Cécilia DUBOIS : CyberCapital, un fonds dédié à la convergence digitale

15 mai 2001 à 00h00
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Directrice du développement et de la stratégie de CyberCapital, Cécilia DUBOIS présente ce fonds d'amorçage dédié à la convergence digitale.

JB - Cecilia DUBOIS, bonjour. Directrice du développement et de la stratégie de CyberCapital, pouvez vous présenter votre parcours ?

CD - Bonjour. Tout d'abord, je suis néerlandaise et suédoise, ce qui est une exception dans le capital risque français, qui reste un marché assez local. J'ai suivi mes études aux Etats-Unis, en Belgique, en Angleterre puis en France. Après quelques années dans le conseil, j'ai travaillé chez Disney pendant 7 ans avant de rejoindre CyberCapital au poste de directrice de la stratégie et du développement.

J'apporte donc ma vision stratégique et surtout opérationnelle à CyberCapital mais aussi aux sociétés qui composent notre portefeuille. J'étudie aussi entre 5 et 10 dossiers par jour, à la recherche de financements, et je passe du temps auprès des start-up dans lesquelles nous avons investies.

JB - Pouvez vous présenter CyberCapital ? Quelles sont les spécificités de ce fonds ?

CD - CyberCapital est un fonds d'amorçage, à vocation industrielle, crée par Pierre SISSMANN et Dominique BOURSE, deux entrepreneurs issus, tout comme moi, du groupe Disney. Pierre était le Président de The Walt Disney Company EMEA et Dominique a crée Disney Interactive, la division chargée du développement des produits multimédia (CD-Rom, Jeux Vidéo).

Ils ont observé très tôt l'apparition d'internet et ont procédé à quelques investissements dans des start-up, à titre individuel, comme business angels. Puis, en été 1999 ils ont crée avec leurs propres fonds Cyber Capital, une société à vocation industrielle, spécialisée dans les NTIC et la convergence digitale. Après les premiers succès, la Compagnie Financière de Rothschild est rentré dans le capital de la société en juillet 2000

L'expérience Disney nous a appris qu'une même marque peut être déclinée sous la forme de film, de parc à thème, de jeux, de produits dérivés, etc... Nous voulons reproduire ce modèle dans le cadre de la convergence digitale avec l'exploitation d'un même contenu sur le web mais aussi sur la télévision interactive, les assistants personnels, les téléphones mobiles, ou encore d'autres supports.

CyberCapital dispose donc d'une grille d'investissement, répartie entre les contenus (BtoC, BtoB et outils) et les supports de réception du contenu.

JB - Pouvez vous présenter votre portefeuille d'activité ?

CD - Pour les contenus BtoC, nous avons des sociétés comme chapitre.com, premier libraire francophone indépendant de livres, Kazibao portail des 4-14 ans qui bénéficie de notre expérience chez Disney ; N@rt, groupe de media offline et online, spécialisé dans les ventes d'oeuvres d'art ; BeBloom, e-commerce de fleurs ; PlanetDiscount, spécialisé dans la vente de produits informatiques ou encore LoTree, premier site de loterie gratuit sur le web en France.

Pour le BtoB, secteur qui est incontestablement l'avenir d'internet, nous disposons d'investissements au sein de FilmFestival, un site pour les professionnels du Cinéma, LeBonkado.com, spécialisé dans les chèques cadeau pour les salariés, Omniticket Networks deuxième société mondiale spécialiste en système de billetterie et contrôle d'accès

Pour les outils, nous avons investi dans NPTV, une société qui crée des applications pour la télévision interactive pour Canal Satelite, Disney Channel, Bloomberg Europe, CNN, ... ou encore la société 404found, fournisseur de solutions d'affiliation ou de marketing..

Pour la réception de contenu, nous sommes engagés dans Cytale, le fabricant du CyBook, premier terminal de lecture pour les e-books, les livres numériques. Malgré leur petite taille, ils sont à l'origine du standard open e-book.

Nos sociétés sont très souvent numéro 1 ou 2 sur le secteur mais leur budget est divisé par 10 par rapport au premier entrant car ils n'ont pas à investir pour promouvoir le concept. Nous sommes très attentifs à des problématiques comme la réduction des coûts. La trésorerie maîtrisée est bien souvent la clef du succès de nos jours.

