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AB - Bonjour Monsieur CAMPBELL. Pouvez-vous présenter votre parcours en quelques mots ?
EC - Bonjour Ariane. Je suis rédacteur au consulat du Japon à New York, et précédemment j'occupais le poste de reporter au bureau new-yorkais de la télévision japonaise TV Asahi. J'ai effectué mes études de japonais à l'Université de Columbia NY, où j'ai obtenu un MA (Master of Arts).
AB - Peut-on vous décrire comme un "fan" d'Apple ?
EC - Oui, absolument, je suis un inconditionnel d'Apple. J'utilise des Mac depuis 1989, date à laquelle j'ai investi dans mon premier ordinateur.
Actuellement, à la maison, j'ai deux iBook et un iPod 20 Go de seconde génération. Je suis également membre du service ".Mac" d'Apple et achète de la musique par le biais du nouveau iTunes Music Store. Je me tiens par ailleurs quotidiennement au courant des dernières nouvelles, infos et rumeurs sur les Mac grâce au web.
Je n'ai jamais été aussi "accro" d'un produit et ne me suis jamais autant investi dans l'évolution d'une société. Je comparerais ceci à la dévotion d'un fan d'une équipe de baseball aux Etats-Unis ou de football en Europe, déçu ou exalté après chaque défaite ou victoire.
Il faut dire que, du fait de la faible représentation d'Apple sur le marché mondial de l'ordinateur, une sorte de communauté pro-Mac s'est constituée, comme c'est le cas pour Linux.
D'ailleurs, depuis que les utilisateurs de Mac disposent, grâce à Mac OS X, d'une base UNIX similaire, ils partagent avec la communauté Linux l'idée que Microsoft est une puissance monolithique oppressive !
Quand je suis obligé, j'utilise Windows, bien entendu. Néanmoins, selon moi, il manque à Microsoft la classe et l'expérience positive que connaissent les utilisateurs de Mac.
Enfin, en tant que photographe, j'estime qu'il n'y a pas d'alternative aux produits Apple.
AB - J'ai pu constater en mai 2003 que de Brooklyn à Manhattan, l'iPod fait un carton. Comment expliquez-vous une telle déferlante ?
EC - En effet, le iPod a déferlé sur la ville de New York.
Compatible Mac ou Windows, le iPod permet d'emmener sa collection de musique partout, toute une cd-thèque transférée sur fichiers numériques imaginez-vous ! C'est vraiment un compagnon de choix dans une ville telle que New York, où les gens passent un temps fou dans les transports en commun.
Que vous preniez le métro ou que vous marchiez dans les rues, vous rencontrez beaucoup de gens avec des écouteurs blancs dans les oreilles, écouteurs qui trahissent l'utilisateur de ce lecteur de musique numérique signé Apple.
Le plus remarquable est la rapidité avec laquelle Apple est devenue la société qui domine le marché du lecteur MP3 portable. Bien qu'il y ait d'autres appareils sur le marché, "iPod" pourrait devenir le terme générique pour nommer de tels lecteurs, aussi sûrement que le "Walkman" de Sony est devenu le nom désignant tous les baladeurs !
Par ailleurs, je sais que certains clubs et bars à New York organisent des "Nuits iPod" durant lesquelles les clients peuvent apporter leur lecteur Apple, le brancher sur le 'sound system' et passer leurs enregistrements de musique. C'est un des attraits du iPod : la convivialité. Avec lui, on peut faire partager ses goûts, ringards ou "dé-branchés", et la compilation éclectique de sa collection.
Encore une fois, à New York, de Manhattan à Brooklyn, sont installés de nombreux musiciens et fans de musique, et je sais que les New-Yorkais ne manquent ni d'imagination, ni de ressources. Ils aiment leur musique jusqu'à l'emporter avec eux pour faire leur jogging ou leur lessive au coin de la rue. Ca n'est pas étonnant que le iPod y fasse un malheur ! La société Apple n'a-t-elle pas toujours organisé sa stratégie commerciale en direction des individus qui "pensent différemment" ?
AB - Certes. Que pensez-vous de la nouvelle gamme d'iPod ?
EC - Les iPod de troisième génération sont très chouettes. Ils disposent essentiellement de plus de mémoire, d'un design plus fin et plus léger, d'une station d'accueil plus pratique, et de quelques nouveautés du côté du logiciel. L'iPod prend en charge les formats audio MP3, MP3 VBR, WAV, et AAC.
De plus, grâce au logiciel intégré aux nouveaux modèles, les utilisateurs d'iPod peuvent programmer une playlist "on the go". Du côté matériel, la nouvelle station d'accueil dispose d'une sortie "line out" qui facilitera la connexion du lecteur numérique avec une chaîne haute fidélité de salon.
