Nicolas Petit, Microsoft - "nous voulons être plus transparent qu'Apple avec Marketplace"

10 avril 2009 à 15h47
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Nicolas Petit, le directeur de la division mobilité de Microsoft France, revient sur la sortie du nouveau système d'exploitation mobile de la marque (Windows Mobile 6.5) et sur ses services associés dont « Windows Marketplace », le concurrent de l'App Store d'Apple.

Alexandre Habian : Nicolas Petit bonjour, quelles sont les grandes différences entre le « Windows Marketplace » de Microsoft et l'App Store d'Apple ?
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Nous voulons avec le « Marketplace » avoir un point d'accès unique pour l'ensemble des applications que nous proposons sur Windows Mobile. Il y a déjà plus de 20 000 applications commerciales disponibles via des boutiques spécialisées comme Handango ou Pocketgear. S'ajoute à cela de nombreuses applications gratuites disponibles directement auprès des sites de développeurs. Même si nous avions inclus une offre similaire à destination des opérateurs mobiles dans le système Windows Mobile 2006, ces derniers ne voulaient pas alors développer cette place de marché. Désormais, les opérateurs sont partenaires de « Marketplace », poussés par les utilisateurs de nos solutions mobiles.

En terme de modèle économique, nous reversons 70% du montant généré par la vente d'une application depuis notre kiosque à son développeur et nous conservons une partie des 30% restants. Pourquoi une partie seulement ? Car nous avons choisi, et c'est la grande différence avec l'offre d'Apple, d'avoir une logique de collaboration avec nos partenaires. L'App Store adopte un système de facturation directe des applications via iTunes en utilisant les réseaux des opérateurs comme un simple tuyau. Notre volonté est d'offrir une offre similaire tout en laissant le choix à l'opérateur de choisir son type de facturation, d'une carte de crédit via un compte Windows Live ID à une facturation directe sur la note de l'abonné. Et dans ce dernier cas, l'opérateur touchera alors une partie de la rémunération liée à la vente d'une application, et ce sur tout notre catalogue.

De plus, nous allons proposer avec « Marketplace » un magasin dans le magasin qui va permettre aux opérateurs d'avoir une boutique à leur couleur avec leur propre système de contrôle et d'éditorialisation. Dans ce dernier cas, le partage des revenus sur la vente des applications sera encore plus avantageux pour les opérateurs. Enfin, nous proposerons un remboursement total pendant 24 heures des applications si elle ne correspondaient pas aux attentes de nos utilisateurs. Par total, j'entends à la fois les 70% du prix de l'application pour les développeurs et nos 30%. Nous supporterons donc le risque d'avoir des applications non satisfaisantes.

Dernier point, nous ne comprenons pas pourquoi sur iPhone certaines applications sont acceptées ou refusées sur l'App Store. Nous voulons être plus transparent qu'Apple avec le « Marketplace ». Nous allons donc valider l'ensemble des applications soumises et en cas de refus, nous expliquerons clairement pourquoi elles ne pourront pas en l'état être publiées. Nous n'avons en revanche pas encore tranché sur la validation ou non de certains applications comme celles liées à la voix sur IP. Le marché évolue à propos de ce sujet semaines après semaines. Nous nous adapterons donc aux dernières discussions en date au moment de la sortie de notre kiosque.

Pensez-vous arriver à imposer Marketplace aux opérateurs français qui intègrent tous également un kiosque de téléchargement de programmes ?
Un « Windows Phone » propose une expérience complète : de Windows Marketplace à MyPhone en passant par Windows Live ou Windows Mobile 6.5. Marketplace n'est pas un service optionnel. Il sera donc intégré dans tous les terminaux au lancement de la gamme de smartphones qui en seront équipés. Les opérateurs pourront en revanche y ajouter leur propre plateforme si ils le souhaitent. On assiste à une recrudescence des kiosques de constructeurs de mobiles ou d'opérateurs mais pour qu'un kiosque arrive à avoir du succès, il faut qu'il puisse rapidement être exploitable dans le monde entier et qu'il permette aux développeurs d'avoir une audience la plus large possible. Les opérateurs ont déployé de nombreuses solutions autour du Java mais ce langage de développement ne permet pas par exemple de s'affranchir de la thématique technique du terminal.