JB - A combien s'élève votre fonds ? Peut-on parler de sa rentabilité ?

CD - Nous sommes avant tout un fonds d'amorçage. Nous investissons de 500.000 à 2.000.000 de francs mais notre vocation est plutôt de séduire des investisseurs institutionnels ou des grandes banques. Jusqu'à présent, nous avons investi plus de 30 millions de francs dans 24 sociétés dont 22 sociétés encore dans notre portefeuille. La plupart de ces sociétés se portent bien et seront financées jusqu'à leur point mort.

JB - Les start-up ont du mal à séduire les investisseurs depuis près d'un an. Quelle est votre analyse ?

CD - Il y a eu une frénésie d'investissements qui n'ont pas toujours porté leurs fruits. Aujourd'hui, certains investisseurs font preuve du même excès, dans le sens inverse, en refusant de soutenir des sociétés qui ne sont pourtant plus qu'à quelques mois du point mort. Les choses ne seront donc pas redevenues raisonnables tant que ce genre de comportement existera parmi les investisseurs.

JB - Vous avez pourtant fait partie des investisseurs de Clust.com, pionnier de l'achat groupé, une société victime de ce type de comportement...

CD - CyberCapital était ultra-minoritaire. Joël Palix tenait à ce que nous faisions partie de son capital. Mais nous avons en effet été surpris par le comportement de ses principaux investisseurs au tout démarrage de la société.

JB - Tout comme les start-up, pourrait-il y avoir des fusions parmi les fonds d'investissement ?

CD - Oui, il y aurait en effet de bonne raisons de faire ça parmi les fonds d'investissement qui partagent une vision industrielle et qui disposent de synergies au sein de leurs portefeuilles d'investissement.

JB - Quel regard portez vous sur les business angels ou les incubateurs ?

CD - Cette étape de "smart money" est une étape clef. Il est hélas aujourd'hui pratiquement impossible de lever des fonds mais les BA ou les incubateurs peuvent apporter beaucoup aux start-up en terme de savoir-faire ou de contacts. Pour les incubateurs, je pense qu'il est important, comme dans le cas de parents avec leur enfant, de donner une certaine indépendance à l'entrepreneur, sinon les incubateurs pourront lancer eux mêmes les projets.

JB - Quelle analyse portez vous sur le comportement des marchés financiers depuis 18 mois ?

CD - Comme tout le monde, je dirais que la brutale chute des valorisations était prévisible. Mais cela a eu un impact incroyablement négatif sur le financement des start-up, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis, même si ces dernières étaient en phase avec leur business plan. Cette situation pousse donc les start-up à revenir vers des critères classiques de chiffre d'affaires, de rentabilité et de maîtrise des coûts. Ce mouvement aura néanmoins était bénéfique en redonnant à toute une génération le goût d'entreprendre et en bouleversant les structures très hiérarchisées des sociétés européennes. J'espère juste que le e-krach n'inversera pas cette tendance.

JB - Depuis 10 ans, la bourse a permis de fortes rentabilités pour les fonds d'investissement. Avez vous pris de mauvaises habitudes ?

CD - Comme dans chaque révolution industrielle, il y a un formidable élan qui se normalise par la suite. Nous avons encore de beaux jours devant nous et il y aura encore de nombreuses success stories.

JB - Peut-on établir des similitudes entre votre expérience dans le divertissement chez Disney et la NetEconomie ?

CD - Walt Disney disait :"si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire". L'internet a permis à nouveau ce cocktail de créativité et de gestion rigoureuse. On peut créer de nouveaux produits, de nouvelles façons de travailler, mais à condition de garder une logique industrielle, de réduire les coûts et d'améliorer la chaîne de valeur.

Il y a aussi une analogie entre l'entrepreneur et la star du showbizz. Tout comme en musique, il faut tomber au bon moment, avoir un peu de chance et avoir un certain charisme. Ce n'est pas toujours rationnel.

JB - Quels seront vos prochains investissements ?

CD - Notre grille d'investissement n'est pas remplie. Compte tenu de notre expérience dans le contenu, nous pensons encore investir dans ce secteur. Nous étudierons aussi certainement les synergies avec d'autres fonds. A l'avenir, nous serons très attentifs au haut débit : streaming, télévision interactive, analyse et réception des données...

JB - Cécila DUBOIS, je vous remercie.
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