Laurent MASSA : Fondateur de Xoom.com

21 mars 2000 à 00h00
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A l'heure où la France découvre les communautés virtuelles et que s'apprête à lancer la sienne, un français, Laurent Massa, est à la tête de XOOM, l'une des entreprises les plus prometteuses du Web mondial. Avec une capitalisation de plus d

JB - Monsieur Massa bonjour. Pourriez vous présenter votre parcours en quelques mots?

LM - J'ai une experience internationale dans le domaine de la haute technologie. J'ai travaillé chez Texas Instruments, Lotus Development et en France et en Angleterre. J'ai été également le VP International de Softkey International basé à Cambridge (Massachusetts), qui fait maintenant partie du groupe Mattel. Avant de créer Xoom.com en Septembre 1996, j'étais responsable des nouvelles activites Internet chez Olivetti Telemedia basé à Milan.

JB - Comme présenter Xoom? C'est un site d'hébergement gratuit? une communauté électronique?

LM - Xoom.com est un site Web qui offre à ses membres une multitude de services gratuits et qui utilise les techniques de marketing direct pour leur proposer des produits et des services totalement adaptés à leurs besoins. C'est une communauté d'acheteurs.

JB - Le terme de communauté, ne vous parait-il pas un peu optimiste pour qualifier un lien social (au demeurant très faible) entre les membres de Xoom?

LM - C'est tout a fait vrai. Xoom.com ne prétend pas developper un lien social entre ses membres. XOOM.com veut offrir des services gratuits, à forte valeur, dans le but de developper une relation de confiance et, dans un deuxième temps, une relation d'achat avec ses membres.

JB - Comment analysez vous le rachat de Geocities par ? Synergie ou simple extension de la surface publicitaire?

LM - Yahoo avait besoin d'ajouter des services supplémentaires dits "communautaires" tels que l'espace disque gratuit, le "chat", etc... et Yahoo se devait d'accroitre son audience face à la concurrence des autres "portails" tels que Lycos qui, suite a une serie d'acquisitions, frisait les 50% d'audience

JB - NBC, la célèbre chaîne de télévision américaine, vient de créer NBCinteractive, afin de fédérer son portail avec Xoom. Qu'attendez vous de cette fusion?Quel rang visez vous désormais?

LM - C'est une nouvelle force qui vient de naître sur le Web. C'est l'association des médias traditionnels avec le Web. NBC, filliale de Général Electric (une des entreprises mondiales les plus performantes) est LA référence en matière de télévision. Xoom.com et Snap.com ont été les deux sites qui ont eu la plus grosse croissance en terme d'audience en 1998, selon Media Metrix. A cela ajoutez trois sites majeurs appartenant à NBC dont nbc.com, 10% de cnbc.com (la référence en matière d'information financière), 380 millions de dollars de promotion sur 4 ans, la marque NBC et le célèbre "Peacok" (le paon- logo de NBC) et vous avez tous les ingrédients nécéssaires pour créer le plus grand portail média et e-commerce. Les ambitions sont grandes, les moyens également. NBCi est aujourd'hui au 7 ième rang mondial en matière de trafic avec 30% d'audience, à peine 1% derriere Excite. Et Excite a une valeur boursière de plus de 9 milliards de dollars... NBCI est et sera la plateforme Portal de General Electric, excusez du peu!

JB - L'échec de la fusion Lycos et USA Networks, annoncé le même jour que votre rapprochement avec NBC n'est pas de mauvaise augure?

LM - Bien au contraire. Ils ont montré au monde comment faire une mauvaise fusion, en mélangeant Internet, qui a une très forte croissance, au monde traditionel de la TV - Home shopping Network - qui a une faible croissance d'à peine 5%. De plus la qualite du réseau de USA Networks n'a rien a voir avec celle de NBC. NBC, c'est le "Top". NBC Interactive résulte de la fusion de sites internet à très forte croissance (Xoom.com, Snap.com) et bénéficie d'une VRAIE marque ainsi que d'une puissance promotionelle presque infinie.

JB - Avec plus de 7 millions d'utilisateurs, vous détenez un potentiel commercial considérable. Comment comptez vous l'utiliser? Marché au puces (type e-bay), liens rémunérés sur le site, centrale d'achat (type Autobytel), vente de profils de consommateurs ? Pouvez-vous vous contenter des bandeaux publicitaires?

