Portrait : Cookening invite à partager un repas chez l'habitant

26 juin 2013 à 17h32
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Si la France est réputée pour sa gastronomie, autant en faire profiter les invités étrangers, et si possible dans la convivialité. Sur le principe d'Airbnb, l'entrepreneur Cédric Giorgi vient de lancer son dernier projet, baptisé Cookening. Un site qui propose des tables d'hôtes aux voyageurs.

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Cédric Giorgi, fondateur de Cookening
Enfin, Cédric Giorgi peut mêler ses deux passions : le Web et la gastronomie. Ses « obsessions ». Cookening, un Airbnb de la table, n'a qu'un mois. En deux mots, c'est un site où hôtes et touristes se rencontrent. Les premiers s'improvisent restaurateurs. Ils convient les seconds, qui en profitent. C'est de l'économie du partage, un principe qui s'applique déjà très bien au logement ou à l'auto. Pourquoi pas la cuisine ?

Avant de passer à table, cet « enfant élevé dans le Gers », et aux fourneaux depuis l'âge de 14 ans goûte à plusieurs expériences entrepreneuriales. Formé à l'ingénierie informatique, son passage chez Airbus ne lui plaît pas, ce n'est « pas mon domaine ». Il se tourne alors vers un master en marketing. Ça lui réussit. En 2006, il participe au lancement de vente-du-diable.com où il se charge des affiliations et du blog.

L'année d'après, il réalise son premier voyage à San Francisco, le pèlerinage de tout jeune entrepreneur du Web. « Quand je suis revenu, j'ai vraiment voulu me lancer ». Il rejoint les deux fondateurs de Goojet, une place de marché pour widgets naissante, où il occupe le poste de responsable marketing. La même année, Goojet gagne le concours LeWeb, lève 2,3 millions d'euros - 8,3 millions en quatre ans.

Mais la croissance repose trop sur ces fonds, il n'y a pas de vraie traction. En 2010, deuxième voyage à « SF ». « Votre produit, on connait, c'est de la curation », leur dit-on là-bas. Changement de cap. C'est là que naît Scoop.it, un service d'agrégation d'articles utilisé pour réaliser une veille. Et qui existe toujours à l'heure actuelle. Cédric Giorgi y croit, mais il préfère voir autre chose. Il quitte le navire en 2011.

« J'avais envie d'ajouter une corde business development à mon arc. En discutant avec Loic Le Meur, le fondateur du salon LeWeb, il m'a proposé de m'occuper du développement B2B de sa start-up en Europe. Seesmic avait un bon produit mais ça n'a pas marché car je devais m'adresser à des directeurs commerciaux, ça n'était pas évident », rappelle Cédric Giorgi, qui quitte Seesmic après onze mois.

Pas de regrets, le « monde des cravates », ce n'est pas sa tasse de thé. Ce doit être l'air vivifiant de la baie de San Francisco qui l'inspire, où l'entrepreneur se rend une troisième fois. Il en revient avec un concept, son concept, celui au cœur de Cookening. « Manger chez l'habitant, ça n'existait pas et en plus je venais de partir de Seesmic, c'était un signe, il fallait faire quelque chose », résume Cédric Giorgi.

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Une idée, mais pas d'équipe. Après avoir épuisé son premier cercle de connaissances, toujours rien. Six critères vont présider à sa quête - ce qu'il inculquera ensuite en tant que mentor au Camping, l'accélérateur de start-up : une disponibilité immédiate, l'envie d'entreprendre, des compétences complémentaires, une compatibilité humaine, un intérêt pour l'écosystème et un attrait pour l'idée.

Pendant qu'il cherche ses compagnons de route, Cédric Giorgi ne touche pas au projet. « J'ai accumulé des tonnes de notes mais je voulais qu'on débute ensemble, pour qu'ils s'accaparent le projet », question de principe. Julien Pelletier, le chef produit et Sébastien Guignot, le directeur technique finissent par rejoindre l'équipe. L'un par jeu de connaissances. L'autre en voyant l'annonce sur Twitter.

Nous sommes en février 2012 quand le trio débute le chantier. La société Cookening voit le jour en juillet. Pendant ce temps, Cédric Giorgi invite ses premiers convives à sa table, pour éprouver le concept. « Ma femme a accepté le premier pour me faire plaisir mais ne voulait pas qu'on multiplie la chose. Finalement, on en a accueillis une vingtaine », sourit l'entrepreneur, satisfait de ses expériences.

En novembre 2012, Cookening s'ouvre aux convives, avec la sortie d'une version bêta. Comme le service vise tout d'abord les touristes étrangers, le site est d'abord qu'en anglais. « Lorsqu'on développe un produit dans une start-up, on itère beaucoup et on change sans cesse les choses. Rajouter une langue ça rajoute beaucoup de travail, et ça peut faire perdre du temps », conseille Cédric Giorgi.

Pour monter le projet, il a bien fallu des financements. Pas de levée de fonds pour l'instant. Les Assedic pour créateur d'entreprise et des économies personnelles ont permis à l'équipe d'assumer les coûts de développement jusqu'à présent. « Il n'y a pas eu de stress particulier sur ce plan, même si j'ai dû réaliser des missions comme participer à l'organisation de LeWeb pour aider au financement », confie-t-il.

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Alors bien sûr, développer le projet demandera des fonds. Cookening vise une levée de 200 000 à 300 000 euros d'ici la fin de l'année. « Mais nous voulons de la smart money, c'est-à-dire un apport d'expérience et de valeur en plus des capitaux, c'est important pour une start-up », tient à préciser l'entrepreneur. « Je détaille beaucoup les choses mais j'aime raconter tout cela car moi-même je me nourrissait du parcours d'entrepreneurs quand j'étais plus jeune », se souvient Cédric Giorgi.

Et maintenant ? Eh bien le service est ouvert. Côté hôte, c'est simple : on crée un profil de table, on détermine le format d'accueil (dîner, brunch...), on photographie les plats, le lieu, on fixe les contributions et on publie l'annonce. Pour étayer le tout, Cookening leur demande leur rapport à la gastronomie, s'ils ont déjà voyagé... L'objectif : donner envie à l'invité et établir un lien de confiance. Quant au bénéfice escompté, il approche les 150 euros par mois au rythme d'un repas par semaine.

Côté invité, il faut renseigner son profil puis prendre contact avec l'hôte désiré. Le paiement est géré par Mangopay, la solution de paiement pour les places de marché lancée en avril par Leetchi. Aucune somme ne passe par Cookening qui ne fait que prélever une commission au passage, ce qui constitue son modèle économique. Le taux retenu est de 16,7% retenu sur le prix final de l'invité, et non de l'hôte.

Cédric Giorgi et sa « Brigade Cookening » rencontrent sans cesse la communauté, histoire de sonder le marché. Ils voyagent, s'attablent, goûtent, évaluent. « C'est essentiel de rester au contact pour toujours améliorer le produit », confie l'entrepreneur. Pour l'instant, le service compte 2 500 inscrits et 40 tables, dont autant en préparation. La couverture médiatique devrait l'aider un peu : même la BBC en a parlé.

Quand on le questionne sur l'avenir de son Airbnb de la gastronomie, il répond justement qu'il est en discussions avec le bureau français du site de réservation de logements. Cédric Giorgi est rassuré sur l'avenir de son bébé. En parallèle, le jeune papa depuis une semaine a d'autres occupations.
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