Électricité : le solaire et l'éolien doublent le gaz pour la première fois !

04 février 2023 à 09h45
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En cinq ans, le monde a progressivement augmenté sa production d'énergie renouvelable pour atteindre des ordres de grandeur qui laissent entrevoir une réponse aux défis de l'électrification progressive de nos usages et des crises énergétiques actuelles et futures.

La production d'électricité est un enjeu majeur, tant elle est sensible aux crises et a un impact sur le changement climatique. Si les industries des énergies fossiles ont bénéficié de nombreux investissements ces dernières années, malgré leur caractère polluant et non renouvelable, les secteurs de l'éolien et du solaire ne sont pas en reste et connaissent d'importants progrès.

Des chiffres affectés par le nucléaire et l’hydroélectrique

Dans la seule Union européenne, 22 % de la production d'électricité en 2022 était couverte par ces deux sources d'énergie, dépassant le gaz avec ses 20 %. S'il semble logique de penser que la guerre en Ukraine constitue la cause première de cette évolution, il s'agit finalement d'une accumulation de plusieurs facteurs. La maintenance importante du parc nucléaire français a eu un impact significatif sur la production du continent. Dans le même temps, les sécheresses consécutives ont réduit la performance des centrales hydroélectriques. Tout ceci entraînant un changement notable de la répartition des sources d'énergie dans le mix électrique.

Par ailleurs, les priorités au sein des pays de l'Union ont été revues. S'il ne s'agit pas d'abandonner les centrales à gaz, mais d'en assurer l'approvisionnement, les craintes de pénurie et l'abandon progressif du nucléaire, entre autres, ont conduit à la construction et à la réouverture de centrales à charbon. C'est notamment le cas de la centrale de Saint-Avold en France, dont la fermeture était prévue au début du printemps 2022. Cette tendance a conduit à une augmentation de sa part dans le mix électrique à hauteur de 16 %, mais dans le même temps à une augmentation de 3,9 % des émissions de CO₂ de l'ensemble du secteur.

© Ember
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La demande mondiale qui explose

Les investissements dans les énergies renouvelables ont persisté malgré les crises, et ont même progressé, grâce à la baisse des coûts de fabrication et à une véritable volonté politique. Il s'agit d'une tendance mondiale, qui a vu l'ajout annuel de capacités de production quasiment doubler entre 2016 et 2021. Cette hausse est censée couvrir l'augmentation de la demande mondiale, qui était de 2,7 % sur la même période.

Néanmoins, ce chiffre devrait nettement évoluer dans les décennies à venir. Alors que l'électrification progressive de nombreux secteurs clés, dont celui des transports, a déjà bien commencé dans les pays les plus développés, la croissance dans le reste du monde pourrait conduire à un doublement de la demande mondiale d'ici 2050. Pour répondre à ceci, les investissements dans les énergies renouvelables devraient poursuivre leur tendance des cinq dernières années pour éviter un accroissement catastrophique de la consommation d'énergies fossiles.

Il reste de surcroit de nombreux obstacles à surmonter. Si la production d'énergie renouvelable augmente, elle ne correspond pas nécessairement à la demande, qui ne suit pas les pics de production du solaire et de l'éolien. S'il est possible d'adapter une partie de la demande, ceci présente ses limites, et le stockage du surplus de production reste un défi. Les systèmes de pompage-turbinage, entre autres, proposent une réponse significative, mais nécessitent un développement important et une place plus influente dans la stratégie de production.

Maxence Glineur

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Commentaires (11)

