L’UFC Que Choisir et d’autres associations portent plainte contre la version payante de Facebook et Instagram

01 décembre 2023 à 07h43
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L’abonnement Meta est déjà sous le coup de plaintes juridiques dans l’UE © rarrarorro / Shutterstock
L’abonnement Meta est déjà sous le coup de plaintes juridiques dans l’UE © rarrarorro / Shutterstock

À peine sortie, déjà sous le feu des critiques. La version payante de Facebook et Instagram, proposée par Meta, n’est pas du goût de tout le monde, comme le prouve une plainte en justice.

« L’offre payante de Meta repose sur plusieurs pratiques commerciales trompeuses ». Voilà, en substance, ce que reproche l’UFC Que Choisir et 18 autres associations européennes de défenses des consommateurs à Meta, l’entreprise de Mark Zuckerberg. Regroupée au sein du Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC), la vingtaine d’organismes a porté plainte contre Meta auprès des autorités de protection des consommateurs de l’Union européenne.

Un choix qui n'en est pas (vraiment) un

Selon la coalition, la nouvelle option payante, censée éviter l’affichage de publicités sur Facebook et Instagram, « est injuste et doit disparaître ». En guise d’argument, le BEUC explique que le « paywall » présenté par Meta constitue une « pratique agressive », condamnable par les lois européennes, puisqu’il « rends impossible toute utilisation de Facebook et d’Instagram tant que les utilisateurs n’ont pas choisi l’une des deux options ». Pour l’UFC Que Choisir, cette méthode utilisée par Meta « pousse les consommateurs à faire un choix hâtif […] en créant un sentiment d’urgence », ce qui rend impossible le consentement « libre et éclairé », pourtant exigé par le RGPD et le DSA.

Pour ne rien arranger, le choix proposé par Meta n’est est pas vraiment un selon le BEUC. Alors qu’on pourrait croire que l’option payante préserve ses données personnelles, il n’en est rien selon la plainte. « En réalité, les utilisateurs continueront probablement à voir leurs données personnelles collectées et utilisées, mais à des fins autres que la publicité », critique le collectif. De quoi complètement casser l’intérêt d’un tel abonnement.

Enfin, l’option « gratuite » ne l’est pas vraiment puisque les données transmises à Meta pour utiliser le service constituent déjà « une forme de contrepartie », explique l’UFC Que Choisir. La domination de Meta est telle sur le web social que « les consommateurs n’ont pas vraiment le choix, car, s’ils quittent les services, ils perdront tous les contacts et les interactions qu’ils ont établis au fil des ans », explique le BEUC. Ce qui rend de toute façon ce choix caduc.

La vie privée à 8000 euros par mois

La formule d’abonnement avait pourtant été spécifiquement proposée aux internautes de l’UE pour se plier aux nouvelles contraintes imposées par le DSA. Selon la cour de justice de l’Union européenne, les utilisateurs et utilisatrices doivent avoir la possibilité de « refuser le traitement de leurs données personnelles, sans se couper complètement du service […] si nécessaire en payant un prix raisonnable ». Il semblerait que l’entreprise de Mark Zuckerberg et les associations de défense des consommateurs n’aient pas la même interprétation de ce que représente « un traitement de données personnelles » et un « prix raisonnable ». Pour rappel, l’abonnement proposé par Facebook coûte entre 10 et 13 euros par mois.

Cette plainte du BEUC fait suite à une autre action de justice similaire, cette fois intentée par l’association NOYB (connue pour sa défense très active du RGPD). Cette dernière estime aussi le cout de l’abonnement Meta trop élevé, expliquant que « une personne moyenne a 35 applications installées sur son smartphone. Si toutes ces applications suivaient l’exemple de Meta et facturaient une redevance similaire, les utilisateurs devraient payer une “redevance sur les droits fondamentaux” de 8 815,80 euros par an. »

Corentin Béchade

Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur...

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Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur les thèmes de l’écologie et du numérique ainsi que sur la protection de la vie privée. Le week-end je torture des Raspberry Pi à grands coups de commandes 'sudo' pour me détendre.

