Test Demon's Souls : la meilleure raison de s'offrir une PlayStation 5

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Test Demon's Souls : la meilleure raison de s'offrir une PlayStation 5

Pierre Crochart

12 octobre 2021 à 12h42

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Pour vendre des palettes de sa PlayStation 5 fraîchement sortie du four, Sony parie sur un jeu... de 2009. Une stratégie bien moins délirante qu'il y paraît une fois que l'on a goûté au fruit impur qu'est Demon's Souls. 

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Demon's Souls
  • Une refonte graphique époustouflante
  • Une fluidité exemplaire
  • Jamais plus de 5 secondes de chargement
  • Une superbe porte d'entrée vers les jeux From Software
  • Un jeu toujours très obscur si l'on ne se renseigne pas
  • Une IA qui date de 2009
  • La gestion de la caméra sur certains boss
  • ... mais on aurait apprécié un nouveau monde exclusif

Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi, un peu de contexte. Développé en 2009 par From Software qui, depuis, s'est imposé comme un studio majeur de l'industrie grâce à Dark Souls, Bloodborne et Sekiro, Demon's Souls a souvent été présenté comme le brouillon de son prestigieux curriculum. C'est pourtant lui qui, grâce à un beau succès critique et d'estime, a posé les fondations quasi immuables des jeux listés plus haut.

Les "Souls-like" (ou "Soulsborne") comme on les appelle, suscitent pourtant des sentiments contrastés. Une frange de joueurs les trouve trop difficiles, quand l'autre loue justement leur design volontairement punitif. On comprend dès lors que parier sur un jeu de la sorte pour justifier d'investir 400 ou 500€ dans une nouvelle console est un peu osé de la part de Sony.

Mais c'était sans compter sur la confiance sans bornes que l'éditeur semble accorder à Bluepoint Games, le studio texan déjà responsable du clinquant remake de Shadow of the Colossus. Or avec Demon's Souls, ce n'est plus à de la restauration que s'adonne Bluepoint, mais à de l'orfèvrerie.

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Boletaria, un royaume encore plus déprimant que 2020

Après que le Roi Allant XII a un peu abusé de la magie pour offrir richesse et prospérité à son peuple, un épais brouillard a progressivement recouvert le monde et occasionné l'apparition de démons mangeurs d'âme. En bon RPG qu'il est, Demon's Souls vous fait donc incarner un héros venu libérer Bolétaria de son affliction.

Vous trouvez le scénario basique ? C'est bien normal. Et la plupart des joueurs ne chercheront d'ailleurs pas plus loin. L'une des spécificités des jeux de From Software vient en effet de cette économie de paroles ; le studio préférant opter pour la narration environnementale, ou encore les descriptions d'objets cryptiques censées épaissir l'univers du jeu.

Mais les bases, elles, sont effectivement des plus classiques. Première étape ? La création de personnage. L'occasion de passer des heures à personnaliser son avatar, tant Bluepoint Games a travaillé l'éditeur pour nous permettre toutes les folies.

Il vous faudra aussi choisir une classe parmi les 10 disponibles. Pas d'inquiétudes toutefois : ce choix ne conditionne que vos caractéristiques initiales et votre équipement de base. Libre à vous de façonner votre personnage à votre guise par la suite.

Un point sur la technique : Exclusif à la PlayStation 5, Demon's Souls tire évidemment parti des spécificités hardware de la nouvelle console de Sony. En premier lieu, le SSD custom permet de charger sa partie en un temps record. Très concrètement, vous n'attendrez jamais plus de 5 secondes. Les développeurs ont d'ailleurs admis avoir volontairement choisi cette durée afin de laisser une respiration au joueur qui vient, par exemple, de mourir.

Le jeu offre également deux modes d'affichage distincts : "Performances", qui offre pour une résolution 4K dynamique mais conserve en tout temps les 60 images par seconde, ou "Cinématique" qui bloque le framerate à 30 images par seconde en optant pour de la 4K native. Très franchement, il nous apparaît inconcevable de s'adonner à Demon's Souls dans ce dernier mode, tant le confort accordé par les 60 images par seconde peut s'avérer salvateur dans certaines situations où les réflexes priment. De plus, les atouts visuels du mode "cinématique" ne sautent pas vraiment aux yeux — le jeu est sublime, point.

