Test de It Takes Two : il en faut deux pour être heureux

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Test de It Takes Two : il en faut deux pour être heureux

Maxence Jacquier

12 octobre 2021 à 14h01

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Consacrés dès 2013 avec leur premier jeu, le touchant Brothers - A Tale of Two Sons, l’ancien cinéaste Josef Fares et son studio Hazelight poursuivent leurs expérimentations ludiques en 2018 avec A Way Out, un sympathique jeu d’aventure coopératif plus salué pour sa variété et son rythme que pour son écriture. Toujours sur le même créneau, le studio suédois pousse cette fois-ci, avec It Takes Two, les potards à fond avec un titre bouillonnant et généreux.

8

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It Takes Two
  • Rythme haletant
  • Des idées partout, tout le temps
  • Visuellement réussi
  • Bonne durée de vie
  • Des soucis de caméra
  • Inégal et un peu fourre tout
  • Le scénario peine à avancer

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Génial, mes parents divorcent

Un sortilège, lancé innocemment par leur fille Rose, projette Cody et May dans une version fantasmée de la réalité, façon Chérie j’ai rétréci les gosses sous acide. Lui devient un bonhomme d’argile lourdaud, elle une élégante poupée de bois ; les deux sont hauts comme deux pommes. C’est l’occasion pour le couple, qui s’apprête à divorcer, de faire le point sur cette relation en bout de course, dont les mauvais moments ont définitivement chassé les bons de leur mémoire commune. Chaperonné par le Docteur Hakim, un livre de conseils amoureux très envahissant et potache une fois animé, le duo va devoir braver l’adversité pour recouvrer forme humaine et qui sait, retisser les liens érodés par le temps.

Ce scénario, plutôt léger et largement dilué dans un océan de gameplay que nous allons gaiement tenter de détailler, sert finalement de prétexte un peu grossier à l’exploration d’une tripotée de niveaux chatoyants et variés. Hazelight empile, sur son gameplay de base plutôt simple et largement accessible - double saut, course, dash, stomp - un grand nombre de mécaniques coopératives différentes, mises en valeur par des situations bien trop nombreuses pour être toutes citées. Au travers d’énigmes légères, de séquences de plateforming doux et de scènes d’action un brin longuettes, It Takes Two offre un pot-pourri de mécaniques ludiques largement empruntées à d’autres titres, qu’il consent parfois à citer. Wink wink Mario Kart.

Une bande-annonce à l'image du jeu, bordélique et adorable

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Si j'avais un marteau

Chaque niveau est l’occasion pour Hazelight d’offrir différents outils à nos deux personnages : dans un stage, May peut par exemple faire exploser les bulles de glue lancée par Cody, et dans un autre enfoncer les clous qu'il lancera grâce à la tête de marteau qu'elle porte sur le dos. Lui peut grandir et rapetisser façon Knack, quand sa comparse abuse de bottes antigravité à la Prey (celui de 2006). It Takes Two multiplie les mécaniques et les situations obligeant les deux protagonistes à s’entendre pour progresser, avec un rythme parfaitement dosé qui renouvelle systématiquement l’intérêt au bon moment (un niveau prend environ deux heures).

Le choix de gaver son titre de séquences différentes - énigmes, action, course poursuite, boss, séquence sous l’eau, dans les airs ou sur la glace, espace ouvert fourmillant de petites activités inutiles à explorer, moments intimistes et rêveurs - a le mérite de projeter entièrement les joueurs dans son rythme effréné, sans lui laisser le temps de questionner quoi que ce soit. Les séquences se succèdent à une telle vitesse qu’on a un peu de mal à se souvenir des moments moins marquants, ce qui classe sans doute It Takes Two dans la catégorie des jeux dont on a un meilleur souvenir que l’expérience effectivement vécue.

Les énigmes ne sont pas compliquées, mais demandent quand même une certaine entente
Les énigmes ne sont pas compliquées, mais demandent quand même une certaine entente

Ce n’est pas réellement une critique tant les décors émerveillent. Parfois resserrés et magnifiques, parfois ouverts et impressionnants, les environnements bénéficient d’un soin tant technique qu’artistique qui pousse sans cesse à la contemplation. L’arbre, la salle de jeu, le niveau du temps ou encore de la musique nous ont, à ce titre, particulièrement séduits, entre mécanismes complexes parfaitement animés et lumières sublimes qui viennent frapper les petites fourmis qui se baladent sur une branche.

