PlayStation : un changement de stratégie préjudiciable pour l'avenir de la PS5 ?

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PlayStation : un changement de stratégie préjudiciable pour l'avenir de la PS5 ?

Thibaut Popelier

11 octobre 2021 à 14h12

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Ces derniers mois, Sony Interactive Entertainment (SIE) s'est véritablement métamorphosé en interne. Départs, restructurations et réallocation des ressources font basculer la marque japonaise dans une toute autre dimension par rapport à l'ère PS4.

Et les annonces récentes viennent appuyer un peu plus ces changements qui impacteront la PS5.

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Sept années de gloire avec la PS4

Pour revenir à la source de ce bouleversement profond, il est nécessaire de replonger dans le passé. À la sortie de la période PS3, et malgré de beaux succès sur cette génération, PlayStation se lance sur sa future machine avec pratiquement un statut de challenger. Microsoft est parvenu à s'imposer avec sa très populaire Xbox 360 et la firme nippone n'a comblé son retard en matière de ventes qu'en toute fin de cycle. Pour éviter un nouvel accroc, les choses bougent au sein des équipes avec notamment l'arrivée d'Andrew House à la tête de la division gaming de Sony.

Andrew House, l'homme du renouveau, qui a su faire décoller la PS4
Andrew House, l'homme du renouveau, qui a su faire décoller la PS4

À l'aube du lancement de la PS4, le Britannique va recentrer la cible de ses équipes sur les joueurs, en proposant une machine abordable et dotée d'un catalogue varié. Tous les genres et tous les types de jeux y sont représentés au cours des sept années d'existence de la console. Blockbusters émanant des studios internes de PlayStation, titres indépendants novateurs, partenariats juteux avec les plus grands éditeurs de l'industrie... Tout y est ! Certaines figures de la compagnie comme Shuhei Yoshida (alors président de SIE Worldwide Studios) et Shawn Layden (président de SIE America) deviennent même des stars pour les amoureux de la marque.

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Un renouveau à l'approche d'une nouvelle génération

Tout cela débouche sur un véritable plébiscite pour la PS4 avec ses 115 millions d'unités écoulées dans le monde. Mais dès 2017, le remue-ménage commence doucement chez SIE. Andrew House quitte son poste et, après 18 mois d'un intérim assuré par John Kodera, Jim Ryan prend la relève. Ce dernier officiait alors en tant que patron de SIE en Europe. Quant à Shawn Layden, il rend son tablier en septembre 2019 et le charismatique Shuhei Yoshida se voit « relégué » aux manettes (sans mauvais jeu de mots) d'une initiative dont le but est de promouvoir les jeux indépendants au sein de l'écosystème PlayStation.

Les jeux exclusifs purement japonais, comme Gravity Rush, risquent de se faire rares sur PS5
Les jeux exclusifs purement japonais, comme Gravity Rush, risquent de se faire rares sur PS5

Mais c'est en 2021 que des changements plus significatifs apparaissent publiquement. Les emblématiques studios de Sony basés au Japon se sont vus vider de leur substance et ne développeront plus aucun nouveau projet. Les départs s’enchaînent une fois encore puisque des créateurs de renom comme Keiichiro Toyama (Gravity Rush, Silent Hill) ou Masaaki Yamagiwa (Bloodborne) quittent le navire. Ce qui nous conduit enfin au présent.

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Sony mettra l'accent sur les valeurs sûres

D'après une récente enquête publiée par Bloomberg, SIE va désormais prioriser ses plus gros studios et les licences acclamées par la critique. Par exemple, Sony a refusé la mise en chantier d'un Days Gone 2 à Bend Studio. La société basée dans l'Oregon a plutôt été désignée pour aller prêter main-forte à Naughty Dog sur un nouvel Uncharted (avant que Sony ne rende à Bend son autonomie en mars 2021). De même, un remake de The Last of Us devrait débarquer sur PS5 dans un avenir plus ou moins proche.

