Faux sites, faux comptes et réseaux sociaux : comment la Russie fait sa campagne anti-Ukraine en Europe

29 septembre 2022 à 08h30
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Outil indispensable dans la projection de son soft power et la déstabilisation de nations, le numérique est une arme à part entière dans la machine de guerre russe.

Le Kremlin est rompu à l'exercice de la désinformation. Du moins, il est soupçonné depuis plusieurs années de participer plus ou moins directement à des opérations d'envergure. Entre influence dans des élections et dénigrement de vaccins contre la COVID-19, les exemples sont toujours plus nombreux.

Meta affirme avoir déjoué une vaste opération de désinformation

Dans un nouveau rapport intitulé « Eliminating Coordinated Inauthentic Behavior from China and Russia », l'entreprise californienne fait état d'une campagne de désinformation à grande échelle provenant de Russie. Opérant sur plusieurs plateformes de médias sociaux telles que Facebook, Instagram, YouTube, Twitter, Telegram ou encore LiveJournal, l'opération a impliqué un réseau de 60 sites web factices. Dans un souci de crédibilité, certains de ces sites ont usurpé l'identité de grands médias européens tels que Der Spiegel, The Guardian ou Bild.

Ben Nimmo et Mike Torrey, les auteurs du rapport, écrivent :

Il s'agit de l'opération d'origine russe la plus importante et la plus complexe que nous ayons déjouée depuis le début de la guerre en Ukraine. Elle présentait une combinaison inhabituelle de sophistication et de force brute. Les sites web usurpés et l'utilisation de nombreuses langues ont exigé un investissement aussi technique que linguistique. L'amplification sur les médias sociaux, en revanche, reposait principalement sur des publicités sommaires et des faux comptes.

Les articles falsifiés critiquaient le plus souvent l'Ukraine et les réfugiés ukrainiens, ou s'opposaient aux sanctions imposées à la Russie. Leur contenu était produit en anglais, français, allemand, italien, espagnol, russe et ukrainien, entre autres, ce qui donne une idée de la portée de l'opération.

Des mèmes comme outil de propagande

Selon les auteurs, les faux comptes utilisés ont fini par fabriquer des « mini-marques » qui, en s'imposant sur différents réseaux sociaux simultanément, se sont construites une réelle visibilité. En plus de la participation des pages Facebook d'ambassades russes, les initiateurs auraient dépensé 105 000 dollars pour mettre en avant les faux articles et... des mèmes originaux. En effet, Meta rapporte que la campagne en aurait fait l'usage pour promouvoir des histoires pro-russes et anti-ukrainiennes. L'entreprise mentionne également de fausses pétitions, dont une sur Change.org qui demandait au gouvernement allemand de mettre fin à sa « générosité inacceptable » envers les réfugiés ukrainiens.

Bien que cette campagne ait été sophistiquée à certains égards, Meta affirme que le schéma de publication répétitif par des comptes créés de toutes pièces a provoqué la suppression de beaucoup de ces derniers par des systèmes automatisés. Les auteurs du rapport concluent que les deux approches employées, la création de sites d'information factices et leur diffusion via les réseaux sociaux, « ont fonctionné comme une tentative de raid contre le monde de l'information, plutôt qu'un réel effort pour l'occuper durablement. »

Source : The Verge

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Commentaires (10)

