Christiane LECOCQ du RBG : « Le conseil en création d’entreprises est notre métier »

05 janvier 2004 à 00h00
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AB - Christiane LECOCQ bonjour. Quelles sont les missions et « la cible » du Réseau des Boutiques de Gestion ? Quid de l'implantation du Réseau ?

CL - Le métier des BG est le conseil en création d'entreprises, depuis la recherche d'une idée jusqu'à l'entreprise de 3 ans.

Nous avons fait, dès 1980, le pari que l'être humain prend naturellement des initiatives. Notre travail consiste donc à révéler des talents mais aussi à transmettre des connaissances, des moyens, des relations pour que les porteurs de projets réussissent.
Pour remplir notre mission, il faut que les créateurs d'entreprises nous trouvent. C'est pourquoi les réseaux nationaux de la création d'entreprises se rassemblent et se concertent afin d'offrir leurs services de façon cohérente, et être prescripteurs les uns des autres.

J'en compte une dizaine, dont trois spécialisés en accueil, accompagnement et suivi d'entreprises (chambres de métiers, chambres de commerce et Boutiques de Gestion). Quatre se chargent de financer les projets ainsi préparés (ADIE, Plateformes d'initiatives locales, France Active et Réseau Entreprendre), et trois proposent de l'hébergement (les couveuses d'entreprises à l'essai, les incubateurs pour les chercheurs, les pépinières d'entreprises).

Avec près de 300 implantations, 600 salariés, les Boutiques de Gestion sont proches de la population et en même temps des professionnels dont les travaux sont constamment audités.

Nous accueillons 43 000 personnes par an, assurons 20 000 accompagnements et/ou formations, et concourons à 8 000 créations et autant d'entreprises nouvelles suivies.

AB - Pouvez-vous préciser les notions de « couveuses d'entreprises » et de « prospecteurs d'initiatives locales » ?

CL - Elles sont des extensions récentes de notre métier, dont justement, je fus à l'origine dans les années 1990...

Pour le créateur d'entreprise, entrer dans une couveuse avant de créer est une chance qui n'est pas donnée à tout le monde. Les places sont peu nombreuses par rapport à tous ceux qui sont accompagnés par les trois réseaux de conseil.

Dans une couveuse, le porteur de projet peut acheter les premiers biens nécessaires à son activité (souvent avec l'aide de l'ADIE) et vendre celle-ci avec facturation par la couveuse qui abrite son chiffre d'affaires et ses charges. Il constitue ainsi sa clientèle avant de démarrer, et surtout il teste ses propres capacités « d'homme orchestre » pour sa future entreprise.

Je vous garantis qu'ensuite, si l'essai est concluant, il est fort bien vu des banquiers... C'est le cas pour 60% d'entre eux. Quant à ceux qui renoncent à leur projet, après essai, ils évitent bien des catastrophes économiques et psychologiques par la suite. De plus, ils trouvent un emploi avec plus de facilité qu'avant de faire cette expérience.

Quant aux prospecteurs d'initiatives locales, ce sont des salariés des Boutiques de Gestion, au service d'un territoire. Leur métier est de lever les initiatives sociales, économiques, culturelles, pour inciter les habitants à être acteurs de la dynamique du territoire, dans une logique de développement durable.

Présents dans les lieux de vie d'un quartier ou d'une zone rurale, ils font s'exprimer les besoins et les idées, ils créent du lien entre les acteurs du territoire, ils donnent toutes les chances aux projets en les orientant vers les structures d'accompagnement adaptées et, au besoin, en amenant vers les habitants les compétences des acteurs régionaux.

AB - Les moyens dont dispose l'association (loi de 1901) pour mener à bien ses missions, proviennent-ils des créateurs d'entreprises ou de partenariats publics/privés ?

CL - Notre volonté est de permettre à toutes celles et ceux qui souhaitent entreprendre de pouvoir bénéficier du conseil nécessaire. Pour ce faire notre réseau dispose d'agréments publics et privés. Ces agréments se déclinent sous forme de conventions contractuelles payées à l'acte et, bien entendu, soumises à contrôle et à évaluation.

Nous sommes ainsi, pour exemple, partenaires des Services de l'emploi (chèque conseil et dispositif EDEN), du ministère de l'économie, du ministère de la ville, de l'Europe, des Conseils régionaux, des Conseils généraux, de nombreuses communautés de communes et collectivités locales, de nombreuses fondations, de l'AGEFIPH, de Renault, de La Poste, de France Télécom, d'EDF-GDF, etc.

Comme vous le voyez nous ne fonctionnons pas sur le principe de la subvention et cela depuis nos débuts !

Les créateurs d'entreprises, quant à eux, acquittent une cotisation modique. Leur investissement est d'une autre nature. Les créateurs nous donnent du temps et nous savons combien cela est précieux.

Ce temps est consacré à témoigner dans différentes manifestations pour diffuser l'esprit d'entreprise auprès d'autres entrepreneurs, pour partager leur expérience et, au sein de nos associations, pour nous aider à réfléchir sur les réponses à apporter aux nouveaux besoins des entrepreneurs.

AB - RBG est une association, mais vos conseillers sont des professionnels, pouvez-vous en dire plus à ce sujet ?

CL - Les BG rassemblées dans le RBG emploient environ 600 salariés dont la formation d'origine est de niveau bac +4 ou 5, en administration des entreprises ou écoles de commerce, complétée d'une formation interne très soignée : disposition de bases de données et d'outils de conseil adaptés à la naissance des entreprises, travail en compagnonnage avec de plus anciens durant les deux premières années, etc.

Nos bénévoles n'interviennent pas en tant que conseillers mais constituent les conseils d'administration ou conseils des territoires de nos associations qui rassemblent quelques 700 personnes. Ils ont pour fonction de veiller à ce que nos actions soient menées en fidélité avec notre charte éthique, de veiller à la bonne gestion de la structure, d'informer les salariés sur l'environnement et apporter à la Boutique de Gestion des conseils stratégiques.

AB - Combien de créations d'entreprises ont été enregistrées par RBG depuis ses débuts en 1980 ?

CL - Les Boutiques de Gestion ont accompagné depuis leur création jusqu'à ce jour, plus de 94 000 créations d'entreprises. Outre ce que cela signifie en termes économique et d'emploi, cela témoigne du capital de savoir et de l'expérience enregistrés en ce domaine par les Boutiques de Gestion, devenus les partenaires de référence de la TPE.

AB - Pour conclure, avez-vous constaté une évolution depuis la mise en place, en août 2003, de la loi pour l'initiative économique élaborée par Renaud DUTREIL, secrétaire d'Etat aux PME, dont une des mesures permet la création d'une SARL ou d'une EURL avec un capital de 1 euro et par Internet ?

CL - Ces deux points sont les détails frappants de cette loi. Par ailleurs, cette dernière comporte bien d'autres améliorations administratives et fiscales, une véritable incitation publique. Tout cela aura sûrement des répercussions bénéfiques sur le taux de création d'entreprises en France.

Cependant, il ne faut laisser croire à personne que l'on peut créer une entreprise avec 1 euro ! C'était seulement un raccourci pour frapper les esprits.

De toutes façons, les créateurs d'entreprises qui utilisent les services des réseaux de conseil se plaignent beaucoup moins de la complexité administrative, que de la distance entre leur enthousiasme pour le projet de leur vie et l'indifférence polie du banquier face à des besoins trop maigres pour l'intéresser... D'où l'importance des réseaux de conseil et de financement solidaire pour réussir sa création, n'est-ce pas ?

AB - Certes. Christiane LECOCQ, merci pour votre intervention.
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