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Si-Mohamed Said, SAP France : "RFID est une révolution tant technologique qu'organisationnelle"

23 janvier 2004 à 00h00
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JB - Si-Mohamed Said, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours ?

SMS - Bonjour. J'ai une double formation avec d'une part un diplôme d'école de commerce  (spécialisation en supply chain management)  et d'autre part une formation en informatique. Après un passage chez Air France Industries où j'ai travaillé sur un  nouveau système d'information permettant de mesurer  la performance  clients et fournisseurs et où j'ai découvert l'univers du SCM (supply chain management), j'ai rejoins l'ASLOG, l'association française pour la logistique, où j'ai eu un rôle de conseiller technique. Après un passage au sein du cabinet CXP, où j'ai occupé un poste d'analyste en charge de l'ERP, du SCM et du e-business (e-procurement et place de marché), j'ai rejoins la société France en tant que responsable marketing et où je m'occupe du SCM et du SRM.

JB - Après des années de R&D, le RFID arrive enfin dans les entrepôts. Peut-on parler de révolution pour la chaîne logistique ?

SMS - Je pense effectivement que c'est une révolution tant technologique qu'organisationnelle. Sur le plan technologique, la RFID complète les technologies d'identification automatique ,  comme les codes barre ou la carte magnétique , avec la technologie électromagnétique. Ces étiquettes électroniques peuvent être associées à n'importe quel objet (colis, carte, véhicule, animal, clefs...), se composent d'une puce, dotée d'une capacité d'écriture, et d'une antenne permettant l'échange de données avec un lecteur dans un rayon variant de quelques centimètres à quelques mètres.

Mais au-delà de la révolution technologique, la RFID constitue également une révolution organisationnelle car cette technologie permet  de gérer en temps réel les aléas de la supply chain. Si on fait un bref historique du  SCM, on se rend compte que les premiers projets traitaient de problèmes d'intégration. Il fallait passer d'une organisation en silos  où chaque département de l'entreprise avait ses propres  objectifs à une organisation par processus (achat, production, etc.. ) avec comme principal objectif la satisfaction du client.  Ces années furent marquées par le développement des ERP. Par la suite, les entreprises ont  souhaité  intégrer  davantage à leur système d'information leurs fournisseurs et leurs clients. La notion d'entreprise étendue  s'est traduite par l'apparition d'applications de SCM comme les APS  visant à optimiser la chaîne d'approvisionnement en réduisant coûts et délais.

Après la planification, l'exécution ou encore la collaboration, la quatrième évolution est sans doute celle de la supply chain adaptative grâce à l'arrivée de la RFID  et des solutions de Supply Chain Event Management (SCEM).  Gérer les aléas de la SCM (panne machine, grève, accident, etc...), alerter en temps réel le gestionnaire en cas d'incident afin qu'il puisse anticiper et se réorganiser immédiatement , automatiser les processus ... voilà quelques exemples des champs d'application possibles aujourd'hui proposé aux logisticiens.

JB - SAP est le numéro un mondial des progiciels de gestion. Quel impact auront ces étiquettes intelligentes sur le système d'information de l'entreprise ?

SMS - SAP fournit effectivement des solutions d'entreprises  qui visent à améliorer l'efficacité opérationnelle de l'entreprise, le pilotage et la collaboration. En 2000, nous avons annoncé un nouvel outil de gestion évènementielle de la chaîne logistique (SCEM) qui prend  désormais tout son sens avec l'apparition de la RFID. L'idée est de concilier en temps réel la gestion des flux physiques du monde réel avec les flux de données virtuels associés. De fait, l'Entreprise a besoin d'identifier ses produits et les mouvements associés dans son système d'information.

SAP propose à ses clients un package intégrant d'une part une nouvelle solution d'intégration de la technologie RFID SAP Auto-ID infrastructure, couche middleware permettant de lire les informations de la puce RFID et de les intégrer à des outils tels que les ERP ou les outils de SCM ; d'autre part SAP  Event  Management ; un outil de gestion des évènement et de traçabilité ; SAP  Enterprise  Portal, solution de portail d'entreprise ; l'ensemble s'appuyant sur le serveur d'application SAP Web Application Server de la plate-forme technologique SAP Netweaver. Cette solution a déjà été déployée en pilote chez des clients comme MetrO ou Procter &Gamble.

