Test de Bravely Default II : un RPG à l'ancienne sans grands défauts ?

Publicité

Test de Bravely Default II : un RPG à l'ancienne sans grands défauts ?

Thibaut Popelier

12 octobre 2021 à 14h01

0

Le début d'année 2021 est chargé du côté de la Nintendo Switch. En cette fin février, la firme nippone s'est associée avec Square Enix autour de Bravely Default II. Cette exclusivité à la console hybride nous permet de replonger aux origines du JRPG en réutilisant les mécaniques ancestrales du genre. Alors ce titre est-il uniquement bon à raviver la nostalgie qui est en nous ou apporte-t-il un brin d'originalité à un genre usé jusqu'à la moelle ? C'est ce que nous allons voir dans ce test.

C'est en 2012, sur Nintendo 3DS, que la saga Bravely Default a vu le jour. Véritable hommage aux RPG japonais, le titre avait été extrêmement bien reçu par les critiques du monde entier. Si bien qu'une suite intitulée Bravely Second: End Layer est arrivée quatre ans plus tard sur la console portable. Malgré ses qualités indéniables, la franchise n'a jamais vraiment connu un grand succès commercial mais cela n'a pas empêché Square Enix d'officialiser ce Bravely Default II (qui est en réalité le troisième) en décembre 2019 lors des Game Awards... Et c'est en ce mois de février 2021 que le soft débarque sur Switch !

Publicité

Publicité

Comme une impression de déjà-vu

Dans Bravely Default II, le joueur incarne Seth, un jeune naufragé qui s'échoue sur la plage d'un continent nommé Excillant. Après avoir repris ses esprits, notre héros se retrouve très rapidement plongé dans une quête qui le transportera aux quatre coins des terres de ce nouveau pays qui s'ouvre à lui. Sur sa route, il croisera Gloria, la princesse d'un royaume détruit qui part à la recherche de quatre cristaux qui ont bien évidemment été dérobés par des énergumènes peu recommandables. Elvis et Adèle se joignent ensuite à notre équipe et cette joyeuse troupe part donc dans un long voyage avec un objectif simple : reprendre les cristaux afin d'éviter que les calamités ne s’abattent sur le monde. Et cette épopée ne sera pas de tout repos...

Les discussions se font souvent par l'intermédiaire de vignettes de ce genre
Les discussions se font souvent par l'intermédiaire de vignettes de ce genre

Il faut l'admettre, le postulat de départ demeure ultra classique et reprend les thèmes principaux d'un grand nombre de JRPG sortis dans les années 80-90. Les protagonistes sont eux aussi le reflet de cette époque si fructueuse pour le genre, avec leurs traits de caractère assez communs (le héros intrépide, le rigolo, la princesse...). Si le scénario en lui-même est plutôt bien narré avec ses nombreux dialogues et les thèmes certes peu originaux mais bien maîtrisés qu'il couvre, difficile de passer outre la banalité de l'histoire qui nous est contée au fil des heures. De plus, les conversations viennent régulièrement casser un rythme déjà assez lent. Il est également regrettable de voir qu'en dehors de la quête principale, il y a finalement bien peu de choses qui viennent creuser l'univers du jeu. Nous aurions par exemple apprécié découvrir des livres et autres documents visant à nous renseigner sur le lore du continent d'Excillant qui ne manque pourtant pas de charme.

Un petit effort de mise en scène a été fait sur les attaques spéciales
Un petit effort de mise en scène a été fait sur les attaques spéciales

Publicité

Publicité

Un JRPG qui a la classe

Ce qui peut faire l'attrait de Bravely Default II, c'est assez logiquement sa structure reprenant tous les codes des jeux de rôle japonais à l'ancienne. Nos héros se rendent d'une ville à une autre en vagabondant à travers une « world map » sur laquelle pullulent des dizaines de monstres à affronter durant des combats au tour par tour. Fort heureusement, les adversaires sont généralement visibles sur la carte afin d'éviter les joutes inattendues sans avoir la possibilité de s'y préparer. Les auberges permettent de reprendre du poil de la bête après une bonne nuit de sommeil, les magasins servent à acheter de l'équipement... Bref, les mécaniques du JRPG son respectées. Mais ce Bravely Default II se permet quand même quelques libertés appréciables.

