Critique | Freaks Out : l'Italie fait son super cirque

02 avril 2022 à 14h12
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Freaks Out © Metropolitan Films

Initialement présenté en compétition officielle de la Mostra de Venise en 2021, le film italo-belge Freaks Out est enfin dans nos salles. Et comme vous allez le voir dans cette critique, l'attente valait le coup ! En tout cas si le mélange des genres historique et fantastique vous branche.

Freaks Out
  • Vous aimez les groupes de personnages cassés
  • La Seconde Guerre mondiale vue autrement vous intéresse
  • Vous voulez du dépaysement dans les yeux et les oreilles
  • La Seconde Guerre mondiale et sa violence, c'est non
  • De l'italien pendant plus de 2h c'est compliqué
  • Du fantastique dans votre drame historique ? Et puis quoi encore ?

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique du film :

Fiche technique Freaks Out

Résumé

Informations

Titre original
Freaks Out
Date de sortie
30 mars 2022
Durée du film
2h21
Réalisateur
Gabriele Mainetti
Société(s) de production
Goon Films, Lucky Red, Rai Cinema
Genre cinématographique
Fantastique, Aventure, Drama
Classification
Interdit aux moins de 12 ans

Freaks Out of the box

Nous sommes à Rome, en 1943, sous occupation nazie. La ville héberge le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario, des phénomènes de foire. Alors qu'il tente d'organiser leur fuite vers les Etats-Unis, le propriétaire et meneur de cette petite famille, Israel, disparaît. Sans foyer ni protection, menacés dans un monde en guerre qui ne veut pas d'eux, les quatre « monstres » vont tenter de survivre.

À l'heure où de nombreux spectateurs en ont assez des films de super héros, et que le filon de la Seconde Guerre mondiale semble épuisé jusqu'à la corde depuis des années, sur le papier Freaks Out avait tout pour se planter. Mais c'était sans compter sur le réalisateur Gabriele Mainetti (On l'appelle Jeeg Robot).

Freaks Out © Metropolitan Films

Car son film va bien plus loin que ce que nous redoutions. Il ne s'agit pas d'une simple course poursuite en Italie entre des nazis et des héros déformés dotés de pouvoirs. Le parcours, à la fois physique et mental, de chaque protagoniste loin des standards habituels est riche, y compris du côté de l'antagoniste principal aux caractéristiques étonnantes que nous nous garderons bien de divulgâcher.

« Freaks Out va bien plus loin sur le fond et la forme que le film super héroïque lambda »

La plupart de nos héros ont d'ailleurs des réflexions et comportements pas toujours « dignes » de ce que l'on peut attendre d'eux. Bien que qualifiés de monstres, Cencio, Fulvio et Mario sont avant tout humains, avec tous les défauts qui peuvent aller avec. Seule la jeune et douce Matilde tente de garder le cap, mais Freaks Out est tout sauf un film lisse et aseptisé.

Freaks Out © Metropolitan Films

Même si les nazis demeurent évidemment les vrais monstres inhumains ici, entre meurtres, rafles, viols et autres joyeusetés, le long-métrage évite de se montrer trop manichéen du côté des opprimés. Ces derniers n'hésitent notamment pas à tuer ou à faire ce qu'il faut pour survivre. Exit les héros au bon cœur qui se sacrifient et sauvent la veuve et l'orphelin par bonté, la priorité ici est de sauver sa propre peau.

Monstres et gros nazis

Étant donné son contexte historique difficile le film ne s'adressera pas à tous. De sa mémorable introduction à son final musclé, personne n'y va de main morte : les morts sont nombreuses et parfois graphiques.

Freaks Out © Metropolitan Films

Il est d'ailleurs « plaisant » de voir ce conflit depuis un angle et un pays un peu différent de d'habitude. Si on aurait peut-être apprécié un peu plus de contexte historique pour replacer plus exactement la situation de l'Italie et des italiens tiraillés à ce moment du conflit dominé par le nazisme et le fascisme, reste que le dépaysement demeure et que le choix de proposer un film qui parle plusieurs langues (italien, allemand…) était le bon.

