L'essai le plus difficile pour Ariane 6 ? C'est jeudi et l'ESA le diffuse en direct !

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
21 novembre 2023 à 19h47
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Ariane 6 devant son portique mobile, lors des derniers essais de nuit. © ESA/CNES/Arianegroup/CSG/S.Martin
Ariane 6 devant son portique mobile, lors des derniers essais de nuit. © ESA/CNES/Arianegroup/CSG/S.Martin

Ce 23 novembre à 21 h 30 (Paris), Ariane 6 devrait allumer son unique et puissant moteur Vulcain 2.1 sur son site de lancement à Kourou. Pas question de décoller, mais c'est une simulation complète de presque 8 minutes moteur hurlant. Le plus difficile des tests des essais combinés, et le plus attendu avant 2024…

Certes, la saga Ariane 6 n'en finit plus et le premier décollage, un temps annoncé pour 2020, n'aura pas lieu avant l'année prochaine. Mais si les instances officielles et Arianegroup refusent de donner pour l'instant une date au décollage inaugural, c'est qu'il reste le test le plus important de toute la (longue) campagne des essais combinés… Une mise à feu de pratiquement 8 minutes sur le site de lancement, l'ELA-4, au Centre Spatial Guyanais.

Depuis des mois, les équipes préparent ce véritable déluge de feu, qui devrait avoir lieu jeudi 23 novembre à 21 h 30. Initialement, il n'était pas prévu de le diffuser, mais l'agence spatiale européenne a finalement cédé : l'allumage sera visible en direct sur la Web TV, avec une émission spéciale dès 21 h 10.

Une longue et douce flamme

Sur le papier, le test s'annonce intéressant. Après un compte à rebours dans les mêmes conditions que pour une campagne de vol, Ariane 6 allumera son moteur Vulcain 2.1, qui va monter en puissance et rester allumé durant 7 minutes et 50 secondes, avec quelques variations de poussée correspondant, elles aussi, aux mêmes caractéristiques que pour un vol vers l'orbite terrestre.

Un allumage très long, avec la fusée fixée au sol et des moyens importants mis en œuvre (en particulier sur le système de déluge) pour éviter tout dégât sur le lanceur et sur les infrastructures toutes neuves. 7 minutes 50 de barbecue à l'hydrogène sous la table de tir, c'est beaucoup, et c'est justement cette configuration particulière à laquelle se sont préparées les équipes. Il s'agit cependant du test le plus représentatif d'un vol qu'il soit encore possible de mener… Pour aller plus loin, il faut décoller.

Ariane 6 ne décollera pas avant 2024. Mais quand ? Tout dépend de ce test... © Airbus DS
Ariane 6 ne décollera pas avant 2024. Mais quand ? Tout dépend de ce test... © Airbus DS

Un droit à l'erreur ?

Il faudra néanmoins espérer pour l'avenir du fleuron européen que cet essai diffusé en direct soit d'un ennui palpable. En effet, passé les premières secondes, il ne faudra rien souhaiter de spectaculaire : regarder le moteur avec sa flamme orangée et bleutée sera à peu près aussi passionnant qu'observer cuire une fournée de cookies. En tout cas, c'est ce qu'il faut souhaiter aux Européens !

Si ce test (que les Américains appellent un « green run ») échoue, alors il faudra modifier, corriger, ré-assembler et… retester, ce qui peut prendre des mois, voire plus en cas de véritable spectacle pyrotechnique. Un retard supplémentaire que personne ne souhaite dans l'industrie des lanceurs européens, toujours en pleine crise. Pourtant, à la fin du compte, il ne faut pas oublier que ce test, comme ceux avant lui, est bien là pour repérer d'éventuelles erreurs et éviter un crash futur.

Réponse jeudi soir, à 21 h 38 ici… si tout se passe comme prévu.

Source : ESA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (12)

