De l'hydrogène pour remplacer le kérosène ? L'aviation civile face aux enjeux du réchauffement climatique

26 novembre 2023 à 09h02
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 Faire voler des gros jets, ça consomme ! © MFS 2020 / Camille Coirault pour Clubic.com
Faire voler des gros jets, ça consomme ! © MFS 2020 / Camille Coirault pour Clubic.com

L'hydrogène sera-t-il le carburant de demain pour l'aviation civile ? Les spécialistes se penchent sérieusement sur la question.

L'aviation civile, souvent pointé du doigt pour le rôle délétère qu'elle joue dans le réchauffement climatique et pour ses émissions de gaz à effet de serre, est aujourd'hui à un carrefour. Rien qu'à l'aéroport d'Heathrow de Londres (deuxième aéroport européen en nombre de passagers), ce sont 20 millions de litres de kérosène qui sont consommés quotidiennement pour assurer le décollage de plus de 1 000 avions. Alors que la recherche d'alternatives écologiques plus durables devient urgente, l'hydrogène émerge comme une solution envisageable. Si certains prototypes comme le H2FLY sont déjà convaincants, peut-on réellement considérer ce carburant comme une réponse viable ?

Le carburant durable, un enjeu de plus en plus pressant

Certains aéroports, comme celui d'Heathrow, se retrouvent au cœur de cette réflexion. Matt Prescott est chef de la stratégie carbone au sein du gigantesque aéroport londonien, et il explique que le défi est de taille :
« La quantité de carburant qui passe par Heathrow est énorme. C'est environ la moitié des besoins en kérosène du Royaume-Uni ». Au Royaume-Uni, le « Jet Zero Plan » a pour ambition d'atteindre le zéro émission d'ici 2040 pour l'aviation civile.

Aux États-Unis, même objectif, mais pour l'année 2050. De même pour l'Union européenne avec le plan « Destination 2050 ». On pourrait se dire que le temps ne presse pas, mais c'est faux. C'est pourquoi aujourd'hui l'industrie aérienne planche sur l'exploration de diverses alternatives de carburants d'aviations durables, les SAF (Sustainable Aviation Fuel). Des carburants qui ne proviennent pas d'énergie fossile. Toutefois, au regard du contexte actuel, les produire en quantité suffisante et à un coût abordable reste pour le moment du domaine de l'hypothétique.

Le kérosène est utilisé depuis les années 1950 dans l'aviation civile © mansong suttakarn / Shutterstock
Le kérosène est utilisé depuis les années 1950 dans l'aviation civile © mansong suttakarn / Shutterstock

L'hydrogène, une piste prometteuse ?

Contrairement au kérosène, l'hydrogène ne produit pas de CO2 lorsqu'il est utilisé en carburant, en revanche, pour ce qui est de sa production, c'est une autre histoire. Il suscite un intérêt croissant pour son usage dans son aviation civile, mais les défis techniques à surmonter sont encore considérables. Notamment, la nécessité d'opérer un refroidissement à -253°C pour le faire passer à l'état liquide. L'entreprise de renom Air Liquide (qui a travaillé sur les fusées Ariane de l'ESA) collabore actuellement avec Group ADP et Airbus pour que la technologie soit adaptée à l'aviation.

Même si l'exemple cité plus haut d'H2Fly est encourageant, ce n'est qu'un prototype. Installer des infrastructures de stockage et de distribution d'hydrogène dans les grands aéroports est une autre paire de manches, puisque le coût global est estimé à un milliard de dollars par aéroport. Une somme très importante, estimée par le cabinet de conseil en stratégie et management Bain & Company.

Si le défi paraît de prime abord difficilement surmontable, des start-up sont déjà à l'œuvre pour proposer des alternatives plus économiques. C'est le cas d'Universal Hydrogen par exemple, qui travaille sur des modules de stockage d'hydrogène liquide transportables par camion et que l'on peut directement intégrer aux avions. Le chemin est encore long et semé d'embûches, mais l'industrie aéronautique est en mouvement !

