John Marcus Lervik, FAST : "la question est de savoir en combien de temps on peut être partout."

20 janvier 2006 à 00h00
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Co-fondateur et directeur de FAST, John Marcus Lervik partage son expertise en matière de moteurs de recherche sur le web et en entreprise

JB - John Marcus Lervik, bonjour. Quand on voit le succès commercial de Google ou avec les liens sponsorisés, regrettez vous d'avoir vendu votre moteur de recherche "AlltheWeb" à Overture en 2003 ?



JML - Non. Des milliers de sociétés ont voulu devenir des portails mais seuls Google, Yahoo ou MSN ont réussi. Depuis 1998, FAST reste fidèle à sa stratégie consistant à développer la meilleure technologie de recherche pour nos clients, qu'il s'agisse de médias, de marchands ou d'entreprises.

JB - Comment se répartit votre chiffre d'affaires, quel segment progresse le plus vite ?

JML - Notre chiffre d'affaires est équilibré entre les clients qui utilisent notre technologie pour leur site web et ceux l'exploitant pour leur système d'information. Dans les deux cas, la croissance est de près de 60 % par an et FAST est l'une des sociétés technologiques européennes avec la plus forte croissance.

JB - Pourquoi les entreprises retiennent votre technologie pour leur système d'information ?

JML - Jusqu'à présent, le marché était scindé entre des progiciels pour gérer une information très structurées, stockée dans des bases de données, et de l'information non structurée, accessible avec des moteurs de recherche de première génération. FAST est la seule technologie à prendre en compte ces deux problématiques en permettant à ses utilisateurs de rechercher et de retrouver l'information, quelle que soit sa forme.

Que l'information soit dans une messagerie, un logiciel documentaire, un progiciel de gestion, une application de gestion de la relation client ou une base de données, FAST l'extrait, l'indexe et la rend accessible à ses utilisateurs.

Avec la version 5 de notre plate-forme, nous avons particulièrement mis l'accent sur l'analyse sémantique pour apporter toujours plus de pertinence à nos utilisateurs et non un simple listing de réponses approximatives.

JB - Et les gains de productivité sont au rendez vous ?

JML - Au-delà de la réduction des coûts en matériel ou en maintenance, nous faisons gagner beaucoup de temps à nos utilisateurs car ils font tout simplement moins de requêtes pour retrouver l'information qu'ils cherchent. Nous offrons également au entreprises la possibilité de suivre les recherches de leurs salariés afin de mieux comprendre leurs besoins et gagner à nouveau en réactivité.

JB - La recherche n'est elle qu'une brique d'un marché plus vaste de la gestion de contenu en entreprise ?

JML - C'est ce qu'affirmaient certains analystes il y a quelques années mais nous avons plutôt observé l'inverse. Ce sont les moteurs de recherche qui tirent tout le marché de la gestion de contenu et FAST ajoute régulièrement de nouvelles applications d'analyse, de partage ou d'alerte sur les contenus. Nous proposons par exemple de plus en plus de fonctionnalités de push, qui font ressembler notre moteur de recherche à un portail d'entreprise. Par contre, je ne pense pas que nous irons sur des marchés comme la messagerie ou le groupware.

JB - Après avoir massivement investi dans les progiciels de gestion, les sociétés sont prêtes à faire de même dans la gestion de contenu ?

JML - Les entreprises ont beaucoup investi dans le stockage ou la gestion de l'information au cours des 20 dernières années mais la bonne nouvelle est que les coûts d'un moteur de recherche sont beaucoup plus bas que ceux d'un ERP tout en créant beaucoup de valeur pour l'organisation.

JB - La recherche en entreprise intéresse des groupes informatiques comme ou Microsoft mais également des acteurs de l'internet comme Google. Quel regard portez vous sur ces concurrents potentiels ?

JML - Google est un média. Ses technologies sont satisfaisantes pour les internautes et éventuellement pour des petites entreprises avec des besoins limités ce qui ouvre le marché. Mais une fois que l'entreprise voudra une application plus complète, nous pensons qu'elle se tournera vers une entreprise comme FAST.

Pour Microsoft ou IBM, cela fait des années qu'ils vendent des moteurs de recherche mais nous pensons que pour eux, ces applications ne sont que des produits d'appel pour vendre des logiciels d'infrastructure ou des bases de données. Si le client veut justement éviter d'investir dans une grosse infrastructure grâce à un moteur de recherche, il ferait mieux de directement venir rencontrer nos équipes.

JB - La domination américaine dans la recherche en ligne pousse des pays européens comme la France et l'Allemagne à investir dans leur propre moteur : Quaero. En tant que société norvégienne, quel regard portez vous sur cette initiative ?

JML - Je peux comprendre le soucis de ces dirigeants d'une domination américaine dans un domaine aussi stratégique que la recherche ou l'accès au savoir. Mais au-delà du risque d'une dérive bureaucratique, un tel projet ne doit pas se limiter à la technologie ou à une accumulation d'ingénieurs. Ce qui compte, c'est la vitesse d'exécution et la satisfaction de l'utilisateur. Ce sont ces valeurs qui font la force de sociétés comme FAST ou des grands moteurs de recherche américains.

JB - Craignez vous que Quaero donne un avantage à Exalead, l'un de vos concurrents sur le marché de la recherche en entreprise ?

JML - C'est une belle équipe avec une belle technologie mais je ne pense pas que l'injection de fonds publics leur donnera une véritable avance sur un marché où les priorités sont d'aller vite et de satisfaire les utilisateurs. Dû à sa taille réduite, une entreprise comme Exalead perdrait de vue des objectifs primordiaux car toutes les ressources préalablement dédiées à la R&D et aux produits seraient 100% accaparées pour le projet Quaero. FAST a déjà réalisé plusieurs projets privés de type "Quaero" pour Italia Telecom avec le portail de recherche Virgilio.it, ou pour Sensis en Australie avec le site de recherche Sensis.co.au ou récemment pour AYNA en Arabie Saoudite (portail de recherche du Web arabophone). Tous ces projets sont de grands succès et, grâce à FAST, combattent très efficacement la domination de Google.

C'est peut-être une vision scandinave mais la question n'est plus de savoir d'où nous venons mais plutôt de savoir en combien de temps on peut être partout.

JB - John Marcus Lervik, je vous remercie.
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