Amazon, subventionné par l'État, critiqué par les concurrents

28 novembre 2012 à 18h34
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Aidé par des fonds publics français dans l'installation de ses centres logistiques dans le pays, Amazon crée la polémique, alors que la société s'affiche en forte croissance, et échappe à l'impôt en Europe.

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On apprenait, jeudi 22 novembre, que le géant du e-commerce américain, Amazon, s'apprêtait à ouvrir un quatrième centre logistique en France d'ici le début de l'année 2013. Situé dans le Nord-Pas-de-Calais, dans les alentours de la ville de Douai, ce centre de 100 000 mètres carrés conduira à la création d'un millier d'emploi. Ce qui était parti pour être une bonne nouvelle s'est accompagné de critiques de la part de la concurrence, portant notamment sur le financement de ce chantier.

En première ligne, le p-dg de la Fnac, Alexandre Bombard, y voit une percée supplémentaire de l'ennemi américain sur ses terres. Dans un entretien à l'agence Sipa, il dénonce les subventions de l'État français dont jouit Amazon ainsi que les pratiques de la société pour échapper à l'impôt dans le pays - Amazon Europe facture ses ventes depuis le Luxembourg, où la TVA y est plus faible.

À l'occasion de l'inauguration du troisième centre logistique d'Amazon en Bourgogne, en juin dernier, le fondateur de Materiel.net, Jean-Philippe Fleury s'interrogeait sur la question. Pourquoi accorder une subvention à un groupe qui a réalisé 8 milliards de dollars de chiffre d'affaires au dernier trimestre, qui plus est, en augmentation annuelle de 27% ? « Ça existe, alors pourquoi se gêner », jugeait le p-dg de Materiel.net. Après tout, Amazon agit dans la légalité. Lui, jette plutôt la pierre sur la législation.

Pour lui, « Amazon n'a pas besoin de ces subventions ». Il pointait du doigt dans le même temps le rachat de Kiva Systems, en mars, ce spécialiste de la robotique utilisée en logistique. Amazon dit déjà utiliser des robots dans ses centres pour améliorer sa réactivité. Pour l'heure, il n'en n'est pas question en France, puisque l'américain y a créé des emplois. Et puis, l'accès à ces financements est conditionné à la création d'emploi - environ 1 000 à 2 000 euros par poste créé.

Une subvention de 1,25 million d'euros en Bourgogne

« Ne ferait-on pas mieux de travailler à créer un contexte plus favorable aux millions d'entreprises françaises qui continuent de payer leurs impôts en France, se féliciter d'avoir des champions nationaux », s'interrogeait-il encore. Avant de déplorer : « Nous aussi, nous avons une équipe, jeune et très motivée. Nous aussi, nous aimerions qu'une crèche collective soit créée pour les entreprises de la zone d'activité où nous sommes implantés. Cela fait des années que nous le demandons. »

D'après Sipa, Amazon sera aidé sur son nouveau site par Nord France investissement, l'organisme chargé d'aider l'installation d'entreprises étrangères dans le département. Pour le site bourguignon, la création de 250 emplois à durée indéterminée vaudra à l'américain une aide de 1,25 million d'euros, accordée par le conseil régional de Bourgogne et le département de Saône-et-Loire.

Dans le même temps, on apprend qu'Amazon a dû révéler l'ampleur de ses « cachoteries » en Grande Bretagne, suite à une enquête du Parlement. La société a déclaré en 2011, selon The Independant, 207 millions de livres de chiffre d'affaires alors que le vrai montant était plutôt de 2,9 milliards. Résultat : Amazon a payé 2,3 millions de livres d'impôts pour la période. Côté français, rappelons que l'américain s'est récemment vu réclamer 200 millions d'euros d'arriérés par le fisc.

Rappelons qu'à l'occasion de l'installation d'Amazon en Bourgogne, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a salué la venue de l'américain. Pourtant, la question de l'évasion fiscale n'est pas étrangère au ministre, auteur d'un rapport sur la question dans les années 2000. Le cabinet du ministre avait alors expliqué à Rue89 : « Le gouvernement va se saisir de ce problème, qui dépasse largement Amazon. La règle est que la richesse produite en France soit taxée en France. »

Jean-Philippe Fleury, pour sa part, se désolait ainsi que les acteurs nationaux ne soient pas davantage éligibles aux aides publiques : « Materiel.net, ce sont aujourd'hui 200 collaborateurs, près d'un million de clients satisfaits, plusieurs dizaines de millions d'euros d'impôts (sans optimisation), taxes et investissements depuis 10 ans... Et zéro euro d'aide. »
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