Paris Numérique : Christian SAUTTER dévoile les plans de la Mairie

26 mars 2002 à 00h00
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JB - Monsieur Christian SAUTTER, bonjour. A l'occasion de la fête de l'internet, vous annoncez de nombreuses mesures en faveur du développement de l'internet. Peut-on parler de "PAGSI" municipal ?

CS- Effectivement, j'ai annoncé, avec huit autres adjoints de la ville de Paris, un plan de développement dénommé "Parvi" (Paris, ville numérique) dont le but est de faire de Paris une des première métropoles européennes numériques, aussi bien dans le domaine de l'internet citoyen que dans celui du développement économique numérique ou encore de l'amélioration même de la gestion de la ville.

JB - Pouvez vous détailler ce plan ?

CS - En ce qui concerne l'internet citoyen, pour éviter que se développe une fracture numérique entre les citoyens de cette ville, nous mettons en place des espaces publiques numériques (EPN) qui sont des points d'accès à internet et où ceux qui veulent s'y initier peuvent bénéficier de conseils. Nous voulons aussi développer l'utilisation d'internet et du haut débit dans un certain nombre d'écoles de Paris, particulièrement dans les quartiers difficiles. Nous voulons que les enfants malades ou handicapés aient un accès à internet pour être plus facilement au coeur de la société. Nous sommes en train de refaire le site de la ville (Paris.fr) et les sites d'arrondissement. Enfin allons mettre en place, un portail "jeunesse" pour que les jeunes parisiens aient des infos, donner leur opinion et participer pleinement à la vie de la cité. C'est l'internet citoyen, ce sont des projets qui sont en voie de réalisation et pas seulement de bonnes intentions.
Dans le domaine économique, nous voulons aider à la création d'entreprises dans le secteur des NTIC et des biotechnologies et pour cela, permettre aux créateurs d'entreprises de disposer de locaux et de conseils pour effectuer leurs premiers pas. Nous allons développer un réseau d'incubateurs, de pépinières, et d'hôtels d'activités pour accompagner les jeunes pousses dans leur croissance. Il y a l'incubateur de la ville plus ceux que nous appuyons comme Agoranov ou Paris Biotech mais nous pouvons en aider d'autres. Nous avons inauguré un premier Paris CyberVillage, rue de Crimée, et nous allons en inaugurer un nouveau boulevard Mac Donald. Autre volet, que le haut débit soit accessible partout : aussi bien pour les particuliers que pour les PME. Pour le moment, nous en sommes au stade de l'état des lieux que nous faisons à l'aide de l'entreprise Siticom. Ensuite, nous essaierons de jouer la diversité des opérateurs et la diversité des technologies de façon à ce que Paris soit une grande métropole numérique européenne.

JB - Avec l'arrivée de l'électricité au début du siècle, Paris est devenue la ville "lumière", a éclairé sa tour Eiffel ou s'est équipé d'un métro lui aussi électrique. Ne pensez-vous pas que la ville manque de symboles dans le numérique pour appuyer cette ambition ?

CS - Le symbole pourrait être de passer du "pneumatique", que nous utilisons encore à l'Hôtel de Ville, au numérique. On peut aussi citer "Paris Goutte d'ordinateur", un EPN à la goutte d'or dans le 18e, soutenu par la ville.

JB - Par rapport à la tour Eiffel, c'est un peu limité...

CS - Moi je suis partisan de la méthode indienne où on met un grain de riz sur la première case du jeu d'échec, puis deux, puis quatre, etc... On est dans un processus. Notre objectif n'est pas de construire un monument mais d'utiliser toutes les capacités du numérique pour qu'elles "illuminent" la vie quotidienne et la vie économique de nos concitoyens parisiens.

JB - En tant qu'ancien ministre du budget et économiste reconnu, quel a été votre analyse du phénomène "start-up" qu'on a pu observer dans le sentier ou à République ?

CS - D'abord, j'ai eu le plaisir de rencontrer, avant d'être élu à la Marie, les animateurs de Silicon Sentier ou de professionnels installés dans ces quartiers. C'est un secteur qui est promis à une formidable croissance à long terme, même s'il connaît des hauts et des bas. C'est vrai que les entreprises de ces quartiers ont souffert depuis deux ans mais ça va repartir et Paris sera prêt pour accompagner ce rebond qui aura lieu, en 2002 ou en 2003.

JB - Concrètement, comment se traduira ce soutien ?

CS - Nous allons les aider en facilitant leurs problèmes de locaux, en leur fournissant des conseils d'accompagnement et nous réfléchissons avec la région Ile de France à la mise en place d'un fond de capital risque. Mais c'est d'abord une question d'état d'esprit. Tout ce qui bouge dans Paris mérite reconnaissance et encouragements.

JB - Vous êtes spécialiste de l'économie du Japon. Quel est votre sentiment sur l'explosion des services mobiles (i-mode, Foma) dans ce pays ? Pensez vous que la Mairie doit contribuer au débat sur l'UMTS voire constituer un réseau WiFi ?

CS - Le Japon a pris de l'avance dans l'utilisation de l'internet mobile. Le système i-mode est très populaire chez les jeunes japonais. Ils sont en train de passer à la 3G et c'est un processus qui est encore assez lent, faute de services qui justifient que l'on paie un abonnement nettement plus cher. Il faut créer un cercle vertueux entre davantage de débit et davantage de services.
Je ne pense pas que la 3G dépende de la ville mais plutôt de l'Etat et des grands opérateurs. La ville n'a pas pour vocation de gérer les réseaux. Ce que peut faire la ville, c'est encourager la diversité entre lé téléphone, le câble, l'hertzien et le satellite. La ville doit faire en sorte que toutes les technologies aient une chance. Je crois à la diversité, je crois à la concurrence, ce sont deux facteurs de dynamisme.

JB - l'Economie de marché et la réduction des inégalités "numériques" ne sont donc pas incompatibles ?

CS - Je crois que l'économie de marché a du bon dans le secteur des TIC. L'émulation et la concurrence sont satisfaisants. Ceci dit, il faut des règles pour éviter les phénomènes de bulle ou de crise. La ville de Paris doit être proactive au lieu de corseter l'activité économique avec des règles comme le coefficient d'occupation des sols. La ville doit encourager les initiatives privées sur son territoire avec un certain nombre de règles du jeu qui relèvent de l'initiative nationale plutôt que municipale.

JB - Monsieur Sautter, je vous remercie.
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