Facebook reviendrait déjà sur ses promesses ? Alors que l’entreprise vient de lancer Threads en Europe, voilà que son ouverture supposée est déjà remise en question.
On pensait que Meta s’était converti aux bienfaits de l’interopérabilité, mais il semblerait que non. Alors que la maison-mère de Facebook et Instagram vient de lancer Threads, son clone de Twitter/X, en Europe, les mauvaises nouvelles quant à son ouverture à la concurrence commencent déjà à tomber.
Bye-bye le fediverse
Dans un long fil détaillant son plan d’attaque pour s’intégrer au « fediverse » (l’ensemble des réseaux qui utilisent des protocoles de communication libre et interopérable), Adam Mosseri, responsable d’Instagram (et donc de Threads), a annoncé que réussir à faire fonctionner Threads sur ce réseau, et notamment donc avec son concurrent direct Mastodon, risquerait de prendre « une bonne partie de l’année à venir ».
L’homme d’affaires évoque des challenges « en matière de protection de la vie privée et des données personnelles » et le fait que les serveurs de la firme ne sont « historiquement pas prévus pour ce genre d’utilisation là ». Mais plus que les mauvaises nouvelles concernant le délai d’implémentation d’ActivityPub (le protocole utilisé par Mastodon et Threads), c’est surtout l’approche qu’a décidé d’adopter Threads qui est décevante.
En réponse à un internaute qui qualifie Mastodon de « cloaque », Adam Mosseri a précisé que la découvrabilité d’un compte Threads sur le fediverse ne sera pas activée par défaut. Cela signifie que, à moins que vous ne fouilliez dans vos paramètres pour activer la compatibilité avec Mastodon, votre compte Threads restera cantonné aux serveurs de Meta. Il ne sera donc, à priori, pas possible d’y interagir depuis un serveur Mastodon, contrairement à ce que l’entreprise avait fait entendre lors de son lancement.
Un réseau social en circuit fermé
Il y a fort à parier que l’immense majorité des utilisateurs et utilisatrices, ignorant ce qu’est le fediverse, ne se donnera pas la peine d’aller farfouiller dans les paramètres pour activer l’option. Threads risque donc bien de rester tout aussi fermé et hermétique au reste du web que l’est Facebook ou Instagram. Au grand dam du principe même d’ouverture et d’accessibilité qui sous-tend l’idée du fediverse.
Adam Mosseri a tout de même précisé que l’entreprise réfléchit à faire de l’interopérabilité l’option par défaut, mais qu’elle « ne se dirige pas vers cette voie là pour le moment ». Sur Mastodon, Renaud Chaput, responsable technique de l’architecture du réseau décentralisée, explique faire « tout ce qui est possible pour que leur fédération soit faite correctement et implémente tout ce qu’il faut ».
L’espoir est donc permis, mais pour le moment il y a peu de chance que Threads et Mastodon puissent communiquer entre eux tout de suite (ou même un jour). Le risque est que Threads ne devienne qu’un réseau social de plus qui fonctionne en circuit fermé.
Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur les thèmes de l’écologie et du numérique ainsi que sur la protection de la vie privée. Le week-end je torture des Raspberry Pi à grands coups de commandes 'sudo' pour me détendre.
Lire d'autres articles
