IA : Stable Diffusion et Midjourney rattrapés par le droit d'auteur, une plainte déposée

17 janvier 2023 à 16h45
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© Improvisor / Shutterstock
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Midjourney et Stable Diffusion, les intelligences artificielles capables de générer des images, vont se retrouver devant la justice.

Les deux entités à l'origine de ces IA, Stability AI et Midjourney, sont en effet l'objet d'un recours collectif porté par un trio d'artistes. Ces derniers les accusent de violer les droits d'auteur en utilisant des milliards d'images pour entraîner leurs systèmes.

L'IA en procès

Depuis maintenant plusieurs semaines, l'actualité tech est pleine de ces réalisations « artistiques » de l'intelligence artificielle qui ont provoqué l'ire des artistes humains. Et s'ils demandaient au départ un boycott des images, aujourd'hui, une nouvelle étape vient d'être franchie. Le mode de fonctionnement de l'IA est en effet finalement attaqué en justice.

Trois artistes, Sarah Andersen, Kelly McKernan et Karla Ortiz, viennent ainsi de déposer une plainte contre Stability AI et Midjourney. La plateforme de portfolio DeviantArt, qui a développé son propre outil d'IA DreamUp, est aussi attaquée. Dans cette affaire, les créateurs sont soutenus par le cabinet Joseph Saveri et l'avocat Matthew Butterick, déjà en procès contre Microsoft, OpenAI et GitHub dans le dossier de l'IA CoPilot.

Le trio accuse les entités mises en cause de violer les droits d'auteur de « plusieurs millions d'artistes » sur près de 5 milliards d'images utilisées pour alimenter les intelligences artificielles.

Le cadre juridique doit être clarifié

Il faut dire que le cadre juridique est encore flou autour de cette technologie. Les intelligences artificielles capables de générer des images n'utilisent en effet pas à proprement parler les illustrations d'artistes dans leurs productions, mais extraient des représentations mathématiques d'images qui leur sont présentées. Celles-ci sont réutilisées ultérieurement pour réaliser sur demande des figures « originales ».

Sauf qu'il est ensuite possible de faire commerce de ces productions, comme le montre la sortie prochaine d'un manga édité grâce à Midjourney. Pour l'avocat Matthew Butterick, la capacité de ces IA à « inonder le marché d'un nombre essentiellement illimité d'images violant [les droits] infligera des dommages permanents pour l'art et les artistes sur le marché ».

Reste que les parties attaquées ont elles aussi des arguments. Aux États-Unis, les créateurs de ces intelligences artificielles affirment ainsi que l'utilisation de matériel sous copyright serait couvert par la doctrine du « fair use » qui peut permettre de réduire ponctuellement les droits d'auteur pour l'intérêt du public. Les tribunaux permettront-ils d'apporter une réponse satisfaisante ?

Source : The Verge

Samir Rahmoune

Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les q...

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Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les questions énergétiques, et l'astronomie. Souvent un pied en Asie, et toujours prêt à enfiler les gants.

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Commentaires (11)

