Live Japon : pas encore la fin du tunnel

31 octobre 2009 à 00h57
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Les groupes d'électronique japonais vont un peu mieux mais sont encore loin d'être rétablis de la sévère décrue économique qui entrave leurs affaires depuis un an.

La plupart sont encore déficitaires à cause d'une dégringolade sans précédent de leurs ventes mondiales, amplifiée par le taux très défavorable de la devise japonaise (yen). Toutefois, ils sortiront sans aucun doute musclés de ce combat sans relâche contre une conjoncture calamiteuse, même si leur cure de remise en forme passe malheureusement aussi par des suppressions d'emplois. Sony, Panasonic, Toshiba, Hitachi ou encore Sharp ont tous fait état cette semaine de pertes massives au terme de la première moitié de l'année budgétaire d'avril 2009 à mars 2010, victimes d'une décrue de leurs revenus dans des proportions de 10 à 25%.

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Sony, le fleuron nippon du secteur de l'audiovisuel grand public, a accusé un déficit net semestriel de 63 milliards de yens (470 millions d'euros), en raison d'une chute de 19,5% de son chiffre d'affaires qui est tombé à 3 261 milliards de yens (24 milliards d'euros). Le décès de Michael Jackson a certes relancé les achats de ses disques au profit de Sony Music, mais cet imprévu est loin de compenser les manques à gagner endurés par ailleurs.

« Du fait de l'impact de la concurrence qui tire les prix vers le bas, de la récession qui affaiblit la consommation et de la hausse de la devise japonaise qui minore les recettes tirées de l'étranger, les revenus issus des TV à cristaux liquides (LCD) et des appareils photo ont baissé tant en valeur qu'en volume », a reconnu Sony.

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Les ventes des consoles de jeux vidéo ont été mitigées : celles de PlayStation 3 (PS3) se sont élevées depuis cet été grâce au lancement d'un nouveau modèle et à une baisse de tarif, mais les autres ont fléchi. Le divertissement vidéo, réputé résilient face à la crise, n'échappe pas totalement à la contraction des dépenses des ménages anxieux pour leurs finances, si tant est qu'elles n'aient pas déjà été écornées. Ce ne fut pas brillant non plus pour les PC Vaio qui sont concurrencés par des produits bas de gamme à faible prix, un phénomène qui oblige Sony à baisser les tarifs de ses produits et donc à rogner sur ses marges ou pire à creuser son déficit.

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L'éternel rival de Sony, son compatriote Panasonic a pour sa part affiché un déficit net de 47 milliards de yens (347 millions d'euros) pour le 1er semestre 2009-2010, lié au recul de 23% de ses ventes en glissement annuel, à 3...333 milliards de yens (24,7 milliards d'euros). Le groupe est parvenu de justesse à sauver son bénéfice d'exploitation, mais ce dernier a été divisé par près de 8 en un an.

« La récession a rétréci la demande, un phénomène qui coïncide avec la transition du marché mondial vers les pays émergents et les produits à moindre prix », a observé Panasonic. « Même si au Japon les achats de téléviseurs à écran plat ont repris et si les ventes mondiales d'enregistreurs Blu-Ray ont été plutôt favorables, à l'étranger, les TV et les appareils photo numériques ne se sont pas arrachés », a expliqué Panasonic.

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Les méventes de climatiseurs n'ont pas non plus été rattrapées par celles plus robustes des réfrigérateurs, ce qui a entraîné une baisse des recettes des divisions d'électroménagers. Du côté des composants électroniques, un autre pilier de Panasonic, ce ne fut guère plus reluisant, même si on peut entrevoir une petite amélioration ces dernières semaines.

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Sharp, numéro 1 au Japon des TV LCD et de l'énergie solaire a lui aussi subi une perte nette de 17,7 milliards de yens (131 millions d'euros) au 1er semestre de l'exercice 2009-2010, mais les trois derniers mois de cette période ont été bien meilleurs que les précédents.

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Son chiffre d'affaires pour les six premiers mois de l'année a baissé de 17,5% sur un an, un plongeon proportionnellement inférieur à celui enduré au premier trimestre (-20%), pour s'établir à 1 288,68 milliards de yens (9,54 milliards d'euros). La crise et la cherté du yen ont pesé négativement. Malgré cette baisse, le groupe est parvenu à rester bénéficiaire sur le plan de l'exploitation, avec un maigre gain de 1,57 milliard de yens (12 millions d'euros).

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Sharp explique la petite reprise observée entre juillet et septembre par la force de ses produits au Japon où il jouit d'une excellente réputation de qualité, de fiabilité et de responsabilité.

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Près de trois fois plus gros que Sharp et beaucoup plus éclectique, Toshiba a lui aussi déploré, pour les six mois d'avril à septembre, une perte nette, de 57,7 milliards de yens (423 millions d'euros), sur un chiffre d'affaires qui s'est établi à 2 956 milliards de yens (21,6 milliards d'euros), soit une chute de 15,4% par rapport à celui de la même période de 2008-2009.