LM - C'est véritablement un potentiel considérable qui constitue un réseau de distribution à part entière. Jusqu'à présent Xoom.com a généré ses revenues par la vente de produits et de services à ses membres gràce aux campagnes de marketing direct par email (60% des revenus) et gràce à la publicité (40% des revenus). Xoom.com lancera dans les prochains mois d'autres initiatives qui vont permettre aux membres d'avoir accès à une gamme de produits beaucoup plus étendue avec des canaux de distributions variés tels que ventes aux enchêres, magasins, télé-achat... Xoom.com ne "loue" pas son fichier. Les informations receuillies sur nos membres restent chez nous en toute confidentialité. Si un fabricant veut promouvoir une offre auprès de nos membres, c'est Xoom.com qui s'en charge. C'est une source de revenus qui en en très forte croissance.

JB - Xoom peut-elle être qualifiée de prociété (Start-up)? Pensez vous être correctement valorisé au ?

LM - Xoom.com n'a que deux ans et demie d'existence. Mais tout va très vite sur le Net. Nous sommes sur le Nasdaq depuis le 9 Décembre et sur l'EASDAQ depuis le début avril. Nous sommes une start-up dans l'esprit: très flexibles, trés entrepreneurs, très rapides dans nos actions, très légers en terme de structure avec seulement 120 employés. Mais nous sommes également une societe cotée en bourse (US et Europe) avec tout ce que cela implique en terme de structure et de discipline. Notre capitalisation boursière de un milliard de dollars et notre niveau de cash, supérieur à $220M, sont en deça d'une start-up. Nous avons également un business model prouvé apres plus de deux ans de marketing direct sur le Net. En ce qui concerne notre valorisation, on ne se plaint pas. On est entré en bourse à $14 en décembre et on est aujourd'hui auxalentours de $70!

JB - Globalement, estimez vous que le Nasdaq valorise correctement les sociétés du Net?

LM - Tout d'abord je voudrais préciser que NASDAQ "est" la plateforme des sociétes du Net mais NASDAQ ne valorise pas les sociétes. Ce sont les investisseurs qui le font. Ces investisseurs sont soit des "institutions" qui sont en fait des investisseurs professionels soit des individus qui opèrent aujourd'hui on-line avec des services tels que E-trade par exemple. C'est une nouvelle donnée sur le marché; ces "day-traders" ont aujourd'hui le pouvoir d'enflammer une action ou pratiquement de la detruire . En ce qui concerne les valorisations, elles sont basées sur le futur, pas sur les pertes d'aujourd'hui. Le marché passe par des corrections obligatoires de temps en temps mais fondamentalement les societés sur le Net sont en train de changer la face du monde, plus que l'epopée lunaire. Globalement, je pense que les espérances du marché sont justifiées.

JB - Pour revenir à votre parcours personnel, pourquoi avez vous décidé de tenter votre chance aux états-unis?

LM - Je n'ai jamais envisagé de créer Xoom.com autre part qu'aux Etats-Unis et plus particulierement à San Francisco pour une raison très simple: c'est un facteur de succès supplémentaire. Il y a une concentration incroyable d'ingenieurs, de technologie et de capitaux privés et publics qui sont nécessaires au dévelopement d'une société telle que Xoom.com. Ici, les structures sont faites pour le Net. D'un point de vue personnel, la Côte Ouest m'a toujours passionné par son côté entrepreneur. En France, peut-on créer un société et atteindre une valorisation de plus d'un milliard de dollars deux ans et demi après sa création?

JB - Pensez vous que la France a les moyens de rattraper son retard sur les Etats-unis?

LM - En terme d'adoption de l'usage d'internet, je le pense. Le taux d'equipement des foyers français en ordinateurs est encore inférieur à celui des foyers américains mais cela est en train de changer et on pourra accéder très prochainement à Internet gràce à d'autres types d'appareils dans un futur très proche. On peut déjà le faire de son téléphone portable. Le marché europeen est en plus forte croissance que le marché americain. La France a été longue à démarrer mais je pense que l'on a pris le tournant. Le marché des téléphones portables est un exemple de ce qui peut se passer.

JB - Si vous en aviez le pouvoir, quelles seraient vos suggestions pour combler ce retard?

LM - Donner l'accès à internet à chaque écolier et étudiant pour commencer; ça doit faire partie de leur vie. Il faut également permettre aux entrepreneurs francais qui ont d'excellentes idées de pouvoir lancer des services sur internet sans les encombrer de contraintes administratives. Internet c'est la rapidite d'action. C'est la "gravité-zero".

JB - La France compte un certain nombre de communautés virtuelles... Que pensez vous de Multimania par exemple?

LM - Désolé, mais je ne connais pas.

JB - Enfin, avez vous suivi l'affaire Altern? Cette affaire vous inspire t'elle des commentaires?

LM - Idem.

JB - Monsieur Massa, je vous remercie. (Entretien réalisé en Mai 1999 par Jérôme BOUTEILLER)
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