La NASA choisit Falcon Heavy pour envoyer sa sonde Europa Clipper vers l’orbite

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
27 juillet 2021 à 08h39
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Falcon Heavy lors de son premier décollage en 2018. Crédits : SpaceX
Falcon Heavy lors de son premier décollage en 2018. Crédits : SpaceX

C'est un « flagship », l'une des missions les plus ambitieuses de l'agence spatiale américaine… Europa Clipper, qui partira étudier la lune de Jupiter en 2024, décollera grâce à Falcon Heavy. C'est un petit événement car durant des années, le Congrès américain imposait un départ sur le lanceur géant Space Launch System (SLS).

La NASA vient donc d'économiser (au bas mot) un milliard de dollars…

Du SLS au faucon lourd

Ce devait être l'une des principales missions du Space Launch System (SLS) sans astronautes, justifiant à elle seule une partie du développement d'un nouvel étage supérieur et d'une grande coiffe. Prévu depuis 2015, ce décollage avec la fusée géante de la NASA devait permettre d'atteindre Jupiter en trajectoire directe, sans utiliser l'assistance gravitationnelle d'autres planètes.

Ce gain d'un an et demi sur un profil de vol plus « classique » n'était pas sans inconvénient… ce qui fait que, malgré une préférence du SLS de la part des politiciens américains du Congrès, la NASA demandait depuis plusieurs années une révision des règles pour pouvoir sélectionner un « partenaire commercial ». Car non seulement un décollage du SLS coûte plus d'un milliard de dollars pièce (hors de tout développement spécifique), mais une étude parue l'année dernière pointait de potentielles vibrations longitudinales trop élevées pour la fragile sonde de la NASA.

L'agence a eu gain de cause dans son dernier budget, et elle a officialisé la nouvelle ce 25 juillet : Europa Clipper décollera donc avec Falcon Heavy en 2024 et pour un trajet de cinq ans et demi incluant des survols de la Terre et Mars. Le chèque négocié avec SpaceX s'élève à 178 millions de dollars.

En route pour Europe, finalement

Europa Clipper est en préparation aujourd'hui, sa structure et ses instruments étant déjà bien avancés. Elle entre dans la catégorie des « flagships », les missions les plus chères financées par la NASA, avec une enveloppe globale estimée à environ 4,25 milliards de dollars !

Elle disposera de neuf instruments pour étudier principalement la lune Europa (ou Europe) et sa croûte de glace en surface, dans une série de 44 survols prévus au début de la prochaine décennie. Une stratégie qui peut paraître étonnante, mais qui fait sens en termes d'énergie nécessaire pour se mettre en orbite, par rapport au terrible environnement jupitérien et au retour scientifique. En bonus, elle devrait arriver sur place peu après la sonde européenne JUICE, qui ira elle aussi étudier les lunes gelées de Jupiter (avec toutefois un focus particulier sur Ganymède).

Vue d'artiste de la sonde Europa Clipper survolant son objectif. Crédits : NASA
Vue d'artiste de la sonde Europa Clipper survolant son objectif. Crédits : NASA

Falcon Heavy sous pression

Du moment où la NASA a pu choisir un autre lanceur que le SLS, le choix de Falcon Heavy faisait peu de doutes. En effet, le lanceur de SpaceX est le seul disposant de cette capacité déjà démontrée pour une sélection à cet horizon.

Il n'a volé que trois fois pour l'instant, mais une véritable litanie de décollages est prévue d'ici là, pour le département de la défense américain, mais aussi pour la NASA directement (comme la sonde Psyche, les modules de la station Gateway ou l'atterrisseur lunaire Griffin). Espérons que sa fiabilité reste au niveau des enjeux au fur et à mesure que les cadences augmentent, car il s'agit de la charge utile la plus précieuse qui lui ait jamais été confiée.

Source : Spacenews

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

eykxas
Pourra-t-on y découvrir un monolithe ? XD
ebottlaender
Non heureusement on ne va pas s’y poser, c’est interdit.
Koin-Koin
Même à 178 millions, ça fait cher le tour d’Europe ^^.<br /> Plus sérieusement et au delà de la mission en elle-même, il est intéressant de voir comment l’arrivée des lanceurs privés peut être bénéfique aux programmes institutionnels.
Fulmlmetal
Je pense que de toute façon il va devenir difficile pour la Nasa de se passer de SpaceX, elle risque même d’en devenir totalement dépendante.<br /> La SLS est trop chère et surdimensionné pour ces sondes, et la Vulcan qui tarde à venir restera aussi plus chère comparé à une Falcon ou un Starship<br /> Certes la présence de SpaceX est un bon coup de boost aux nombreux programmes spatiaux mais en dominant, pour ne pas dire en écrasant ainsi le marché américain (et presque internationale) n’est-elle pas une menace à long terme sur la dépendance de la NASA voire même de l’USAF ? ne risque-t-on pas de voir un jour une sorte de «&nbsp;GAFA spatial&nbsp;» qui imposerait leurs propres règles aux gouvernements ou refuserait de se soumettre aux lois nationales comme le font actuellement les GAFA.
Fulmlmetal
Ca donnerait effectivement une alternative mais ma réflexion sur la dépendance d’une sorte de «&nbsp;GAFA spatial&nbsp;» reste posé. Avec un spatial qui serait dominé par SpaceX et Blue Origin, quel choix aurait les USA face à des sociétés privées qui monopoliseraient tout le marché et qui dicterait leurs règles … même à des (leurs) gouvernements.<br /> En gros n’est on pas en train de créer dans l’espace des monstres privés, plus puissants que des gouvernements, qui décideraient de tout et imposeraient leur règle à tous ? C’est la boite de Pandore …
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