« À cause du niveau élevé de la devise japonaise (yen) et de la récession internationale, nos ventes semestrielles ont été inférieures à nos prévisions initiales, mais nous avons amélioré nos performances du fait des réductions de coûts et d'un relatif rétablissement des activités de semi-conducteurs, de produits numériques et d'équipements pour infrastructures publiques », a justifié Toshiba.

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Quant à Hitachi, comparable en taille et activités à Toshiba, il a battu le record de ce semestre, avec une perte nette de 133 milliards de yens (près de 1 milliard d'euros), mais il s'attendait à pire encore. Cette somme est en partie due à des charges exceptionnelles de restructuration imposée par la crise. Pour la première partie de l'exercice, le groupe, très diversifié, a totalisé un chiffre d'affaires à 4 125 milliards de yens (30,5 milliards d'euros), soit 25 milliards de yens de plus qu'il ne le pensait initialement. Il a réussi à contenir son déficit d'exploitation semestriel à 25 milliards de yens.

« Grâce aux mesures de stimulation économiques mises en oeuvre dans plusieurs pays et à l'ajustement des stocks, les divisions de composants électroniques et d'éléments pour le secteur de l'automobile se rétablissent », a commenté un directeur général adjoint de Hitachi, Takashi Miyoshi. « Toutefois, les investissements des entreprises et la consommation des particuliers ne redécollent pas encore », a-t-il souligné.

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Outre la situation des sections de produits audiovisuels grand public et de composants qui s'est améliorée, le groupe a également précisé que les frais exceptionnels touchant les filiales de semi-conducteurs ont été moindres que prévu. Hitachi, présent dans l'énergie, l'électronique grand public, l'électroménager, les semi-conducteurs et autres composants ou encore les équipements industriels et d'infrastructures publiques, avait enduré l'an passé un déficit net record de 787 milliards de yens (6,1 milliards d'euros). Il a de fait été contraint de prendre des décisions stratégiques pour revoir en profondeur ses activités malmenées par la récession internationale. Il s'est par exemple associé à ses compatriotes Casio et NEC pour rester présent dans le domaine des téléphones portables et a réduit ses effectifs.

En dépit d'un léger mieux, les dirigeants du groupe s'interrogent néanmoins sur l'évolution de la conjoncture dans les prochains mois, craignant la fin des mesures de soutien à l'économie alors que cette dernière demeure faible, notamment aux Etats-Unis. « La plus grosse incertitude concerne les composants électroniques dans la période de janvier à mars », une fois passé le pic de fin d'année, a prévenu M. Miyoshi, lequel dit appréhender une rechute. Il n'est sans doute pas le seul, car la situation est encore fragile dans bien des régions du monde. Personne n'ose être ouvertement optimiste même si les entreprises signalent qu'elles ont observé un léger mieux dans la deuxième partie de la période considérée et que plusieurs ont même jugé qu'elles finiraient l'année en meilleur état qu'ils ne le pensaient initialement.

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Certaines, comme Hitachi ou Sharp, sont revenues dans le vert sur le plan opérationnel au deuxième trimestre, grâce aux efforts consentis.

Tout en insistant sur le fait que « l'environnement reste difficile », elles attribuent cette lueur d'embellie d'une part à un redémarrage encore ténu mais réel des commandes, en raison des déstockages accomplis et des achats en provenance de Chine où la croissance s'est de nouveau accélérée. Les acteurs du secteur assurent d'autre part que les mesures qu'ils ont rapidement prises pour combattre les calamités économiques, en jouant notamment sur la diversité de leurs activités et leurs moyens de production, ont commencé de restaurer leur rentabilité.

Sony confie de plus en plus l'assemblage de certains de ses produits à des tiers et réduit le nombre de ses installations et fournisseurs pour amoindrir ses frais. Il est aussi en train de supprimer quelque 16 000 postes.

Sharp a mis l'accent sur des produits respectueux de l'environnement (panneaux solaires, ampoules à diodes économes, etc.) et bons pour la santé (purificateurs d'air, etc.). Il a aussi renforcé sa gamme de téléviseurs à écran à cristaux liquides (LCD), avec la mise en route au Japon d'une gigantesque nouvelle usine employant des technologies inusitées et à très haut rendement. Sharp fournit également à d'autres fabricants de téléviseurs des dalles LCD haut de gamme, une façon de mieux rentabiliser ses imposants sites de production.

Hitachi et Toshiba, conglomérats ultra-diversifiés, ont pour leur part délaissé les activités les plus marginales au profit de celles qui offrent à leurs yeux le plus important potentiel (énergies propres, nouveaux réseaux, infrastructures intelligentes, technologies de sécurité, etc.).
Cette stratégie de tri sélectif n'est cependant pas applicable aux sociétés qui ont une ligne de produits limités qui plus est dans un seul domaine.

On vous parlera ainsi la semaine prochaine du cas Nintendo, qui ne brave pas aussi bien la crise qu'il l'espérait, voyant ses recettes plonger d'un tiers pour les six premiers mois de l'année (par rapport à celles encaissées un an plus tôt) et ses bénéfices se réduire de moitié. Manque de nouveautés ?
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