Ce kiosque référencera-t-il à terme d'autres contenus comme des musiques - via la plateforme Zune notamment -, des vidéos ou des sonneries ?
Pour le moment, nous n'avons pas annoncé de « Marketplace » musical autour du Zune. Nous sommes en train d'étudier la question mais ce n'est pas pour l'heure d'actualité. Nous préférons lancer « Marketplace » avec une logique centrée autour de tous types d'applications, des programmes professionnels aux jeux en passant par des outils pour le grand public. Concernant l'opportunité d'avoir un kiosque de musiques, cela pourrait être envisagé avec une approche conjointe entre Microsoft, constructeurs de mobiles, opérateurs et créateurs de contenus comme MSN Vidéo par exemple.

Nous proposerons enfin également des thèmes avec un générateur de thèmes via une application Internet riche associée. Sur les sonneries, cela reste un sujet sensible car le marché est majoritairement dominé par les offres d'opérateurs mobiles. Un tel service ne sera donc sans doute pas proposé dès le lancement du « Marketplace ».

Où en sommes-nous du lancement du système Windows Mobile 6.5 en France ?
Nous avons eu beaucoup de réunions de préparation au sujet du lancement de Windows Mobile 6.5. Nous sommes actuellement en phase finale de négociation des contrats sur tous nos services associés. Cela se prépare donc très bien et l'accueil est extrêmement positif avec une logique de collaboration avec les opérateurs français partenaires. Ces derniers sont conscients du fait qu'il faut lancer des terminaux en partenariat avec des marques fortes du secteur. Ils ne servent pas qu'à subventionner des terminaux. Les premiers terminaux sous Windows Mobile 6.5 arriveront à la rentrée 2009, sachant que nous ne visons pas forcément la quantité mais plutôt la qualité avec des prix associés agressifs. Et nous avons bon espoir que les terminaux sortis au printemps puissent être amenés à migrer ensuite vers le système Windows Mobile 6.5. Nous aurons plus de visibilité sur tous ces terminaux d'ici l'été.

Windows Mobile 6.5 arrivera-t-il réellement à concurrencer les innovations apportées par Google (Android), Apple (iPhone) et par les autres marques de téléphonie mobile (LG Arena, Samsung TouchWizz) ? Steve Ballmer a reconnu publiquement ses faiblesses et les ingénieurs de Microsoft ont une fois de plus changé son interface tactile (disparition de l'interface "nid d'abeille").
Même si Steve Ballmer a toujours son franc-parler, l'interprétation de ces propos est parfois assez abusive. Au sujet de certaines fonctionnalités comme les écrans multipoint par exemple, Windows Mobile 6.5 n'apportera pas de solution concrète mais concernant la question de savoir si la plateforme est attractive pour les opérateurs, les développeurs et les utilisateurs grand public, nous sommes convaincu que oui car nous avons fait un important travail de remise à jour de cette dernière.

Nous pensons donc que s'il n'y avait qu'une seul modèle et si tout le monde devait faire de l'iPhone, ce serait le chaos. Plusieurs modèles peuvent donc co-exister. Les téléphones tactiles sont dominés en France par Samsung qui propose des téléphones avec plusieurs systèmes différents. Et toutes les plateformes apportent leur lot de différenciation. LG a choisi Windows Mobile comme plateforme privilégiée sur les terminaux tactiles et nous avons toujours un partenariat fort avec Samsung. Il va y avoir beaucoup d'effervescence sur ce marché avec des Windows Phones, des Android, des OS propriétaires et beaucoup d'effervescence sur les kiosques de logiciels. Les utilisateurs devront donc juger de l'intérêt global de ces plateformes.

Avec Windows Mobile 6.5, nous offrons enfin de nombreux nouveaux services connectés comme Windows Live ou MyPhone. Et tous sont gratuits. Windows Mobile était jusque là une plateforme à la fois professionnelle et grand public. Nous commençons aujourd'hui une nouvelle ère plus axée vers le monde du grand public. Nous allons donc continuer d'investir dans tous les développements liés autour de nouveaux services et de nouvelles plateformes. Sur la partie Internet, lorsque nous avons lancé Messenger, nous n'étions pas la plateforme de référence avec des services concurrents comme AOL ou ICQ et aujourd'hui nous comptons 23 millions d'utilisateurs de Messenger rien qu'en France. Nous allons donc essayer de reproduire ce succès avec nos activités mobiles.

Nicolas Petit, je vous remercie.
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