Battle Realms

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
07 janvier 2002 à 09h17
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Ed Del Castillo n'est pas inconnu et c'est peu de le dire ! Ce singulier personnage s'est fait connaître en travaillant sur quelques uns des projets les plus remarquables, et remarqués, de la stratégie temps réel sur PC. On retiendra entre autres des titres comme Siege ou Command & Conquer de son impressionnant curriculum vitae. Alors quand le bougre parle d'innover dans ce genre qu'il connaît sur le bout des doigts, les oreilles ont naturellement tendance à se dresser...

Au premier coup d'oeil, le Battle Realms qu nous occupe aujourd'hui ne semble pourtant pas si révolutionnaire. Apparement à mi-chemin entre le RTS (stratégie temps réel) de base et le clone affiché de Myth 3, il donne même l'impression d'être une sorte de WarCraft 3 avant l'heure avec son style graphique tout à la fois particulièrement léché et loin des sentiers battus... Alors M Del Castillo, Battle Realms ne serait-il vraiment qu'un pétard mouillé ?


Stratégie au Pays du Soleil Levant

Le contexte historique servant de cadre à Battle Realms est encore assez rare dans nos Jeux Vidéo « occidentaux » malgré les récents Destin du Dragon : Les Trois Royaumes et Throne Of Darkness. L'action se situe effectivement dans le Japon « médiéval » : celui des samouraïs et des guerres de clans. Ces guerres sont d'ailleurs le point de départ du scénario nous conduisant à la partie solo du jeu. Nous incarnerons effectivement Kenji, membre du clan du Dragon, au cours de la seule campagne solo. Le pauvre gars a du s'exiler suite à un malheureux concours de circonstances qui l'a vu accusé du meurtre de son propre père, le chef du clan.

Au mauvais endroit, au mauvais moment : c'est toute l'histoire de sa vie ! Après ses quelque années d'exil le pauvre bougre revient donc sur les terres de ses ancêtres pour être le témoin de luttes de pouvoir opposant les clans du Dragon et du Serpent. Il sera d'ailleurs possible pour le joueur de choisir son allégeance dès la première mission le conduisant en fait à deux campagnes différentes... Ouf, on a vraiment cru qu'il n'y en aurait qu'une ! Pour tout dire cette double campagne solo est même beaucoup plus longue qu'il n'y paraît. Il sera effectivement possible de procéder à des choix de temps en temps afin d'éviter toute linéarité et ainsi proposer un total de 36 missions ! De quoi faire durer le plaisir au moins autant que chez les jeux de la concurrence !

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Kenji de retour d'exil suite à une certaine méprise !


Un RTS de plus ?

Il ne faut effectivement pas se laisser trop abuser par les arguments publicitaires des spécialistes du marketing. Battle Realms est un jeu de stratégie temps réel tel qu'on les connait et en ce sens il ne déroge pas à certaines règles immuables que l'on connaît depuis le bon vieux Dune 2 de 1992 ! Vous aurez donc le contrôle d'un peuple et de ses paysans. Vous devrez les envoyer récolter les deux ressources qui constituent l'essentiel de la production : le riz et l'eau. Ces matières premières vous permettront de planifier l'agrandissement de votre camp et la construction de structures. Ces dernières serviront essentiellement à mettre sur pied une armée en produisant des unités militaires afin de pouvoir vous mesurer à vos adversaires qui ne manqueront pas de leur côté de vous montrer qu'ils sont largement aussi capables que vous ! S'ensuivra donc plusieurs affrontements jusqu'à ce qu'un unique vainqueur se dégage... Un jeu de stratégie quoi ! Après ce canevas on ne peut plus classique, il est largement temps de parler de ce qui singularise Battle Realms de la concurrence, car pour le moment il n'y a pas vraiment de quoi s'extasier... Loin de là.

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Battle Realms introduit un système de création des unités qui prend à contre-pied les standards du genre. Les paysans ne sont plus à produire, ils sortent tout seuls des huttes pour venir gonfler notre population tant que la limite n'est pas atteinte. Sachez à ce propos que les huttes ne servent pas augmenter cette limite mais à stocker davantage de ressources. Plus la population est importante et moins les nouveaux paysans arriveront vite. Ce petit handicap pour les clans « peuplés » permet un ré-équilibrage sympathique destiné à remettre en selle plus rapidement un joueur massacré lors d'un affrontement... Aussi simple qu'ingénieux, il fallait y penser ! Cette limite est à fixer au choix parmi trois valeurs lors des parties « batailles » (solo et multijoueurs) : 20, 30 ou 40 habitants. Cela peut paraître peut mais obligera à plus de réflexion lors de la mise sur pied des troupes... Surtout lorsque l'on sait comment cela fonctionne ! En effet, avec Battle Realms les bâtiments militaires ne servent pas à produire directement des unités de combat : tout passe par le paysan. Je m'explique...

Lorsqu'un paysan apparaît, plusieurs choix s'offre à vous. En faire un « collecteur » de riz ou d'eau afin de gonfler vos réserves, en faire un « constructeur » pour bâtir une nouvelle structure ou, et c'est là l'innovation majeure de Battle Realms, l'entraîner moyennant quelques ressources dans un bâtiment préalablement construit. Cet entraînement, selon le clan et la structure choisie, pourra, par exemple, en faire un guerrier ou un archer. Il ne pourra plus retourner à son statut de paysan et viendra garnir vos troupes. Selon le clan choisit, différents bâtiments seront accessibles et de ce fait différentes unités. Sachez également qu'une même unité peut suivre plusieurs entraînements afin de réunir plusieurs spécialités. Les combinaisons sont assez nombreuses et permettent d'arriver à un total d'une dizaine d'unités différentes par clan. Assez délicat à prendre en main lors des premières parties, ce système est surtout le moyen de confronter les joueurs à un cruel dilemme : conserver des paysans pour produire davantage et plus vite, ou les changer en unités de combat afin de pouvoir se défendre et attaquer les autres joueurs... Vous avez dit cas de conscience ?

