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Pourquoi le blocage des sites pornos ne risque pas de se concrétiser de si tôt en France

07 mars 2024 à 08h42
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Le blocage des sites pornos patine en France © Shutterstock
Le blocage des sites pornos patine en France © Shutterstock

Alors que la justice française ferraille toujours pour tenter de bloquer l’accès des mineurs au site porno, un nouvel obstacle s’est dressé face à la volonté législative française : le droit de l’Union européenne.

C’est une véritable arlésienne dont on ne risque pas de voir la fin tout de suite. Alors que la loi française tente, vainement, depuis juillet 2020, de bloquer l’accès des mineurs aux sites pornos les plus populaires sur le web, les législateurs hexagonaux vont désormais devoir attendre la décision de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) avant de pouvoir avancer sur le dossier.

Quand Bruxelles s'en mêle

En effet, le Conseil d’État, jusque là en charge de régler le conflit entre l’autorité de régulation du web (Arcom) et les sites pornographiques visés par la loi de 2020, vient de refiler la patate chaude à la plus haute juridiction européenne qui devra donc statuer si la loi française est bel et bien en accord avec les textes européens.

Rembobinons un instant. En juillet 2020 donc, une loi française contraint les sites pornographiques à contrôler l’âge des internautes hexagonaux sur leurs plateformes. Immédiatement après, les « tubes » pornos les plus populaires se rebellent, estimant que la loi n’est pas assez précise sur les moyens de contrôle de l’âge qu’ils doivent mettre en place. L’affaire enfle jusqu’à arriver sur le bureau du Conseil d’État qui donne, en partie, raison à l’Arcom estimant que « la loi impose aux éditeurs de sites Internet d’adopter des mesures adaptées pour assurer la protection des mineurs, tout en leur laissant une marge de manœuvre quant au choix de ces mesures ».

Mais voilà, si l’autorité administrative a statué sur le fond, reste encore un problème de forme. En effet, il existerait un conflit entre le droit français et le droit européen, notamment sur le déroulé des procédures qui, en vertu du principe de « pays d’origine », empêche la France d’imposer unilatéralement des règles à des entreprises venant d’autres pays. Selon la plainte adressée au Conseil d’État, des notifications auraient donc dû être envoyées à la République tchèque où siègent plusieurs des QG des grands sites pornos visés.

Un combat sans fin

Ce recours devant la CJUE promet de retarder encore longtemps les procédures de blocage menées par l’Arcom et le législateur. À ce jour, aucune plainte n’a encore abouti et l’accès aux sites pornographiques reste donc sur un statu quo pré-loi de 2020 ou la déclaration sur l’honneur suffit à attester de sa majorité. Le gouvernement pourrait bien tenter de passer par un autre couloir législatif, à savoir le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN), mais ce texte aussi est vu d’un très mauvais œil par la Commission européenne.

La bataille entre les tubes, l’Arcom et la loi française est donc loin d’être finie et tout cela pourrait bien se conclure en eau de boudin, comme chez nos voisins outre-Manche qui n’ont jamais réussi à imposer le blocage des sites pornos, pourtant promis par une loi de 2017.

Source : Conseil d'État

Corentin Béchade

Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur...

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Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur les thèmes de l’écologie et du numérique ainsi que sur la protection de la vie privée. Le week-end je torture des Raspberry Pi à grands coups de commandes 'sudo' pour me détendre.

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Commentaires (13)

