Nos impressions sur BattleForge : la preview souris en main

En développement depuis plusieurs années, BattleForge a déjà été maintes fois présenté par ses créateurs, les Allemands de Phenomic. Depuis peu, il est cependant possible de tester le titre « en conditions réelles » au travers d'un bêta test qui doit permettre de le peaufiner avant sa sortie le 26 mars prochain. Si tout cela est bien sûr amené à évoluer avec le test complet de BattleForge, nous avons regroupé nos impressions au travers d'une preview que nous complétons par une petite entrevue avec Sebastian Nell, producteur du jeu. Afin de clarifier le concept de son bébé, ce dernier a effectivement fait le voyage jusqu'à Paris il y a une quinzaine de jours.

« It's a kind of Magic »

À l'occasion de la Games Convention, en août dernier, nous avions déjà rédigé une preview destinée à présenter les principes à la base de ce BattleForge. Du coup, nous allons éviter de tout reprendre ici afin de nous focaliser sur les impressions de jeu. La phase de bêta test mise en place par Phenomic permet effectivement de se faire une bonne idée du concept de BattleForge, et ce, même si les choses ne cessent d'évoluer avec de nombreuses mises à jour, de multiples correctifs et diverses solutions aux problèmes rencontrés par les joueurs et à leurs remarques. De base, nous avons accès à pas mal de scénarios permettant de se faire la main en solo, mais aussi de participer à des missions mettant en scène deux, quatre ou même douze joueurs.


En effet, il faut bien comprendre qu'exclusivement jouable en ligne, BattleForge met d'abord l'accent sur le mode dit « joueur contre environnement » (ou JcE / PvE). Il s'agit de jouer contre des créatures contrôlées par une intelligence artificielle dont on peut régler la difficulté sur trois niveaux. Mais là où les choses deviennent vraiment intéressantes, c'est que de nombreux scénarios demandent à plusieurs joueurs de collaborer entre eux. Sur l'écran d'accueil, on décide du scénario auquel on veut participer, on peut discuter avec tous les joueurs connectés à ce qui ressemble au classique lobby des autres titres en ligne et, lorsque suffisamment de joueurs se sont « inscrits » à notre scénario, la partie peut débuter.

Les joueurs doivent évidemment s'entraider pour affronter l'intelligence artificielle, prendre les différents points de contrôle pour finalement remporter le scénario, mais les choses ne sont évidemment pas aussi simples et BattleForge prend des petits airs de MMO puisque chaque participant doit avoir une sorte de « rôle » dans la mission. En effet, afin de mettre toutes les chances de leur côté, les joueurs doivent optimiser autant que possible leur deck et, ainsi, se spécialiser. Sans entrer dans des détails que nous avons déjà évoqués lors de notre précédente preview, le deck est un ensemble de 20 cartes maximum qui définira les possibilités du joueur tout au long du scénario.

Sur l'écran d'accueil, au travers de ce que l'on appelle la Forge, le joueur doit constituer son deck avant le début du scénario. Il doit choisir parmi les cartes qu'il a déjà débloquées celles qui conviendront le mieux au scénario visé, mais également celles qui compléteront le plus efficacement les decks de ses partenaires. L'idée du deck, largement emprunté au fameux Magic : L'Assemblée, permet aux développeurs de réduire au maximum l'aspect gestion de ressources de leur jeu de stratégie temps réel. Il n'est plus question de construire des bâtiments, d'enrôler des paysans pour récolter les ressources et de lancer l'amélioration de telle ou telle unité : tout passe par les cartes du deck.


Certaines permettent d'invoquer des créatures alors que d'autres servent à ériger des tours de défense. Enfin, il existe des cartes pour lancer des sorts. Quatre « écoles » sont disponibles et chacune d'elle représente un style de jeu différent. Le feu est orienté destruction avec de puissantes unités et des sorts capables d'infliger d'impressionnants dommages. La glace en revanche donne accès à des unités très résistantes et des sorts liés à la défense quand la nature se focalise sur les soins. Moins aisément définissable, l'ombre est la quatrième école et se veut plus polyvalente. Reste que du choix des cartes destinées à composer le deck dépendront nos moyens en cours de scénario.

Se pose évidemment la question d'opter pour un deck focalisé sur une école ou au contraire de procéder à quelques mélanges. Il ne faut cependant pas perdre de vue que deux conditions doivent être remplies avant de pouvoir utiliser une carte : avoir de l'énergie en stock et contrôler un certain nombre de monuments. L'énergie se récupère en prenant le contrôle de « points de production » alors que les monuments servent à générer les indispensables orbes. Ces derniers appartiennent à l'une des quatre écoles et c'est à la prise du monument que l'on choisit la nature de son orbe. Si certaines unités se contentent d'un orbe de feu par exemple, d'autres auront besoin de trois orbes de glace plus un quatrième de n'importe quelle nature.

Sur une carte, il n'est bien sûr pas question de trouver des monuments par dizaines et il convient donc de jouer « au plus juste ». Heureusement, il est tout à fait possible de détruire un monument pour le rebâtir et lui attribuer un autre orbe, mais cela n'est pas gratuit et il est préférable d'avoir bien pensé sa stratégie avant de se lancer dans le combat. L'un dans l'autre, on comprend également qu'il n'est pas facile de jouer avec des amis qui disposent d'un deck radicalement différent du nôtre : il sera d'autant plus difficile de réunir les orbes nécessaires à l'invocation des créatures les plus puissantes. Ces dernières sont pourtant la clef, peut-être un peu trop systématique des scénarios de BattleForge.


Si le jeu en équipe est une excellente idée et fonctionne d'ailleurs remarquablement bien, il nous faut effectivement mettre un petit bémol sur la qualité même des scénarios : plaisants à jouer, ils ont toutefois tendance à se transformer un peu trop rapidement en foire d'empoigne où il s'agit principalement d'envoyer un maximum d'unités jusqu'à ce que l'intelligence artificielle abdique. Bien sûr, nous sommes encore très loin d'avoir essayé tous les scénarios, découvert toutes les cartes ou combattu toutes les créatures du jeu et compte tenu du passé de Phenomic nous sommes assez confiants. De plus, à côté du mode JcE se dessine une tendance à laquelle Phenomic compte bien apporter une réponse : le JcJ (joueur contre joueur).

Les développeurs préfèrent toutefois se focaliser actuellement sur le JcE afin de parfaire leur produit avant la sortie du mois de mars. Ils ont également à l'étude de très nombreuses cartes supplémentaires qui sortiront au travers de booster packs quelques semaines après la sortie du jeu de base. Des scénarios supplémentaires sont également à l'étude alors que, malgré la réserve déjà avancée, les mécanismes fonctionnent déjà pas mal du tout. L'absence de gestion des ressources permet de se concentrer sur la gestion des troupes. Il est alors plus évident d'utiliser la capacité spéciale propre à chaque unité, d'exploiter au mieux les différents sorts à notre disposition et, surtout, de mener des attaques conjointes avec les autres joueurs. Si des ajustements nous semblent indispensables, BattleForge semble déjà en bonne voie et nous espérons simplement que le principe des cartes à collectionner ne le transforme pas en « aspirateur à brouzoufs » comme peut l'être le Magic.