Tout dans le film est d'ailleurs parfaitement soigné sur la forme, et rappelle même par moments le cinéma de Guillermo del Toro. Le casting est impeccable (notamment la jeune et émouvante Aurora Giovinazzo et l'angoissant Franz Rogowski), la musique – que vous êtes peut-être en train d'écouter – signée Michele Braga et Gabriele Mainetti se fait souvent remarquer, et la réalisation et la photo, sans oublier les costumes et décors, ne sont pas en reste. Certains plans et scènes tirent même des expressions d'approbation satisfaite sur le visage.

Freaks Out © Metropolitan Films

Les 4 gymnastiques

L'écriture est également soignée et crédible, tandis que la narration se montre assez fine en sous-entendant parfaitement par la mise en scène certains points sans avoir besoin de les expliciter. On regrettera peut-être une ou deux facilités scénaristiques pour faire avancer certaines actions plus rapidement, mais difficile de faire autrement. Quelques petites pointes d'humour sont également les bienvenues de temps à autre pour alléger un peu l'ambiance aussi réussie que pesante de l'œuvre.

Freaks Out © Metropolitan Films

En revanche, et c'est véritablement dommage, Freaks Out trébuche un peu dans son dernier acte. Relativement « réaliste », sobre et teinté de réflexions jusqu'ici, le film veut en faire un peu trop pour se conclure avec la manière et perd un peu de son identité en route. Plusieurs scènes et situations font tiquer, et, un peu à l'image de l'antagoniste principal, l'action perd le contrôle et part dans la surenchère.

Le résultat n'est pas mauvais, loin de là, car les effets visuels et spéciaux sont solides, mais le résultat donne un peu l'impression de retomber dans un film de super héros lambda où le dernier quart doit forcément en mettre plein la vue. Heureusement, non seulement la mort de nombreux nazis à cette occasion est forcément une occasion de se réjouir, mais surtout cette destination finale n'empêche pas d'apprécier tout le trajet parcouru, à la fois par les protagonistes et par le spectateur.

Freaks Out © Metropolitan Films
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Il serait simple de résumer Freaks Out à "un film de super héros durant la Seconde Guerre mondiale". Et faux. Car si le long-métrage se centre bien sur un groupe de personnages dotés de pouvoirs, celui-ci va bien plus loin sur le fond et la forme que le film super héroïque lambda. On regrettera juste un dernier acte qui se perd un peu et lui coûte un point à la note finale, mais qui n'empêche heureusement pas d'apprécier le voyage aux côtés de Matilde, Fulvio, Cencio et Mario.

Cette œuvre est pour vous si

  • Vous aimez les groupes de personnages cassés
  • La Seconde Guerre mondiale vue autrement vous intéresse
  • Vous voulez du dépaysement dans les yeux et les oreilles

Cette œuvre n'est pas pour vous si

  • La Seconde Guerre mondiale et sa violence, c'est non
  • De l'italien pendant plus de 2h c'est compliqué
  • Du fantastique dans votre drame historique ? Et puis quoi encore ?

Freaks Out est proposé en salles depuis le 30 mars 2022.

Antoine Roche

Journaliste spé culture pop (séries/ciné/JV), technologie (SVoD, OS, apps…) et jeux de mots douteux. Pas forcément dans cet ordre.

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Commentaires (1)

Bombing_Basta
Les freaks shows ont « acceuillis » d’autres « freaks » à une époque :<br /> ARTE<br /> Sauvages, au coeur des zoos humains - Regarder le documentaire complet | ARTE<br /> Pendant plus d'un siècle, les grandes puissances colonisatrices ont exhibé comme des bêtes sauvages des êtres humains arrachés à leur terre natale. Retracée dans ce passionnant documentaire, cette "pratique" a servi bien des intérêts.<br />
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