melcky
La baisse des coûts de fabrication est une chose, mais savoir que l’energie qui a servie à leur fabrication et leur transport est largement constituée d’energie fossile, cela devrait relativiser les choses.<br /> Par ex si un panneau solaire chinois produit grâce a de centrales a charbon n’est pas cher, ce n’est pas une bonne nouvelle.<br /> Ni meme une raison pour « accelerer » leur utilisation: sur leur durée de vie, ils doivent plus que compenser les emissions de fabrication.<br /> Et sur ce point, les renouvelables ont de gros progres a faire.
gemini7
Dans dix à quinze ans, cette proportion de mix entre éoliennes et panneaux photovoltaïques aura encore monté, et il ne faut pas oublier le nucléaire dans tout ça, qui joue le rôle d’arbitre en proposant de l’énergie à la demande quand les éoliennes s’arrêtent (pas toutes, hein) par manque de vent ou que les panneaux solaires manquent de soleil ou de lumière, j’aime ce genre d’articles plus sérieux.
Krazitchek
Je suis curieux d’entendre l’avis de Jean-Marc Jancovici sur ce sujet !
tfpsly
gemini7:<br /> il ne faut pas oublier le nucléaire dans tout ça, qui joue le rôle d’arbitre en proposant de l’énergie à la demande quand les éoliennes s’arrêtent<br /> La production nucléaire ne se module pas/n’est pas pilotable assez rapidement (même s’il y a du progrès ces dernières 5 années, EDF visant une variation de 80% en 30mn). Les productions les plus réactives (donc utilisées pour compenses les variations de la demande) sont l’hydro (STEP incluses) et le gaz.<br /> Pour moduler rapidement, il faudra donc allier au nucléaire une production pilotable quasi immédiatement, utilisée temporairement pendant que le nucléaire s’adapte plus lentement.<br /> Sur les dernières 24h en France : la part du nucléaire est quasi-constante, entre 45,2 et 45,5GWh.<br />
gemini7
tfpsly:<br /> La production nucléaire ne se module pas/n’est pas pilotable assez rapidement (même s’il y a du progrès ces dernières 5 années, EDF visant une variation de 80% en 30mn).<br /> Je suis désolé si j’ai dit une bêtise, mais 30 Min, ça me paraît assez réactif, enfin, je ne connais pas grand-chose à l’électricité, mais est-ce que la durée de baisse de production de l’éolien et du solaire est directe, je ne crois pas, exemple : le vent cesse de souffler à telle vitesse, on va dire 100 Km/h et il descend à 20 Km/h, l’éolienne continue de tourner quand même, moins vite, je te l’accorde, mais ça laisse au nucléaire le temps de réagir, pour le photovoltaïque c’est un peu plus direct, et encore la lumière ne baisse pas d’un coup, comme en Afrique (Sénégal) et à l’équateur ou la lumière s’arrête presque d’un coup, il fait jour et cinq minutes après, il fait nuit (un peu plus « tricky ») mais on parle de nos contrées et puis s’il faut passer par les barrages ou le gaz, bey, on le fera, et ça nous fera avancer vers des énergies dites « vertes » ou écologiques. Du moment qu’on stoppe l’énergie fossile, c’est le peincipal.
Palou
gemini7:<br /> le vent cesse de souffler à telle vitesse, on va dire 100 Km/h et il descend à 20 Km/h, l’éolienne continue de tourner quand même, moins vite<br /> Les pales s’orientent suivant la force du vent pour lisser la production
tfpsly
gemini7:<br /> Je suis désolé si j’ai dit une bêtise, mais 30 Min, ça me paraît assez réactif, enfin, je ne connais pas grand-chose à l’électricité […] exemple : le vent cesse de souffler à telle vitesse […] ça laisse au nucléaire le temps de réagir<br /> Pas pour répondre aux variations de la consommation, qui sont elles plus brutales, en quelques secondes.
gemini7
Palou:<br /> Les pales s’orientent suivant la force du vent pour lisser la production<br /> Merci pour cette précision utile.
gemini7
tfpsly:<br /> Pas pour répondre aux variations de la consommation, qui sont elles plus brutales, en quelques secondes. <br /> Ah oui, je n’avais pas pensé à la consommation, merci de ta réponse.
Palou
Evidemment, il y a un minimum relativement bas et surtout un maximum où elles s’arrêtent
MattS32
gemini7:<br /> et encore la lumière ne baisse pas d’un coup, comme en Afrique (Sénégal) et à l’équateur ou la lumière s’arrête presque d’un coup, il fait jour et cinq minutes après, il fait nuit (un peu plus « tricky »)<br /> Il n’y a pas que le jour/nuit qui peut engendre des fortes variations de la production solaire, il y a aussi les nuages, et là ça peut parfois être très brutal (ou une éclipse mais ça ça l’avantage d’être parfaitement prévisible). Bon en théorie, c’est aussi assez localisé, mais on n’est jamais à l’abri d’une baisse brutale de l’ensoleillement qui toucherait plusieurs gros sites de production à la fois.<br /> Mais pour palier ça, on a l’hydraulique, qui garde toujours une marge de capacité (ie même en heure pleine, les centrales hydrauliques ne turbinent pas toutes en même temps) pour pouvoir répondre très rapidement à des variations importantes de la production EnR ou de la consommation. Les plus modernes peuvent désormais mobiliser une production de plusieurs centaines de MW chacune en moins de 5 minutes (et même sur les plus anciennes, il faut rarement plus de 15 min pour mobiliser la pleine puissance), et dans l’autre sens, les STEP peuvent atteindre une « consommation » de 5 GW en en quelques minutes également.<br /> À plus long terme, RTE compte aussi sur les voitures électriques pour avoir sur le réseau une large puissance de consommation pilotable (ce qui compense le fait que la production n’est pas pilotable), dont une partie pourra même être inversée, en restituant de l’énergie au réseau si besoin.<br /> En dernier recours, RTE a aussi la possibilité de réduire la tension sur une partie du réseau, ce qui a pour effet de diminuer la puissance consommée par certains appareils, en particulier ceux qui sont purement résistifs et qui sont souvent des gros consommateurs : convecteurs, fours, chauffe-eau, ampoules traditionnelles…
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