Jean-Christophe LE TOQUIN, Microsoft EMEA : "Le spam a coûté aux sociétés européennes 2,5 milliards

02 juillet 2003 à 00h00
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AB - Bonjour Monsieur LE TOQUIN. Vous occupiez le poste de Délégué général de l'Association française des fournisseurs d'accès et de services Internet (AFA) avant d'intégrer Microsoft Europe. Quelle est votre mission au sein du pôle EMEA du numéro un mondial de l'édition logicielle ?

JCL - Ma mission est de participer à l'action de Microsoft en matière de lutte contre le spam, et de manière plus générale dans la lutte contre les atteintes à l'intégrité des services et des réseaux, qu'il s'agisse des intrusions, piratages, contrefaçons, etc. Ceci s'inscrit dans la démarche d'informatique de Confiance présentée par Bill GATES il y a un an et demi.

En pratique, il s'agit de coordonner l'action des différents pays où Microsoft a des équipes, de promouvoir les actions de partenariat avec le secteur industriel, associatif et les pouvoirs publics, et de s'assurer que tous les intervenants ont le bon niveau d'information et d'implication.

AB - Quelle est votre définition précise du spam ?

JCL - La définition minimum est de dire qu'il s'agit d'un message électronique envoyé en nombre et de manière non sollicitée. La combinaison de ces deux éléments est nécessaire : une liste de diffusion est envoyée en nombre mais elle est adressée à des personnes qui ont choisi de la recevoir. La CNIL ajoute deux autres critères, à savoir le fait que le spammeur n'est pas entré en contact au préalable avec le destinataire et que l'adresse a été collectée de manière irrégulière.

AB - Combien coûte le spam aux entreprises européennes et aux particuliers ?

JCL - Le coût est énorme : selon l'institut Ferris Research, le spam a coûté aux sociétés européennes 2,5 milliards d'euros en productivité en 2002. Et le nombre de spams a continué à progresser de manière très significative cette année.

AB - Mi-juin 2003 Microsoft a annoncé le lancement sur l'Europe, le Moyen Orient et l'Afrique d'une campagne "anti-pourriel". Au-delà de l'opération marketing, quels sont les principaux axes et les objectifs d'une telle campagne ?

S'attaquer au spam est une tâche ambitieuse, pour ne pas dire périlleuse, et nous savons qu'il n'existe pas de solution miracle. En ce sens, il n'y a pas "d'opération marketing" de notre part, car les résultats ne seront obtenus que grâce à la conjonction d'initiatives de longue haleine, variées, complémentaires, et menées en partenariat avec les acteurs concernés.

Il y aura effectivement un double volet technologique, le premier sera la mise en place de nouveaux services et de nouvelles fonctionnalités dans nos produits, le second sera l'établissement de bonnes pratiques, de coopération entre les prestataires techniques.

Il y aura ensuite des campagnes de sensibilisation à mener, vers le grand public, mais aussi vers les professionnels pour qu'ils gèrent leurs serveurs de manière plus sécurisée.

Nous poursuivrons la campagne d'actions judiciaires contre les spammeurs, qui a déjà commencé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Notre but est de décourager les spammeurs, mais il est clair que les procès ne suffiront pas. Ils sont une partie du processus.

L'objectif est simple : décourager les spammeurs, démontrer qu'il n'y a pas d'impunité pour les spammeurs.

AB - Quelle somme investit Microsoft dans la lutte contre le spam ?

JCL - Nous allons mobiliser nos différentes équipes, des techniciens, des juristes, des responsables des relations publiques et de la communication pour qu'elles consacrent une part accrue de leur activité au spam, et cela à travers le monde. Cela représente des dizaines de personnes.

AB - 2,4 milliards de e-mails, tous "indésirables" ?, seraient filtrés au quotidien par MSN et Hotmail. Est-ce la technologie "Human Interactive Proof" (HIP) associée à des filtres qui est utilisée ?

JCL - Nous n'avons pas de réclamation d'expéditeurs commerciaux légitimes dont nous aurions bloqué les messages, donc nous avons tout lieu de penser que les 2,4 milliards de messages quotidiens que MSN et Hotmail bloquent tous les jours sont effectivement "indésirables".

La technologie Human Interactive Proof n'est pas une méthode de filtrage des messages mais de blocage des ouvertures de compte par des robots. En demandant au nouvel abonné MSN ou Hotmail de taper à l'écran une série de caractères affichés au sein d'une image, nous nous assurons que nous avons bien affaire à une personne physique. Cette méthode a entraîné une baisse de 20% de nos ouvertures de compte, soit autant de spammeurs en moins parmi nos abonnés.

AB - Microsoft cherche effectivement à améliorer la qualité des services fournis à ses clients en évitant que des contenus non-sollicités, souvent pornographiques, ne soient reçus sur les ordinateurs familiaux. Cette initiative sert également les intérêts de l'industrie du logiciel anti-virus, voire Anti-Spam. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

JCL - A vrai dire, notre initiative va au-delà de nos clients et des industries. Pour Microsoft, il s'agit de renforcer la confiance des utilisateurs, de tous les utilisateurs, dans le commerce électronique et ce qu'on appelle la "Société de l'Information".

L'enjeu est donc considérable, mais réalisable si nous pouvons compter sur de nombreux partenaires en Europe et ailleurs dans le monde.

AB - Monsieur LE TOQUIN, je vous remercie pour ces observations.
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