Mafia

16 septembre 2002 à 18h11
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Quelques semaines après la sortie de GTA3, la sortie de Mafia pourrait bien confirmer l'apparition d'un nouveau genre dans le jeu vidéo : le "Drive and Run" ? Subtil mélange de Max Payne et de Midtown Madness, Mafia pourrait bien séduire les amateurs de ces deux genres qui n'ont pas grand chose en commun. Prohibition, traction avant, "guns" et "belles poupées", voilà le quotidien de Mafia.

Je ne vais pas vous dire que depuis que je suis petit, je rêve de rentrer dans la mafia mais je ne sais trop bien pourquoi, cette époque peu développée dans les Jeux Vidéo m'attire singulièrement. L'entrée en matière des jeux, qui d'ordinaire pêche par son manque de crédibilité, est ici plutôt bien foutue. On s'identifie assez vite à cet honnête chauffeur de taxi qui rend service à la mafia sans trop le vouloir et qui se fait peu à peu enrôler.

C'est dans une ville et ses alentours, entièrement modélisés en 3D, que vous (Tommy Angelo), serez amené à évoluer pour faire votre trou dans la "grande famille Salieri". Le boss, Don Salieri, plutôt du genre paternaliste, vous ordonnera avec le plus grand calme d'aller dessouder les éléments perturbateurs. Paulie, votre compagnon de basse besogne, un peu impulsif mais redoutablement efficace dans le maniement de la batte de baseball vous enseignera le B.A.-BA de la persuasion. Pour compléter ce casting digne d'un film hollywoodien, on présentera aussi le mécanicien attitré du gang qui vous fera passer maître dans l'art de fracturer les serrures des voitures laissées sans surveillance.

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Conduite, promenades et sale boulot

Le jeu s'articule autour de deux états de votre personnage. Soit vous êtes dans une voiture et le jeu se rapproche d'un Midtown Madness, soit vous êtes hors de la voiture et l'action ressemble plus à un jeu de tir/exploration à la troisième personne de type Max Payne. C'est bien sur le même moteur 3D qui s'occupe de ces deux aspects du jeu et il sera possible à tout moment d'aller se dégourdir les jambes après une longue route. De la même manière, si votre voiture a été quelque peu endommagée par les courses poursuites avec la police, il sera toujours possible de s'en « procurer » une autre que son propriétaire aurait négligemment garée sur votre route. Les deux modes sont parfois réunis lors de courses poursuites où il faudra à la fois rester sur le bitume ET essayer de dessouder le chauffeur de la voiture poursuivie, tout un programme.


Visite de « Lost Heaven »

La ville sans nom dans laquelle votre personnage évolue est bien plus évoluée que ce que propose par exemple un Midtown Madness 2. Les passants entrent et sortent de leur voiture, attendent le passage au rouge du feu et traversent la route. Les autres voitures vous font des appels de phares et vous klaxonnent. La nuit, la vie est plus calme et seuls quelques couche-tard s'aventurent encore dans les rues sombres. En se promenant dans les quartiers industriels, on pourra voir le matin et le soir des files d'ouvriers qui se rendent sur leur lieu de travail. En dehors des vôtres, des accidents de la route se produisent parfois et ralentissent le trafic. La rivière qui coupe la ville en deux est traversée par un pont levant et il faudra éviter de s'aventurer à le traverser au cours d'une course poursuite au risque de se retrouver au pire moment lorsqu'il est en position verticale.

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Poupées, pétoires et belles bagnoles

La vitesse en ville est limitée à 40mph, et même dans une ville corrompue, la police rôde et la puissance de la famille Saleri n'est pas encore suffisante pour ne pas devoir payer vos contraventions pour excès de vitesse. Libre à vous lorsque vous vous faites prendre de jouer le "bon citoyen" en vous acquittant du montant de l'amende, de tenter le délit de fuite en comptant sur vos talents de pilote pour fausser compagnie aux flics ou bien encore d'obtempérer puis de sortir votre flingue comme si c'était votre portefeuille (pas très moral mais parfois efficace). Les développeurs n'ont toutefois pas poussé l'idée à l'excès et la police n'est pas présente à chaque coin de rue. On pourra donc griller du feu rouge allègrement sans grands risques pour notre portefeuille.

