Google souffle ses 25 bougies : retour sur un quart de siècle de succès et de ratages

27 septembre 2023 à 17h10
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© lalo Hernandez / Unsplash
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Le géant américain est né en septembre 1998, à une époque où le World Wide Web n'était pas encore tout à fait ce qu'il est aujourd'hui. Depuis, l'entreprise est devenue un acteur incontournable et a joué un rôle majeur dans la transformation du monde numérique et, surtout, dans le quotidien d'un grand nombre d'individus.

Selon l'échelle, 25 ans semblent aussi longs que courts. Comparée à d'autres entreprises qui ont marqué le monde depuis le début de l'ère industrielle, Google fait figure de petite jeune. Mais à l'échelle d'internet, on a l'impression que la firme de Mountain View a toujours été là. Quoi qu'il en soit, son histoire est riche de succès et d'échecs, et malgré sa position dominante, l'entreprise la plus connue du Web, et peut-être même du monde, a encore de nombreux défis à relever.

« Avez-vous googlé votre question ? »

Google est le fruit d'un projet de doctorat. C'est en 1996 que Larry Page et Serget Brin, deux étudiants de l'université de Stanford en Californie, ont commencé à travailler sur un nouveau concept de moteur de recherche. Ils voulaient trouver un moyen d'indexer l'internet, afin de faciliter la recherche d'informations sur ce réseau en pleine expansion.

Les deux étudiants ont utilisé une méthode de « vote » pour trier les pages web. Le nombre de liens renvoyant vers celles-ci à partir d'autres sites était comptabilisé et utilisé pour juger de la pertinence de chaque page. Dès lors, aucune intervention humaine n'était nécessaire et le moteur de recherche pouvait se développer au même rythme que le reste du réseau. En conséquence, il a été en mesure d'obtenir de bien meilleurs résultats que la concurrence de l'époque. Cette dernière n'a jamais pu suivre le rythme d'un service qui n'a depuis fait qu'améliorer sa recette.

© Google
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Le nom Google fait par ailleurs référence au terme mathématique « googol » (gogol en français), qui désigne un nombre commençant par un 1 et suivi de 100 zéros. Si le moteur de recherche a une dénomination un peu différente, c'est parce que le nom de domaine googol.com existait déjà. Cependant, selon certaines sources, il s'agirait plutôt d'une erreur de la part de la personne chargée d'enregistrer le domaine, qui aurait alors tapé… « Google ».

Un modèle économique solide

Bien que le service ait été gratuit à ses débuts, ses fondateurs ont dû le monétiser dès le début des années 2000. Certains mots-clés ont pu être achetés par les annonceurs, qui pouvaient ainsi afficher des publicités pertinentes aux côtés des résultats de recherche. Ce modèle a contribué à faire de Google un géant de la publicité, à tel point qu'il domine largement le secteur aujourd'hui. La firme est tout simplement devenue une des principales locomotives économiques du Web.

© Firmbee / Pixabay
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La société aurait pu en rester là, mais elle s'est rapidement lancée dans un processus d'expansion colossal. En 2001, elle commence à indexer les images accessibles sur les pages web, et en 2002, elle s'attaque au monde de l'information, alors que de nombreux internautes se plaignaient de ne pas pouvoir trouver d'informations sur les événements du 11 septembre 2001. Google Translate fait son apparition en 2006, facilitant ainsi la communication à travers le monde.

Une diversification à marche forcée

En 2006, le moteur de recherche s'est permis l'acquisition de YouTube, une plateforme de streaming vidéo de plus en plus populaire. Quelques années après, Google tente de répondre à iOS et au succès de l'iPhone en lançant Android, un système d'exploitation conçu pour les téléphones portables. Ce qui l'amènera, par ailleurs, à fabriquer lui-même ses propres ordinateurs, tablettes et smartphones.

Entre-temps, l'entreprise lance Gmail, un service de courrier électronique offrant à sa sortie 1 Go d'espace de stockage. Un chiffre bien au-dessus de la concurrence de l'époque et qui a séduit un (très) grand nombre d'utilisateurs. En 2005, Maps fait son apparition et, deux ans plus tard, Google entreprend de photographier les routes du monde entier, et plus encore. Enfin, Chrome s'est rapidement imposé comme le navigateur internet de référence, grâce à ses bonnes performances, son interface minimaliste et à sa faible consommation de ressources, du moins à l'époque.

© abdullah serbest / Shutterstock
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Ainsi, au début des années 2010, Google est omniprésente dans le monde numérique, et son influence s'était étendue au point qu'il est devenu difficile de l'éviter. Aujourd'hui, l'entreprise fournit une vaste gamme de services, allant de l'accès à internet à l'intelligence artificielle. La liste des exemples est longue et la marque est devenue l'une des plus reconnaissables au monde.