JB - Justement, SAP est partenaire du groupe de distribution Métro dans le déploiement de son intiative Magasin du Futur . Quels ont été les enseignements de ce projet ?

SMS - Le groupe Métro est à l'origine de l'une des premières initiatives européennes en matière d'utilisation de la technologie RFID à échelle réelle. Le premier magasin pilote, basé près de Düsseldorf en Allemagne , a été inauguré en avril 2003 . Ce test s'effectue avec des fournisseurs comme Kraft (produits alimentaires), Gillette (lames de rasoir) ou encore Procter & Gamble (produits d'entretien)  qui ont intégré la puce au niveau du produit. Cette première expérimentation est un succès puisque Métro a annoncé cette semaine le déploiement prochain de cette solution dans ses 250 magasins et dans ses 10 plate-forme de distribution à travers l'Europe.

Au niveau du magasin, la technologie RFID permet un inventaire en temps réel ,  évite les ruptures de stock  et assure une traçabilité totale sur toute la chaîne . Pour les fournisseurs, elle permet  notamment de réaliser des gains de productivité importants sur les activités logistiques (réception, préparation de commandes, expédition  ...).  La  RFID permet par exemple le scanning de masse de produits , via un portique. Un de nos clients a calculé que grâce à la RFID, il économisait 10 minutes dans la phase de contrôle de l'expédition. Sur une base de 15 camions par jour et par entrepôt, l'économie se chiffre en dizaine de milliers d'euros par an, sans parler des gains en qualité.

De nombreux industriels étudient la technologie RFID mais il existe encore des contraintes d'utilisation comme le contact de la puce avec des métaux qui créent des interférences.  Il reste surtout un problème tarifaire  puisqu' une étiquette RFID a un coût unitaire allant d'un euro à dix centimes d'euros ce qui ne l'a rend compétitive qu'au niveau des palettes et pas encore  au niveau même du produit. A court terme, la  RFID  aura des applications concrètes pour lutter contre les vols , la contrefaçon et surtout pour assurer une meilleure traçabilité des produits.

JB - Les solutions technologiques développées pour ce projet ont-elles désormais valeur de standards ?

SMS -  Les standards ne sont pas encore complètement définis mais il est évident que l'initiative de Métro y contribue grandement. SAP et Métro sont d'ailleurs des membres actifs de la structure dédiée à ces travaux, l'EPC Gobal (anciennement baptisée Auto-ID Center ), initiative qui regroupe distributeurs, industriels et éditeurs de logiciels. 

JB - Outre la logistique dans la distribution, quels autres secteurs peuvent adopter le RFID ? Les solutions de paiement ? La sécurité ? (accès...) ? l'e-administration ?

SMS -  Au delà des applications multiples dans le domaine de la supply chain, je cite souvent l'exemple de l'aéroport de Francfort, qui a décidé d'équiper ses 20 000 extincteurs de puces RFID afin d'améliorer les opérations de maintenance et de mieux se conformer à la législation dans ce domaine. Mais la technologie RFID est également étudiée  dans tous les domaines nécessitant de  l'automatisation, de la traçabilité ,  du contrôle d'accès ou de la sécurité  : tri postal, station essence, suivi et tri de bagages, collecte des déchets, suivi des animaux ...

JB - En déployant le RFID aux Etats-Unis, Wal-Mart a été accusé d'être un nouveau Big Brother et la CNIL a l'air suspicieuse. Que peut-on répondre à ce type de craintes ?

SMS - Il y a bien évidemment la possibilité d'avoir une première réponse technique avec l'utilisation de mot de passe ou de cryptage des données. Mais c'est une question très importante et la réponse doit avant tout être éthique  au même titre que pour les problèmes de piratage sur Internet. Il faudra  que l'ensemble de l'industrie s'engage à définir et respecter des chartes  visant à garantir les libertés individuelles. C'est tout l'intérêt là encore de nos travaux dans le cadre de l'EPC Global.

JB - Si-Mohamed Said, je vous remercie.
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