Grâce à une orbite adaptée, la sonde Hope des Émirats arabes unis a réussi à passer à moins de 100 kilomètres de la plus petite lune de Mars. Elle a utilisé ses instruments pour des mesures inédites, donnant lieu à des photographies époustouflantes et aux premiers résultats scientifiques de ces survols.
La carrière de la sonde se prolongera au moins un an jusqu’au printemps 2024.
Merci Hope !
C’est une photo qu'au premier coup d’œil, on pourrait facilement attribuer à l'IA Midjourney ou qualifier de photomontage. Pourtant, ce cliché de Deimos, la plus petite des deux lunes de Mars, est bel et bien réel. Il a été pris avec une série d’autres le 10 mars dernier par la sonde Hope des Émirats arabes unis. Cette dernière est en orbite autour de la planète rouge depuis février 2021, et elle devait normalement atteindre la fin de sa courte carrière scientifique ce printemps.
Toutefois, comme il lui reste du carburant et que ses instruments poursuivent leurs mesures, elle vient de recevoir une extension de mission d’au moins un an. Durant cette année, sur son orbite elliptique entre 20 000 et 43 000 kilomètres d’altitude (25 degrés d’inclinaison), Hope devrait à nouveau croiser le chemin de Deimos, pour notre plus grand plaisir, comme pour celui des astrophysiciens.
Et hop, Hope derrière Deimos
En effet, Deimos est mal connue. Elle ne fait que 12,5 kilomètres de diamètre et orbite à 24 500 kilomètres d’altitude par rapport à Mars. Peu de sondes l’ont déjà approchée, le centre de l’attention étant généralement la planète rouge elle-même. De plus, les orbites ne sont pas toujours compatibles.
Avant ce survol de Hope, il existait bien des photographies de Deimos (et même quelques-unes rares en haute définition), mais qui présentaient systématiquement la même face, celle qui reste en permanence tournée vers la surface de Mars. Avec la sonde des Émirats, la situation est différente. Le survol a eu lieu avec Deimos éclipsant Mars, laissant pour la première fois observer sa face arrière (qui, oui, ressemble à des fesses, vous n’êtes pas les premiers à le penser). Ce passage à 100 kilomètres environ a permis de pointer les différents instruments de la sonde sur la surface de Deimos. Profil infrarouge et UV, caractéristiques de surface, matériaux, avec à la clé une meilleure compréhension de la petite lune.
Un résultat important
Il se trouve que comme Deimos est mal connue, son origine fait débat (tout comme celle de Phobos, d’ailleurs). L’une des théories les plus courantes est celle de la capture. Deimos serait un ancien astéroïde éjecté de la ceinture située entre Mars et Jupiter, attiré gravitationnellement par Mars.
Mais les mesures de Hope, que les scientifiques espèrent répliquer plusieurs fois en 2023, tendent plutôt vers une autre explication, à savoir celle de l’impact. Ce serait la même chose que pour la création de notre Lune terrestre, une violente collision aurait pu générer de gros débris, dont Deimos serait un témoin aujourd’hui. Il s'agit là d'une avancée majeure pour la science planétaire et d'un sacré résultat pour la sonde des Émirats arabes unis. Celui-ci sera sans doute confirmé par différents articles scientifiques dans les mois à venir (la mesure elle-même date d’à peine un mois). Pour le reste, il y a la beauté du cliché…
Source : SpaceRef
Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !
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