X.com (ex-Twitter) suspend, puis rétablit de nombreux comptes de journalistes, sans explications

10 janvier 2024 à 16h03
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Des comptes supprimés, réapparaissent comme par magie © Shutterstock
Des comptes supprimés, réapparaissent comme par magie © Shutterstock

Le réseau social d'Elon Musk a une nouvelle fois démontré sa défense à deux vitesses de la liberté d'expression.

Lundi et mardi, de nombreux comptes sur le réseau X.com de journalistes américains se sont vus suspendus sans explication, avant de rapidement y faire leur retour. Si le patron de la plateforme a blâmé une erreur des algorithmes, sa relation conflictuelle avec les journalistes et surtout les étranges similitudes entre les profils concernés permettent au minimum d'émettre des doutes sur cette explication.

Des journalistes et des influenceurs classés à gauche concernés

Pendant 24 heures environ, X.com a procédé à un grand ménage, en suspendant les comptes de nombreux journalistes et podcasteurs américains influents, ne leur offrant le plus souvent aucune explication quant à la raison de cette décision. Une purge qui n'est évidemment pas passée inaperçue, et devant les nombreuses demandes d'explications, les profils concernés ont rapidement vu leurs accès restaurés.

Interpelé par un influenceur d'extrême droite sur le sujet, Elon Musk a personnellement répondu « je vais mener l'enquête. Bien entendu, on a le droit d'être critique, mais ce n'est pas OK d'appeler à la violence, car c'est illégal ». Il a également tweeté que « nous faisons régulièrement le ménage parmi les comptes de spam ou d'arnaques et, de temps en temps, des comptes légitimes se font prendre avec eux ». Si l'explication semble généralement plausible, il reste surprenant que l'algorithme ait fait autant d'erreurs en si peu de temps. Mais surtout, le fait que la quasi-totalité des comptes concernés soit ouvertement progressistes, et critiques à la fois du gouvernement et de l'armée israélienne, mais aussi d'Elon Musk lui-même, apparaît comme une étrange coïncidence.

La liberté d'expression selon Elon Musk © Angga Budhiyanto / Shutterstock
La liberté d'expression selon Elon Musk © Angga Budhiyanto / Shutterstock

Ses paroles et ses actes

« L'idée de la liberté d'expression, c'est autoriser les opinions avec lesquelles on est en désaccord à être exprimées », a également tweeté le milliardaire sud-africain. Le sujet de la liberté d'expression est important pour Elon Musk, puisqu'il l'a cité parmi les raisons l'ayant motivé à faire l'acquisition du réseau social. Se décrivant lui-même comme un « absolutiste de la liberté d'expression », il a trouvé cette explication bien pratique quand elle lui a permis de décréter une amnistie générale pour les comptes Twitter bannis par l'ancienne direction, généralement pour des propos haineux, violents, ou encore complotistes.

Il reste que pour Elon Musk, ce concept ne s'applique apparemment pas à tout le monde de la même manière, puisqu'il a désormais un historique assez long de non respect de ce principe. Il a par exemple fait suspendre le compte qui suivait à la trace ses différents trajets en jet privé, mais a également accepté les demandes du gouvernement turc de censurer certains comptes de l'opposition. Il a également décidé que certains mots, comme cisgenre par exemple, étaient désormais des insultes et interdites sur son réseau.

Cette liberté d'expression variable s'applique également dans ses entreprises, puisqu'il lutte férocement contre la création de syndicats, et n'a pas hésité à licencier ses employés qui avaient l'audace de le critiquer. Même si pour être honnête, ceux qui rentraient dans le rang étaient loin de se voir garantir la sécurité de l'emploi pour autant.

Source : Gizmodo

Vincent Mannessier

Rédacteur indépendant depuis des années, j'ai rédigé plus de 1.000 articles sur Internet sur une large variété de sujets. J'aime tout particulièrement écrire sur les actualités des réseaux sociaux et...

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Rédacteur indépendant depuis des années, j'ai rédigé plus de 1.000 articles sur Internet sur une large variété de sujets. J'aime tout particulièrement écrire sur les actualités des réseaux sociaux et des GAFAM, mais les jeux vidéos et l'innovation numérique en général me passionnent aussi.

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Commentaires (6)

dredd
Ce n’est pas un algorithme qui a fait la sélection de ces comptes. Il y a forcément des listes de comptes de personnes avec telles ou telles idées. Et il a suffit que le ban soit appliqué par erreur à une de ces listes prédéfinies.
Martin_Penwald
Tiens, en parlant de M. Elon et de la liberté d’expression, vous avez vu sa plainte contre le NLRB ?<br /> C’est comme si, après que son entreprise ait été condamnée pour licenciement illégal de quelqu’un l’ayant critiqué, un patron portait plainte contre l’Inspection du Travail avec comme argument que c’est une administration anticonstitutionnelle.<br /> Mais oui, c’est un champion de la liberté d’expression …
Sodium
« je vais mener l’enquête. Bien entendu, on a le droit d’être critique, mais ce n’est pas OK d’appeler à la violence, car c’est illégal »<br /> Comme quand… un ancien président appelle les membres de sa secte à attaquer physiquement les institutions par exemple ?
mcbenny
«&nbsp;…mais ce n’est pas OK d’appeler à la violence, car c’est illégal.&nbsp;»<br /> Donc si la violence était légale, ça ne le dérangerait pas, intéressant à savoir.
pecore
Bof, personne ne croit plus dans la rhétorique de la liberté d’expression de Musk depuis longtemps.<br /> Non seulement le système lui-même a déjà amplement montré ses limites : appel à la haine, infox, contenu illégal, violent ou délibérément choquant… Mais l’individu qui en fait la promotion a démontré à maintes reprises qu’il ne s’appliquait pas la règle à lui-même.<br /> Même s’il s’agissait (probablement) d’une erreur, le simple fait qu’une telle suspension de groupe soit possible invalide la thèse de la liberté d’expression totale, car cela signifie que ces comptes étaient déjà classés dans une catégorie à part, jugée problématique.
Martin_Penwald
Je ne crois pas à une erreur. C’est plus un test pour voir si ça passe selon moi.
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