Ces décisions sont comme un reflet de la nouvelle stratégie du constructeur qui compte mettre le paquet sur les titres à gros budget (connus sous l'appellation de jeux AAA) pour attirer le consommateur. Ainsi, des équipes moins exposées, comme Bend Studio, avaient la crainte d'être reléguées au rang de simples « soutiens » des Naughty Dog, Santa Monica Studio et autres Guerrilla Games. Des craintes qui sont tout de même à relativiser puisque Jason Schreier a précisé dans un podcast que Sony ne laissera pas totalement tomber les softs indépendants et « les Ovnis » à la Dreams ou Concrete Genie. Ces derniers ne seront simplement plus la priorité de la compagnie qui allouera plus de ressources à ses studios à l'origine des meilleures exclusivités sorties ces dernières années.

Des expériences originales comme Concrete Genie continueront-elles à être autant mis en avant dans le futur ?
Des expériences originales comme Concrete Genie continueront-elles à être autant mis en avant dans le futur ?

Ce qui peut être plus inquiétant, c'est de voir la firme nippone tourner le dos à son héritage avec des initiatives comme la fermeture de sa boutique en ligne sur PS3, PS Vita et PSP. Plus de 120 jeux disparaîtront à jamais et 2200 ne pourront plus être achetés sur ces supports. Là encore, cela illustre parfaitement cette volonté de se recentrer sur l'essentiel pour Sony. En 2017, l'actuel président de SIE évoquait déjà sa réticence à l'idée de voir la rétrocompatibilité arriver sur PlayStation. « Pourquoi est-ce que quelqu'un jouerait à ces jeux ? », s'était questionné Jim Ryan. Célébrer ses succès passés et son héritage ne semble pas être une priorité pour PlayStation... Et cela implique donc l'arrêt définitif de certains services certes démodés, mais toujours appréciés, voire utilisés par les joueurs les plus passionnés.

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Sony et Microsoft, deux écoles différentes ?

Enchaîner les succès critiques et commerciaux est une bonne chose, mais il existe un revers de la médaille. À présent, les exclusivités PlayStation n'ont plus le droit à l'erreur et ne peuvent plus se contenter d'être simplement bonnes (comme Days Gone). L'excellence est obligatoire et les studios les plus « fragiles » n'ont pas nécessairement les moyens humains d'arriver à un tel résultat. À l'heure où Microsoft multiplie les offres juteuses avec le Game Pass et les rachats à hauteur de plusieurs milliards de dollars, il ne reste peut-être plus que le savoir-faire à Sony pour se démarquer.

Contrairement à Xbox qui voit toujours plus grand et tente de conquérir des marchés qui lui résistent (en Asie notamment), Sony semble se replier sur elle-même. La firme mise tout sur le marché occidental, quitte à couper ses racines et à oublier d'où elle vient. Les figures célèbres de la compagnie sont parties ou bien réduites au silence avec une communication de plus en plus aseptisée... Là où les officiels de Xbox se succèdent au micro et interagissent avec la communauté sur les réseaux sociaux pour apporter une vraie identité à leur marque.

Sur Twitter ou ailleurs, Phil Spencer est toujours proche de la communauté Xbox
Sur Twitter ou ailleurs, Phil Spencer est toujours proche de la communauté Xbox

C'est au final ce que faisait Sony à l'époque de la PS4. Ce nouveau sentiment de rareté, dans les sorties comme pour la communication, peut certes favoriser l'envie chez le consommateur, mais il peut aussi donner l'impression d'avoir affaire à une entreprise hermétique aux réactions extérieures. Et si Microsoft parvient à mettre en ordre de bataille ses 23 studios internes (dont ceux de Bethesda) avec une stratégie cohérente et des sorties bien rythmées, PlayStation pourrait avoir du souci à se faire.

JVFR

Sony PlayStation 4

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