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Commentaires (15)

Remoss
Mouahah la suite logique d’un scénario écrit d’avance:<br /> une plateforme prend un position hégémonique, les utilisateurs sans tête s’en rendent dépendants, puis la plateforme impose n’importe quelle règle à son avantage, comme bon lui semble.<br />
pecore
On retrouve à nouveau le même débat lorsqu’une entreprise a du succès, Apple, Google, Amazon, Microsoft et Meta : on accuse d’abus de position dominante. A croire qu’une entreprise n’a pas le droit de faire des bénéfices ou du moins, qu’elle ne doit pas en faire trop.<br /> Je trouve plusieurs arguments avancés ici assez spécieux, en particulier celui des 35 applications que je trouve carrèment déloyal : Meta n’a pas à tenir compte de ce que pourraient faire ou ne pas faire d’autres fournisseurs d’applications et personne ne peut le prévoir non plus. Par contre le message alarmiste pourrait trouver écho, comme c’est souvent le cas.<br /> De plus, Facebook et instagram ne sont pas des produits de première nécessité : je n’ai jamais eu de compte et je m’en passe très bien, comme des centaines de millions d’autres personnes. Il s’agit d’un service, que ses fournisseurs sont en droit de facturer ou non, au risque de perdre leurs abonnés.<br /> Enfin, je pose la question aux utilisateurs de Facebook : est ce vrai que l’utilisation en est impossible sans payer l’abonnement ? Parce que c’est la première fois que j’entend ça.
themancool87_1_1
La règle ici imposée est à cause de l’UE.<br /> Je suis carrément pour ce que l’UE demande (protection utilisateurs) mais contre ce que Meta a proposé : 13e par mois pour supprimer la pub… C’est un faux choix.<br /> Personne n’ira payer 13 euros pour supprimer de la pub.<br /> Par contre. L’UE fait c**** car avant leur loi, on pouvait supprimer le suivi de publicités personnalisées.ce qui n’est plus le cas actuellement…<br /> Donc on se retrouver ‹&nbsp;forcer&nbsp;› à être suivi. Alors qu’avant qu’ils parlent (pour rester poli), on pouvait décider d’être suivi ou non.
Loposo
Ça risque de faire perdre des utilisateurs.<br /> Perso le feed c est 1 pub sur 2 publications, depuis 2 ans je dois me connecter 1 fois tous les 2 mois maintenant. Comme tout ça va et ça viens. Plutôt que lutter pour garder Facebook.<br /> On prend note du changement de politique, et on va voir ailleurs. Facebook n est pas une obligation ou vital
titouchien
C’est impossible de l’utiliser sans choisir immédiatement une option.
pecore
J’attend bien, mais la question était : est ce qu’il faut obligatoirement choisir l’option payante pour faire un usage standard de la plateforme dans des conditions correctes ?
mrassol
clairement non
pecore
Merci.<br /> Et j’imagine qu’on ne signe pas non plus avec son sang lorsqu’on choisi l’option payante.<br /> Donc même si l’argument de l’urgence était valide, ce que je ne crois pas car je ne vois pas ce qu’il y a d’urgent à s’abonner à Facebook, il y aurait toujours moyen d’annuler dans la foulée. Au pire, on perd 13€.
mrassol
qui dit abonnement dit paiement, y’a quand même un sacré nombre d’étapes avant de valider le paiement.
mrassol
certes, mais c’est un choix simple :<br /> payant sans pubs<br /> gratuit avec des pubs<br /> faut pas être sorti de saint cyr pour comprendre …
Nmut
themancool87_1_1:<br /> Donc on se retrouver ‹ forcer › à être suivi. Alors qu’avant qu’ils parlent (pour rester poli), on pouvait décider d’être suivi ou non.<br /> Attention de bien lire les conditions. Tu es quand même suivi, c’est juste que les annonceurs ne savent plus si tu es dans leur cible, tu ne verras donc plus les publicités ciblées et celles qui s’afficheront ne te «&nbsp;concerneront&nbsp;» pas forcément, mais Facebook continue a tout savoir de toi et continue de l’exploiter.
kroman
«&nbsp;les utilisateurs continueront probablement à voir leurs données personnelles collectées et utilisées, mais à des fins autres que la publicité&nbsp;»<br /> Probablement toujours à des fins publicitaires ! Ils diffusent aussi des pubs sur des sites tiers avec Facebook Audience Network. Le ciblage se fait grace aux données récoltées sur FB/IG, mais aussi sur plein de sites tiers qui utilisent le Facebook Pixel…
Palou
