La France abandonne définitivement son indice de durabilité pour les smartphones

17 février 2024 à 11h28
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Pourtant bien parti, le gouvernement français jette aux oubliettes son indice de durabilité © Sklo Studio / Shutterstock
Pourtant bien parti, le gouvernement français jette aux oubliettes son indice de durabilité © Sklo Studio / Shutterstock

Les fabricants ne seront pas autant évalués sur la durée de vie de leurs mobiles que prévu. Malgré la bonne volonté du gouvernement, le projet a été rejeté par un acteur trop imposant : l'Union européenne.

Le ministère français de l'Écologie travaillait depuis quelque temps à l'élaboration d'un indice de durabilité destiné à aider les consommateurs à faire le bon choix lors de l'achat d'un nouveau smartphone.

Le projet visait à mettre en évidence l'impact environnemental de ces appareils, en se basant sur des données telles que la résistance aux chocs et à l'eau, ou encore le prix des pièces détachées. Une bonne idée sur le papier, mais qui prend fin prématurément.

Jusqu'en février pour transformer un non en oui

Comme nous vous le rapportions en novembre dernier, l'UE avait exprimé son désaccord concernant l'indice de durabilité français. Selon elle, le projet présentait trop de similarité avec l'indice de durabilité européen, qui doit être mis en place à la mi-2025, avec un risque de faire doublon. La France avait jusqu'à février 2024 pour retravailler son dossier, un délai aujourd'hui dépassé.

Alors, où en est-on ? Le ministre français de l'Écologie a rendu une copie blanche à l'UE, en envoyant à la place un courrier repéré par nos confrères de Contexte. Il y annonce l'abandon de son projet, tout en laissant quelques commentaires dans la foulée. Selon lui, le projet français constituait « un outil différent et complémentaire » de ce que Bruxelles propose, « tant au regard de la nature et de la lisibilité de l’information apportée, que du spectre élargi des critères contenus dans l’indice de durabilité ».

Un argument qui se tient, mais qui ne suffira pas.

L'indice de durabilité se fera donc au niveau européen, pour le meilleur et pour le pire © Fabrizio Maffei / Shutterstock
L'indice de durabilité se fera donc au niveau européen, pour le meilleur et pour le pire © Fabrizio Maffei / Shutterstock

Un pas en arrière ?

L'UE, pour sa part, semble privilégier le point de vue des fabricants. Davide Polverini, coordinateur de la réglementation européenne sur l'étiquetage énergétique, a justifié le point de vue de Bruxelles lors d'une conférence organisée par l'association Halte à l'Obsolescence programmée : « Nous avons estimé qu’il était compliqué, pour les constructeurs, de préciser le prix des pièces détachées à l’échelle de l’Union européenne, tant la taille des marchés nationaux est variable. »

De plus, il semble évident pour l'UE que cela allait créer « des charges additionnelles pour les opérateurs économiques ». Tout cela pour des critères qui « ne représentent pas une valeur ajoutée évidente pour environnement », selon l'Afnum, une alliance d'industriels du secteur de la tech. Des arguments rejetés par iFixit, Halte à l'Obsolescence programmée et FairPhone, qui estiment que le projet européen n'est pas assez ambitieux.

Heureusement, pour les consommateurs qui s'intéressent de près à l'impact environnemental lors de leurs achats, il existe des moyens de s'informer. Si l'indice de réparabilité est un bon outil pour se repérer dans les offres disponibles, iFixit fait un travail exceptionnel en nous donnant ses propres notes, à l'image de son récent démontage de l'Apple Vision Pro.

D'autre part, les Fairphone 4 et Fairphone 5 restent les meilleurs exemples de ce à quoi peuvent ressembler les téléphones « responsables ». Enfin, vous pouvez compter sur la rédaction de Clubic pour traiter ce sujet qui nous tient à cœur. À l'image de notre dossier affligeant sur le greenwashing d'Apple, que nous vous conseillons de lire avec une tisane au miel bien chaude et réconfortante.

Maxence Glineur

Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique...

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Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique : toute l'actualité (ou presque) attise ma curiosité. Sinon, j'aime le rock et le lofi, les game-nights toujours trop longues, les bons films et les nanards.

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Commentaires (9)

Cynian90
Les bille… l’Europe a parlé. Bein dites donc, ça allait diviser en deux l’argent des lobbyistes.
Fenouille
Au delà du matos les mises à jour logicielles vont rarement au delà de 3 ans.<br /> Et puis 650€ le fairphone … pour ce prix là on a 6 smartphones, 1 neuf tous les 3 ans donc 18 ans
Cynian90
Bonjour les photos et vidéos en 1080p qui ressemblent à du 360p avec ton matos à 90 euros.
kroman
L’idée était nulle.<br /> La plupart du temps c’est pas la durée de vie du matériel qui fait la durée de vie du téléphone. Il devient simplement de plus en plus lent au fil des mises à jour, jusqu’on craque !
ben.j
des critères qui « ne représentent pas une valeur ajoutée évidente pour environnement » selon l’Afnum, une alliance d’industriels du secteur de la tech…<br /> Tout est dit dans cette phrase
promeneur001
L’Europe devrait imposer 8 ans de mise à jour de l’OS.<br /> Mon S7 (5,5 ans) marche très bien, mais de plus en plus d’app ne s’installent pas avec Android 8.0, par exemple «&nbsp;mon espace santé&nbsp;», Nuki, Alexa.<br /> Aujourd’hui Samsung propose 3-4 mises à jour d’Android soit grossièrement moins de 3-4 ans. On est loin du compte.<br /> Je viens d’acquérir un A34. Mon S7 me servira en secours.
SATS
L’UE, pour sa part, semble privilégier le point de vue des fabricants.<br /> Bizarre, vous avez dit bizarre ???
Modjo1
A minima, fournir des schémas électroniques de qualités ainsi que les pièces et les puces en livraison rapide serait du bon sens.
xryl
Les schémas ne serviraient à rien (en plus de la problématique d’espionnage indus). Vu la compacité des CM des téléphones, tu ne peux pas faire de reprises d’un composant défectueux sur la carte mère sans que ça ne coûte plus cher que la carte mère elle même (et sans même parler du coût d’amortissement des machines nécessaires).<br /> Le vrai problème, c’est la marge délirante des fabricants. Sans cette marge, le coût d’une carte électronique tiendrait sur 2 chiffres, donc tu serais fortement plus enclin à la réparation.<br /> Une loi non lobbysée, aurait été de garantir que:<br /> Le coût d’accès aux différentes cartes et modules soient proportionnelles au coût de revient de ces cartes (par exemple 130% le coût de revient)<br /> Que la somme de tous ces modules ne puisse pas dépasser le prix neuf du produit<br /> À défaut, une taxe de 100% sur le surcoût par rapport au prix neuf<br /> L’obligation de fournir les pièces détachées pendant X années sinon taxe sur l’obsolescence programmée.<br /> Bref, on en est très très loin.
Fenouille
c’est un besoin spécifique
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