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Un astéroïde devient brièvement le plus dangereux en une décennie

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
25 février 2022 à 17h10
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70 mètres et bien peu de pixels... mais cela suffit pour établir une trajectoire ! Crédits : ESA/NEOCC
70 mètres et bien peu de pixels... mais cela suffit pour établir une trajectoire ! Crédits : ESA/NEOCC

Découvert le 6 janvier dernier, l'astéroïde 2022/AE1 laissait penser que sa trajectoire allait croiser celle de la Terre, avec un impact en juillet 2023. La Lune était dans le champ de vue, il aura fallu une semaine de plus pour confirmer sa trajectoire, qui a révélé ne poser aucun risque.

Les procédures pour coordonner les observatoires sont bien en place.

Non, ce n'est pas Don't Look Up

Le 10 novembre dernier, un astéroïde alors inconnu passait à son point le plus proche du Soleil. Puis il s'est rapproché de la Terre, en restant à une large distance de 10 millions de kilomètres… mais comme il était « côté Soleil », les télescopes dédiés aux observations et découvertes des astéroïdes ne l'ont capté que le 6 janvier. N'étant dans aucun catalogue, il a été immédiatement classé « 2022/AE1 ».

Reste que celui-ci était un peu particulier : les calculs préliminaires indiquaient qu'il risquait de percuter la Terre le 4 juillet 2023. Verra-t-on l'impact d'un astéroïde d'environ 70 mètres de diamètre pour l'Independance Day américain ? Après trois jours d'observation, la probabilité restait faible, de l'ordre d'environ 1/2 900. Mais les observations des jours suivants ont renforcé cette probabilité à 1/1 500.

Une fois de temps en temps…

« J'étais surpris au départ lorsque j'ai appris qu'un astéroïde était noté 1,5 sur l'échelle de Palerme, c'est très rare ! Mais nous recevons des notifications (d'un niveau plus faible) toute l'année, donc je n'étais pas inquiet », explique Luca Conversi, responsable du NEOCC (Near Earh Objects Coordination Center) de l'agence européenne.

Ce type de découverte mène à l'activation de nombreux observatoires autour du monde, afin de réduire les incertitudes de trajectoire et d'affiner les probabilités. Au fur et à mesure que l'astéroïde se déplace dans le ciel, son parcours actuel et futur peut être déterminé avec de plus en plus de confiance. Il est normal que dans les premiers jours, certaines mesures soient contraires aux observations suivantes. Cela dépend des télescopes, des mesures de distance et vitesse estimée, de la taille de l'astéroïde…

Il avait très peu de chances de percuter la Terre (et maintenant, aucune), mais les logiciels sont assez perfectionnés pour montrer le potentiel « corridor d'entrée ». Crédits : ESA
Il avait très peu de chances de percuter la Terre (et maintenant, aucune), mais les logiciels sont assez perfectionnés pour montrer le potentiel « corridor d'entrée ». Crédits : ESA

Pas question de travailler seul avec un feutre autour d'un tableau blanc (Don't Look Up n'est pas une référence universelle), mais d'utiliser un réseau de télescopes ! « Cela rend ce travail de détective bien plus facile, nous pouvons y accéder en temps réel sur chaque continent. C'est même une capacité unique de l'ESA : il y a toujours un observatoire qui est bien orienté côté nuit, pour pouvoir faire des mesures de suivi ». Sauf cette fois… Et oui, c'est la tuile astronomique : la trajectoire de l'astéroïde l'a amené plusieurs jours (une grosse semaine) à être caché derrière la Lune.

Poussez la Lune s'il vous plaît

La raison pour laquelle vous n'avez jamais entendu parler de 2022/AE1 avant aujourd'hui est très simple. Les premiers relevés présentaient une marge d'incertitude trop élevée pour réellement inquiéter. Et dès que la Lune a dévoilé l'astéroïde, de nouvelles mesures de trajectoire ont pu confirmer qu'en réalité il n'y aurait aucune probabilité d'impact (1/100 000). Aucun risque donc de ce côté-là. Les télescopes européens et du monde sont déjà passés à d'autres observations et trajectoires, comme ils le font toute l'année. Mais c'est toujours une bonne chose que de se souvenir comment tout cela fonctionne !

