Pour les applications de rencontres, la vie privée n'existe pas, et la géolocalisation joue des tours aux utilisateurs

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
05 avril 2024 à 20h42
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Une jeune fille en train d'utiliser son smartphone © CarlosBarquero / Shutterstock
Une jeune fille en train d'utiliser son smartphone © CarlosBarquero / Shutterstock

Si elles offrent une proximité séduisant, les applications de rencontrent cachent de sérieux risques pour la vie privée. Un concept qui peut presque relever de l'illusion.

La relation démarre peut-être à distance, mais dans l'univers des rencontres en ligne, la proximité géographique est devenue un critère de plus en plus important. Les utilisateurs peuvent, grâce aux données de localisation, identifier de potentiels partenaires à quelques kilomètres ou centaines de mètres de chez eux. Mais, et c'est un peu le revers de la médaille, la fonctionnalité présente des risques pour la vie privée mais aussi pour la sécurité des membres des applications de rencontres.

Même si des mesures de protection existent, les utilisateurs d'applis de rencontres restent sujets à la trilatération

Pour mettre en relation les utilisateurs, les applications de rencontres reposent sur la géolocalisation. La pratique expose les utilisateurs à des risques de sécurité, citons par exemple la trilatération. Cette technique permet de déterminer la position exacte d'une personne en analysant les données de localisation de différentes sources. Autrement dit, on se base sur les coordonnées de plusieurs points et sur la distance qui les sépare.

Des individus malintentionnés peuvent exploiter ces informations pour tracer les utilisateurs et suivre leurs déplacements. Les membres inscrits sont alors sous la menace, que ce soit en ce qui concerne leur vie privée ou leur intégrité physique. Il faut tout de même que les individus en question disposent de certaines compétences techniques, comme la trilatération.

Les développeurs d'applications de ce type ont bien pris des mesures pour protéger les données de géolocalisation des utilisateurs. On peut évoquer l'approximation des coordonnées géographiques, la modification aléatoire des distances affichées, ainsi que la possibilité pour les utilisateurs de masquer leur positon exacte. Mais toutes ces précautions ne suffisent pas à colmater les brèches.

Calculer la distance entre différents utilisateurs est possible

Une analyse de deux applications de rencontres populaires révèle des pratiques assez divergentes en matière de sécurité de la géolocalisation. La première utilise un système de codage (sous la forme d'un geohash à 12 chiffres) pour réduire la précision de la localisation en arrondissant les coordonnées géographiques à la troisième décimale.

La seconde, Hornet, envoie des coordonnées précises au serveur. Elle s'en défend en expliquant protéger les positions des utilisateurs grâce au caractère aléatoire de la distance affichée dans l'application. Selon l'application, cela empêche de déterminer l'emplacement exact. Il est néanmoins possible de désactiver la fonction de localisation depuis son profil. Notons que c'est en grande partie grâce aux experts cyber de Check Point Research que l'application a ajouté cette fonctionnalité.

À gauche, l'utilisation des distances pour déterminer les coordonnées inconnues d'un point d'intérêt ; à droite, la réduction de la précision de la localisation lorsque les coordonnées sont arrondies à trois décimales © Check Point Research
À gauche, l'utilisation des distances pour déterminer les coordonnées inconnues d'un point d'intérêt ; à droite, la réduction de la précision de la localisation lorsque les coordonnées sont arrondies à trois décimales © Check Point Research

Check Point montre que sur l'appli Hornet, si deux utilisateurs bien positionnés dans les résultats de recherche de l'appli acceptent de partager leur localisation, et que l'utilisateur cible se situe entre eux dans ces résultats, on peut carrément faire une estimation de la distance par rapport à l'utilisateur cible, en calculant la moyenne des deux distances connues. Il n'est néanmoins pas nécessaire d'avoir d'autres membres à proximité. Créer un compte supplémentaire dont on peut contrôler la localisation peut suffire.

explications sur la géolocalisation © Check Point Research
Procédure de calcul de la distance © Check Point Research
Procédure de calcul de la distance © Check Point Research

Après avoir suivi la traditionnelle procédure de divulgation responsable, l'équipe de recherche a tenté de contacter Hornet pour partager les résultats de son étude. Elle n'a pas reçu de réponse. Cependant, juste avant la publication des conclusions, une réévaluation de l'application a montré que des mesures avaient été prises pour réduire la précision des coordonnées des utilisateurs, sans réponse plus détaillée toutefois de l'équipe de développement.

Faire attention aux autorisations accordées aux applications de rencontres : le conseil de base

L'examen détaillé de l'application Hornet a révélé plusieurs particularités dans la gestion des données de localisation. Par exemple, les développeurs de l'application modifient de manière aléatoire la distance affichée entre les profils d'utilisateurs au niveau du serveur, ce qui limite la précision de la localisation.