Si on compare la gestion de la vie citadine dans Mafia à celle du récent GTA3, nul doute que des progrès ont été réalisés. Il est par exemple possible de se défouler à coups de batte de base-ball sur la voiture d'un conducteur qui vous aurait refusé la priorité : carrosserie défoncée, vitres brisées, le moteur laisse libre court à votre imagination dans ce domaine. On ne peut malheureusement toujours pas rentrer dans les bâtiments en dehors des phases scriptées dans lesquelles tout est programmé à l'avance.

L'ambiance sonore très jazzy change au gré des quartiers traversés et colle parfaitement à l'action. Medal Of Honor avait marqué des points sur cet aspect dans un tout autre contexte, Mafia lui emboîte le pas et prouve que la bande son d'un jeu contibue aussi à son capital séduction.

Après Max Payne, Tommy Angelo

Dans Mafia, lorsqu'on abandonne la voiture, on se retrouverait presque dans Max Payne, le "bullet time" en moins. Comme la vie d'un mafioso n'est pas des plus calmes, Vincenzo, l'armurier du gang tient à votre disposition quelques "accessoires" qu'un gentleman comme vous se doit d'emporter dans ses déplacements. Batte de base-ball, poing américain, fusil à pompe, magnum, sulfateuse Thompson, largement de quoi faire le ménage.

Les combats à main nue ou à la batte de base-ball sont assez lourds et peu précis. L'action consiste à doser la puissance du coup et à l'orienter avant de s'être fait soit même cogné. Par contre, dès que l'on passe à quelque chose de plus sérieux, c'est beaucoup mieux. Les flingues sont assez précis et les temps de réarmement apportent leur dose de piquant.

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On fait ce que l'on veut... Mais sans se faire prendre!

Une action fortement scénarisée

En dehors de cette forte liberté de déplacement et d'action dans la ville qui pourrait permettre de passer une journée complète de jeu sans terminer une seule mission, c'est la forte scénarisation de l'histoire qui guide l'action : le fil conducteur étant l'intégration progressive de votre personnage au sein de la mafia. Au départ, il faudra faire ses preuves en provoquant les gangs adverses ou en faisant "trinquer" quelques mauvais payeurs. Plus tard, c'est aux gros bonnets qu'il faudra s'attaquer en mettant à feu et à sang un hôtel de luxe. Vous ne manquerez pas non plus de profaner une église en perturbant quelque peu les funérailles d'un clan adverse.

Vos talents de chauffeur seront largement mis à contribution, en particulier pour rejoindre les lieux de la ville dans lesquels se déroulera l'action. Autant ces séquences de conduite en ville sont parfois un peu ennuyeuses parce que redondantes, autant elle participent fortement à l'immersion du joueur dans l'aventure. Il n'est pas ici question comme souvent dans les jeux d'être "téléporté virtuellement" sur le lieu de l'action, il faut se "payer" les kilomètres comme on le ferait dans la "vraie vie". Comme le temps est rarement limité lors de ces phases, vous aurez le choix entre deux attitudes : soit vous en profitez pour faire un petit tour du propriétaire, soit au contraire vous vous lancez dans de folles courses poursuites avec vos amis de la Maison Poulaga !

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Un scénario d'inspiration très hollywoodienne

Le comportement des véhicules est plutôt correct et les développeurs se sont même permis d'intégrer une séquence "simulation" en transformant pour l'occasion notre charmant héros en émérite pilote de course. C'est d'ailleurs l'occasion de coller une troisième étiquette à Mafia dans cette séquence du jeu qui s'apparente assez à un "Grand Prix Legends". On regrettera toutefois que cette mission qui compte parmi les plus délicates du jeu, ne soit pas débrayable. Une sauvegarde juste après cette séquence, téléchargée sur Internet, permettra bien sûr de poursuivre l'aventure mais il aurait été préférable que les développeurs prévoient une astuce pour débloquer les moins doués d'entre nous. Sans prétendre rivaliser avec les meilleures simulations du moment que sont F1 2002 et Grand Prix 4, cette séquence est correcte et laisse imaginer ce que le Jeux Vidéo nous réserve pour l'avenir avec des genres certainement moins cloisonnés.

