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Test Huawei P8 : le smartphone chinois continue son ascension

Stéphane Ruscher
Spécialiste informatique
23 avril 2015 à 18h15
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Le Huawei P8 prend la suite du Ascend P7. Le constructeur chinois conserve le même objectif : opposer aux flagships de ses concurrents, un smartphone qui se veut premium, tout en restant à un prix relativement abordable, quoique en hausse par rapport aux modèles précédents. Deux objectifs difficiles à concilier, sur lesquels Huawei semble avoir acquis un certain savoir-faire. Le P8 a-t-il de quoi faire trembler l'iPhone 6 ou le Galaxy S6 visés directement lors de sa présentation ?

Design et ergonomie : un iPhone 6 alternatif

Tout est un remix, et les constructeurs chinois nous le rappellent fréquemment. Si on a pu ironiser sur la prétendue ressemblance entre le Samsung Galaxy S6 et l'iPhone 6, Huawei prend nettement moins de pincettes pour s'inspirer des codes de ses concurrents, avec toutefois une touche ingénieuse : le P8 ne ressemble pas à un iPhone 6 mais à ce que l'iPhone 6 aurait pu être si Apple avait opéré des changements moins radicaux par rapport au 5S, avec quelques petites touches de HTC One et de Sony Xperia Z.

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On retrouve donc un dos unibody, et une bordure légèrement arrondie, tout en conservant ses biseaux brillants. Au dos, la partie supérieure qui encadre l'appareil photo rappelle le design du 5/5S, alors que la bande de plastique qui traverse le bas du téléphone évoque plutôt l'iPhone 6 ou les derniers HTC One. Et sans être franchement original, cet iPhone 6 sorti d'une réalité alternative est franchement plaisant. Il est fin, élégant, offre une bonne prise en main pas trop glissante, et surtout, Huawei a soigné l'intégration de l'écran 5,2 pouces, qui occupe plus de 80% du téléphone, et de l'appareil photo, qui ne dépasse pas d'1 mm.

On n'aurait pas grand-chose à dire sur le design du P8 dans l'ensemble, mais ce sont certains détails qui fâchent. Les jolis biseaux et leur effet miroir prennent facilement les rayures et s'abiment encore plus que ceux d'un iPhone 5. Sur notre exemplaire, la bordure en verre qui encadre l'appareil photo n'est pas parfaitement alignée avec le métal ; même chose pour la grille de l'oreillette. Un bel effort, donc, même s'il n'est pas encore assumé jusqu'au bout.


Composants : pas de folie sur la fiche technique

Huawei fait partie des constructeurs capables d'intégrer leurs propres puces, et le P8 inclut sans surprise le nouveau fleuron de la division HiSilicon, le Kirin 930. Bien que la mode soit à la combinaison 4 x A57 / 4 x A53, la puce opte plutôt pour quatre coeurs A53 « améliorés » à 2 GHz, et quatre coeurs A53 standard à 1,5 GHz, avec des bénéfices, selon le constructeur, sur l'autonomie.

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Côté graphique, on trouve un Mali 624, la même puce qui équipe notamment le Honor 6 du même constructeur. On peut s'étonner de voir un GPU mobile assez moyen intégré dans un smartphone présenté comme haut de gamme : les performances graphiques dans les jeux n'étaient visiblement pas la priorité de Huawei.

L'écran ne fait pas de folies non plus : la dalle LCD 5,2 pouces se « contente » d'une définition Full HD, un choix sensé tant la surenchère autour du QHD a eu du mal à nous convaincre jusqu'ici. L'écran gagnerait à être un peu plus lumineux. Il affiche cependant une belle qualité avec des angles de vision larges et des couleurs bien équilibrées. L'espace occupé par l'écran est généreux, en revanche, il déçoit un tout petit peu lorsqu'on allume le smartphone : il n'est pas si edge to edge qu'il en a l'air !

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Huawei est assez généreux sur la mémoire vive (3 Go)... moins sur le stockage interne. On apprécie l'existence d'une version 64 Go, mais la version de base est limitée à 16 Go. Malgré l'absence de dos amovible, un des deux slots SIM - car le P8 est dual SIM - peut accueillir une carte microSD.

À l'usage : une interface « inspirée » mais évoluée

Le Huawei P8 exécute Android Lollipop, mais les amateurs du Material Design de Google devront creuser pour en trouver des traces : elle est profondément enfouie par EMUI 3, l'interface de Huawei qu'on avait déjà pu voir sur le Mate 7 ou le Honor 6.

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Comme pas mal de ROMs de constructeurs chinois, EMUI fait l'impasse sur le menu Applications d'Android pour proposer une ergonomie beaucoup plus proche de iOS, avec là encore des emprunts assez flagrants à iOS 7 et 8, dans le côté épuré et l'usage de volets transparents. D'autres parties rappellent plutôt HTC Sense ou le Timescape de Sony, mais dans l'ensemble, on est en présence d'un Android qui s'utilise comme un iPhone, et il faut dire que s'il y a de la demande, c'est que ça n'est pas forcément une mauvaise idée !

