Netflix est lancé : ses atouts, ses faiblesses

15 septembre 2014 à 11h50
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Attendue de longue date, l'arrivée de l'américain Netflix sur nos écrans est désormais chose faite depuis cette nuit. Vous pouvez désormais accéder à ce service de vidéo à la demande. Voici comment et à quel prix.

Netflix a donc fait son entrée, cette nuit, sur le marché français de la vidéo à la demande. Un marché assez atypique pour le géant américain, puisque la consommation de vidéo à la demande passe principalement par les box des opérateurs, boîtiers quasiment absents en Angleterre par exemple.

Cela n'empêche cependant pas Reed Hastings, patron de Netflix, d'avoir de grandes ambitions sur notre territoire : le service se donne 5 ans pour attirer à lui 10% des foyers, et 10 ans pour en conquérir un tiers.

Comment Netflix peut réussir en France

Fort d'une expérience convaincante outre-Atlantique, Netflix possède des arguments certains pour s'imposer en France. Voici comment il pourrait réussir :

En s'associant tout d'abord aux opérateurs : si ces derniers se sont montrés hésitants du fait d'une offre financière trop faible de la part de Netflix, Bouygues Telecom pourrait bien avoir ouvert la boite de Pandore. Le FAI a annoncé cette nuit que les abonnés à sa Bbox Sensation ou à sa future box Android pourront profiter, dès novembre, des services de Netflix (voir Bouygues Telecom installera Netflix sur ses box dès novembre). Difficile de concevoir qu'un Free, pionner en matière de SVOD (vidéo à la demande par abonnement) laisse Bouygues seul profiter du ramdam médiatique engendré par l'arrivée de Netflix.

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En profitant des autres supports de diffusion : si les box sont un vecteur important, elles ne sont pas les seules. Netflix est disponible sur Xbox, Playstation, Wii U, sur l'Apple TV, le Chromecast de Google, sur tablette, smartphone, PC, sur certains lecteurs Blu-ray ou certaines platines Home Cinema, ou encore sur les téléviseurs connectés. Un parc cumulé déjà suffisant pour développer, au moins dans un premier temps, son service.

En investissant beaucoup pour développer rapidement son catalogue : Netflix propose déjà 100 000 vidéos parmi lesquelles une quarantaine de séries (Breaking Bad, The Walking Dead, Suits, Modern Family, Dexter, Sherlock, Fargo, Chuck, Homeland, The Big Bang Theory, Fringe, Downtown Abbey...) et une offre de films attrayante incluant tous les univers, de la jeunesse à l'animation japonaise en passant par les documentaires, les films d'action, les drames, les films français ou les comédies, chacune de ces catégories bénéficiant d'une section à part. Mieux, l'américain continue ses investissements pour attirer de nouvelles exclusivités et renforcer son catalogue. En 2014, Netflix prévoit ainsi de dépenser 3 milliards de dollars, avec un plan de 6 milliards sur 3 ans.

En misant sur une production à la demande : la série Orange is the New Black, commandée et diffusée par Netflix rencontre un franc succès aux États-Unis, et House of Cards a d'ores et déjà conquis la planète. Netflix s'est également déjà approprié Gotham, une série sur l'enfance de Batman, et proposera Marseille, une série tournée dans la ville phocéenne. Histoire de séduire encore un peu mieux la France, et de calmer les ardeurs de ceux qui réclament des investissements dans notre pays.

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En proposant une interface agréable, disponible sur plusieurs appareils, et dotée d'un moteur de suggestions efficaces. Autre avantage de Netflix : une consommation illimitée, que ce soit dans le temps ou en nombre de programmes visionnés. De même, la HD de Netflix est proposée avec un bitrate de 5 Mb/s, alors que la vidéo standard est accessible dès 2 Mb/s. Des débits relativement faibles et qui devraient permettre à l'américain de proposer son service au plus grand nombre. Netflix mise également sur l'Ultra HD : les téléviseurs compatibles sont encore très, très peu nombreux dans les foyers français et le le bitrate risque de cantonner cet usage à quelques privilégies, mais à l'avenir, ce ne sera sans doute plus le cas.

En offrant un mois d'essai gratuit, comme le font beaucoup d'autres services du genre, afin de découvrir son service. Et si finalement Netflix ne vous convenait pas ou si votre consommation ne couvrait pas le prix de l'abonnement, pas d'inquiétude : le service est sans engagement.

