Conflict Zone

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
16 juin 2001 à 13h10
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Conflict Zone, anciennement Peacemakers, a beaucoup fait parler de lui car il promettait une IA révolutionnaire. Il semblait qu'enfin les combats contre l'ordinateur allaient changer du tout au tout et devenir un peu plus intéressants. Sans pour autant remplacer un adversaire de chair et de sang, on nous promettait un adversaire "intelligent" capable de réagir aux agressions tout en évitant de commettre quinze fois les mêmes erreurs.


Plantons le décor

Pour tous ceux qui n'ont pas suivi l'actualité des Jeux Vidéo des dernières semaines, cette petite introduction manque assurément de renseignement et un petit récapitulatif s'impose. Peacemakers est un projet qui remonte maintenant à plus de deux ans et qui avait pour but de faire un jeu de stratégie en temps réel mais en accentuant le développement sur la partie dont se plaignent la plupart des joueurs à travers le monde : l'intelligence artificielle. Le plus souvent dans ce genre de jeu on se rend effectivement compte de la bêtise de nos compagnons électroniques. Ne vous êtes-vous jamais moqué de son obstination à vouloir prendre une zone alors qu'il n'était pas en position de le faire ? Ou n'avez-vous jamais remarqué comme il peut laisser de côté des ressources qui lui serait pourtant vitale parce que cela ne faisait pas partie de son "plan" ?

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Fort de ce constat les gars de chez Masa ont donc décidé de créer leur jeu de stratégie temps réel. Il s'agira d'un titre à l'esprit tout de même proche des Command & Conquer et autres StarCraft mais avec quelques petites choses capables de faire la différence ! Le jeu se découpe dès lors en deux campagnes pour un total de 32 missions. Deux campagnes seulement ? Oui, car deux camps seulement : les gentils casques bleus de l'ICP, et les très vilains du GHOST. Ces derniers, de méchants terroristes comme dans les films font tout pour que le monde parte en eau de boudin alors qu'au contraire le premier, est là pour en contrecarrer les projets machiavéliques et protéger les pauvres civils innocents.

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Ces 32 missions vous mèneront un peu partout sur la planète. Afrique, Amérique ou Asie, sont autant de destinations (paradisiaques ?) possibles, mais surtout autant de prétextes pour renouveler un peu le graphisme du jeu car les missions elles ne prennent pas vraiment le climat en ligne de compte. La plupart du temps les objectifs se limiteront d'ailleurs à "éliminer le camp d'en face en récupérant le plus d'argent et en accroissant votre popularité". Ces deux dernières notions sont à ce propos plutôt importantes dans Conflict Zone.

En effet, il n'y a pas de "ressources" comme dans la plupart des concurrents et ici c'est la popularité qu'il faut soigner. Cela se fait de deux manières selon qu'on soit ICP ou GHOST. Les premiers devront tout mettre en oeuvre afin de libérer et d'évacuer les population civiles sous les yeux bienveillants des médias occidentaux (LCI sponsor officiel du jeu), alors que les seconds se serviront de ces mêmes civils pour renforcer leurs effectifs via un enrôlement "musclé" ou pour créer un bouclier humain des plus dissuasif.


Direct IA

En l'état actuel des choses, il n'y a rien qui puisse vraiment expliquer le pourquoi de cette curiosité autour de Conflict Zone. Nous avons toutefois déjà fait allusion à l'élément novateur du titre, il s'agit bien sûr de l'intelligence artificielle ou IA.

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Présentée comme révolutionnaire on peut dire qu'elle aura tenu la plupart de ses promesses. Que ce soit du côté adverse ou dans son propre camp, les améliorations sont légions par rapport à ce que l'on a pu connaître ! Déjà l'ennemi semble beaucoup moins stupide et borné qu'il n'a pu le montrer lors des parties de Command & Conquer ou Age Of Kings. Il ne s'obstine plus à défendre des zones perdues d'avance et ne se bat plus jusqu'à la mort. Il sait battre en retraite pour mieux se réorganiser, ou attaquer simultanément sur plusieurs fronts. Mais surtout il arrive à comprendre les techniques de l'adversaire, il n'en est pas encore à faire des crasses en fourbe mais ne se laissera pas avoir deux fois par la même ruse basique... C'est déjà ça !