En coupant les herbes sur la "world map", le joueur peut obtenir des objets
En coupant les herbes sur la "world map", le joueur peut obtenir des objets

Au fil de l'aventure, le joueur récupère des astérisques, c'est-à-dire des artefacts qui débloquent de nouvelles classes. Chaque classe dispose de ses propres compétences (actives ou passives) réparties sur une douzaine de niveaux. Ces capacités se déverrouillent en enchaînant les affrontements. Ainsi, il est primordial de bien choisir sa classe de prédilection (associée à une secondaire) car certaines sont mieux adaptées à tel ou tel type d'ennemi. Bravely Default II renferme donc un vrai aspect stratégique avant même le début d'une bataille. De plus, une classe possède des affinités avec un ou plusieurs types d'arme et le jeu nous encourage à passer du temps dans l'inventaire histoire d'optimiser l'équipement de notre quatre protagonistes. Pour les paresseux, une simple pression de la touche X dans le menu adéquat permet d'équiper automatiquement ce que le jeu considère comme étant le set le mieux adapté au personnage.

Publicité

Publicité

Bien plus tactique qu'il n'y parait

Lorsque les échauffourées commencent, divers choix s'offrent à nous. Et c'est à ce moment que le système Brave / Default intervient. La compréhension de ce dernier est capitale pour avancer sereinement. Commençons avec la commande Default qui permet à un avatar de stocker un point d'action (sur un maximum de trois) et de se mettre en garde pour absorber une partie des dégâts d'une attaque adverse. Quant à Brave, elle permet d'agir à plusieurs reprises (attaquer, se servir d'un objet, d'une compétence...) tout en retirant des points d'action (aussi appelés PB). Lorsque les PB sont zéro, il est parfaitement possible de se servir de Brave pour réaliser jusqu'à quatre mouvements... Mais la jauge de PB tombera alors à -3. Il faut alors patienter trois tours pour avoir la chance de réutiliser ce personnage. C'est une bonne façon pour mettre hâtivement fin à un combat facile mais face à un boss, il est vivement recommandé de temporiser avec Default.

La vitesse de combat peut être modifiée à tout moment. Les animations s'effectueront alors plus rapidement.
La vitesse de combat peut être modifiée à tout moment. Les animations s'effectueront alors plus rapidement.

Bravely Default II cache ainsi une petite dimension tactique et les boss évoqués dans le paragraphe ci-dessus ne font clairement pas de cadeaux. Globalement, la difficulté est assez relevée puisque les antagonistes ne manqueront pas le coche à la moindre erreur stratégique. Les amoureux de JRPG exigeants seront aux anges. Se servir de la bonne classe, exploiter les faiblesses de l'adversaire et utiliser à bon escient les commandes Brave / Default sont les obligations à remplir pour sortir victorieux face à une opposition redoutable. Les escarmouches étant incessantes, on se fait assez rapidement à ces exigeances mais les boss nous invitent à toujours faire preuve d'une grande concentration.

Publicité

Publicité

Comme un beau coup de pinceau ?

Dès sa première bande annonce, le titre de Square Enix s'est démarqué par sa direction artistique. Le style graphique aquarelle donne l'impression de se balader au cœur du tableau d'un grand peintre. La direction artistique du jeu est absolument somptueuse, surtout en ville. Les couleurs sont chatoyantes et chacun des cinq royaumes d'Excillant dispose d'un rendu unique. Hélas, Bravely Default II est assez inégal graphiquement parlant. Si les bourgades sont magnifiques, les intérieurs sont un peu plus quelconques. Sur la « world map », l'aliasing est omniprésent sur la végétation et le flou sur les bordures de l'écran peut vite être dérangeant. Ce constat est particulièrement saisissant en mode portable. Nous encourageons les futurs propriétaires du jeu à privilégier les sessions sur un téléviseur. Car une fois la Switch dans son dock, les imperfections citées précédemment sont largement atténuées.