Squeak
Ca devait bien finir par arriver et peut-être ce n’est que le début. Comment ont-ils pu s’assurer que les milliards d’images utilisées dans leurs modèles ont été obtenues avec le consentement de leur auteur ou bien que leur licence le permettait? Pour moi ces sociétés qui ont mis au point ces IA, qui sont impressionnantes il faut bien le reconnaître, ont réellement aspiré massivement du contenu sur Internet sans trop se soucier de cet aspect.<br /> Et il pourrait être difficile pour l’auteur d’une image de faire valoir ses droits car une image générée par IA, même si elle contenait un élément venant d’une de ses œuvres pourrait être considérée comme originale, que l’utilisateur ayant demandé à l’IA de la générer ne sait pas d’où proviennent les modèles etc.
Roger_Pimpon
C’est le propre de toutes ces start-up, toutes ces entreprises de la tech, qui se soucient toujours peu des droits (feignent toujours ne pas avoir pris la mesure de leur actes), avancent en marche accélérée profitant de l’inertie commune de la justice (et qui a pour partie de bonnes raisons d’être : lois et principes de justice ne peuvent pas être mises à jour de façons impulsives. Il faut le temps de réflexion et la prise en compte de l’existant) en espérant que lorsque le droit en arrive à vouloir s’exprimer il soit trop tard, que la produit se soit imposé entre temps et que son adoption soit irréversible.<br /> Ce sont de véritables méthodes de voyous.<br /> Il est clair que ces I.A de production d’image ne seraient rien sans le travail accompli au préalable par les artistes. Et que donc, aucune « oeuvres » produites à partir de ces outils ne devrait être commercialisable, utilisable au sein d’un produit commercialisé (pas plus que ne devrait pouvoir générer un gain par le biais de la publicité). Hors bien sûr les oeuvres sous License spécifiques libres de tous droits (ce qui ne doit pas courir les rayons pour les oeuvres de qualités).<br /> Maintenant que la démonstration technique est faite, ils devraient repartir de 0 et demander oeuvre pas oeuvre le droit d’exploitation. Et sortir le carnet de chèque.
Elinyhs
Un artiste humain se nourrit et s’inspire plus ou moins allègrement du travail d’autres artistes, ça semblerait logique que l’artiste IA le puisse également.
JeanFIZ
J’ai été artiste. Que des intelligences artificielles aient été entrainées ainsi ne me pose pas de soucis. Toute nouvelle oeuvre générée est originale.<br /> C’est comme un être humain qui copie le style graphique d’un autre artiste. Ça existe. Le style graphique n’est pas protégé par le droit d’auteur.
DrGeekill
Je suis tout à fait d’accord avec ça. Après je peux comprendre les artistes aussi et comme dit plus haut c’était inévitable que ça arrive. Mais qu’ils gagnent ou perdent l’IA fera partie de notre quotidien et deviendra aussi naturelle que l’utilisation d’un Smartphone et avant ça, Internet. Et avant ça… On peut remonter loin… Toute innovation majeure a toujours entraînée des conséquences collatérales. J’imagine l’époque où l’électricité est rentrée dans les foyers au détriment des autres modes d’éclairage, où les livreurs de pains de glaces et les réfrigérateurs.
Blackalf
5. Restez courtois<br /> Particulièrement lorsque vous exprimez votre désaccord, critiquez les idées, pas les personnes. Évitez à tout prix les insultes, les attaques et autres jugements sur la forme des messages.<br /> 6. Publiez des messages utiles<br /> Chaque participation a vocation à enrichir la discussion, aussi les partages d’humeurs personnelles ne doivent pas venir gêner le fil des échanges.<br />
Blap
Ca n’a rien a voir et vous le savez<br /> @TheLudo @TheLudo
Roger_Pimpon
J’ai lu votre réponse avant qu’elle soit modérée (via mail reçu). Et effectivement, elle était un peu, comme c’est commun dans tous les forums, inutilement chargée de proses négatives.<br /> Je ne travaille pas dans le graphisme. Je suis le premier à être subjugué par la puissance de l’outil. Je pointe juste qu’elle ne serait rien sans les oeuvres originales.<br /> Et qu’à partir du moment où nourrie de ces oeuvres elle permet de produire à la chaine des oeuvres dont on peut tirer profit, il semble juste et raisonnable que les personnes dont le travail a été exploité sans leur consentement soient rémunérées. Ou qu’elle puisse demander à être sortie du processus d’apprentissage (ce qui est impossible à détricoter).<br /> Donc il conviendrait de repartir à la base : demander à chaque artiste l’autorisation d’exploiter commercialement son travail avant de l’exploiter pour nourrir l’IA (et là ça coincerait parce que personne ne veut bosser gratis, pas plus les artistes)<br /> Il aurait convenu de procéder dans le bon ordre : demander d’abord les autorisations (en précisant bien la cible visée car aucun artiste n’aurait en donnant son accord imaginer le résultat obtenu). Mais comme chaque fois, ces entreprises de la tech s’assoient sur tous ces principes.