Mannequin d'origine américaine, Anina cherche à réconcilier l'univers de la mode et celui des nouvelles technologies
JB - Anina, bonjour. Avant de devenir "anina.net", quel a été votre parcours ?
Anina - Bonjour. Ma famille est d'origine allemande mais j'ai grandi à Traverse City, dans le Michigan, aux Etats-Unis. Suite à une rencontre avec un agent français à New York il y a quelques années, j'ai commencé une carrière de Mannequin à Paris que je continue encore aujourd'hui.
JB - Comment êtes vous devenue fan de nouvelles technologies ?
Anina - Mes deux frères sont ingénieurs ce qui m'a permis de baigner dans une culture informatique dès mon plus jeune âge. J'ai également beaucoup utilisé Internet pour communiquer avec ma famille en Europe. A l'époque, ils m'appelaient la "telnet Queen". Mais le véritable point de départ vient sans doute d'une rencontre avec un ami à New York, qui était mal dans sa peau et qui se transformait en véritable "otaku" . J'ai essayé de lui enseigner une philosophie de vie plus positive, inspirée par le Yoga et la spiritualité indienne. En échange, il m'a fait découvrir en détail l'internet, l'informatique ou la programmation et m'a aidé à ouvrir mon site web anina.net.
JB - Existe un lien particulier entre la mode et les nouvelles technologies ?
Anina - Dans un premier temps, je me suis intéressée aux technologies uniquement pour mon travail. J'avais un téléphone mobile pour garder le contact avec mon agence et mes clients et bien sûr un Palm pour mieux m'organiser. Mais j'étais frustrée de ne pas pouvoir réunir ces deux outils et je me suis jetée sur le Nokia 7650 dès sa sortie. Même si pour beaucoup de monde, ce modèle est le premier à avoir été équipé d'un appareil photo numérique, pour moi, c'était surtout un smartphone, équipé de Series 60 et de Symbian, et élargissant énormément les capacités d'un simple téléphone.
J'ai méthodiquement utilisée toutes les fonctions de cet appareil et en particulier l'application de messagerie électronique. A cette époque, j'étais le seul mannequin à pouvoir recevoir des e-mails, envoyer des photos ou me connecter facilement à internet et ça m'a beaucoup aidé dans mon travail.
Mais j'en voulais plus et un jour, j'ai réussi à changer l'image de fonds d'un petit jeu baptisé MixPix en me baladant sur le répertoire Z: du 7650. De simple utilisatrice de technologie, j'ai eu l'impression de créer quelque chose de nouveau. J'ai décidé de m'inscrire sur Forum Nokia, le site web consacré aux développeurs d'applications, et j'en ai profité pour lancer mon site wap et réfléchir aux interactions entre le téléphone, le wap et le web. A l'époque, je voulais construire des applications en SMIL et je n'ai pas hésité à déranger le directeur technique de Nokia en Finlande pour parvenir à mes fins !
JB - En tant qu'utilisatrice, quel regard portez vous sur de nouvelles applications comme le moblogging ou les mososo ?
Anina - J'ai installé un mososo comme MobiLuck mais je ne l'utilise que pour le transfert de fichiers car peu de personnes sont équipées. Par contre, je suis une grande utilisatrice de blog. J'ai commencé avec Blogger de Google et puis j'ai adopté TypePad de Six Apart car c'est la seule plate-forme qui me permet de synchroniser avec LifeBlog, le logiciel de moblogging disponible sur un smartphone Series 60.
J'utilise également beaucoup les logiciels de montage vidéo comme MovieMaker sur Windows XP ou le logiciel Muvee, sur Series 60. J'ai d'ailleurs crée un thème "Anina" pour Muvee et j'ai aidé les équipes de Nokia en rédigeant un tutorial expliquant comment exporter un fichier WindowsMedia sur un smartphone Series 60.
JB - Vous avez choisie d'illustrer ces différents supports avec un petit personnage au look manga. Pourquoi ?
Anina - Dès la création de mon site web, j'ai ressenti le besoin de construire une marque, une signature, pour illustrer mes différents supports. J'ai crée ce personnage par internet avec un ami graphiste, que j'ai rencontré à Milan et, même si ses traits sont effectivement proches d'un manga japonais, sa véritable origine serait plutôt à rechercher du côté de la philosophie indienne.
Je pratique beaucoup le yoga et je cherche à reproduire le tryptique de la philosophie indienne qui distingue le corps, le mental et l'esprit. J'ai bien entendu un corps, mon site web a la dimension mentale et mon personnage, que j'appelle AninaMiniMe, est ma projection graphique, mon avatar, mon esprit. Le mot avatar est d'ailleurs utilisé dans beaucoup de mondes virtuels et vient directement de la spiritualité indienne. Il désigne les différentes incarnations du dieu Vichnou.
JB - Quelles sont vos ambitions désormais ? Réunir le monde de la création et celui des nouvelles technologies ?
Anina - Exactement. Je cherche à établir un parallèle entre la roue de Samsara, qui représente pour les boudhistes le cycle de la vie, de la mort et de la réincarnation, avec le monde de la mode où un produit est lancé, dépassé puis bien souvent réinventé.
Concrètement, j'ai par exemple lancé le 360 Fashion Blog, qui réunit les lifeblog de près d'une dizaines de personnes issues du monde de la mode : patron d'agence, coiffeur, magasine, télévision, maquilleur, etc... L'idée est ensuite de pouvoir suivre le cours de la vie en multipliant les points de vue. Je compte prochainement tirer de cette expérience une véritable exposition artistique, réunissant les univers de la mode, des nouvelles technologie et de la spiritualité asiatique. Je pense être le premier artiste utilisant les dernières technologies mobiles pour évoquer de tels sujets !
Je veux enfin montrer qu'on peut être une femme, un mannequin, et avoir un vrai projet lié aux nouvelles technologies. Si des opérateurs ou des constructeurs de terminaux veulent inventer le futur de la téléphonie mobile, je me ferais un plaisir de les aider !
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