Le iPod fonctionne bien, aussi, comme sauvegarde externe.
En fait, je crois que la force d'Apple est d'être capable de faire évoluer un produit sans "en faire trop", comme par exemple ajouter des caractéristiques déroutantes ou perdre la simplicité d'utilisation initiale, un des travers de Microsoft, à mon avis.
Aujourd'hui de nombreux fans de Mac souhaitent que le iPod devienne plus qu'un assistant numérique personnel évolué, le iPod disposant déjà de certaines des fonctions de base d'un PDA, ou qu'Apple lui ajoute un écran couleur et des fonctions vidéo.
Pour ma part, j'espère qu'Apple continuera l'évolution, douce mais sûre, de son produit. Et, en tant que photographe, je serais intéressé par la compatibilité avec Iphoto, un des logiciels Apple les plus populaires. Le iPod pourrait ainsi servir de "portefeuille numérique" pour télécharger et stocker des photos, un point non négligeable pour les utilisateurs d'appareils photo numériques.
Quoi qu'il en soit, je regarderais avec méfiance les fonctions qui pourraient à l'avenir éloigner l'iPod de la relative simplicité de son concept de base, à savoir être un bon lecteur de musique numérique.
AB - iTunes, service Apple en ligne de téléchargement de musique à 0,99 dollar le morceau, aujourd'hui encore réservé aux utilisateurs de Mac, aurait enregistré 3 millions de téléchargements en un mois. Pensez-vous que le service aura le même succès auprès des utilisateurs de Windows ?
EC - Comme vous savez, Apple devrait proposer un service iTunes qui fonctionne sous Windows avant la fin de l'année 2003. Je crois que la version Windows peut être une réussite si Apple a les moyens de recréer sa fameuse interface et la facilité d'utilisation du service. Les utilisateurs apprécieront alors sa rapidité, son côté pratique et honnête, à l'inverse d'un réseau "peer to peer" tel que Kazaa.
Concernant le succès actuel d'iTunes, je pense qu'Apple a eu la chance d'obtenir la coopération de majors de l'industrie du disque pour son service. En fait, aussi bizarre que cela puisse paraître, la faible part de marché d'Apple sur le secteur de l'ordinateur, aura positivement influencé les labels. Ils ont pu expérimenter un tel service, sans prendre trop de risques, avant d'investir sur un marché plus large.
Ils ont pris la bonne décision : 3 millions de téléchargements pour le lancement du service, en mai, c'est impressionnant, surtout quand l'on considère qu'à l'heure actuelle iTunes Music Store est réservé aux utilisateurs de Mac sous Mac OS X installés aux Etats-Unis, soit très peu de consommateurs, même parmi l'ensemble des possesseurs de Mac !
AB - La société RealNetworks, qui a racheté Rhapsody, entre sur le marché de la musique en ligne avec une offre à 0,79 dollar le morceau. L'enseigne semble également intéressée par ce secteur. A votre avis quelle sera la réaction d'Apple à la concurrence ?
EC - Bien que Rhapsody ait baissé ses prix, son nouveau propriétaire fait toujours payer un abonnement aux utilisateurs du service, semble-t-il. Au final, la différence de prix entre les deux services reste insignifiante. A mes yeux, cela montre que RealNetworks n'a pas encore tout compris.
La démarche de Steve JOBS est inverse parce qu'il estime que les gens veulent posséder leur musique et non la louer. C'est exactement mon point de vue.
Par ailleurs, même si le service Apple utilise un système de gestion des droits des oeuvres numériques (DRM - Digital Rights Management), permettant notamment d'imposer l'achat d'une licence pour écouter un morceau téléchargé, c'est de loin le moins abusif.
iTunes permet à l'internaute de graver un morceau un nombre illimité de fois vers un Cd, de transférer le fichier vers un iPod (la plupart des autres services ne le permettent pas), ou encore de le transférer vers plusieurs ordinateurs.
Le"store" est directement intégré au logiciel iTunes, et le service utilise la technologie "one click buying". Bref, pour le moment, Apple fournit une bien meilleure offre que la concurrence.
Bien sûr, d'autres entreront prochainement sur le marché, mais je ne sais pas s'ils pourront égaler rapidement ce qu'Apple a fait. Pour l'instant, je pense qu'Apple a l'avantage... Amazon pourrait même être intéressée par la propre offre de la marque à la pomme.
L'inconnue reste ce que fera Microsoft pour contrer Apple.
AB - Eric CAMPBELL, je vous remercie pour ces éclaircissements.
