l'eau, et l’utilisation de la saumure de cette façon compenserait ses coûts de traitement et collecte.

In fine, elle créerait une sorte d’incitation financière à mieux protéger les écosystèmes.

Pour le moment, toutefois, la production d'hydroxyde de sodium et d'acide chlorhydrique à partir de saumure est trop faible pour envisager un usage commercial. Cette preuve de concept ne demande alors qu’à être améliorée pour parvenir jusqu’aux usine de dessalement !

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Commentaires (4)

MisterG55
Les problèmes écologiques ne sont jamais réglés avant qu’on en tire un max de blé.
jardinero
Mes barrages sont vides ,mes puits sont en baisse ,un forage me donnerait de l’eau saumatre .<br /> Vivrai je assez longtemps pour profiter de cette avancée technologique?<br /> L’installation de marais salants serait plus sûre ! avec recuperation de l’eau d’evaporation et valorisation du sel en fleur de sel .<br /> Le peu d’eau récupéré devant suffire à la production d’herbes aromatiques pour mêler au sel.
Nicolas51
Petite précision, on dit «&nbsp;ion chlorure&nbsp;» et non «&nbsp;ion chlore&nbsp;»
Maspriborintorg
Rien de nouveau. Beaucoup d’usines chimiques ont été construites près des mines de sel ou de potasse pour électrolyser la saumure et produire chlore, hydroxyde de sodium, hypochlorite de sodium, hydrogène et les très nombreuses substances utilisant ces produits de base (agrochimie etc). J’ai travaillé 35 ans dans une usine recevant la saumure par pipeline depuis une mine de sel à Bex (Suisse). Elle devait être purifiée avant électrolyse pour la débarrasser des traces de sulfate de calcium (gypse).<br /> Les électrolyseurs étaient à cathode de mercure et anode en titane. Le sodium s’amalgamait avec le mercure et par lavage à l’eau distillée, se formait l’hydroxyde de sodium avec dégagement d’hydrogène. A l’anode, se dégageait le chlore qui était séché par lavage à l’acide sulfurique concentré (très hygroscopique).<br /> Le courant pour les électrolyseurs était de l’ordre de plusieurs centaines de Kilos Ampères. Les électrolyseurs modernes n’utilisent plus le mercure mais un système à membrane.<br /> Les marais salants avec perte de l’eau par évaporation pourraient avantageusement récupérer l’eau par condensation sur des toiles.<br /> La Méditerranée étant une mer quasiment fermée, et l’évaporation étant supérieure à l’apport des fleuves (Rhône et Nil), la compensation est faîte par l’Atlantique, ce qui y augmente tranquillement la concentration saline.
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