Tesla vit un enfer avec les batteries électriques de son Cybertruck, qui lui font perdre un temps fou

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
22 décembre 2023 à 10h07
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Tesla Cybertruck © Mike Mareen / Shutterstock.com
Tesla Cybertruck © Mike Mareen / Shutterstock.com

La production du Cybertruck, du constructeur Tesla, rencontre des soucis à cause de ses batteries, particulièrement difficiles à produire. Une vraie tuile, qui va retarder l'entreprise dans ses objectifs.

En plus d'être beaucoup plus cher que prévu, le Tesla Cybertruck rend dingue ses concepteurs et ingénieurs, la faute à ses fameuses batteries électriques équipées de cellules 4680, qui aujourd'hui perturbent la production du véhicule futuriste. Rappelons que le géant Tesla s'est fixé l'objectif de fabriquer 250 000 véhicules par an d'ici 2025. Actuellement, et pour être clair, la nouvelle gigafactory texane de la marque produit tout juste assez de cellules 4680 pour alimenter les véhicules qu'elle veut fabriquer, alors que le rythme de production est dix fois plus faible que ce qu'il sera dans 2 ans.

La production à grande échelle des batteries électriques du Cybertruck perturbée

La principale difficulté de Tesla réside dans la technologie dite « de revêtement à sec » des électrodes, un processus complexe que Tesla espérait utiliser pour réduire les coûts et accélérer la production. Elle augmente en effet la durabilité et l'efficacité de la chaîne. Mais selon Reuters, qui fait état de sources anonymes, Tesla n'a pas encore réussi à maîtriser ce processus à l'échelle industrielle, en particulier pour la cathode, le composant le plus coûteux des batteries.

Les sources révèlent que la production du Cybertruck nécessiterait la fabrication de près d'un million de cellules 4680 par jour (environ 340 millions par an), bien au-delà des capacités actuelles de l'usine de Tesla à Austin, qui prend actuellement 16 semaines pour produire 10 millions de cellules. Cette limitation retarde non seulement la production du Cybertruck, mais elle complique également les plans de Tesla pour équiper d'autres véhicules, dont la petite voiture de 25 000 dollars attendue d'ici quelques années.

Tesla affirme pourtant progresser dans la production des cellules 4680, avec deux lignes de production opérationnelles à Austin et huit lignes prévues d'ici fin 2024. Cependant, la transition du savoir-faire d'une ligne de production à l'autre pose des défis, et les taux de produits qui pourraient être écartés (taux de rebut), pourraient atteindre 30 à 50 % lors du démarrage de nouvelles lignes, contre 5 % aujourd'hui.

L'usine Tesla d'Austin, au Texas © Roschetzky Photography / Shutterstock.com
L'usine Tesla d'Austin, au Texas © Roschetzky Photography / Shutterstock.com

Des défis et des problèmes sur le processus de revêtement à sec

Le processus de revêtement à sec de la cathode (lithium, nickel et manganèse) semble être une difficulté majeure pour Tesla, en ce qu'il génère de la chaleur excessive et provoque la fonte du liant. Le processus ne fonctionne en fait que pour de très petites quantités. Les matériaux de la cathode sont difficiles à mélanger sans générer de chaleur excessive, et tout cela rend la production à grande échelle problématique.

Tesla tente bien d'accélérer la production des cellules en appliquant simultanément le revêtement à plusieurs bandes de feuille magnétique, mais les équipements utilisés pour ce processus sont comparés à d'énormes machines d'impression de journaux. La difficulté réside donc dans l'application uniforme de la pression sur de larges rouleaux. Si la pression n'est pas appliquée uniformément, le constructeur finit par obtenir des électrodes avec des surfaces inégales et des épaisseurs irrégulières, ce qui fait bondir les taux de rebut.

En outre, Tesla est en train de construire un nouveau système de vérification de la qualité pour détecter les cellules défectueuses du fait de problèmes de revêtement. Les sources indiquent que cela nécessite une infrastructure de données solide pour suivre le développement, la fabrication et l'utilisation sur le terrain des batteries électriques, car certains défauts ne sont détectés que plusieurs mois après la production. Le problème est donc, vous l'aurez compris, loin d'être réglé.