Sources : BBC, Destination 2050

Camille Coirault

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Commentaires (20)

keyplus
sachant que le nombre d’avions de ligne va augmenter de 30% en asie c est un peu comme essayer de vider une baignoire avec une louche percée
F4FEnder
C’est justement à cause de l’augmentation du traffic qu’il devient de plus en plus urgent de trouver une solution.
JohnLemon
Si on s’obstine à rester dans la même logique de croissance du trafic aérien en changeant simplement de source d’énergie, ça ne pourra pas fonctionner. Car les limites planétaires seront atteintes autrement, ça fera juste gagner un peu de temps.<br /> Ce changement de carburant doit être couplé avec une stabilisation voire une baisse du nombre de vols, afin de les limiter au strict indispensable. D’autant que plus la volonté de maintenir une croissance sera forte, et plus la période de transition sera longue. Car il faudra alors produire beaucoup plus d’énergie verte pour pouvoir dire adieu au kérosène.
dredd
Je pense qu’il sera tout simplement impossible de faire renoncer volontairement à la possibilité quasi illimitée de voyager en avion. C’est trop tard. A moins d’un changement complet de paradigm qui viendrait remplacer tout ca par autre chose de tout aussi, voire plus, commode. Ou un hiver nucleaire, ca aussi.
bennukem
Le bal des faux culs. Si ça les inquiète vraiment, qu’ils limites le nombre de vols par jour/par an/par personne. Mais non, du pognon bien gras et prétendre chercher des solutions écologiques en augmentant la fréquence des vols …
Pernel
20 millions de litres… par jours !? La vache !
Nmut
Malheureusement oui, et juste les départs de London Heathrow, de l’ordre du millier de vol. Imagine sur l’Europe, avec plus de 30000 vols par jours, et ce n’est pas la zone la plus fréquentée…
Nmut
Les compagnies tentent de réduire l’utilisation des carburants fossiles parce que ça leur coute déjà cher et que cela va être de pire en pire. Ils en profitent pour faire un peu de comm au passage, rien de vraiment «&nbsp;faux-cul&nbsp;», business as usual.<br /> Seul un gouvernement peut limiter le nombre de vols, mais quel gouvernement prendra une décision qui va toucher au portefeuille beaucoup de monde et à la sacro-sainte liberté de déplacement…
bennukem
Seul le gouvernement peut ? Genre une compagnie aérienne ne peut pas limiter ses vols ? Un aéroport ne peut pas limiter non plus ? Il y a zéro volonté de, sauf celle d’accuser l’autre
xavz78
L’écologie des solutions vs celle des interdictions.
F4FEnder
Tu connais un commerce ou une entreprise qui va limiter son nombre de client volontairement quitte à mettre la clef sous la porte ?
bennukem
Mettre la clé sous la porte, es-tu sérieux? Ce genre de question montre bien que l’enjeu n’est pas compris.<br /> Si une société privée ne sait pas s’auto réguler, c’est aux pouvoirs publics de faire le nécessaire.<br /> Et encore heureux que certaines entreprises se limitent pour éviter un impact trop important.
Nmut
Parce que toi tu acceptes de toi même de rouler moins, de chauffer moins ou de gagner moins autrement que par une obligation financière (2 premiers cas) et/ou légale? C’est pareil pour les sociétés.<br /> bennukem:<br /> Et encore heureux que certaines entreprises se limitent pour éviter un impact trop important.<br /> Pourquoi pas, mais j’aimerais avoir des noms…<br /> Rares sont les entreprises pouvant se permettre ça si ça n’est pas rentable directement ou en terme d’image, il y a la pression boursière, la pression salariale, la pression de la concurrence, l’appât du gain, …
Sebastien_Quevilly
La grande question est où vont-ils trouver tout l’hydrogène qu’ils ont besoin ?<br /> Sachant qu’on va avoir besoin aussi d’hydrogène pour la fabrication d’engrais (manger est plus important que se déplacer.) et aussi pour la fabrication d’acier (qui est aussi plus important)<br /> Alors pour ceux qui vont dire que c’est l’atome le plus présent de l’univers, je répondrais que l’on ne vit pas dans la nébuleuse d’Orion. Sur Terre, on est plutôt dans les 0.2 %. Ça ne fait pas beaucoup.
bennukem
Je n’ai plus de chauffage, yep, mais j’ai des pulls et des couvertures. Je ne suis pas dans un coin où ça descend en dessous de zéro, je ne me soucie donc pas du hors gel. Gagner moins, déjà fait aussi. Nous ne sommes pas obligé d’être dans une optique de croissance économique pour bien vivre.<br /> En société ? Je vais déjà te répondre toute la filière bio à distribution sur circuit court, déjà pas mal hein si tout le monde le faisait.<br /> Je ne vois pas le soucis non plus d’empêcher les gens d’aller prendre un avion pour les séjours d’une durée réduite. Ex, Le weekend à Ibiza…