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La comparaison avec iOS se limite néanmoins à la surface, car EMUI offre un côté beaucoup plus « power user » qui ne passerait jamais chez Cupertino. Ça commence par la présence de plusieurs thèmes, pas franchement très différents les uns des autres, et tous basés sur des icônes rectangulaires à coins arrondis. Ça n'a rien de mal en soi, mais si les icônes des apps système sont plutôt réussies en général, les apps tierces tentent tant bien que mal de faire rentrer des icônes aux formes diverses dans ce moule, et le résultat est rarement heureux.

Plus intéressant, le module d'optimisation de la batterie fonctionne comme un vrai petit TuneUp pour smartphone : il prodigue des conseils d'utilisation et permet de réaliser automatiquement des opérations afin de limiter la consommation des applications les plus lourdes. On apprécie également le fait que toutes les notifications d'apps tierces soient bloquées par défaut. C'est l'utilisateur qui les valide au cas par cas, et on aimerait que d'autres constructeurs s'inspirent de cette démarche. D'autres modules permettent de bloquer l'accès au réseau mobile ou au Wi-Fi pour les apps, et la présence d'un gestionnaire de notifications centralisé est fort appréciable !

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D'une manière générale, l'interface est agréable à utiliser, et bénéficie, si on peut dire, de son manque d'originalité : en s'inspirant de iOS, on en conserve la familiarité. Bien que la navigation reste assez fluide et réactive, on trouve les défilements d'écrans d'accueil un peu mous. Mauvais point en revanche pour la localisation française à la louche : certaines parties de l'interface sentent le traducteur automatique à plein nez.

Le P8 nous a semblé être un bon téléphone : pas de problème d'accroche réseau à constater, une oreillette au son relativement clair, et un micro qui supprime assez bien les bruits ambiants.
Le haut-parleur produit un son assez riche, mais qui sature tout de même rapidement, et fait facilement vibrer l'ensemble du téléphone. Les écouteurs fournis s'inspirent des Earpods d'Apple, et vous serez bien inspiré d'opter pour une paire de meilleure qualité.

Photo et vidéo : des blancs et des couleurs très justes

Le capteur 13 mégapixels du P8 peut se targuer d'être RGBW, une première mondiale sur un smartphone selon le constructeur. L'avantage du RGBW est de produire des images aux blancs plus brillants et aux noirs plus profonds, en plus de réduire le bruit chromatique en situation de faible luminosité. Le capteur est épaulé par un processeur d'image « du niveau d'un reflex ». Voilà pour les specs sur le papier. Qu'en est-il en pratique ?

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Niveau couleurs, les résultats sont franchement positifs. Par rapport aux meilleurs smartphones qu'on ait pu tester récemment, l'écart n'est pas aussi flagrant que le service marketing de Huawei voudrait nous faire croire, mais les photos produites sont effectivement bien contrastées, avec une balance des blancs et des couleurs très justes.

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Le bilan est un peu plus mitigé sur les détails : si les images sont homogènes, les textures gagneraient à être un peu plus précises. Huawei se vante également des performances de son smartphone en faible luminosité, et on est assez d'accord : il y a un peu plus de bruit, logiquement... toutefois, pas suffisamment pour attaquer franchement les détails de notre scène de test.

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Pour une raison que l'on ignore - on imagine que c'est un prétexte pour se démarquer avec une fonctionnalité sympa - Huawei intègre une fonctionnalité de light painting à sa couche photo, maladroitement traduite en « peinture légère ». Le principe est connu : avec un temps de pose étendu, on réalise des graffitis lumineux avec une diode ou une lampe torche. La fonctionnalité opère exactement comme une capture vidéo. On lance l'enregistrement, et on se met à « dessiner » des formes, avec un aperçu en temps réel. Simple et fonctionnel !

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Les vidéos sont de bonne qualité, et bénéficient de la stabilisation optique du smartphone. On note tout de même une instabilité de la mesure d'exposition, mais les fichiers obtenus sont propres, avec une bonne restitution du son. Huawei a réservé une autre petite surprise fort sympathique pour la capture vidéo : le mode Réalisateur. L'idée est cette fois-ci de réaliser une vidéo multi-angles en direct, en combinant les flux de plusieurs smartphones.

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Le smartphone « maître » doit être un P8 ; les autres quant à eux peuvent être n'importe quel smartphone Android : il suffit de partager l'application avec vos amis, en Bluetooth, NFC, Wi-Fi ou encore par mail. Lorsque les autres terminaux exécutent l'app, ils peuvent rejoindre le groupe que vous avez créé. Une vue vous permet de passer directement d'un flux à l'autre et de réaliser votre petit montage en direct. Le résultat dépend de la qualité du réseau Wi-Fi et lors de nos tests, on a pu constater pas mal d'artefacts de compression, mais l'idée est bien implémentée.