Mimi9
Rdv pris
Caramel34
On croise les doigts !
Proutie66
J’espère que tout ira bien
dapoussin
Je ne comprends pas pourquoi l’Europe continue à injecter du pognon dans un lanceur déjà dépassé avant même d’avoir décollé… Ariane 6 ne sera jamais rentable, et l’accès indépendant à l’espace va nous coûter bien cher !
promeneur001
Le carnet de commande est plein pour trois ans.
Shooot
Quelle poussée pour les tests ? 10% du max ?<br /> Sinon elle décolle ou bascule, ça n’est pas la rampe de lancement qui va la retenir.<br /> Des précisions ?
mickhammer
C’est comme regarder Renault sortir une R5 électrique. On essaye de faire du neuf avec du vieux ce n’est pas franchement intéressant.
mickhammer
3 ans de commande pour Ariane, C’est quoi 30 ou 40 lancements. l’équivalent de 4 mois de tir pour Spacex.<br /> On a été dépassé par la Chine depuis longtemps, l’Inde arrive. Nous sommes a la traîne, nous aurons les miettes que les us voudrons bien nous laisser et on sera à nouveau Q nue comme a l’époque de la colonisation de l’Amérique.
mcbenny
@mic: votre monde me semble bien triste. J’espère que vous avez d’autres raisons de vous réjouir.<br /> Sinon, j’espère qu’elle est bien accrochée parce que la poussée est justement faite pour décoller.<br /> Comment font-ils pour retenir la fusée ? Est-ce seulement via un poids trop important?
juju251
Shooot:<br /> Quelle poussée pour les tests ? 10% du max ?<br /> D’après ce que j’ai pu trouver, il s’agit bien d’un test pleine puissance (ce qui est logique, parce que pour que le test soit représentatif, il faut qu’il soit le plus proche possible d’un vol réel) :<br /> The test includes the ignition of the core stage Vulcain 2.1 engine, followed by 470 seconds of stabilised operation covering the entire core stage flight phase, as it would function on a launch into space.<br /> C’est un test statique d’une séquence de vol complète (pour l’étage principal), donc globalement pleine puissance.<br /> Alors, évidemment, les boosters d’appoints ne seront pas mis à feu :<br /> For this rehearsal, the boosters will not be ignited, so Ariane 6 will stay firmly on the launch pad at Europe’s Spaceport in French Guiana.<br /> Autre chose, l’étage principal d’Ariane 6 consommera la quantité prévue de carburant pour un vrai vol :<br /> The Vulcain 2.1 engine will burn through almost 150 tonnes of propellant supplied from the Ariane 6 core stage tanks – liquid oxygen and liquid hydrogen – supercooled to temperatures below -250°C.<br /> Source ESA :<br /> esa.int<br /> Watch live: Ariane 6 eight-minute hot-fire test<br /> Watch live on ESA Web TV on 23 November as Europe’s new Ariane 6 rocket goes through a full-scale rehearsal in preparation for its first flight, when teams from ArianeGroup, France’s space agency CNES, and ESA on the ground will complete a launch...<br /> Ce qui correspond à la quantité de carburant embarquée par l’étage principal d’Ariane 6 :<br /> Le premier étage baptisé LLPM (Lower Liquid Propulsion Module) est dérivé du premier étage EPC d’Ariane 5. Il emporte 154 tonnes d’oxygène et d’hydrogène liquide.<br /> Source Wikipedia :<br /> fr.wikipedia.org<br /> Ariane 6 | Premier étage<br /> Le premier étage baptisé LLPM (Lower Liquid Propulsion Module) est dérivé du premier étage EPC d'Ariane 5. Il emporte 154&nbsp;tonnes d'oxygène et d'hydrogène liquide. Il est propulsé par un moteur Vulcain 2.1, version améliorée du moteur Vulcain 2 d'Ariane 5, qui fournit une poussée de 137&nbsp;tonnes (performance dans le vide) durant les huit premières minutes du vol. Au décollage et durant les deux premières minutes, il est assisté dans sa tâche par les étages à propergol solide qui fournissent l'essent...<br /> Autre chose, j’ai l’impression à en lire certains que quoique fasse l’Europe (ou la France), ça ne leur conviendra JAMAIS …<br /> Autant ne rien faire …<br /> Même si ça hurlerait aussi …
promeneur001
Je répondais à votre argument de l’inutilité de l’ariane 6. Visiblement pour beaucoup d’opérateur, elle n’est pas dépassée.
promeneur001
Rappelons que pour Ariane 6 tout a été fait pour réduire le coût de lancement d’environ 50 % par rapport à Ariane 5. La réduction devrait être même plus importantes en lançant plusieurs satellites à la fois.<br /> — Production industrialisée en utilisant le même processus de production qu’une usine automobile. Production en série cadencée par exemple.<br /> — Utilisation de l’impression 3D pour diminuer les composants.<br /> — Réduction du temps d’assemblage par un assemblage à l’horizontale.<br /> — Réduction du temps de lancement. Le but visé est un lancement par semaine.<br /> — Coiffe de lancement permettant de lancer plusieurs satellites en même temps.
mickhammer
Pour mettre une charge utile en orbite. Mais ce n’est qu’une toute petite partie des activités et de plus en plus de société/état arrivent à le faire.<br /> Dans tout les modèles de production que je connais, plus tu produits de modèle de la même série plus tu amorti la R&amp;D.<br /> Ici nous avons un marché de plus en plus concurrentiel, avec une production assez faible, je pense donc que nous prenons du retard.<br /> Et comme historiquement nous avons raté de nombreux changements je pense que l’on suit le même chemin.<br /> Autres point de vue. Les Us, la Chine et l’UE sont les 3plus grandes zones économiques. Mais quand je compare les 3 programmes et les capacités, je le redis nous sommes à la traîne.
mickhammer
Pour combien de temps. Le coût au kg de Ariane 6 est supérieur à 10 000€ alors de celui de Spacex est de moins de 3000€.
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