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Une fuite en avant permanente

On n’a parfois pas tellement l’occasion d’admirer le travail minutieux des artistes puisque le jeu prend un malin plaisir à nous mettre tous les moyens de locomotion imaginables dans les pattes pour de folles escapades : scarabée, oiseau, hiboux, crapaud, bobsleigh, bateau, patins à glace, deltaplane, araignée, flûte de pan jetpack, hand spinner, boule disco, bourdon… Micromachines n’a qu’à bien se tenir. A Way Out ne parvenait pas vraiment à se libérer du carcan réaliste dans lequel les deux protagonistes principaux étaient engoncés. Hazelight lâche complètement les chevaux cette fois-ci en faisant de son dernier titre un jeu choral foisonnant, d’une générosité sans pareil au prix de la cohérence et parfois du bon sens.

Les références, emprunts et clins d'oeil sont légion
Les références, emprunts et clins d'oeil sont légion

It Takes Two convoque beaucoup trop d’imaginaires différents pour en imposer durablement un seul, mais il le fait avec un allant et une sincérité qui forcent le respect. De rencontres improbables en affrontements ubuesques, Hazelight nous balance en permanence d’une découverte à une autre, comme si le studio suédois n’avait pas pris la peine de nettoyer son brief de départ des idées les moins pertinentes ou des mécaniques les moins efficaces. Allez, on met tout ! Le jeu est à son meilleur lorsqu’il laisse le joueur s’approprier son univers foutraque, le temps d’une séance photo mignonne ou d’une tentative de meurtre improbable et ridicule sur une adorable peluche (séquence invraisemblable, quoi qu'assez toxique, notamment pour les plus jeunes). À l’inverse, on retient poliment un bâillement quand les affrontements traînent en longueur, ou qu’une énième apparition monstrueuse vient conclure une séquence déjà bien mouvementée. L’un ne va pas sans l’autre dans It Takes Two.

Jouer à deux, mais avec qui ?

It Takes Two se parcourt exclusivement à deux, en local ou en ligne. On salue évidemment l’initiative du Pass Ami, qui permet à un autre joueur de rejoindre l’aventure à distance sans avoir à sortir le porte-monnaie (mais au prix de 43 Go d’espace disque, tout de même). Accessible, jamais vraiment punitif et plutôt bienveillant à l’égard des joueurs les moins habitués à la plateforme 3D, il s’adresse donc à toutes et tous. Si deux joueurs invétérés rouleront sur l’aventure en une petite douzaine d’heures, plus quelques poignées supplémentaires pour faire le tour des 25 mini-jeux assez inégaux, l’aventure prend une autre tournure lorsque les deux participants ont un niveau hétérogène. 

Il est réellement plaisant d’initier un néophyte tant It Takes Two regorge de mécaniques et séquences emblématiques, souvent inspirées ou carrément reprises des jeux marquants de ces trente dernières années. La manière dont les deux joueurs interagissent, au même titre que leurs avatars au cœur de l'action, offre un parallèle intéressant qui constitue sans doute la quintessence de l'expérience imaginée par Josef Fares. On recommande donc chaudement de trouver un ou une partenaire que vous souhaitez initier à votre passion. En local, l’échange rapide de manette peut régler les situations les plus problématiques, notamment liées à la caméra récalcitrante dont la manie de se recaler parfois automatiquement « pour aider » occasionne quelques ratés frustrants. 

Notez que même en ligne, l’écran reste scindé. On regrette de ne pouvoir profiter de la richesse visuelle de l’univers en plein écran, mais le choix se comprend au regard du projet : le jeu a été pensé pour l’écran partagé, qui permet à chaque instant de savoir où en est son partenaire.

JVFR

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It Takes Two : l'avis de Clubic

It Takes Two est un magnifique tourbillon. Le titre de Hazelight vous brinquebale furieusement d’un niveau à l’autre sur un rythme effréné, privilégiant souvent la quantité à la qualité. Aussi généreux que perfectible, aussi exubérant qu’accessible et bienveillant, ce titre choral est idéal pour des sessions de jeu entre amoureux, entre parents et enfants ou entre amis, de niveau homogène ou non. Difficile de ne pas s’incliner devant tant de générosité et d’énergie.

It Takes Two

8

Fourretout inégal, mais éminemment généreux, It Takes Two est un joli feu d'artifice coopératif dont la bonne humeur est largement contagieuse. Accessible, malin et fichtrement riche, le jeu d'Electronic Arts et Hazelight est un sacré voyage à dévorer sans modération, de préférence avec quelqu'un qu'on aime.

Les plus

  • Rythme haletant
  • Des idées partout, tout le temps
  • Visuellement réussi
  • Bonne durée de vie
  • Accessible et (parfois) drôle
  • Coop en local ou en ligne (avec un seul jeu)

Les moins

  • Des soucis de caméra
  • Inégal et un peu fourre tout
  • Le scénario peine à avancer
JVFR

It Takes Two

Commentaires via Clubic

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