Performances : un smartphone relativement fluide et réactif

L'utilisation du Huawei P8 est généralement fluide et réactive. Néanmoins, on exprimait quelques doutes sur la présence d'un « simple » Mali T624 sur la partie graphique, et nos doutes se confirment en pratique. Sans afficher des performances catastrophiques, le P8 montre clairement ses limites sur des jeux 3D, et s'avère en fait équivalent au Honor 6, dont la puce intégrait le même GPU.

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On obtient ainsi des résultats assez éloignés d'un Asus Zenfone 2 sur 3DMark, alors que ce dernier vient chatouiller les meilleurs flagships. Dans le bench Epic Citadel, basé sur l'Unreal Engine 3, le P8 s'en tire avec une moyenne de 40 FPS, mais plusieurs passages chargés le font chuter en dessous des 30. Et ça se vérifie dans les jeux, dont les performances sont assez aléatoires : il n'est pas rare d'observer des saccades dans un Asphalt 8 ou un Modern Combat 5. Des jeux plus anciens maintenant comme Dead Trigger 2 s'en tirent mieux, même en niveau de détail élevé.

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Toutefois, il apparaît clairement que le P8 ne dispose d'aucune marge de progression sur les jeux gourmands. Evidemment, si vous êtes plutôt 2D ou « casual », pas de problème ; pour un smartphone présenté comme un flagship, ça reste un peu en dessous de ce qu'on attend.

Autonomie : un gestion de la consommation d'énergie excellente


Après cette petite déception sur les performances en usage intensif, vous reprendrez bien une petite bonne surprise ? L'autonomie du P8 est à la hauteur des dires de Huawei ! Entre les modules d'optimisation de la batterie mentionnés plus haut, et une bonne gestion, visiblement, des périodes d'inactivité, on arrive effectivement à tenir une bonne journée et demie en usage « standard » (synchro mails et réseaux sociaux, un peu de surf, un peu de jeu, quelques photos...).

On arrive à épuiser le smartphone beaucoup plus vite avec un usage plus intensif alors qu'on tient tout de même une bonne dizaine d'heures en le poussant un peu plus notamment sur du jeu.
Avec le test de batterie de PCMark, qui simule un usage mélangeant surf web, lecture vidéo, retouche photo et bureautique, on obtient un résultat final de 6 heures et 5 minutes, un bon score selon les conditions du test : l'écran est allumé en permanence, à une luminosité de 200 Cd. PCMark tourne en boucle jusqu'à ce que le smartphone soit à 20 % de sa batterie, et extrapole un résultat à 5 %.

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En imaginant que l'on ne va pas utiliser son smartphone 6 heures d'affilée dans ces conditions, on retombe bien sur notre ressenti : on peut tourner une bonne grosse journée même avec un usage assez intensif, sachant qu'on aura tendance, en usage réel, à utiliser le réglage automatique de la luminosité.

Notre avis

De génération en génération, Huawei progresse, et le P8 est un nouvel exemple du chemin parcouru : design fin et élégant - à défaut d'être original - bel écran, interface agréable... Le premier contact avec le Huawei P8 est franchement positif.

En regardant d'un peu plus près, le tableau révèle tout de même quelques défauts. Si la finition est réussie dans l'ensemble, elle oublie de soigner les détails et suscite quelques inquiétudes sur la durabilité du dos en aluminium, assez sensible aux rayures et accrocs.

Les performances de l'appareil photo sont bonnes, et le capteur tient bien ses promesses en faible luminosité, mais les textures gagneraient, dans l'ensemble, à être plus détaillées. Et si le Kirin 930 est une puce suffisamment véloce pour la plupart des usages, elle s'essouffle quand même un peu sur les jeux 3D les plus gourmands.

Le P8 se rattrape avec une très bonne gestion de sa consommation en énergie : la ROM de Huawei fait tout pour l'optimiser, et avec un usage modéré du smartphone, on dépasse aisément la journée sans recharge. Et au final, c'est un bon terminal, malgré ses défauts, que nous livre le constructeur chinois. Dommage que dans sa quête du premium, Huawei ait revu ses tarifs à la hausse : à 499 euros pour la version 16 Go, il se retrouve en concurrence avec des smartphones moins élégants mais plus performants, comme le Zenfone 2 d'Asus.

Huawei P8

6

Les plus

  • Bel effort sur la finesse
  • Ecran de très bonne qualité
  • Bonne autonomie
  • Surcouche logicielle pertinente

Les moins

  • Dos sensible aux rayures
  • Performances 3D un peu justes
  • Le prix a augmenté !

Finition8

Autonomie8

Interface8

Ergonomie8

Puissance7


Stéphane Ruscher

Spécialiste informatique

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Tombé dans un Amstrad CPC quand j'étais petit, je teste des logiciels, des Mac, des claviers, des souris ou des tablettes pour Clubic depuis 2005. J'aime aussi écouter du rock et de la musique élect...

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Tombé dans un Amstrad CPC quand j'étais petit, je teste des logiciels, des Mac, des claviers, des souris ou des tablettes pour Clubic depuis 2005. J'aime aussi écouter du rock et de la musique électronique, en faire même un peu, regarder des films pas trop bêtes, et rire d'humour absurde.

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