<br /> Que ce type d’outil soit utilisé par exemple par un studio de design (ou un particulier) pour produire à partir d’un travail maison (ou payé) des versions alternatives, faire des recherches graphiques automatiques … ok<br /> Mais que chacun puisse produire une oeuvre qu’il peut commercialiser à partir d’un travail original qui a été minutieusement digéré, on est pas au même niveau.<br /> L’humain s’inspire de l’humain certes. Mais à l’échelle humaine on ne produit pas des oeuvres inspirée/répliquée à l’infinie. A l’échelle numérique on passe à tout autre chose. Et l’humain paie lui le vrai prix de l’apprentissage.<br /> Et je pense effectivement aux artistes numériques, dont je doute qu’on puisse se passer, et qui pourtant ne vont avoir la vocation facile à partir d’aujourd’hui (car c’est un investissement d’apprendre à dessiner). Qu’aujourd’hui une personne utilisant ces outils sans effort, ni investissement, ni talent puissent toucher plus qu’une personne ayant fourni ces efforts et cet investissement, et sans qui ces outils ne seraient rien pose un problème éthique majeur. C’est un forme de vol.<br /> Notons d’ailleurs que le service est actuellement gratuit (en version bridée) (toujours le même principe dans les entreprises de la tech : on démarre gratuit pour s’imposer), mais que ça ne devrait pas durer.
salvia34
Si on suit votre raisonnement, dans ce cas attaquez Google Images également. Midjourney n’a pas volé ces 5 milliards d’images sur un serveur privé que je sache ?
gloubhi-Boulgha
hello !<br /> Alors je voudrais préciser qu’à ma connaissance, le procès n’a pas encore lieu, et la plainte pourrait être rejetée.<br /> Mais si ça a lieu, ça aura le mérite de clarifier les choses et de rassurer les utilisateurs.<br /> Quelques remarques (en m’excusant d’éventuelles fautes de frappe):<br /> C’est aux USA: le copyright signifie « droit de copie ». le prix de ces « copyrights » payé par les opérateurs de ces IA seront répercutées sur les utilisateurs. Ceux-ci auront, à plus ou moins terme, un « droit de copie » qu’ils n’ont pas aujourd’hui. ça ne se fera sans doute pas à court terme, mais ce « procès » ouvre le chemin vers un droit de copie - de la même façon que dans la musique, 95% de la musique est faites avec des banques de sons payantes qui - une fois payée - deviennent « libres de droit », c’est-à-dire que l’utilisateur peut les utiliser comme il veut: telle quelles ou modifiée, ces échantillons (samples et boucles) sont à lui car il a payé une somme pour avoir ce droit.<br /> Du coup, ce genre de procès ouvre le chemin vers le droit d’utilisation/de copie. Les « artistes manuels » deviendront de simples fournisseurs de contenus pour ces plateformes. Ceux qui profitent de ça sont - comme d’habitude, les « gros » (maisons de disques au moyens marketing conséquents) et pas "la musique, ni l’ensemble des musiciens qui ne sont désormais signés que si ils sont « 'viral sur Tik Tok ».<br /> Résultat, toute la musique est gratuite sur YouTube, car 99% des artistes n’ont plus le choix et doivent en passer par là et se passer des maisons de disques (qui ne peuvent pas signer tout le monde).<br /> Aux États-Unis, le copyright est un sous-ensemble du droit le concurrence (anti-trust) et la question sera posée en fonction du droit américain. or, l’anti-trust n’a pas pour but d’officialiser une discrimination en fonction des outils utilisés.<br /> Ce procès est un moyen de créer une distinction entre des artistes-marchand qui seraient vertueux, et d’autres qui seraient de faux artistes. ça ne va pas fonctionner.<br /> Comme d’habitude en matière de copyright et de droit d’auteur, on ne s’intéresse qu’à ceux qui font de l’argent. les IA gratuites ne sont pas attaquées. Pourtant, elles pullulent et ce genre de procès ne fait que renforcer une certaine forme de « résistance ».<br /> Le public en général cherche simplement à être émerveillé à à ressentir des émotions. L’empêcher de profiter d’une œuvre ou d’une autre parce qu’elle serait générée par une IA, me semble aberrant, et surtout très bête.<br /> les IA graphiques - comme les banques de sons - sont un moyen de DEMOCRATISER la création. En son temps, la photographie a aidé les peintres, puis a généré des artistes comme Van Gogh ou Picasso, ou l’art abstrait. on trouve toujours des peintres paysagistes et même des peintres « ultra-réalistes » qui sont exposés et font de l’argent.<br /> En gros, en portant ce procès qui est surtout une manipulation pour créer de la discrimination, ce cabinet d’avocat en mal d’honoraires et de publicité va faire plus de mal aux « artistes manuels » , à court, moyen ou long terme. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas les « petits » artistes qui vont en profiter. Seuls les « big business » en profiteront (comme dans la musique ou les producteurs ont verrouillé certaines sources de revenus, ou c’est YouTube qui fait de l’argent, alors qu’une répartition juste devraient faire en sorte que ce ne sont justement pas eux qui devraient en profiter).<br /> L’art est devenu une marchandise, c’est du marketing. Les grands artistes de notre temps sont des gens qui ont su s’entourer de bon communiquant, qui sont soutenus par le marché de l’art. Ils ne sont pas mauvais, mais d’autres moins connus, qui ne sont pas dans ces réseaux, ne sont pas moins méritant.<br /> Mais ceux de la vieille école ne se remettent pas en question. Comme l’éducation nationale qui voudrait faire croire qu’utiliser « chatGPT » est de la triche, alors que dans la vraie vie, ce que demande un employeur c’est de savoir trouver, trier l’information au moyen des outils disponibles. Pas de « par cœur », pas de « singes savants ». L’éducation à l’école ou l’université est un moyen de sélection des personnes. Mais la plupart des gens qui « réussissent » et font de l’argent, n’étaient pas très bon à l’école.<br /> Ce débat est sain car il va clarifier les choses et faire en sorte que les IA ne seront plus « sulfureuses ». Ce sera normal une fois la nouveauté passée. D’ailleurs, les utilisateurs ne sont pas dupes, et depuis que la presse s’est faite l’écho de cette « plainte », le nombre d’utilisateur explose. Il s’agit de gens qui veulent créer mais n’ont pas les moyens de le faire, car la vie fait que très peu ont eu le luxe de pouvoir choisir une carrière artistique, vu que les arrières artistique n’ont jamais été très lucratives (malgré les paillettes).<br /> Ceux qui crient au loup sont en général des personnes qui n’'ont jamais essayé ces IA, ou qui veulent des clics sur leurs vidéo YouTube et articles de « presse ». S’ils le faisaient, ils se rendraient compte que créer une œuvre IA - une bande dessinée par exemple - n’est pas une mince affaire. Cela ne demande pas moins de travail qu’une BD classique. Et même dans la BD, il y a déjà plein de clones de dessinateurs existant. HERGé, Tintin c’est la tête de Bécassine, tout le monde le sait.<br /> En revanche, chacun peut se créer son poster et tenter de devenir son artiste préféré. Ça, ça n’arrange pas les marchands d’art et de « culture ».<br /> Et souvenons-nous que l’automation est une direction du monde depuis longtemps. On s’en foutait quand ça concernait des ouvriers, des prolos, ils doivent bien rigoler maintenant.<br /> Le monde du travail cherchera des gens hyper performants, uniformes et obéissants. Les machines et les logiciels peuvent le faire.<br /> Certes, dans notre société de consommation, on ne sait pas encore gérer tout ça. mais ça viendra bientôt.<br /> l’IA, c’est une nouvelle forme de travail, et ça préfigure une nouvelle forme de société. On saura gérer ça un jour … et je suis impatient de voir ça, même si je pense qu’aucun de nous ne vivra assez longtemps pour le voir, tellement les résistances sont fortes.<br /> Les IA redéfinissent la notion de « valeur du travail »: le concept de « valeur du travail » est un mensonge. C’est en réalité la « valeur de la monétisation du travail » qui est en vigueur aujourd’hui: vous pouvez travailler beaucoup (sur une BD IA par exemple) mais vous n’en vendrez pas beaucoup. Votre travail n’a pas de valeur, il n’est pas récompensé, SAUF si vous vendez. c’est donc bien 'la valeur de la marchandisation du travail" et pas le travail lui-même qui est valorisé.<br /> Certes, on ne veut pas payer nos carottes et nos laitues au prix exacte, celui du temps passé à les faire pousser, à lutter contre la météo ou insectes ravageurs. Car la valeur du travail est trop importante. Mais on paye des millions des consultations de Mc Kinsey dont on a vraiment moins besoin pour vivre ou survivre. On subventionne l’agriculture, mais pas assez, les paysans n’ont qu’à se suicider.<br /> Toute l’échelle de la « valeur du travail » est inversée. Il faudra repenser ces choses, mais on n’en a pas les moyens financiers, ni la volonté, c’est vrai, mais cela n’a pas grand-chose à voir avec « la valeur du travail ».<br /> L’IA va nous faire sortir de nos zones de confort et nous entraine à repenser le monde et la place de l’homme dans celui-ci, il était temps… car la vie nous a été donnée, on ne devrait pas avoir à la « gagner »… les machines et logiciels le feront à notre place.
gloubhi-Boulgha
il ya juste 3 types qui se sont joint à cette « class action ». beaucoup d’artistes connus et reconnus utilisent les nouveaux outils, et y donnent même des cours de « digital painting ».<br /> Ceci dit, quelque soit le résultat, on saura à quoi s’en tenir et on pourra passer à autre chose.
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