La deuxième raison pour laquelle vous n'avez pas entendu parler de 2022/AE1 est aussi très simple : l'ESA a publié son communiqué sur cette découverte le 24 février… Et tout le monde regardait ailleurs.

Source : ESA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (15)

Gmp13000
Personnellement j’en suis resté au Géocroiseur (4179) Toutatis.<br /> Mais merci pour l’information.<br /> La Covid 19 à disparu aussi…
Felaz
Ca montre quand même qu’on en découvre un peu a la dernière minute
Pronimo
Peux être pas aussi dangereux qu’un missile de perdu depuis la Russie
crush56
Après 70 mètres c’est assez petit non ? Quelles seraient les conséquences s’il venait à s’écraser sur terre ? (En prenant en compte sa désintégration partielle ou totale en pénétrant l’atmosphère)
SPH
On enverra une équipe de foreur pour le détruire
SlashDot2k19
Ça dépend du point d’impact…
Droz
Il raserait paris mais il y aurais peut être des survivants au niveau du periph.<br /> Si vous voulez vous amuser :<br /> asteroidcollision.herokuapp.com<br /> Asteroid Damage Visualization Map<br /> Asteroid Damage Visualization Map simulates and visualizes the destruction of asteroids in a certain location on a map. View the destruction on a beautiful looking interactive map.<br />
cyrano66
Dans cette catégorie d’impacteur les effets c’est plusieurs mégatonnes.<br /> De quoi raser une ville ou déclencher un raz de marée (question probabilité il a de grande chance de tomber dans l’océan)<br /> Tugunska en 1908 les défenseurs de la Théorie de l’astéroïde (ou du cometoide) estiment le diamètre entre 45 à 70.<br /> La déflagration sonore a fait le tour de la terre.<br /> Plus de 100m c’est potentiellement des centaines de millions de morts<br /> A partir de 3 ou 4 kms de diamètre c’est Game over<br /> Après bien sûr tout dépend de l’angle, la vitesse, la matière, si il se désagrège, etc.
ebottlaender
Oui c’est le problème il y en a plusieurs qui passent « côté Soleil » quand ils sont au plus près de la Terre et qu’on ne détecte pas beaucoup sinon.<br /> Mais plus on en découvre moins il en reste ^^
Kratof_Muller
La dangerosité dépend de plusieurs facteurs, l angle d’arrivée, la vitesse, la masse/densité.<br /> Un astéroide de basalte de 30 mètres serait moins dangereux qu un bolide ferreux de 10 mètres dont il est quasi certains que l’atmosphère ne suffirait à le vaporiser avant de s’écraser ou d’exploser à une altitude dangereuse.<br /> Le bolide de Tunguska devait être imposant, certains calculs estiment qu il a explosé à environ 3000 Mètres d’altitude, altitude à laquelle l’air commence à être bien plus dense, je crois que c’est un peu pareil pour Tcheliabinsk sauf la taille.
taist
et de sa composition, non ?
SlashDot2k19
Aussi… après il y a sûrement des sites qui peuvent simuler l’impact d’un astéroïde en fonction de pleins de paramètres…
Droz
Oui il y a ce site, mais il est beaucoup moins user friendly, c’est plus pour des scientifiques :<br /> https://impact.ese.ic.ac.uk/ImpactEarth/ImpactEffectsMap/
cid1
Moi ça me fait penser à l’évènement KT qui a creusé le golfe du Mexique et tué les dinosaures il y a 65 millions d’années.
Guillaume1972
En réalité, tout dépends du lieu où il s’écrase, les dégâts ne seront pas les mêmes selon que ce soit sur Terre ou en mer, et même sur Terre, suivant si il tombe dans un désert, une forêt ou bien une ville, cela dépends également de sa vélocité, de sa composition (et donc de sa masse) et également de l’angle. Bref, beaucoup de paramètres rentrent en ligne de compte.
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