Green IT : "On n'est plus dans le mythe"

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L'ordinateur bio d'Ashelvea.
Réunis au cours d'une table ronde ce jeudi à Paris par l'agence de communication Amezis, plusieurs acteurs du green IT ont pu partager leurs points de vue sur l'industrie. Plus tout à fait naissante, mais pas encore totalement mature, le marché de l'informatique verte a pour autant déjà des acteurs innovants... Mais qui avouent souvent devoir faire appel au porte-monnaie pour convaincre les grandes entreprises.

Car comme le rappelle Pierre Duchesne, PDG d'Avob, qui fournit des solutions logicielles de gestion de l'énergie utilisée par les parcs informatiques, « il y a encore quatre ans, quand on allait voir un constructeur dans une grande entreprise pour lui expliquer comment nous gérons l'utilisation d'électricité en abaissant la puissance à celle utilisée par les programmes, il nous rappelait systématiquement que son problème, c'était d'augmenter la puissance. » Un raisonnement fidèle aux conjectures de Moore, dont l'une des versions veut que la puissance de calcul double tous les deux ans. « Sauf que M. Moore n'a pas pris en compte à l'époque la courbe énergétique. Et celle-ci vient couper la courbe de Moore, qui devra bien plafonner quand il n'y aura pas plus d'énergie disponible. »

Certaines entreprises semblent l'avoir compris, qui tentent par tous les moyens de réduire leur facture énergétique. TF1, présent à la table ronde par la voix du directeur adjoint DSCI, Thierry Michalak, a mis en place des routines pour couper automatiquement les ordinateurs de ses collaborateurs le soir. « Nous nous sommes rendus compte que si beaucoup de gens ne le faisaient pas d'eux-même, c'est parce que le système est long à démarrer. Le matin, même s'ils vont prendre un café ensuite, ils veulent tout de suite vérifier leurs emails. Nous avons donc inclus ce paramètre dans nos routines, pour redémarrer l'ordinateur avant l'arrivée des collaborateurs le matin. »

Et dans la prise en compte de l'impact environnemental des entreprises, et plus particulièrement des parcs informatiques, TF1 veut faire figure de pionnier. « Nous avons réalisé notre premier bilan carbone en 2006, alors que personne n'en parlait, » précise Thierry Michalak. Reste que l'informatique « n'est pas le poste le plus important en terme de coûts ou d'empreinte environnementale dans les entreprises. » Et que les matériels informatiques ne sont souvent pas très écologiques, comme en témoigne Hugo Sossah, Directeur général d'Ashelvea, spécialiste de la gestion des ordinateurs et de leur recyclage pendant toute leur durée de vie. Ashelvea suit ses machines dans les entreprises, les recycle dans des associations, puis assure le recyclage. L'entreprise a développé des boîtiers en amidon de maïs, qui sont « 100% biodégradables. Il faut six mois pour en faire du compost une fois enterrés. » Mais pour Ashelvea non plus, la prospection n'est pas un long fleuve tranquille. « Si on n'est pas associé avec des distributeurs qui ont une assise, c'est compliqué. C'est très long. »

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Avob propose des solutions green IT.


Très long, et progressif. Pour Marc Gourlan, du groupe de distribution LNA, nous devons adopter une démarche progressive. « On doit d'abord mesurer l'efficacité des solutions existantes en entreprise, superviser, puis agir, en proposant des systèmes dynamiques du type Avob. » Son confrère de LNA, Thierry Martin, ne dit pas autre chose, qui considère même que dans ce domaine, « l'Etat va être un peu plus en avance que le privé. Les collectivités locales ont un outil, les appels d'offre, qui prennent en compte parfois jusqu'à 10% l'empreinte environnementale dans la note finale. »

Une situation qui serait en train de changer, toutefois, car l'effet green IT ne relèverait plus autant de la communication pure qu'avant. « Les choses sont en train de changer, » estime Pierre Duchesne. « On trouve de plus en plus de DSI qui prennent en compte le problème, voire de responsables Green IT qui ont un rôle transverse dans leur entreprise. Il y en a de plus en plus dans les entreprises du CAC, notamment. » Un blocage existe néanmoins toujours dans les entreprises, qui sont plus faciles à convaincre par l'argument économique. « Je me suis rendu compte que je pouvais faire 80 000 euros d'économies annuelles si j'éteignais les ordinateurs de TF1 la nuit, » explique Thierry Michalak. Dans tous les cas, Marc Gourlan l'assure et tous en sont convaincus : « Le green IT n'est pas qu'un mot désormais. On n'est plus dans le mythe. On est dans la réalité. »
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