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Entraînement en cours dans le dojo, l'archerie et la hutte de l'alchimiste !


Mais un « gameplay » pas toujours parfait

Ce système de création des unités reste vraiment comme la grosse innovation apportée par Battle Realms et il faut avouer que l'idée est excellente ! La création d'une armée devient ainsi Matière à réflexion et la gestion de la population de son clan n'en est que plus réaliste. Il n'y a hélas pas que des avantages, puisque, par exemple, cela renforce encore le côté « micro-management » déjà largement critiqué dans les autres jeux de stratégie et finalement le temps passé à élaborer son armée est autant de temps perdu à ne pas mettre au point sa stratégie d'attaque... Paradoxal pour un jeu qui mise beaucoup sur les combats. Après quelques parties il s'avère effectivement que l'ensemble du jeu tourne autour d'eux. Ils ont bénéficié d'un soin tout particulier pour leur réalisation et profite de superbes animations ou de graphismes très détaillés. Ils présentent même quelques originalités puisque certaines unités disposent de « talents » spéciaux comme l'onde de choc ou l'orage qui leur offre une puissance largement supérieure aux autres unités moyennant quelques points d'endurance (recouvrable après quelques temps).

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Ces combats ne sont toutefois pas non plus exempts de défauts et malgré le faible nombre d'unités impliquées dans les batailles, ils sont parfois un peu confus, l'absence de formation n'arrangeant rien à l'affaire. C'est loin d'être catastrophique, mais ajouté à la lenteur générale des unités cela pourra en énerver plus d'un ! Le système de création des armées enfin, a un autre effet pervers, que l'on ne perçoit finalement que dans les parties réseaux les plus acharnées : il est en effet très difficile de mettre sur pied des armées pendant que l'on combat. Même si le perdant d'un affrontement pourra regarnir ses troupes plus vite que son adversaire, on trouve souvent le temps long après la déroute de son armée ! Venons-en pour finir au point qui réjouira certainement les amateurs de beaux jeux : la réalisation technique de Battle Realms. Nous avons déjà commencé à aborder le sujet avec l'exemple de ces combats parmi les plus impressionnants du jeu de stratégie temps réel !

Le moteur du jeu est intégralement en 3D et au contraire d'Empire Earth, on peut dire qu'ici ça se sent ! Les graphismes sont très soignés et bénéficient d'un luxe de détails d'autant plus appréciable qu'ils ne génèrent pas de lenteurs excessives. Même en activant toutes les options et en optant pour du 1024x768, le jeu restera parfaitement fluide avec un processeur à 600-700 MHz pourvu qu'il soit épaulé par un minimum de 128 Mo de RAM (192-256 Mo sont malgré tout conseillés). Malgré leur lenteur, qui m'a paru un peu excessive, les unités bénéficient pour une fois d'un « pathfinding » (intelligence de déplacement) digne de ce nom. Elles ne passent plus leur temps à se cogner ou se gêner et emprunte généralement des chemins réalistes : ça change ! Un reproche toutefois à ce magnifique tableau : les voix. Si dans l'ensemble cela va à peu près, il y en est certaines qui sont proprement calamiteuses ! Ces désespérants doubleurs en arrivent même parfois à plomber le travail de leurs collègues et c'est bien dommage lorsque l'on voit le travail qui a été effectué sur la traduction du jeu (Ubi Soft est en général très au point là-dessus !).

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L'interface du jeu est graphiquement différente selon le clan choisit


Un jeu sympathique, parfois un peu décevant

Les dernières lignes de notre test approche et il est grand temps de conclure. Alors que beaucoup d'espoir avaient été placés dans le nouveau titre d'Ed Del Castillo, il faut bien reconnaître que c'est la déception qui prime, surtout si le jeu est comparé au récent Empire Earth. Bien sûr, les deux titres ne concourrent pas tout à fait dans la même catégorie. Bien sûr, Battle Realms dispose d'une réalisation nettement supérieure au titre de Rick Goodman (exception faite des voix). Et bien sûr, les innovations imaginées par Ed Del Castillo apporte un certain renouveau à un genre qui tourne en rond.

Il y a cependant un « mais » et il est de taille : Battle Realms est finalement moins « fun » que ses concurrents. Le jeu solo n'est pas très intéressant et les combats en multijoueurs trop confus. Si, pour l'emporter, il faudra aux joueurs trouver d'autres techniques, on ne peut pas dire qu'elles soient vraiment plus « stratégiques ». Enfin, le style n'est finalement pas fondamentalement modifié par ces apports et je trouve davantage de plaisir avec l'excellent Empire Earth. Un jeu qui mérite cependant le détour, ses innovations pouvant convaincre nombre de joueurs même si elles ne m'ont pas convaincu plus que ça...

Battle Realms

4

Les plus

  • Des innovations bien agréables
  • Réalisation très réussie

Les moins

  • Manque de « fun »
  • Confusion en multi-joueurs

0

Réalisation8

Prise en main7

Durée de vie6


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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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