Popoulo
Arrêtez d’alimenter des polémiques avec des infos qui ne sont faites que pour diviser les gens. Et quand on lit que c’est « Meta qui affirme que »… on ne peut que lol.<br /> Y a des choses bien plus intéressante à parler sur un site qui se dit « tech ».
pecore
Pour quelques raisons, Meta semble vouloir se faire un costume de chevalier blanc pourfendeur des fakes news et de la désinformation. Difficile de croire que le loup se soit changé en chien de berger mais pourquoi pas. Attendons de voir.<br /> Je n’ai personnellement aucun mal à croire que de telles campagnes venant de la Russie existent. On en parlait déjà bien avant l’invasion de l’Ukraine et il suffit de regarder les commentaires sur YouTube pour ressentir l’omniprésence visqueuse des Trolls professionnels Russes sur les réseaux sociaux ou communautaires.<br /> Par contre, si Meta a bien déjoué de tels réseaux, ce serait bien qu’ils publient les détails de leur action dans un soucis de transparence et pour permettre à d’autres de se protéger aussi.
tomcat75
Il est vrai que nous n’avons pas besoin de tous ces artifices pour mener de notre coté une propagande anti-russe (souvent sotte et parfois ignoble), nos médias s’en chargent allégrement ! Comme le disait Kipling : « La première victime d’une guerre, c’est toujours la vérité »…
Loposo
Quoi c est l Ukraine qui a envahit la russie???<br /> Il y a des regles international les pays ont des frontières la Russie ne respecte pas.<br /> On le sait très bien qu il y a des usines a troll russes pour les élections des autres pays.<br /> Bref rien de nouveaux et Facebook’s décidé d agir tant mieux.
philouze
100% des coms jugés « pertinents » sur le sujet de l’Ukraine en ce moment, dans FB, sont issus de brouteurs pays par les russes ou de trolls russes.<br /> ça fait 6 mois que ça dure.<br /> Ils étaient déjà là pour le Brexit. Déjà là pendant les GJ, là pour toute la campagne de désinfo Malienne jusqu’au départ des français.<br /> Et non, si vous n’êtes pas amis de la personne spoliée pour sa vignette, par exemple, ou si celle ci n’est pas une célébrité, vous ne pouvez signaler le troll russe pour usurpation - même avec un lien externe prouvant que le troll a usurpé.<br /> Ce qui rend impossible le « nettoyage » par la communauté. C’est bien dans l’intérêt de zucky au final, ces parasites qui viennent bosser et satisfaire l’IA gratuitement.<br /> Donc Zuck qui fait le chevalier blanc, c’est du pur « trollwashing »
philouze
« Il est vrai que nous n’avons pas besoin de tous ces artifices pour mener de notre coté une propagande anti-russe (souvent sotte et parfois ignoble) »<br /> hein ? quoi ? tu peux développer ?<br /> combien de chars ukrainiens en Russie ?<br /> combien de villes réduites en gravats en Russie ?<br /> Et de l’autre coté :<br /> combien de presse libre en russie aujourd’hui ?<br /> combien de chaines de télés libres ?<br />
gerome21
Dans les conflits, la propagande de guerre a toujours fonctionné à plein régime. Les poilus de 14 appelaient cela « le bourrage de crâne ». Il suffit de lire les archives de la presse du temps de la guerre de Corée, du Vietnam, de la guerre froide et autres pour s’en faire une idée. Les belligérants ne s’embarrassent pas de principes, ce qui compte c’est d’écraser l’ennemi. Les historiens feront le tri quand les canons se seront tus sur le champ de bataille, si dans sa folie l’humanité est encore debout.
pecore
Dire qu’on se bat pour la bonne cause est en effet vieux comme la guerre et presque un passage obligé. Les guerres ont toujours eu besoin de justifications, c’est pour cela que l’expression casus belli a traversé les siècles. Après tout, les combattants se battent toujours mieux s’ils croient en ce pourquoi il se battent. Et bien sur, dans toutes ces justifications il y a toujours eu un grande part de mensonge et d’hypocrisie.<br /> La différence est que la Russie a pris ce principe et l’a monté à un niveau jamais atteint. Il n’y a plus aucune limite, plus aucune recherche de crédibilité même à la marge. La seule chose qui est recherchée est d’avoir une justification, peu importe qu’elle soit invraisemblable et que personne n’y croit (ex: referendums). Puis, une fois qu’on a cette justification, on s’y tient coute que coute et on la répète et répète et répète et on la diffuse par tous les moyens possibles jusqu’à ce qu’elle devienne la nouvelle « vérité ».<br /> D’une certaines manière, cette guerre est aussi une guerre pour déterminer ce qu’on appellera « vérité » à l’avenir et pour tester si nous préférons garder un sens critique ou si nous préférons laisser à d’autres le sein de décider ce qui est vrai à notre place.
gothax
Méta (facebook) est rattrapée par la patrouille en Birmanie …<br /> (Je lis clubic le soir et donc j’ai un panorama des news de la journee)
Cleever
J’adore comment les prorusses commentent en tentant de faire passer ce conflit pour un débat d’opinion
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