Source : Reuters

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (12)

cid1
Il serait temps de trouver une technologie de batteries moins compliquée à produire, car le tout électrique pour 2035 me semble bien compromis.
bizbiz
«&nbsp;Cependant, la transition du savoir-faire d’une ligne de production à l’autre pose des défis, et les taux de produits qui pourraient être écartés (taux de rebut), pourraient atteindre 30 à 50 % lors du démarrage de nouvelles lignes, contre 5 % aujourd’hui.&nbsp;»<br /> Pour peu que l’on découvre des soucis de conception après la mise sur le marché et que Tesla ne puisse pas répondre sur la capacité à produire rapidement des spare parts … Tout pour rassurer les futurs acquéreurs.
Squeak
J’espère quand même que tant d’efforts auront un retour sur investissement et que ce véhicule (moche) trouvera acheteur. On peut saluer l’innovation technologique mais ça ne suffit pas à faire un produit qui se vendra en masse.
philouze
OU que tu changes la structure de production, plutôt que d’énormes rouleaux industriels qui visiblement produisent mal, un essaim de micro-productions.<br /> le problème c’est que l’investissement capitalistique de Musk sur ces fameuses 4680 était de même type que pour du Li-Ion éprouvé.<br /> Plus qu ejamais ça nous démontre que LE facteur limitant du VE aujourd’hui c’est son prix, et son prix, c’est les «&nbsp;usines de batteries manquantes&nbsp;» ( ici il manque 9/10ème du volume de production attendu )
Sodium
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a-snowboard
Quand je vois la tronche de l’usine. Je me dit que c’est facilement recouvert de sable dans quelques centaines d’années <br /> On découvrira des grottes industrielles
Martin_Penwald
Et comment ça se passe pour le semi ?
Nmut
Toute chaine de production est délicate à mettre en place, encore plus sur des produits nouveaux.<br /> C’est plus la méthode Musk qui est en cause: on ne sait pas faire, pas grave on fonce, on vend le truc et on fera des mises à jour au fur et à mesure des problèmes rencontrés =&gt; ça peut marcher mais il y a 3 gros risques:une image de marque qui en prend un coup (Musk s’en balance…), des délais et des couts explosés, mais un potentiel gain: une production rapide et de bonnes surprises sur les lignes de prod (si si ça arrive).
philouze
même batterie, donc ça doit être la loose totale vu la quantité de 4680 que doit nécessiter le machin
philouze
Le problème, c’est quand tu tentes cette méthode en systématique, il joue pas mal de sa chance et de son pognon, qui semble illimité dans le cas Starlink, c’est assez incroyable.<br /> Mais il pourrait bien y avoir l’essai de trop.<br /> Edit : je pense à des trucs graves, genre des incendies massifs ou des morts en série. Ses cellules semi-sèches très épaisses par exemple, niveau emballement thermique ça pardonnera pas
Blackalf
Cependant, la transition du savoir-faire d’une ligne de production à l’autre pose des défis, et les taux de produits qui pourraient être écartés (taux de rebut), pourraient atteindre 30 à 50 % lors du démarrage de nouvelles lignes, contre 5 % aujourd’hui.<br /> Exactement. Chez mon ancien employeur, il y avait une ligne de production qui isolait les âmes de cuivre ou aluminium de câbles à haute et très haute tension. Et pourtant, alors que la technique était maîtrisée, lorsqu’on a voulu doubler cette ligne avec une seconde, il y a eu d’innombrables problèmes et le taux de rebut de la nouvelle ligne a été élevé pendant longtemps.
MisterDams
2035 c’est encore loin, en automobile c’est encore pratiquement 2 générations de véhicules ! Donc les nouvelles e-C3, R5 ou id.2 auront déjà été remplacées par des modèles… eux mêmes en fin de vie. Sachant qu’on arrive à des véhicules viables sur l’ensemble des gammes (autonomie et vitesse de charge) et abordables (faible surcoût par rapport à un thermique équivalent).<br /> Et c’est Tesla qui galère, les chinois (CATL, BYD…) semblent s’en sortir très bien.
philouze
Attention, méfie toi de ce que les chinois laissent passer comme info ou pas.<br /> ils ont probablement les mêmes problèmes mais les dissimulent, regarde leur aventure spatiale, c’est assez «&nbsp;muskien&nbsp;» niveau respect de la vie humaine pour arriver rapidement à ses fins.<br /> Pour les batteries de BYD :<br />
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