En proposant, finalement, cette offre à partir de 7,99 euros par mois, 8,99 euros par mois pour un accès à la haute définition sur deux appareils, et 11,99 euros mensuels avec de la HD disponible sur quatre appareils. Deux formules d'abonnement qui restent sous la symbolique barre des 10 euros par mois et une offre premium réservée aux gros consommateurs, de quoi satisfaire tout le monde.

Pourquoi Netflix n'a pas gagné d'avance

Si Netflix dispose donc de réels atouts pour s'imposer en France, tout ne sera pas simple pour l'américain.

Parce que les opérateurs Internet, ne sont pas encore conquis, loin s'en faut, alors que ce sont eux qui gèrent le plus gros vecteur de vidéo à la demande que sont les box. Pour preuve, la contre-attaque de Numericable : le jour de l'arrivée de Netflix, l'opérateur propose son offre de SVOD concurrente (voir LaBox Séries : Numericable lance sa SVOD, gratuite pour les abonnés fibre).

Parce que Netflix devra respecter la chronologie des médias, et ne pourra pas soustraire son catalogue à cette contrainte. Comme les autres services de VOD, Netflix devra donc attendre 3 ans après la sortie en salle pour diffuser un film. Dans le même temps, Canal Plus a certains avantages dans le cadre du financement du cinéma français et peut notamment diffuser, en exclusivité, une production à laquelle il a participé financièrement, et ce près de 2 ans avant la concurrence. Les autres chaînes françaises comme TF1 et M6, qui œuvrent aussi pour la production française, disposent également d'exclusivités qui compliquent le travail de Netflix.

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Parce que le catalogue proposé en France n'est pas celui des États-Unis, qui a fait la force de Netflix outre-Atlantique. Même si l'offre de Netflix est certainement amenée à s'étendre, elle compte plus de deux fois moins de séries que l'offre de Canal Plus et pas plus que les 2 000 films disponibles sur Canal Play. Pire : c'est ce service qui diffuse l'emblématique série House of Cards de Netflix, grâce à une exclusivité sur les trois premières saisons.

Parce que la SVOD est un marché concurrentiel en France, et que les Canal Play, Filmo TV et autres Video Futur et Jook Video ont eu le temps d'affûter leurs armes. Ces acteurs disposent d'un parc d'abonnés existant (700 000 inscrits pour Jook Video, partenaire d'Orange, un peu plus de 500 000 pour Canal Play), sont bien intégrés sur les box des FAI et utilisent pour la plupart d'interfaces tout aussi agréables que celle de Netflix. Et sont également très actives sur le marché de l'acquisition : le groupe Canal Plus a ainsi signé un contrat d'exclusivité de 5 ans avec la chaîne HBO, à l'origine de nombreuses séries à succès. Enfin, l'américain ne se démarque pas par le tarif, Canal Play étant également commercialisé contre 7,99 euros par mois, avec une offre unique.

Parce qu'il est impossible de profiter du catalogue de Netflix sans fournir son numéro de carte à bleue, ce qui est également le cas de Canal Play. Même si l'offre d'un mois gratuit est intéressante pour tester le service et si la formule est sans engagement, cette contrainte pourrait refroidir certains utilisateurs qui se seraient laissés tenter à la vue du catalogue de l'américain.

Frédéric Cuvelier

Mes domaines de prédilection ? Les ordinateurs portables et les SSD ! Mais de temps à autre, je m'autorise quelques infidélités pour des boîtiers, des alimentations ou des solutions de refroidissement...

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Mes domaines de prédilection ? Les ordinateurs portables et les SSD ! Mais de temps à autre, je m'autorise quelques infidélités pour des boîtiers, des alimentations ou des solutions de refroidissement, tests dont je suis particulièrement friand. Je déteste l'expression "Le mieux est l'ennemi du bien" (notamment lorsqu'il s'agit de rendre mon PC silencieux), les livreurs qui arrivent sans bordereau et les coups de pieds de Polo sous le bureau. J'aime réussir mes photos-produit, améliorer les protocoles de test et cocher la case "Public" de notre interface d'édition. Féru de football, je m'essaie également à la photographie à mes heures perdues et ne recule jamais devant une petite partie de poker. Le tout saupoudré de beaucoup, beaucoup de musique.

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