Entretien et traduction réalisés par Ariane BEKY.
EC - Bonjour Ariane. Je suis rédacteur au consulat du Japon à New York, et précédemment j'occupais le poste de reporter au bureau new-yorkais de la télévision japonaise TV Asahi. J'ai effectué mes études de japonais à l'Université de Columbia NY, où j'ai obtenu un MA (Master of Arts).
AB - Peut-on vous décrire comme un "fan" d'Apple ?
EC - Oui, absolument, je suis un inconditionnel d'Apple. J'utilise des Mac depuis 1989, date à laquelle j'ai investi dans mon premier ordinateur.
Actuellement, à la maison, j'ai deux iBook et un iPod 20 Go de seconde génération. Je suis également membre du service ".Mac" d'Apple et achète de la musique par le biais du nouveau iTunes Music Store. Je me tiens par ailleurs quotidiennement au courant des dernières nouvelles, infos et rumeurs sur les Mac grâce au web.
Je n'ai jamais été aussi "accro" d'un produit et ne me suis jamais autant investi dans l'évolution d'une société. Je comparerais ceci à la dévotion d'un fan d'une équipe de baseball aux Etats-Unis ou de football en Europe, déçu ou exalté après chaque défaite ou victoire.
Il faut dire que, du fait de la faible représentation d'Apple sur le marché mondial de l'ordinateur, une sorte de communauté pro-Mac s'est constituée, comme c'est le cas pour Linux.
D'ailleurs, depuis que les utilisateurs de Mac disposent, grâce à Mac OS X, d'une base UNIX similaire, ils partagent avec la communauté Linux l'idée que Microsoft est une puissance monolithique oppressive !
Quand je suis obligé, j'utilise Windows, bien entendu. Néanmoins, selon moi, il manque à Microsoft la classe et l'expérience positive que connaissent les utilisateurs de Mac.
Enfin, en tant que photographe, j'estime qu'il n'y a pas d'alternative aux produits Apple.
AB - J'ai pu constater en mai 2003 que de Brooklyn à Manhattan, l'iPod fait un carton. Comment expliquez-vous une telle déferlante ?
EC - En effet, le iPod a déferlé sur la ville de New York.
Compatible Mac ou Windows, le iPod permet d'emmener sa collection de musique partout, toute une cd-thèque transférée sur fichiers numériques imaginez-vous ! C'est vraiment un compagnon de choix dans une ville telle que New York, où les gens passent un temps fou dans les transports en commun.
Que vous preniez le métro ou que vous marchiez dans les rues, vous rencontrez beaucoup de gens avec des écouteurs blancs dans les oreilles, écouteurs qui trahissent l'utilisateur de ce lecteur de musique numérique signé Apple.
Le plus remarquable est la rapidité avec laquelle Apple est devenue la société qui domine le marché du lecteur MP3 portable. Bien qu'il y ait d'autres appareils sur le marché, "iPod" pourrait devenir le terme générique pour nommer de tels lecteurs, aussi sûrement que le "Walkman" de Sony est devenu le nom désignant tous les baladeurs !
Par ailleurs, je sais que certains clubs et bars à New York organisent des "Nuits iPod" durant lesquelles les clients peuvent apporter leur lecteur Apple, le brancher sur le 'sound system' et passer leurs enregistrements de musique. C'est un des attraits du iPod : la convivialité. Avec lui, on peut faire partager ses goûts, ringards ou "dé-branchés", et la compilation éclectique de sa collection.
Encore une fois, à New York, de Manhattan à Brooklyn, sont installés de nombreux musiciens et fans de musique, et je sais que les New-Yorkais ne manquent ni d'imagination, ni de ressources. Ils aiment leur musique jusqu'à l'emporter avec eux pour faire leur jogging ou leur lessive au coin de la rue. Ca n'est pas étonnant que le iPod y fasse un malheur ! La société Apple n'a-t-elle pas toujours organisé sa stratégie commerciale en direction des individus qui "pensent différemment" ?
AB - Certes. Que pensez-vous de la nouvelle gamme d'iPod ?
EC - Les iPod de troisième génération sont très chouettes. Ils disposent essentiellement de plus de mémoire, d'un design plus fin et plus léger, d'une station d'accueil plus pratique, et de quelques nouveautés du côté du logiciel. L'iPod prend en charge les formats audio MP3, MP3 VBR, WAV, et AAC.
De plus, grâce au logiciel intégré aux nouveaux modèles, les utilisateurs d'iPod peuvent programmer une playlist "on the go". Du côté matériel, la nouvelle station d'accueil dispose d'une sortie "line out" qui facilitera la connexion du lecteur numérique avec une chaîne haute fidélité de salon.