pecore:<br /> Enfin, je pose la question aux utilisateurs de Facebook : est ce vrai que l’utilisation en est impossible sans payer l’abonnement ?<br /> Non, on peut continuer d’utiliser FB sans abonnement, juste qu’il y a un peu de pub.<br /> Mais concernant les pubs c’est assez variable, il y a des jours où je n’en ai pas et certaines fois une pub tous les 3 ou 4 posts mais de plus en plus rare me concernant.
jvachez
Facebook a quand même mis une partie réglable dans tout ça.<br /> Sur Instagram c’est souvent que ça me demande si je veux plus de pub dans ce genre ou non. (Evidemment on ne peut pas ne rien avoir en disant non à tout).
Lapoule
Hey, non pas obligatoire. On choisit entre payer et autoriser la collecte des données.<br /> Tu te trompe sur le côté obligatoire de ces réseaux. Ils sont casimment devenu des produits de première nécessité. C’est vrai notre vie n’en dépend pas, mais à ma connaissance l’électricité et internet non plus. Il n’empêche.<br /> Ces réseaux sont devenu nécessaires par la pression sociale exercés, à cause de l’adoption massive. C’est particulièrement le cas chez les jeunes, dont, je pense, tu ne fais pas partie. Et les réseau à sociaux sont obligatoire à bon nombre d’entreprises qui distribuent via les réseau, et même aux politiques qui communiquent via X ou FB.<br /> Le problème de ce genre de réseaux c’est qu’ils ont la main sur une composante essentielles de nos vues, la communication. Et au même titre que le téléphone ou la poste, ça devrait être sous contrôle étatique.<br /> Facebook n’en est pas à son coup d’essai pour ce qui est de provoquer en essayant de contourner des lois. À priori ça rentrera dans l’ordre, surtout qu’ils restent moins puissant, utile et hegemonique que ne peuvent l’être Google ou Microsoft.<br /> Ils ont menacés pas mal de fois de quitter l’Europe, du bluff. La ils gagnent du temps mais ils feront machine arrière. Et à plus long terme l’effet visé c’est de rendre possible une concurrence Européenne. Pour l’instant à part BeReal c’est assez vide mais ça devrait arriver
pecore
Je ne suis pas jeune en effet aujourd’hui, mais je l’étais il y a 20 ans lorsque FB est sorti et même là, je n’ai éprouvé que de l’aversion cette chose que je concidérai dès le départ comme un moyen d’asservissement «&nbsp;soft&nbsp;» et un renoncement volontaire à sa vie privée.<br /> Je ne sais pas si je suis d’accord avec le coté indispensable car, contrairement au téléphone pendant longtemps, il existe aujourd’hui plétore de moyens de communications, comme le forum sur lequel nous nous trouvons, par exemple.<br /> Mais je suis d’accord avec l’idée du contrôle étatique : si FB était bien indispensable, cela en ferait de facto un service public qui devrait être traité comme tel, mais aussi rémunéré comme tel, c’est à dire avec nos impots.<br /> Je pense que nous n’en sommes pas là mais si c’était le cas, alors cela me semblerait normal et au moins, fini les publicités.
Lapoule
J’ai vu la courbe sur moi, qui en ai 25 actuellement. J’ai eu FB, Insta, Snap à 16 ans. J’ai raté le virage Tiktok, raté BeReal, abandonné snap depuis longtemps. Et ça correspond à peu près à mon entourage, à peu près aux chiffres qu’on trouve. Les réseaux sociaux ça numérise les relations sociales donc c’est à l’adolescence qu’on en a le plus envie.<br /> Twitter est déjà un service casi indispensable pour le journalisme, les boîtes et les politiques. C’est vrai que Tiktok paraît moins indispensable mais… Demande à un adolescent ce qu’il en pense.<br /> Je pense aussi que les réseaux sociaux tels que conçus actuellement sont fondamentalement mauvais car fondamentalement conçu pour exploiter des failles humaines.<br /> Mais force est de reconnaître que le monde tournerait difficilement sans eux. J’ai pensé que l’Europe allait subventionner des canaux Mastodon mais finalement rien ne s’est fait. Le DSA et DMA sont tout de même des moyen détournés d’avoir la mains mise sur ces services, et c’est peu probable qu’on laisse Facebook contourner le système de cette manière
pecore
Je pense que tu mélanges indispensable et dépendance.<br /> Nous sommes de plus en plus «&nbsp;dépendants&nbsp;» des réseaux sociaux, ce qui peut nous donner l’impression qu’ils sont indispensables. Mais comme pour toutes les dépendances, ce n’est qu’une impression, que les fournisseur du produit s’efforcent d’entretenir.
JeanV
Petite coquille à la fin de l’article entre les mois et les années, ou alors j’ai pas bien compris celui-ci :<br /> 2023-12-06_17h39_46676×610 80.6 KB
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