Précisons d'ailleurs que Demon's Souls n'utilise pas le ray tracing, et opte pour cette bonne vieille rastérisation qui, n'en doutons pas, a encore de très beaux jours devant elle.

De façon globale, on ressort impressionnés de notre découverte de Demon's Souls. Le jeu est beau à se damner, et tourne comme un charme sans faire gronder la console qui l'héberge. Une vitrine technique qui sied particulièrement bien à la PlayStation 5.

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Je suis venu ici pour souffrir, okay ?

Vous voilà immédiatement plongé dans le grand bain. Après un court tutoriel vous apprenant comment vous battre (et vous protéger), vous arrivez dans le Nexus : le hub central de Demon's Souls.

À la différence de Darks Souls et de ses suites, la progression dans Demon's Souls est beaucoup moins linéaire. Le joueur accède rapidement aux cinq Archipierres, chacune représentant une partie du monde à explorer et à vider de ses démons. Une chouette idée, en cela que cette organisation permet au joueur de changer de zone s'il rencontre trop de difficulté à progresser dans l'actuelle.

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On peut passer d'une zone à l'autre sans soucis en cas de difficulté

Chaque monde se décompose lui-même en 3 ou 4 sous-niveaux, dont l'accès est gardé par un boss. Le hic, c'est qu'en cas de décès, il vous faudra vous retaper tout le chemin jusqu'à l'arène, et que les ennemis abattus jusque là auront réapparu. Autre contrainte : toutes les âmes accumulées (qui servent de monnaie d'échange mais aussi de points d'expérience à dépenser pour augmenter ses statistiques) vous attendent également sur votre cadavre. Et si vous mourez de nouveau avant les avoir récupérées, elles seront définitivement perdues.

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Mourrir deux fois d'affilée vous coûtera toutes vos âmes (et vos nerfs)

On comprend tout de suite que, dans Demon's Souls, il vaut mieux jouer prudemment que de foncer dans le tas. Une approche que vous adopterez de toute façon naturellement, vu comme certains ennemis tapent fort.

Mais il ne faudrait pas intenter un procès à la difficulté supposée du titre. Il est généralement admis que les jeux From Software ne sont pas difficiles, mais exigeants. Comprenez qu'ils s'offrent aux joueurs qui acceptent de jouer selon les règles ; et se refusent a contrario à ceux qui cherchent à imposer leur rythme. Chaque adversaire a sa propre grammaire de combat qu'il vous faudra analyser, comprendre, et détourner pour prendre l'ascendant. Un point qui vaut pour les ennemis les plus insigniants, comme pour les boss.

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Les combats de boss sont de grands moments de mise en scène

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Des puzzles qui tapent fort

Il faut toutefois admettre qu'en tant que joueur ayant terminé la plupart des productions From Software, je ne m'attendais pas à ce degré de permissivité de la part des différents boss de Demon's Souls.

En réalité, on comprend vite qu'il faut les envisager moins comme des adversaires redoutables que comme des puzzles à résoudre. Des puzzles qui tapent fort, certes. Mais on se rend compte après plusieurs heures de jeu qu'une fois qu'on a mis le doigt sur une solution (il en existe toujours plusieurs), on ne tarde pas à occire les antagonistes les plus retors.

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Dépendant de ce que vous aurez fait de votre personnage, certains boss ne seront rien de plus qu'une formalité (les builds magie sont toujours hautement recommandables pour une première partie). Ce qui risque de vous poser problème, en réalité, c'est davantage la gestion de la caméra qui, parfois, pourra vous faire échouer bêtement à cause d'un mauvais placement.

Difficile d'en vouloir à Bluepoint, qui réplique ici à l'identique le jeu de From Software. Les arènes sont inchangées. Dans leur beauté (sublimée), comme dans leurs défauts (l'étroitesse de certaines). Il faut aussi dire que l'intelligence artificielle des ennemis n'a pas évolué non plus, depuis 2009. Persistent ainsi quelques bizarreries en matière de pathfinding, ou dans le cône de détection. Rien de dramatique, on vous rassure.