Nmut
Sebastien_Quevilly:<br /> Sur Terre, on est plutôt dans les 0.2 %. Ça ne fait pas beaucoup.<br /> En fait, ça ça fait vraiment beaucoup. C’est l’accessibilité et les infrastructures qui sont le problème.<br /> Le pétrole est devenu la source principale d’énergie car il sortait littéralement tout seul de terre. C’est maintenant plus compliqué mais cela reste malheureusement relativement facile à extraire, facile à transformer et à transporter.
LedragonNantais
Des avions à hydrogène… et comment on le produit en masse? Sans compter, je sais qu’ils veulent le stocker à l’état liquide, mais faut il leur rappeler ce qui c’est passé avec l’Hindenburg en 37?
V-Luminis
Oui, moi aussi j’ai vraiment été scotché par cette donnée. C’est tout simplement aberrant.
Martin_Penwald
et à la sacro-sainte liberté de déplacement…<br /> On n’est pas obligé de prendre l’avion pour aller où que ce soit. Interdire l’avion ne contreviendrait pas à la liberté de déplacement.
Martin_Penwald
Je vois pas le rapport. Qu’est-ce qui s’est passé avec le Hindenburg en 1937 ?
Blackalf
C’est juste un mème qui réapparaît régulièrement et que d’aucuns croient pertinent dés qu’ils lisent le mot hydrogène quelque part. ^^
Nmut
Je suis d’accord avec toi, mais est-ce la cas de la majorité des gens qui ne supporte pas la moindre contrainte. Et faire plus de 1000km en train, c’est une vraie contrainte!
Palou
Nmut:<br /> Et faire plus de 1000km en train, c’est une vraie contrainte!<br /> Certes, le train va moins vite que l’avion … MAIS les gares sont en centre-ville donc moins de transferts et de perte de temps, et il faut rajouter les 2 à 3h avant pour les contrôles
Nmut
Oui.<br /> Et je suis d’accord avec les futures lois européennes qui veulent interdire les liaisons aériennes courtes si un trajet équivalent en temps total (centre-ville à centre-ville) existe en train.
Martin_Penwald
Tout-à-fait, mais qu’il y ait des contraintes ne remet pas en cause la liberté de circulation. Sinon, si on va par là, le fait qu’il faille payer pour prendre l’avion ou le train ou faire le plein de sa voiture pourrait être considéré comme une entrave à la liberté de circulation.<br /> Et si il y avait une réelle volonté politique de remettre en place des trains de nuit à l’échelle européenne, on pourrait avoir quelque chose de mieux que l’avion.<br /> Imaginons : le vendredi soir, après ta semaine de travail, tu arrives à la gare pour prendre le train de nuit pour disons Berlin, tu montes, vas prendre une douche dans la zone adéquate, reviens dans ta cabine, te couches, et le lendemain matin, après 8 ou 10 heures de trajet, tu es à Berlin pour la fin de semaine. Retour le dimanche soir pour être au bureau le lundi matin, rien de très contraignant.
LedragonNantais
Vous ne connaissez pas la catastrophe de l’Hidenburg? C’est un des plus gros drame de l’aviation. le dirigeable était à l’époque rempli d’hydrogène. Il y a eu une fuite, et je vous laisse imaginer la suite de l’histoire, sachant que l’hydrogène est un gaz très inflammable.<br /> Bien que là pour l’avion, on parle de stockage à l’état liquide, et que sur le zepplin c’était à l’état gazeux, je ne sais pas si çà sera très safe en cas de pépin d’avoir autant d’hydrogène stocké comme ça…
Martin_Penwald
Bien sûr que je connais le drame. Mais déjà, on n’a pas de certitudes sur la cause de l’accident, et ensuite on utilisait des réservoirs qui n’étaient pas sous pression et qui avait l’habitude de fuir pour l’hydrogène. Rien à voir avec ce qui est proposé ici.<br /> C’est comme si on devait s’inquiéter du transport de propylène après la catastrophe de Los Alfaques.
Blackalf
LedragonNantais:<br /> Vous ne connaissez pas la catastrophe de l’Hidenburg? C’est un des plus gros drame de l’aviation. le dirigeable était à l’époque rempli d’hydrogène. Il y a eu une fuite, et je vous laisse imaginer la suite de l’histoire, sachant que l’hydrogène est un gaz très inflammable.<br /> Bah oui, mais on n’est plus en 1937. Sinon, à ce compte, il y a énormément de choses qu’il ne faudrait plus faire parce qu’il y a eu une catastrophe autrefois. Par exemple ne plus faire naviguer de paquebots à cause de ce qui est arrivé au Titanic. Ou ne plus faire voler d’avions de ligne parce qu’il y a eu beaucoup de crashs.
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