Fini les intoxications alimentaires ? L'arrivée du nez électronique dopé à l'IA va bousculer l'industrie agroalimentaire et rendre plus sûres nos assiettes

26 novembre 2023 à 09h48
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L'IA pour améliorer la fiabilité des nez électroniques © Arctic ice / Shutterstock
L'IA pour améliorer la fiabilité des nez électroniques © Arctic ice / Shutterstock

Un nez électronique dopé à l'intelligence artificielle, voilà une innovation qui pourrait bien changer la donne en matière de sécurité dans l'industrie agroalimentaire.

Les nez électroniques existent depuis belle lurette dans ce secteur. Ils permettent d'assister la production d'aliments et d'effectuer plusieurs tâches impératives : contrôle qualité, détection de contaminants ou aide au développement de nouveaux produits. Intégrer de l'IA dans ces dispositifs était une suite logique. C'est le cas de Sensifi, un nez électronique fondé sur l'intelligence artificielle, co-développé par le Pr. Raz Jelinek de l'Université Ben Gurion du Néguev (Israël).

Les capacités de Sensifi

Sensifi est aussi le nom de la société qui développe ces « super-nez », des petits capteurs bardés d'électrodes revêtues de nanoparticules de carbone. Ils sont capables de détecter avec précision les composés organiques volatils (VOC) que les bactéries émettent. Chaque souche de bactérie produit une empreinte de VOC unique. Comme l'explique le Pr. Jelinek, « chaque bactérie a sa propre personnalité électronique ». Une forme d'ADN aromatique, en somme.

Les données sont ensuite analysées par un système fonctionnant grâce à l'IA, qui compare les signaux relevés à une gigantesque data base. Le PDG de Sensifi, Modi Peled, met en avant la puissance de leur technologie : « Nos nez électroniques peuvent être utilisés par les entreprises agroalimentaires directement sur leurs sites et peuvent livrer leurs résultats en moins d'une heure ». Un gain de temps qui serait considérable pour les industriels.

Pour autant, l'adoption globale de cette technologie ne sera pas une tâche aisée. Dans l'industrie alimentaire, les méthodes de tests sont restés relativement similaires depuis 40 ou 50 ans. Comme le souligne Modi Peled, « jusqu'à présent, l'IA n'a pas réellement intégré le secteur des tests dans ce marché ».

De gauche à droite, Nitzan Shauloff et Raz Jelinek, développeurs de Sensifi © Sensifi
De gauche à droite, Nitzan Shauloff et Raz Jelinek, développeurs de Sensifi © Sensifi

Quelles perspectives pour Sensifi sur le marché ?

La technologie est plutôt prometteuse, tant en termes de gain de temps que de fiabilité. Mais les premières réticences sont déjà là. Vincent Peters, fondateur de l'entreprise Inheritance AI et expert en intelligence artificielle, questionne déjà la viabilité économique du système :  « Développer un réseau mondial de petits détecteurs demande de se pencher sur les impacts du modèle économique du secteur (…) Le business sera-t-il toujours viable si cette technologie doit être déployée et entretenue ? Les gestionnaires des chaînes d'approvisionnement vont-ils réellement l'implémenter ? Qu'en est-il de la marge bénéficiaire ? ».

Bref, intégrer cette innovation nécessitera forcément un certain bouleversement dans une industrie qui repose sur les mêmes process depuis un long moment. Rien de bien nouveau. Mais si l'IA pourrait empêcher, voire limiter les empoisonnements alimentaires, le filon est bon à creuser. Aux États-Unis, 48 millions de personnes s'intoxiquent chaque année en mangeant des plats contaminés. Parmi ceux-ci, 128 000 sont hospitalisés et 3 000 en meurt. Des statistiques plutôt alarmantes si l'on considère le niveau de développement du pays.

Source : BBC

Camille Coirault

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Commentaires (3)

bizbiz
Sur un ton léger dominical…<br /> « Nos nez électroniques peuvent être utilisés par les entreprises agroalimentaires directement sur leurs sites et peuvent livrer leurs résultats en moins d’une heure »<br /> J’imagine bien l’ostréiculteur muni d’un faux nez en train d’analyser sa production pour les fêtes ( spéciales gastro ) de fin d’année .<br /> «&nbsp;Vincent Peters, fondateur de l’entreprise Inheritance AI et expert en intelligence artificielle, questionne déjà la viabilité économique du système&nbsp;»<br /> Avec un nom pareil je me doute bien qu’il doit pas être très copain avec les nez .
Bidouille
Les nez électroniques existent depuis très longtemps et n’ont pas attendu l’IA. J’en ai personnellement installé plusieurs au cours de ma carrière. Et sinon, un bon GCMS triple quad fait aussi très bien l’affaire pour identifier les millions de sortes de molécules volatiles.<br /> Il aurait été intéressant que l’article décrive la technologie employée par cette machine, son domaine de sensibilité, etc. Dommage que rien de tout ça ne soit décrit.
dgino
«&nbsp;Les nez électroniques existent depuis très longtemps&nbsp;» euh, pas auprès du grand public non. Quand le grand public aura un nez intégré dans son smartphone et qui lui diras en quelques instants si le plat d’un restaurant contient de la viande avariée, si des œufs sont encore bons à manger, s’il y a du GHB dans un verre d’alcool, et etc. : là on pourra parler d’une véritable démocratisation à grande échelle.
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