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Mais puisqu'il peut arriver qu'un ennemi trop puissant nous barre la route, Demon's Souls embarque également toute une partie multijoueurs qui, lors de sa sortie en 2008, était tout bonnement inédite. Il y a d'abord toute la composante asynchrone : tous les joueurs peuvent laisser au sol des inscriptions vous avertissant ici de la présence d'un trésor, là qu'un ennemi est dissimulé derrière des caisses. Bien sûr, on peut volontairement chercher à tromper les autres joueurs, et c'est aussi ce qui fait la beauté de ce système dont un certain Death Stranding s'est encore récemment inspiré.

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Les joueurs peuvent se laisser des marques au sol pour donner de (précieux) conseils.

Des joueurs magnanimes peuvent également vous proposer leur aide pour venir à bout d'un boss ou d'une zone que vous ne maîtrisez pas encore. A contrario, d'autres (moins magnanimes ceux-là) pourront sous certaines conditions s'inviter dans votre partie et chercher à vous tuer. Comme si vous n'aviez pas déjà assez à faire avec les démons !

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Moins difficile qu'inabordable

Qu'on soit clair : tout le monde est en capacité de venir à bout de Demon's Souls. Sa difficulté, ou plutôt son exigence mettra vos nerfs à rude épreuve, mais le fera pour une bonne raison. Rapidement, on admettra que si l'on meurt à répétition, c'est par excès de confiance, ou encore par bête cupidité. Vous pensiez avoir le temps d'asséner quatre coups d'épée à ce boss avant qu'il ne réplique ? Dommage, il déclenche sa riposte pile après la troisième attaque et vous tue en un coup.

Demon's Souls n'est pas un jeu dans lequel on peut s'aventurer tête baissée, en dilettante. Et cette exigence s'illustre peut-être encore plus dans le game design général du jeu, pas uniquement dans les combats.

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Si Demon's Souls ne fait pas grand-chose pour contextualiser son univers, il en fait encore moins pour vous apprendre comment vous servir de certains objets, comment apprendre de nouveaux sorts, comment utiliser la forge et où trouver les composants nécessaires à l'amélioration de son équipement. 

Divers PNJ peuvent rejoindre le Nexus si vous les libérez dans les mondes que vous visiterez. Mais comment savoir d'avance que si on fait sortir un certain chevalier de sa cage, il en profitera pour aller assassiner un par un tous les autres PNJ du Nexus en votre absence ? Comment le joueur lambda est-il censé savoir que, pour ne pas influer négativement sur la tendance du monde et rendre le jeu plus difficile encore, il lui faut jouer en forme d'âme et donc dire adieu à 50% de sa barre de vie ?

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La tendance de quoi ? Rien ne nous est expliqué non plus sur ce point ; vous n'aurez d'autre choix que de vous rendre sur vos wikis préférés ou sur la chaîne de youtubeurs spécialisés pour apprivoiser ce concept totalement abscons et inédit à Demon's Souls. Pour le résumer grossièrement, il faut voir la tendance du monde comme une jauge oscillant du blanc pur au noir pur. Selon les actions que vous entreprenez au sein d'une Archipierre, la balance penchera davantage d'un côté ou de l'autre, et des événements spécifiques se déclencheront.

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Le concept de tendance des mondes n'est toujours pas très clair

Par exemple, certains raccourcis ou même zones ne seront accessibles que si la tendance pure blanche est atteinte dans le monde que vous visitez. Idem dans l'autre sens, même si dans ce cas vous aurez également affaire à des ennemis encore plus redoutables que si la tendance est neutre ou blanche. S'ajoute à cela une tendance propre à votre personnage qui, décorrélée de celle du monde, a son propre système de points et occasionne ses propres événements. Bref : un vrai charabia que Bluepoint aurait pu (du ?) clarifier pour ne pas perdre en cours de route les nouveaux joueurs.

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Un remake fidèle, porteur de quelques nouveautés

Mais ce Demon's Souls nouveau n'est pas qu'une réplique à l'échelle du grand oeuvre de From Software. Si la création du studio japonais est absolument intacte (j'insiste), Bluepoint Games s'est autorisé quelques ajustements destinés à améliorer l'ergonomie d'un jeu un brin archaïque.