« Stadia ? Jamais entendu parler »

Cependant, ce n'est pas parce que vous êtes un modèle de réussite que vous ne pouvez pas échouer de temps en temps. Google est, en effet, réputée pour les nombreux services qu'elle a abandonnés. On peut citer Hangouts, son ancien service de messagerie instantanée, ou encore Google+, sa désastreuse tentative d'entrer dans le domaine des réseaux sociaux. Si Picasa est sûrement l'un des grands oubliés de cette histoire, la disparition de Stadia aura fait couler un peu plus d'encre, tant ce service de Cloud gaming s'est soldée par un échec retentissant.

En fait, il ne s'agit pas nécessairement de mauvais concepts. Après tout Microsoft et NVIDIA réussissent là où Google a complètement échoué. Quant à Hangouts et Picasa, ils ont été remplacés au fil du temps, et leurs enfants spirituels sont Google Chat ou Google Photos. Mais la tendance du géant américain à se défaire de ses services et applications est impressionnante, et les habitudes sont tenaces. Alors que Google Podcasts ne va pas faire long feu, Google Assistant pourrait bien disparaître plus tôt qu'on ne le pense.

© Capture d'écran Clubic.com
© Capture d'écran Clubic.com

Comme le souligne Android Police, ce cimetière de services constitue une ironie au regard des débuts de l'entreprise. En 2004, ses fondateurs adoptaient le mantra « Don't be evil » (« Ne soyons pas mauvais »), alors même que Google était introduit en Bourse. Pour eux, le plus important était de rendre le monde meilleur, même si cela impliquait de sacrifier des revenus. Comme en témoigneront les anciens utilisateurs de Google Reader, la consigne n'a pas vraiment été respectée.

Hey Google, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

Aujourd'hui, Google, et plus particulièrement sa société mère Alphabet, est l'une des plus grandes entreprises au monde, tous secteurs confondus. Cependant, l'entreprise a récemment été mise à mal par Microsoft et OpenAI dans son domaine d'origine : la recherche sur internet. L'intelligence artificielle et les chatbots qu'elle alimente sont sur le point de transformer l'expérience, au point de reléguer (en théorie) les moteurs de recherche actuels au rang d'antiquités. Alors que la firme tente de riposter avec Google Bard, le coup a été aussi violent qu'éphémère. Pour la première fois depuis deux décennies, il est possible qu'elle soit confrontée à une nouveauté capable de l'ébranler jusqu'à ses fondations.

© Rokas Tenys / Shutterstock
© Rokas Tenys / Shutterstock

Cependant, le plus grand danger pour Google réside peut-être ailleurs. Le géant américain est tentaculaire et sa domination sur certains marchés fait grincer les dents de plus d'un régulateur à travers le monde. S'ils n'ont pas encore abouti, de nombreux projets visent à démanteler certaines de ses activités, notamment dans le secteur de la publicité. La dynamique actuelle semble du côté des politiques, et les débats en coulisses s'annoncent très intenses.

En outre, pour survivre, l'entreprise doit collecter un nombre considérable de données provenant d'utilisateurs qui n'ont pas réellement le choix. Cette situation a donné à Google une mauvaise réputation, ce qui a incité de nombreux internautes à entreprendre une « dégooglisation » et à chercher des alternatives à Google. Un véritable chemin de croix qui témoigne de la prédominance du géant américain dans le monde numérique, mais également de sa réussite indiscutable.

Source : Android Police

Maxence Glineur

Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique...

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Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique : toute l'actualité (ou presque) attise ma curiosité. Sinon, j'aime le rock et le lofi, les game-nights toujours trop longues, les bons films et les nanards.

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Commentaires (6)

Francis7
Je me souviens qu’à ses débuts, Google n’était pas vraiment pris au sérieux face à AltaVista et Yahoo. Hotmail avait aussi toujours au une forte emprise sur le public jusqu’en 2006 par rapport à Gmail.<br /> C’était comme la PlayStation 1 qui ne faisait pas trop sérieux puisque Sony était réputé pour la HIFI haut de gamme made in Japan. <br /> Comme le monde change, du coup il y a des gens qui deviennent des visionnaires.
Prot
Dire que Xavier Niel avait la possibilité d’investir dans Google , si j’en croit mes souvenirs, les créateurs Google lui ont demandé 90 000 , et Niel à répondu trop chère.<br /> , Niel serait 10 fois plus riche aujourd’hui.
carinae
Seul les plus de 20 ans se souviennent de cette époque <br /> Si on rajoute Caramail, IRC et Netscape on a le combo
twist_oliver
Du côté du hardware n’oublions pas les Google Glass… cet outil aurait changé le monde si il avait été accompagné d’une vraie prise en compte de la vie privée.
gamez
et le son mythique de icq https://www.youtube.com/watch?v=6iCPIUGnHQ8
mcbenny
J’avais une autre histoire sur le nom de «&nbsp;Google&nbsp;» qui en fait viendrait d’une faute d’orthographe : ils voulaient l’appeler «&nbsp;goggle&nbsp;» qui signifie «&nbsp;jumelles&nbsp;», au sens de «&nbsp;longue-vue&nbsp;». Plus crédible je trouve.<br /> Et puis le «&nbsp;don’t be evil&nbsp;», on pourrait désormais compléter par «&nbsp;… I’ll be it&nbsp;» (je m’en occupe ?).
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