Korgen
Tant mieux et pourvu que ça dure !
Pernel
Ouais, « dur » c’est le mot ^^
pecore
Bof, de toute façon, je n’y croyais plus depuis le temps. Quand on voit le temps que cela prend, on comprend bien qu’il n’y a pas de volonté de faire avancer le dossier.<br /> Cette initiative dispose d’un trop faible soutien dans la population et en revanche d’un fort rejet d’une grande partie d’entre elle. Personne ne veut prendre la responsabilité et supporter l’impopularité qui viendra avec et ce passage de bébé d’un service à un autre en est la meilleure preuve.<br /> Le pire est qu’en effet, aujourd’hui, on a bien plus grave que la pornographie à se soucier. Néanmoins, le manque de courage en politique et en matière de droit n’est jamais une bonne nouvelle, car s’il vaut pour un sujet, il vaut pour les autres aussi.
Neferith
Toujours des combats de second ordre.
keyplus
et pendant ce temps la macronie détricote tous nos acquis sociaux
OliverS
Euh, ils ont pas mieux à faire les politiciens ? Parce que franchement les français normaux, ils s’en foutent d’avoir ou pas accès aux sites porno. C’est pas la priorité du moment…
MisterDams
Neferith:<br /> Toujours des combats de second ordre.<br /> Justement, on est en vrai plutôt sur du sujet de premier ordre que sont la régulation de la navigation des mineurs et la confidentialité de l’identité et des données personnelles.<br /> En revanche, on le traite comme un sujet de second ordre, à savoir de limiter le contrôle à quelques plateformes connues, uniquement pornos (donc exit les images violentes, le harcèlement, le compte TikTok à 8 ans, les sites d’alcool…), le tout en laissant ces sociétés privées gérer la problématique du «&nbsp;comment&nbsp;» sur la vérification d’identité. Tout ça parce qu’on sait pas élargir le sujet et que c’est lié à des plaintes (légitimes) d’associations de protection de l’enfance.<br /> Ce dont on aurait réellement besoin, c’est de forcer les contrôles parentaux et de faciliter la communication entre les sites et ces contrôles parentaux pour qu’ils puissent transmettre leurs propres directives d’âge à l’appareil qui visite.<br /> On remettrait alors les responsabilités là où elle sont : le site doit prévenir de ce qu’il va proposer, le majeur doit décider de poursuivre ou pas, et le mineur doit se conformer aux décisions de ses parents.
Neferith
Bah non, c’est pas un sujet qui regarde la société, mais les parents. Internet en libre accès c’est juste pas pour les momes, aux parents de contrôler et de limiter tout. C’est assez facile. Perso, mes gosses n’ont aucun accès à ce genre de choses. Alors bien sur quand ils auront un certains age, je contrôlerais moins. Mais en attendant, c’est eux qui ont accès une version bridé de leurs appareils.<br /> Franchement y a des sujets mille fois plus important que celui là. Surtout qu’une mauvaise réglementation peut etre au contraire complètement contreproductif. L’anonymat sur internet est un vaste sujet.
codeartemis37
ce qui serait bien ça serait une campagne de com du gouvernement pour les fichiers host modifiés qui bloqueraient l’accés au pornos de ceux qui connaissent pas les fichiers hosts
codeartemis37
en plus ça coute rien…
sebzuki
très dommage, pendant ce temps là, vos enfants de 10 et 12 ans regardent des gangs bang géants avec des femmes maltraitées en live !
mcbenny
C’est clairement un sujet de société sur lequel l’état peut légiférer. La pornographie a «&nbsp;toujours&nbsp;» été interdite d’accès aux mineurs. Le problème actuel vient du fait que l’accès est difficilement contrôlable, ce n’est plus un magasin spécialisé dans une petite rue avec un type à l’entrée qui refoule les ados.<br /> Si je ne suis pas contre la pornigraphie de anière globale, je pense (en tant qu’adulte) que l’image des relations sexuelles et potentiellement sentimentale, véhiculée par la pornographie peut altérer la vision du monde, et donc le positionnement et la vision des autres chez des sujets «&nbsp;trop jeunes&nbsp;».<br /> Trop en consommer fait que ce qu’on voit devient un modèle, et même si ces vidéos peuvent être excitantes, je ne souhaite pas un instant que les choses se passent comme ça dans la vraie vie.
arsworld
Pour gratter de la tune sur la quantité de cartouches de clope en Espagne ou autre là la France se fout de l’Europe mais pour le porn, si la com’ européenne n’a pas tranché alors ils ne font rien… Mais lol…
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