Les Émirats arabes unis dévoilent leur future mission pour explorer les astéroïdes (et même s'y poser)

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
30 mai 2023 à 13h20
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La sonde MBR Explorer sera dotée de panneaux solaires d'environ 7 mètres de diamètre © MBRSC
La sonde MBR Explorer sera dotée de panneaux solaires d'environ 7 mètres de diamètre © MBRSC

Depuis 18 mois, les équipes préparent le concept de cette ambitieuse mission à destination de la ceinture d'astéroïdes. Le MBR Explorer devrait survoler 6 petits corps du Système solaire et larguer un petit atterrisseur sur le septième, 269 Justitia. Il s'agit d'un énorme bloc aux étonnants reflets rouges, à étudier en profondeur.

Les Émirats s'appuieront une fois de plus sur l'expertise de l'université du Colorado.

Après Mars et la Lune…

Il n'aura pas fallu une décennie pour que les Émirats arabes unis s'affirment comme une puissance spatiale qui se donne des moyens d'exploration au long cours. Ceux qui pensaient que la sonde martienne Hope (Al-Amal) n'était qu'une mission de prestige pour les 50 ans du pays ont eu tort.

Outre l'astronautique, les satellites et le petit rover Rashid (son porteur, le petit atterrisseur Hakuto-R, s'est écrasé sur la Lune), les EAU préparent donc une mission à destination de la ceinture d'astéroïdes. Elle avait déjà été évoquée en octobre 2021, et sa date de décollage n'a pas bougé : mars 2028. Mais celle qui s'appelle désormais MBR Explorer est bien plus concrète, avec la finalisation du design de la sonde et de ses objectifs scientifiques. Elle pèsera 2,3 tonnes et sera équipée de larges panneaux en disques déroulants ainsi que d'une propulsion ionique électrique pour ses déplacements au long cours.

Des survols et des astéroïdes

Après son décollage en 2028, MBR Explorer démarrera son trajet par des assistances gravitationnelles successives de Vénus, puis de la Terre afin de bénéficier d'un effet de fronde et de foncer vers la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter. Il manœuvrera très précisément grâce à un ensemble de systèmes optiques spécifiques pour passer à moins de 150 kilomètres de ses objectifs, les astéroïdes 10253 Westerwald, 623 Chimaera et 13294 Rockox, avant un dernier survol de Mars.

Il approchera ensuite trois rochers spatiaux qui n'ont pas encore de noms : 88055, 23871 et 59980, puis freinera pour rester à proximité de son dernier objectif, 269 Justitia. Celui-ci sera étudié en détail sur plus de 6 mois à partir d'octobre 2034 grâce aux instruments optiques et aux deux spectromètres embarqués. Enfin, la sonde larguera sur cet astéroïde de 50 kilomètres de diamètre un petit atterrisseur spécialisé.

À l'image de ce qu'ont pu faire les Japonais et le robot franco-allemand Mascot, les Émirats espèrent en savoir plus sur la surface, mais aussi sur la formation de cet astéroïde particulier, aux étonnants reflets rouges (il est possible qu'il ait été formé au-delà de Neptune avant d'être éjecté de son orbite et capturé).

Évidemment, les images de ces astéroïdes ne sont présentes qu'à titre indicatif... © MBRSC
Évidemment, les images de ces astéroïdes ne sont présentes qu'à titre indicatif... © MBRSC

Des rochers, de la glace et… justement, tiens…

Malgré ses milliers d'astéroïdes, la ceinture est relativement mal connue. Les missions vers les astéroïdes se sont jusqu'ici concentrées sur les géocroiseurs (Hayabusa 1 et 2, OSIRIS-REx), et seule Dawn (NASA) est allée visiter Vesta et Ceres dans la zone. Les missions Lucy et Psyche de la NASA vont en savoir un peu plus, mais cette sonde MBR Explorer a un important potentiel scientifique, et un objectif pas totalement désintéressé non plus.

En effet, les Émirats arabes unis ne cachent pas leur intention de prospecter, au fil de ces 5 milliards de kilomètres, d'éventuelles ressources en eau et en minerais disponibles sur ces astéroïdes. En plus de progresser pour concevoir et fabriquer des missions toujours plus audacieuses (il ne s'agit pas d'acheter sur étagère, mais bien de développer en grande partie aux Émirats), l'agence spatiale compte bien se positionner, si jamais le « space mining » devient un jour intéressant.

Source : The National News

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (3)

Guillaume1972
L’exploration et l’installation de l’homme sur ou dans les astéroïdes est le futur plus ou moins proche de l’exploration spatiale. Je m’imagine à la surface d’un astéroïde scrutant d’un côté Jupiter et ses « Lunes » et de l’autre côté Mars. Il y a un avantage à s’installer sur les astéroïdes de trouvant entre Mars et Jupiter, c’est que la distance par rapport au soleil fait que l’on peut encore utiliser des panneaux solaires, ceux-ci ne se trouvant pas trop loin du soleil pour être encore assez efficaces , et sinon, il y a toujours la possibilité d’utiliser des RTG. Alors il y a tout de même une grosse contrainte,c’est que l’on ne peut pas retourner sur le monde nous ayant vu naître tout les jours…Alors je 'e sais pas si l’humanité colonisera un jour les astéroïdes directement ou si nous le ferons faire a des robots. Et je ne sais pas non plus si cela sera plus pour l’exploitation de ces astéroïdes ou pour l’observation du système solaire externe.
JulienBache
Merci Éric… J’en pouvais plus des articles sur WinRar… D’ailleurs t’es sûr que l’algorithme de compression n’a pas été utilisé sur une station spatiale ??
Than
A mon sens, entre exploitation et observation, ça sera un peu des deux.<br /> Quant à robots ou humains, d’abord un peu des deux, jusqu’à rapidement 100 % robots ou presque, en dehors de quelques gros mouvements de colonies en dehors de la Terre.<br /> Ça prendra son temps, et tant que l’espèce Humaine vivra, y’a pas de raison de penser qu’on n’aura pas cet objectif.<br /> D’autant plus à échéance lointaine. Dans 300 Millions d’années la Terre sort de la zone d’habitabilité. Donc, qu’il reste des humains ou qu’autre chose nous remplace, je souhaite à ceux qui vivront à cette époque que les recherches aient démarré bien avant le jour où ça sera invivable. <br /> « Simple » objectif de survie. Mais faut le préparer tant qu’il n’y a pas urgence. Et tant qu’il y a des ressources ! En ce sens, les astéroïdes peuvent aider grandement.
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