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En ce qui concerne le camp "humain", les progrès sont là aussi tout à fait notables et simplifieront pas mal la vie de nous autres joueurs. Il est possible de définir trois attitudes pour les unités qui induisent un comportement radicalement différent de la-dite unité, que ce soit dans le combat ou dans les déplacements. Des troupes en mode agressif sauront très bien se débrouiller en combat sans que le joueur n'ait à contrôler toutes les étapes de l'assaut. En mode neutre, les unités tenteront de gérer la situation de la manière la plus appropriée qui soit, alors que bien évidemment le mode prudent les forcera à éviter tout affrontement. Mais le plus remarquable c'est qu'elles éviteront effectivement de se battre, par exemple en contournant plutôt habilement les adversaires rencontrés.

Enfin la dernière manifestation de cette IA se traduit par les assistants fournits au joueur : les commandants. Ce sont des auxiliaires que l'on peut assigner à une tâche bien précise comme la construction d'une base, sa défense ou la conduite d'un assaut. Ils font ces actions de fort belle manière et même si quelques petites erreurs peuvent arriver de temps à autre, ils délesteront adroitement le joueur de tâches qu'il ne souhaite pas accomplir.

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Le travail réalisé par MASA est assez remarquable et pour une fois les promesses d'une IA efficace ont été en majorité tenues. Le problème, car problème il y a, ne vient finalement pas de cela, mais plutôt de l'impression qui peut être laissée au joueur. Il peut en effet se sentir presque de trop devant cette mécanique bien huilée. Mes propres unités en mode agressif ont parfois nettoyé des zones complètes sans que je ne m'en rende compte tout de suite. Lorsqu'un commandant a le contrôle de l'établissement de la base il fait si vite ses constructions qu'on se demanderait presque pourquoi ne pas le laisser tout faire !

Ces assistant ne sont là que pour libérer le joueur de tâches trop contraignantes, et le laisser se concentrer sur l'assaut, sur la tactique et la stratégie générale. Mais il n'en reste pas moins que de temps à autre (dans les missions les plus simples particulièrement), on se dit que le programme n'a vraiment pas besoin de nous et un certain ennui peut même s'installer... Dans les missions les plus simples je le rappelle !

Autre chose ?

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Voilà, on en a fini avec l'IA, sans aucun doute le gros morceau de cet article. S'il s'agit de l'élément le plus caractéristique de Conflict Zone, il faut tout de même parler du reste et en particulier de la réalisation technique du jeu. En effet sans être aussi révolutionnaire, la représentation de la carte est tout de même très correcte. Le théâtre des opérations est en 3D, un peu comme dans Warzone 2100. Il peut ainsi être torturé de toutes les manières possibles afin de mettre en évidence un point précis de la carte. On peut évidemment faire un zoom ou un plan large mais surtout tourner le décor dans tout les sens. Faisons toutefois déjà un reproche : la qualité graphique est globalement en-deçà de ce que l'on pouvait attendre. Les textures sont peu détaillées, souvent pas très bien choisies, et les paysages en pâtissent. Le reste du graphisme n'est pas vraiment plus réussi et si les vidéos intermédiaires sont sympas, c'est plus par leur humour que par leur qualité technique.

Conflict Zone n'est donc pas à proprement parler une réussite graphique, n'exagéront pas et ce défaut n'empêche pas de jouer mais on regrettera le manque de travail de MASA dans ce domaine précis. La bande-son ne souffre heureusement pas du même défaut et sans être mémorable, elle sait appuyer convenablement les moments les plus importants. La musique n'est jamais exagérée et les bruitages remplissent bien leurs rôles.

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En règle générale on peut donc dire que l'aspect technique de Conflict Zone reste correct. Pas très réussi, il est suffisant pour ne pas gâcher le plaisir du joueur et lui permettre de se consacrer entièrement à sa tâche. Par contre, peut être que ce n'est pas par sa qualité graphique que Conflict Zone attirera les foules ! Cette relative pauvreté aurait dû permettre d'y jouer sur à peu près n'importe quelle machine sans rencontrer de problème, mais il n'en est rien. Sans être le plus gourmand qui soit, Conflict Zone nécessite tout de même une belle configuration pour être à son aise, surtout à partir du 1024x768. Dès lors que vous souhaitez un minimum de fluidité, il vaudra mieux disposer d'un processeur à 600 MHz avec une petite GeForce ou une Radeon. Pour la mémoire, c'est un peu la même chose, et si la configuration minimale parle de 64 Mo, il est vivement conseillé d'en posséder le double, d'autant que vu son coût actuel !