JVFR
L'une des plus belles villes du jeu

C'est une certitude, l'esthétique ne plaira pas à tout le monde mais le travail artistique des développeurs force le respect. La bande originale a bénéficié d'un traitement similaire avec ses morceaux aussi enchanteurs que variés. Point de doublages français à l'horizon mais l'anglais comme le japonais sont bien là, avec des sous-titres en français. Le résultat est cependant moins convaincant sur l'interface peu ergonomique du jeu. La faute à une mini-carte imprécise car même si l'univers n'est pas immense et que des marqueurs indiquent les objectifs en cours, il n'est pas nécessairement chose aisée de se diriger dans Bravely Default II. Aussi, quelques cases incluant des informations pendant les combats ont tendance à se chevaucher lorsque plusieurs effets ont lieu en simultané. Le tout manque sensiblement de lisibilité.

JVFR
Deux tailles différentes pour la mini carte... Celle-ci n'est pas super pratique.

Publicité

Publicité

Des à-côtés pas toujours Excillant

Terminons sur le contenu pour le moins généreux de ce Bravely Default II. Il faut bien tabler sur plusieurs dizaines d'heures rien que pour voir la conclusion de la trame principale. Mais pour nous occuper plus longtemps, les développeurs ont ajouté de petites activités annexes. Ainsi, les éternelles quêtes secondaires sont de la partie et se débloquent au fil des chapitres. Voilà pourquoi il est important de revisiter les villes déjà parcourues par le passé. Mais ces requêtes supplémentaires sont trop rapidement redondantes avec des missions « FedEx » à la pelle. Aussi, les récompenses obtenues une fois ces quêtes achevées sont insignifiantes et n'apportent pas d'avantages significatifs à notre équipe. Là encore, Square Enix a calqué au centimètre près ce qu'il se faisait dans les JRPG de l'époque. Puis, après plusieurs chapitres, le jeu introduit un petit jeu de cartes assez basique mais amusant.

JVFR
Artistiquement parlant, les "donjons" ne sont pas tous logés à la même enseigne

Enfin, une fonctionnalité connectée figure au programme. Elle consiste à partir en expédition à bord d'un bateau pour y récolter des ressources. En utilisant les fonctions en ligne (facultatives pour ce mode), il est possible de croiser d'autres joueurs en chemin. Ces phases ne sont pas jouables à proprement parler puisque le cours des événements s'affiche par l'intermédiaire de textes qui défilent sur un tableau de bord. Une exploration peut durer jusqu'à 12 heures de temps et se poursuit même lorsque la Switch est en veille. Un excellent moyen d'amasser des objets bonus sans jouer. Il s'agit donc d'un élément sympathique mais in fine assez anecdotique.

JVFR
Certaines scènes sont vraiment magnifiques

Publicité

Publicité

Bravely Default II : l'avis de Clubic

Oui, Bravely Default II est un bon JRPG comme on en voit passer depuis des années. Il manie habilement les codes du genre en y ajoutant quelques ingrédients maison avec notamment les commandes Brave / Default qui agrémentent le tout avec un peu de stratégie. Les combats au tour par tour ne font pas dans l'originalité mais restent exigeants et la direction artistique brille de mille feux sur plusieurs décors.

Cependant, l'impression de déjà-vu se rappelle trop fréquemment à nous que ce soit sur l'histoire assez banale, les personnages sans grande originalité et la progression qui demeure trop conventionnelle. Des imperfections graphiques sont aussi à souligner et l'interface peu harmonieuse pourrait en rebuter plus d'un. Voilà pourquoi Bravely Default II est selon nous principalement recommandé aux passionnés d'un genre éprouvé qui n'a pourtant pas manqué d'évoluer ces dernières années.

Bravely Default II

7

Ce Bravely Default II est un JRPG très honnête dans son contenu comme dans ses mécaniques de combat bien pensées. Hélas, il demeure classique dans ses thématiques et n'apporte que trop peu d'innovations à un genre usé jusqu'à la corde.

Les plus

  • Un style artistique aquarelle réussi
  • Des combats exigeants et tactiques
  • Contenu très généreux
  • Les nombreuses classes variées à débloquer

Les moins

  • Histoire et personnages trop stéréotypés
  • Des activités annexes banales
  • Une interface pas toujours optimisée
  • Du flou et pas mal d'aliasing en mode portable
JVFR

Bravely Default II

Commentaires via Clubic

Dernières actualités