Entre chaque mission, le joueur tel le chien de Pavlov est récompensé par des séquences animées réalisées avec le moteur de jeu. La longueur et la grande diversité de celles-ci expliquent les trois CD et les 1.8Go que demande le jeu pour s'installer. Toujours du côté des récompenses au joueur talentueux, chaque nouvelle voiture que l'on ramène au garage est rendue accessible dans la partie "Circulation Libre" de Mafia. Plutôt orientée détente, ce module permet, en dehors de toute mission, de se choisir une voiture et de se promener en ville. Comme Mafia n'est pas un jeu pour les gentils garçons, chaque mauvaise action (créer un accident, distancer les voitures de police, braquer une bagnole...) s'accompagne d'une augmentation de votre capital en dollars. Capital qui vous permet d'acheter nouvelles armes et nouvelles voitures.


Un moteur 3D qui tient la route

Il a toujours été difficile pour les développeurs de concilier fluidité de l'animation et étendue des cartes dans les jeux en 3D. On avait d'un côté un Quake, hyper fluide mais avec des cartes de taille ridicule et de l'autre un "Operation Flashpoint" aux carte immenses mais qui mettait à genoux toutes les machines d'entrée de gamme. Mafia est l'occasion d'une agréable surprise : avec un processeur à 800 MHz épaulé par une Geforce 3, l'ensemble est parfait lors des passages en intérieur (ce que l'on pourrait considérer comme normal) et il suffira de quelques compromis sur le niveau de détails en extérieur pour avoir une animation fluide. La traversée de toute la carte s'effectue sans accès notable au disque dur : bien agréable. Par contre, l'utilisation des effets d'intempéries est largement perfectible puisque avec la même machine, les séquences sous la pluie sont presque injouables, même en diminuant le niveau de détail. Heureusement, elles ne sont pas fréquentes (on nous informe qu'un patch pour règler ce problème serait en train de pointer le bout de son nez outre atlantique).

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En sportive ou en citadine, Mafia vous fait faire des kilomètres

China Town, Little Italy, route boisée ou rase campagne, la variété des textures et des couleurs rend les déplacements d'un point à l'autre de la carte moins routiniers, même s'ils sont fréquents. Les développeurs ont également mis le paquet sur l'animation des personnages puisque ceux-ci ont été digitalisés en "motion capture" à partir des mouvements d'acteurs et de cascadeurs. Dans Mafia, on se serre la main, on embrasse sa belle, on fume sa clope, on donne des coups de pieds pour ouvrir des portes, tout ça avec le moteur 3D du jeu. Les voix ont été mises en relation avec les mouvements des lèvres et des yeux ce qui donne là aussi pas mal de réalisme dans les conversations.


Conclusion

Sans être, loin de là, un fan de courses automobiles, j'ai été plutôt emballé par le concept de Mafia. GTA3 avait ouvert la brèche, Mafia s'y est engouffré. Une ville plus vivante avec quelques escapades champêtres, un scénario bien plus abouti et des graphismes fouillés, Mafia a tout pour séduire. Les gars de chez Take 2 qui se sont occupés de la version française ont bien fait leur travail et même si cela reste une affaire goûts entre les tenants de la VO et les adeptes de la VF, on peut dire que la localisation est ici réussie.

Quelques mauvaises langues diront certainement que l'action est trop "scriptée" mais cela ne serait qu'un faux procès tellement le scénario soutient l'action. Les séquences de conduite sont parfois un peu répétitives et lorsqu'elles ne sont pas chronométrées certains joueurs auraient peut-être appréciés de pourvoir les passer. On pourrait aussi noter que quelques angles de caméra, en particulier lors des marches arrière, sont mal choisis mais ce ne sont que quelques détails qui ne gâchent pas le plaisir du joueur.

Avec une durée de vie correcte, Mafia est un jeu à conseiller tant il est difficile de décrocher sans être arrivé au bout des vingt missions. Je me prends déjà à imaginer un Mafia 2 avec une ville entièrement modélisée en 3D, intérieur des bâtiments compris. D'ici là, j'aurais certainement changé mon processeur ;-)

Mafia

8

Les plus

  • Un agréable mélange de genres
  • Un scénario qui tient la route
  • Des lieux traversés très divers
  • Ambiance "d'époque"

Les moins

  • Séquences de conduite répétitives
  • Angles de caméra parfois inadaptés

Note globale8

Réalisation8

Prise en main9

Durée de vie7

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