Pas toujours très au point

Il est clair que MASA n'a pas accordé la même attention à toutes les composantes du jeu. Alors que l'IA est donc à classer parmi les nouveaux modèles du genre, la qualité technique n'est pas franchement merveilleuse mais d'autres éléments sont très en retard au regard de ce que propose la concurrence.

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Commençons par le plus gênant, les missions en elles-mêmes. Il faut reconnaître que les objectifs ne sont pas sorciers et que malgré cette très belle IA, le moyen de les remplir est souvent le plus basique qui soit : envoyer au combat plus d'unités que l'adversaire. Pour ça rien de plus simple, on fait tourner à plein régime les usines, on regroupe les armées et on envoie la sauce... Consternant !

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Autre problème pour le moins délicat : la difficulté. Alors que l'on attend d'un jeu actuel une certaine progression dans la complexité des missions, Conflict Zone fait complètement l'impasse sur ce concept. Ici, certaines seront de véritables parties de plaisir alors que d'autres donneront du fils à retordre aux plus endurcis. Bien sûr, nous n'avons pas la même appréciation de la difficulté d'un jeu, mais il est évident qu'au moins les plus inexpérimentés des joueurs seront complètement largués !

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Pour continuer dans les défauts il faut également parler de la similitude avec des titres plus anciens comme Command & Conquer. Les unités sont effectivement très proches de celles du titre de Westwood Studios et en conservent même le principal défaut : la difficulté d'identification. Ici aussi les fantassins se ressemblent tous (seule l'arme change) ! Cette similitude se retrouve aussi dans les ordres qu'on peut donner aux unités : simplistes ! Cette inadéquation avec l'IA est d'ailleurs surprenante. Il est possible de laisser l'ordinateur attaquer tout seul une base sans essuyer de pertes trop lourdes, mais on ne peut en revanche pas mettre en place la moindre formation pour ses unités ?!?! Avouez que c'est quand même bizarre ! Pourquoi s'embêter à développer un tel modèle d'IA, si c'est pour laisser de côté des concepts aussi évidents que les formations ? Il ne sera d'ailleurs pas non plus possible de faire patrouiller les soldats... Vraiment dommage.


Hélas, mille fois hélas !

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Conflict Zone est pour le moins déconcertant ! Une IA vraiment très intéressante car tout à fait novatrice desservie par un jeu au concept archaïque ! Voilà en deux lignes le fond de ma pensée concernant cette révolution manquée du jeu de stratégie temps réel.

Le principal problème vient à mon avis que ce genre de représentation graphique et finalement de mécanisme de jeu n'a pas besoin d'un telle IA qui serait beaucoup plus à son aise dans un réel "wargame", avec un titre plus proche de Shogun Total War. Le plaisir de jouer à des titres "à la Dune" vient en partie du besoin de tout gérer... On se sent maître de toutes les étapes de la partie et même si certaines sont plus ennuyeuses que d'autres c'est un tout qu'il ne me semble pas opportun de dissocier.

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Le bilan n'est toutefois pas complètement négatif, et Conflict Zone plaira assurément aux fanas de RTS. Pour les autres le choix est plus délicat. S'ils n'aiment pas le fait de devoir tout gérer dans un jeu comme StarCraft, alors ils y trouveront certainement leur bonheur, si c'est le genre en lui-même qui ne les captivent pas... Qu'ils passent leur chemin, il n'y a rien de suffisamment novateur pour les faire changer d'avis.

Reste maintenant l'aspect multijoueur, dont je n'ai pas parlé faute de l'avoir assez exploité. La dizaine de parties effectuées permettent toutefois une rapide conclusion : on s'y amuse beaucoup. Paradoxalement ce jeu dont L'IA est révolutionnaire, m'a plus intéressé en réseau qu'en solo. L'initiative des unités prend toute son importance et gérer des assauts sur plusieurs fronts devient maintenant possible sans perdre des dizaines d'unités. Je ne sais pas s'il remplacera les ténors du genre dans les LANs et sur Internet, mais Conflict Zone semble bien constitué une belle réussite du multijoueurs.


Graphismes : 13/20
Sons / musiques : 15/20
Intérêt : 14/20 en solo, 17/20 en réseau
Durée de vie : 3-4 semaines en solo

Nerces

Spécialiste Hardware et Gaming

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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