Ajoutons à cela qu'une méthode de trilatération a été employée pour déterminer les distances avec une précision supérieure. Cette méthode consiste, rappelons-le, à utiliser plusieurs points de référence pour estimer la position d'un utilisateur, ce qui pourrait être utilisé pour contourner les mesures de sécurité mises en place par l'application.

Ces découvertes montrent bien en tout cas les enjeux liés à la protection de la vie privée dans les applications de rencontres. Tout cela met en évidence l'importance pour les utilisateurs de comprendre les risques associés à la géolocalisation. C'est d'ailleurs pour cela que Check Point Reseach recommande aux utilisateurs d'examiner attentivement les autorisations accordées aux applications, et de prendre des mesures pour protéger leur vie privée, en désactivant notamment les services de localisation dès que possible.

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (19)

Korgen
Il suffit de couper le gps et de préciser juste la ville dans le profil. Rien de bien compliqué.
Joeee
Il l’ensemble que par exemple sur Tinder, le GPS soit obligatoire. D’ailleurs il s’agit d’une option si on veut geolocaliser autre part.
DragonSky
Le mieux ,tu vas dans un bar,tu repère une bombasse qui te plait et tu lui paye un verre.<br /> Totalement anonyme au yeux de google et de toute ces applis de m…
Joeee
Hahaha, cela marchait il fut une époque mais j’ai d’énorme doute que cela fonctionne encore <br /> as tu testé dernièrement (ou un de tes amis) ?
DragonSky
Je vis a la campagne au sud ouest et ça marche toujours.<br /> Messieurs des grandes villes il vous faut être a la pointe de la technologie pour draguer.<br /> Mode vantard vintage:<br /> Moi j’ai appris a draguer en 2CV.
Palou
ou alors tu fais monter la fille chez toi en lui demandant «&nbsp;tu veux voir ma collection d’estampes japonaises&nbsp;» … mais pas sûr que cela marche de nos jours non plus
Aegis
C’est beaucoup plus compliqué que ce que l’on pense. Couper le GPS ne suffit pas, un téléphone peut utiliser le WPS, c’est-à-dire le positionnement par rapport aux réseaux wi-fi, la triangulation avec les bornes téléphoniques, ou un réseau de balise Bluetooth low Energy, comme les AirTag. Tout cela combiné aux capteurs embarqués, comme L’accéléromètre, le magnétomètre et le gyroscope donne une position très précise.
Belgarath
Si tu es beau gosse, et qu’elle a aussi envie, bien sûr que si.
MattS32
Mais au niveau des OS mobiles, quand tu ne donnes pas l’accès à la géolocalisation à une appli, ça ne restreint pas que son accès au GPS, ça empêche aussi à l’application d’accéder à la localisation par triangulation Bluetooth, Wi-Fi ou cellulaire.
F4FEnder
Si le seul moyen pour rencontrer une fille, ou un garçon, reste les applis payantes, je trouve cela très très triste.
zztop69
Si ca continu dans ce sens la , ca va finir comme dans le film Clones , avec Bruce Willis .
jvachez
Le pire c’est que certaines applications permettent de supprimer la géolocalisation et de le remplacer par une manuelle mais à condition de payer comme sur Tinder par exemple.
bizbiz
Bien mieux que ce que tu peux penser, crois moi. Après, c’est sûr, il faut quelques critères difficiles à réunir pour certaines générations… au pif, le respect, le charme, la culture, l’humilité… pas besoin d’une appli pour savoir si ça matche, juste savoir lire dans un premier regard.<br /> Faut pas partir à la chasse avec un fusil à bouchon .
Korgen
Dans l’absolu je suis d’accord, mais les bombasses fréquentent de moins en moins les bars ou alors en troupeau et là c’est galère. Et avec toutes ces conneries de meetoo à la mord moi le noeud, c’est tout juste si aborder une gonzesse c’est pas un viol… Limite s’il faut pas faire signer un accord de consentement de 15 pages juste pour causer à une greluche et lui offrir un verre.<br /> Je grossis légèrement le trait mais on voit carrément le malaise.
Rainforce
bizbiz:<br /> Faut pas partir à la chasse avec un fusil à bouchon .<br /> Bah !, si le bouchon viens d’une bouteille de champagne à 500 / 600€, y’a toute de même moyen de ne pas revenir brocouille.
bizbiz
Faut bien ça pour qu’elle accepte de venir à la maison… sur le porte-bagages du vélosolex .
Rainforce
Ou à l’arrière de la trottinette.
JulienBache
Si les applications de rencontre c’est comme les commentaires sur Clubic c’est surtout beaucoup de mecs…
Laurent_Marandet
Si la techno permettait de virer les brouteurs ivoiriens ce serait super.
Palou
Comment tu le sais ?
Joeee
parce que c’est connu.<br /> C’est pourquoi sur la plus part des applis, il faut que la fille accepte, pour ensuite que tu puisses engager la conversation (tout du moins sur AdopteUnMec et Tinder)<br /> Il y a un énorme business et les éditeurs d’appli de rencontre ont bien compris
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