Le iPod fonctionne bien, aussi, comme sauvegarde externe.
En fait, je crois que la force d'Apple est d'être capable de faire évoluer un produit sans "en faire trop", comme par exemple ajouter des caractéristiques déroutantes ou perdre la simplicité d'utilisation initiale, un des travers de Microsoft, à mon avis.
Aujourd'hui de nombreux fans de Mac souhaitent que le iPod devienne plus qu'un assistant numérique personnel évolué, le iPod disposant déjà de certaines des fonctions de base d'un PDA, ou qu'Apple lui ajoute un écran couleur et des fonctions vidéo.
Pour ma part, j'espère qu'Apple continuera l'évolution, douce mais sûre, de son produit. Et, en tant que photographe, je serais intéressé par la compatibilité avec Iphoto, un des logiciels Apple les plus populaires. Le iPod pourrait ainsi servir de "portefeuille numérique" pour télécharger et stocker des photos, un point non négligeable pour les utilisateurs d'appareils photo numériques.
Quoi qu'il en soit, je regarderais avec méfiance les fonctions qui pourraient à l'avenir éloigner l'iPod de la relative simplicité de son concept de base, à savoir être un bon lecteur de musique numérique.
AB - iTunes, service Apple en ligne de téléchargement de musique à 0,99 dollar le morceau, aujourd'hui encore réservé aux utilisateurs de Mac, aurait enregistré 3 millions de téléchargements en un mois. Pensez-vous que le service aura le même succès auprès des utilisateurs de Windows ?
EC - Comme vous savez, Apple devrait proposer un service iTunes qui fonctionne sous Windows avant la fin de l'année 2003. Je crois que la version Windows peut être une réussite si Apple a les moyens de recréer sa fameuse interface et la facilité d'utilisation du service. Les utilisateurs apprécieront alors sa rapidité, son côté pratique et honnête, à l'inverse d'un réseau "peer to peer" tel que Kazaa.
Concernant le succès actuel d'iTunes, je pense qu'Apple a eu la chance d'obtenir la coopération de majors de l'industrie du disque pour son service. En fait, aussi bizarre que cela puisse paraître, la faible part de marché d'Apple sur le secteur de l'ordinateur, aura positivement influencé les labels. Ils ont pu expérimenter un tel service, sans prendre trop de risques, avant d'investir sur un marché plus large.
Ils ont pris la bonne décision : 3 millions de téléchargements pour le lancement du service, en mai, c'est impressionnant, surtout quand l'on considère qu'à l'heure actuelle iTunes Music Store est réservé aux utilisateurs de Mac sous Mac OS X installés aux Etats-Unis, soit très peu de consommateurs, même parmi l'ensemble des possesseurs de Mac !
AB - La société RealNetworks, qui a racheté Rhapsody, entre sur le marché de la musique en ligne avec une offre à 0,79 dollar le morceau. L'enseigne semble également intéressée par ce secteur. A votre avis quelle sera la réaction d'Apple à la concurrence ?
EC - Bien que Rhapsody ait baissé ses prix, son nouveau propriétaire fait toujours payer un abonnement aux utilisateurs du service, semble-t-il. Au final, la différence de prix entre les deux services reste insignifiante. A mes yeux, cela montre que RealNetworks n'a pas encore tout compris.
La démarche de Steve JOBS est inverse parce qu'il estime que les gens veulent posséder leur musique et non la louer. C'est exactement mon point de vue.
Par ailleurs, même si le service Apple utilise un système de gestion des droits des oeuvres numériques (DRM - Digital Rights Management), permettant notamment d'imposer l'achat d'une licence pour écouter un morceau téléchargé, c'est de loin le moins abusif.
iTunes permet à l'internaute de graver un morceau un nombre illimité de fois vers un Cd, de transférer le fichier vers un iPod (la plupart des autres services ne le permettent pas), ou encore de le transférer vers plusieurs ordinateurs.
Le"store" est directement intégré au logiciel iTunes, et le service utilise la technologie "one click buying". Bref, pour le moment, Apple fournit une bien meilleure offre que la concurrence.
Bien sûr, d'autres entreront prochainement sur le marché, mais je ne sais pas s'ils pourront égaler rapidement ce qu'Apple a fait. Pour l'instant, je pense qu'Apple a l'avantage... Amazon pourrait même être intéressée par la propre offre de la marque à la pomme.
L'inconnue reste ce que fera Microsoft pour contrer Apple.
AB - Eric CAMPBELL, je vous remercie pour ces éclaircissements.
Entretien et traduction réalisés par Ariane BEKY.
