FSF : "Linus Torvalds refuse de se pencher sérieusement sur les licences du logiciel libre"

02 octobre 2006 à 00h00
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Le chapitre français de la Fondation pour le logiciel libre réagit à la publication "d'une ode à la GPLv2" par l'informaticien à l'origine du noyau Linux.

NetEco - Quel est le sentiment de la Free Software Foundation France à propos du rejet de la licence publique générale v3 (GPLv3) par Linus Torvalds ?

FSF - Lors du premier brouillon de la GPLv3, Linus Torvalds avait relevé, à juste titre, le manque de clarté des dispositions concernant les DRM (Digital Rights Management).

Encore ne l'avait-il fait qu'indirectement, par le biais d'une interprétation incorrecte. Il s'était ainsi plaint que la GPLv3 l'obligerait à divulguer ses clés de chiffrement. Les imprécisions ayant mené à cette confusion ont été corrigées et le sujet est clos.

Parallèlement, à travers son récent éloge de la GPLv2 (http://lkml.org/lkml/2006/9/24/246), Linus Torvalds montre, et sans doute est-ce l'objectif, qu'il n'entend pas réfléchir au sujet. Il suit son intuition qui lui dit deux choses : Les DRM et les brevets logiciels sont des détails et une licence telle que la GPL ne doit pas se soucier de détails. Sa position est présentée comme un acte de foi et n'est pas ouverte à la discussion.

Or, les années de lutte acharnée qui ont permis de faire interdire le brevet logiciel en Europe montrent à elles seules qu'il ne s'agit pas d'un détail. Malheureusement les Etats Unis, le Japon et d'autres pays dans le monde n'ont pas notre chance : ils autorisent les brevets logiciels et menacent les logiciels libres.

Pour les DRM, la situation est bien pire : Dans le monde entier ces logiciels ont obtenu force de loi et commandent une majorité de citoyens lorsqu'ils écoutent de la musique ou regardent un film.

NetEco - La publication en 2007 de la licence publique générale 3ème version va-t-elle sonner le glas de l'entente entre développeurs du noyau Linux et Fondation pour le logiciel libre ?

FSF - Linus Torvalds n'a pas l'intention de réfléchir à la question, un changement de position semble donc assez improbable. Cependant, je doute que sa décision change quoi que ce soit aux relations qui existent entre les développeurs du noyau Linux et la Fondation pour le logiciel libre.

Ces développeurs utilisent quotidiennement les logiciels de la Fondation pour bâtir le noyau Linux et continueront à le faire. Ils continueront aussi à se tourner vers la Fondation pour obtenir des conseils juridiques lorsque leurs droits sont menacés.

Je tiens aussi à souligner qu'il existe des centaines de développeurs du noyau Linux et que nombre d'entre eux n'ont que des liens épisodiques avec Linus Torvalds.

En aucun cas Linus Torvalds ne dicte aux développeurs du noyau le choix de leur licence. Si demain Linus Torvalds continue à préférer la GPLv2, rien n'empêche les centaines de modules qui se greffent dessus d'utiliser la GPLv3.

En conclusion, nous regrettons que Linus Torvalds refuse de se pencher sérieusement sur la question des licences du logiciel libre. Tout comme nous regrettons qu'il ne se soit pas plus engagé pour lutter contre les brevets logiciels.

Son indifférence sur le sujet des DRM nous prive de l'attrait qu'il exerce sur les médias. Son choix n'introduit pas de rupture, il affaiblira seulement la capacité de Linus Torvalds à faire valoir ses droits dans un environnement juridique de plus en plus complexe.
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