Le meilleur exemple réside peut-être dans une meilleure gestion de l'inventaire du personnage. On peut désormais envoyer en réserve (un coffre qui permet de garder ses objets en sécurité) son surplus depuis une Archipierre. Plus besoin de revenir au Nexus pour décharger son inventaire. Le poids des herbes de soin (cumulables en très grand nombre, contrairement aux fioles d'Estus de Dark Souls) a aussi été rééquilibré pour ne pas rendre le jeu trop facile (lol).

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On note aussi l'arrivée de quelques nouveaux objets et de nouveaux sets d'équipement, dont l'un était réclamé à cor et à cri par la communauté Demon's Souls depuis la sortie du jeu original. On salue d'ailleurs le clin d'oeil de Bluepoint Games, qui a su créer une énigme à la hauteur de la persévérance des fans les plus acharnés (si ça vous intéresse et que vous n'avez pas peur des spoilers, intéressez-vous à la "porte secrète" du monde 1-3).

Pour un challenge encore plus relevé, cette version propose également un mode miroir qui, comme son nom l'indique, bouleversera vos repères en inversant absolument tout le level design du jeu. On voit d'ici le nombre de joueurs qui se feront prendre à revers par un ennemi qu'ils pensaient se trouver à droite plutôt qu'à gauche.

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Les guides intégrés au menu de la PS5 sont très pratiques

Un mot également sur la fonctionnalité "guide" de la PlayStation 5. Les abonnés au service PlayStation Plus peuvent accéder, via le bouton PS de leur manette, à un guide de jeu qui contient quelques astuces au sujet de la partie de Demon's Souls que vous êtes en train d'explorer. On peut également s'en servir pour se téléporter automatiquement dans un niveau ou au Nexus (en perdant ses âmes, évidemment). Si les youtubeurs spécialisés ont encore de beaux jours devant eux, ces quelques petites astuces peuvent suffire pour débloquer un joueur perdu, ou du moins le remettre sur les rails. Bref, une chouette idée d'expérience utilisateur.

La bande originale du jeu a elle aussi été totalement réorchestrée pour coller à la nouvelle patte esthétique de cette version. Enfin, comment ne pas parler du mode photo qui, bien souvent, vous fera interrompre un combat pour immortaliser un sort qui en met plein les yeux ou une attaque dévastatrice de dragon ?

JVFR

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Demon's Souls : l'avis de Clubic

De loin le titre le plus enchanteur du line-up de sortie de la PlayStation 5, le remake de Demon's Souls est surtout un formidable avocat pour la next-gen en général. En affichant non seulement des graphismes époustouflants et une fluidité sans faille, le jeu se paie aussi le luxe d'une absence quasi totale de temps de chargements. 

Une instantanéité retrouvée qui fait beaucoup de bien à un jeu aussi exigeant que Demon's Souls. Car s'il se pare de nouveaux atours, l'aventure imaginée par From Software et retapée par Bluepoint Games est toujours aussi indéchiffrable par le profane.

Par chance, nous vivons à l'heure d'Internet. Et le joueur débutant aura pas moins de 12 années de guides, soluces et autres astuces pour se mettre en jambe. Demon's Souls n'en reste pas moins un sacré pari pour Sony. Mettre à ce point en lumière un titre aussi rude pour accompagner le lancement de sa console est téméraire. Mais la témérité n'est-elle pas justement ce que la formule des Soulsborne tente d'instiller dans le joueur ? Aller, on peut le dire. Le pari est réussi — et haut la main.

Demon's Souls

9

Faire d'un jeu comme Demon's Souls le fer de lance de la PlayStation 5 peut paraître inconscient de la part de Sony. Mais force est de constater que Bluepoint Games parvient à sublimer de la plus belle des façons la création originelle de From Software.

Les plus

  • Une refonte graphique époustouflante
  • Une fluidité exemplaire
  • Jamais plus de 5 secondes de chargement
  • Une superbe porte d'entrée vers les jeux From Software
  • Quelques nouveautés exclusives à cette version PS5...
  • Les fonctionnalités d'aide intégrées à la console

Les moins

  • Un jeu toujours très obscur si l'on ne se renseigne pas
  • Une IA qui date de 2009
  • La gestion de la caméra sur certains boss
  • ... mais on aurait apprécié un nouveau monde exclusif

Test réalisé sur PS5 via une version commerciale du jeu.

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