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Les puissants États-Unis ont un mal fou à installer des éoliennes en mer, la faute à une loi de 1920 !

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
05 février 2024 à 19h18
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L'installation d'éoliennes en mer © SUNGMOON HAN / Shutterstock
L'installation d'éoliennes en mer © SUNGMOON HAN / Shutterstock

Les États-Unis ont beau avoir de grosses ambitions sur l'énergie éolienne, une loi centenaire, qui impose l'utilisation de navires américains, entrave leurs projets offshore. Et la France souffre un peu du même problème.

L'administration Biden s'est fixée l'objectif de générer pas moins de 30 gigawatts d'électricité issue de l'éolien offshore (en mer), d'ici 2030. C'est l'équivalent de la consommation d'une ville comme New York, multipliée par quatre. Mais une loi datant de 1920, non, vous ne rêvez pas, impose l'utilisation de navires américains spécialisés dans la mise en place des éoliennes. Sauf qu'outre-Atlantique, comme en France d'ailleurs, ces navires ne sont pas légion.

L'incohérence bureaucratique dans toute sa splendeur, et c'est l'éolien qui trinque

Le premier projet éolien offshore américain, le Vineyard Wind 1, rencontre des obstacles sérieux. Les pales de turbine de ce dernier ont quitté leur port en septembre 2023, direction le Massachussetts. Sauf que les pales ont voyagé à bord de barges, au lieu d'un navire d'installation éoliennes, devenu essentiel au processus d'installation.

Aux États-Unis, cela est dû au Jones Act, ou Merchant Marine Act de 1920, qui oblige quiconque veut transporter des marchandises d'un bout à l'autre des États-Unis par la voie maritime à utiliser des navires américains. Plus précisément, cette obligation concerne les lieux ralliés par le navire. Et aux USA, on considère une éolienne offshore comme un lieu à part entière, ce qui le soumet de fait au Jones Act.

Sauf que cette interprétation plutôt archaïque du texte crée des obstacles et des défis majeurs pour l'industrie éolienne américaine. Car à l'heure où nous écrivons ces lignes, le pays de l'Oncle Sam ne dispose pas d'un seul navire installateur d'éoliennes en mer en fonction. Il lui faut alors faire avec des barges, puisqu'il lui est impossible de mobiliser des navires étrangers.

Navire à plate-forme de sauvetage, à côté du port du Havre pour la construction d'un parc éolien en mer © Alexandre Prevot / Shutterstock.com
Navire à plate-forme de sauvetage, à côté du port du Havre pour la construction d'un parc éolien en mer © Alexandre Prevot / Shutterstock.com

Le premier navire installateur d'éoliennes américain en cours de construction

Le tableau est sombre, mais un espoir émerge, sans mauvais jeu de mots. Le premier navire de cette nature, conforme au Jones Act et baptisé le « Charybdis » (la fille de Gaïa et de Poséidon dans la mythologie grecque), est aujourd'hui en construction au Texas. Sauf que des retards imputés au manque de main-d'œuvre repoussent encore et encore son achèvement, au mieux prévu pour 2025. En l'état, la pénurie de navires fait peu à peu sortir les États-Unis de leur objectif de 30 gigawatts d'électricité éolienne d'ici 2030.

L'interprétation du Jones Act confère au pays un monopole particulièrement coûteux, en ce qu'il exige que la construction, le pavillon et la navigation soient effectués par des chantiers navals américains. Forcément, cela a des conséquences sur le coût des projets éoliens offshore et le calendrier, ce qui limite la compétitivité et ralentit la progression des États-Unis vers ses objectifs d'énergie plus verte.

Les experts soulignent que les USA doivent impérativement résoudre les problèmes liés au Jones Act s'ils veulent accélérer le déploiement de l'énergie éolienne offshore. Bien que d'autres facteurs, tels que les taux d'intérêt et l'inflation, jouent sur le secteur, la réforme de cette loi vieille d'un siècle est cruciale pour garantir un développement éolien digne de de nom.

Source : Hakai Magazine

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (11)

Neferith
Certaines vieilles lois perdurent souvent longtemps, parfois au mépris d’une certaine cohérence. Mais en fait parfois, c’est pas plus mal. Cette volonté de vouloir toujours tout accélérer, au lieu de juste prendre son temps, j’appelle cela foncer dans un mur à 200 km h.
Blackalf
Ce cas-là est quand même différent. Cette loi est totalement obsolète, plus du tout adaptée à notre époque et se révèle donc parfaitement contre-productive.
kroman
Comme la plupart des lois protectionnistes… Si Biden tenait vraiment à son projet, il signerait un executive order pour s’asseoir sur cette loi pour les éoliennes.
superjoy
Les EU ne reviendront jamais sur leur loi. Ils tiennent trop a leur protectionnisme et a la mise en avant de leur industrie. Si cette loi venait a etre abrogée, ce serait tout le flux commercial maritime qui échappera aux entreprises us, au profit des chinois ou autre. L’éolien ne représente rien face à ces enjeux.
Rainforce
Les pales étaient Chinoises …
dante0891
Ils peuvent mettre des conditions du style « si les US n’ont pas de matériel nécessaire, ils peuvent s’octroyer le droit d’utiliser une entreprise hors US ».
themancool87_1_1
le plus simple aurait été de changer la loi, non ?..
Remoss
Bah un petit 49.3 et le problème est vite réglé non ?<br /> Oh wait…
keyplus
ben qu ils en installent pas ca pollue ces machins
nicolas.schmidt456
L Europe du Nord a transformé la côte en immense zone industrielle, et la France emboîté le pas. Sauvons nos côtes préservées stop au éoliennes en mer!
Shooot
Il suffit à leur seul navire de tracter les barges qui seront considérées comme des remorques.
Blackalf
Il ne s’agit pas que du transport, mais de l’installation qui demande des navires avec des équipements spécifiques, et c’est de ceux-là que les USA sont dépourvus. Exemple :<br /> Jan De Nul<br /> Le gigantesque navire autoélévateur, le Voltaire, arrive au Royaume-Uni pour...<br /> Le plus grand navire autoélévateur offshore jamais construit, le Voltaire, vient d’arriver dans le port d’Able Seaton, UK. La réception du Voltaire ...<br />
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